La remise d’un hakama dans un dojo est toujours un grand moment.
Un grand moment pour l’élève qui le reçoit, pour l’enseignant qui le remet, pour les anciens qui voient les moins avancés s’aguerrir, et pour les débutants qui assistent à la cérémonie, être inspirés par progression de leurs aînés.
C’est un instant important, autant sur le plan individuel que collectif.
Car bien qu’il ne soit qu’un simple morceau de tissu, le hakama ne symbolise ni un grade, ni un niveau technique précis. Pourtant, il appartient à l’enseignant de choisir avec justesse le moment de sa remise. Nous le savons tous : porter le hakama, c’est accepter d’être observé, parfois jugé, un peu comme un moine portant le scapulaire. Et pourtant, nous savons aussi que l’habit ne fait pas le moine, pourtant qui parmi nous n’a jamais ressenti la frustration d’être mis à l’écart lors d’un stage, simplement parce qu’on portait encore un « pyjama » ?
Alors, le hakama serait-il finalement une question de mérite ?
C’est avant tout une question de responsabilité partagée entre l’élève et l’enseignant. Accorder un hakama trop tôt serait une erreur, voire un danger.
Combien de fois avons-nous entendu :
« C’est bon, il ou elle a un hakama, je peux y aller à fond, cette personne sait chuter, elle suivra. »et je n’insisterai pas davantage sur les préjugés et les dysfonctionnements que ce genre de pensée engendrent .
Le mardi 21 octobre 2025, j’ai eu pour la première fois l’honneur de remettre ce vêtement traditionnel, chargé de valeur et d’histoire, à mon élève la plus ancienne.
Celle qui me suit depuis ses débuts.
Celle qui n’a jamais ménagé ses efforts.
Je l’ai vue venir s’entraîner malade, parfois blessée.
Je l’ai vue sur le tatami après un week-end épuisant, se lever tôt le dimanche matin pour trois heures de chute (et quand on la connaît, on sait que se lever tôt, c’est un exploit en soi ).
Je l’ai vue devenir présidente de notre club, avec ambition, enthousiasme et une dévotion sans faille envers le dojo et ses pratiquants.
Je l’ai vue nettoyer le tatami à chaque entraînement, m’aider quand je ne pouvais plus plier le genou en réalisant chaque échauffement, et m’assister à presque tous les cours enfants depuis leurs débuts, avec une générosité immense.
Et plus récemment, je l’ai vue devenir présidente du CODEP 77.
Quelle progression ! Quel engagement ! Quelle passion et quel dépassement de soi, toujours au service des autres !
Alors à ce titre, le hakama se mérite-t-il ?
Et est-ce qu’un simple morceau de tissu suffit à remercier tout cela ?
À mon humble avis, non. Ce n’est même pas suffisant.
Georgiana, tu nous couvres d’honneur par ton parcours.
Tu es une source d’inspiration pour nous tous, malgré les difficultés que tu as rencontrées et celles que tu affronteras encore.
Tu es une femme qui s’est fait une place dans le monde de l’aïkido, non pas parce que tu es une femme, mais grâce à ton travail, ton dévouement et ta persévérance.
Et tous ceux qui te connaissent le savent bien : ta réussite est le fruit de ton engagement, pas d’une quelconque inclusivité ou d'un quelconque niveau technique.
Au nom de tous ceux pour qui tu t’investis, je te remets, avec une très grande fierté, ce modeste bout de tissu.
Bravo à toi