Conférence  Nationale des Académies

Colloque parisien d’octobre 2025 

Les Racines 

Argumentaire

Conférence Nationale des Académies – Paris 5 et 6 octobre 2023

 

Par un temps superbe, doux et ensoleillé

29 académies représentées sur 33 adhérentes (37 en France ?)

Environ 130 participants

5  de l’Académie d’Angers + 4 invités

4 allocutions + 13 communications entendues mais 32 retenues et éditées (Akademos)

Thème : L’engagement

 

FONDATION SIMONE ET CINO DEL DUCA

OUVERTURE

Dans son allocution d’ouverture Xavier Darcos, Chancelier de l’Institut de France, a rappelé la valeur et la profondeur du véritable engagement précisant que, si le groupe désengage - ses membres obéissant à la loi du plus grand nombre -, l’adhésion, le vœu individuels libèrent par la réflexion distanciée qu’ils induisent.

 

Jean-Robert Pitte, président d’honneur de la Conférence, a souligné l’importance cruciale de l’Histoire et de la Géographie dont l’ignorance fait le lit de la désaffection pour la chose publique. Énumérant quelques-uns des maux dont souffre notre société : l’archipelisation chère à J. Fourquet, le règne de l’enfant-roi, les conceptions écologiques partisanes, et critiquant avec un certain humour les interprétations historico-centrées et les jugements moraux péremptoires de notre temps sur les époques passées, il termine néanmoins par un message d’espoir que l’on peut résumer ainsi : « L’Humanité s’en sort toujours ».

 

Didier Laforge, président de la Conférence, a redit la raison d’être des académies, la mise en valeur des savoirs ainsi que la défense d’une pensée lucide, et remercié les participants venus nombreux.

 

1ERE PARTIE DE LA MATINÉE CONSACRÉE AUX DÉFINITIONS

Quelqu’un a parlé (qui ?) du sens originel de l’engagement : « mettre en gage » (sa vie, son honneur)

 

Philippe Granarolo, philosophe, de l’Académie du Var, a défini le désengagement à partir de ses formes antiques (de Platon à Épicure en passant par les Stoïciens) et dressé un constat assez négatif de la situation actuelle. Il n’hésite pas à comparer le déclin de notre civilisation à celui de la Grèce du IVe siècle avant J.C. Mais il remarque que « l’ère du vide », le « No Futur » constituent peut-être aussi une sorte de rempart par rapport aux idéologies nocives.

 

Guy Quintane, juriste, de l’Académie de Rouen, a évoqué le manque de racines dans un monde qui privilégie vitesse et nomadisme, la perte de repères spatio-temporels également, quand le passé est  remis en question et l’avenir fait peur. Il a retenu le manque d’engagement dans la famille avec le déclin de l’institution du mariage et dans la sphère du travail du fait des nouvelles modalités professionnelles qui favorisent son fractionnement (CDD, Intérim, télétravail…). Il a enfin souligné la stupidité de la quête effrénée d’indépendance, notre espèce se révélant profondément interdépendante.

 

Jean Donnadieu, de l’Académie d’Aix-en-Provence, a pour sa part, convoqué Cicéron, Sénèque, Marc-Aurèle et les penseurs chrétiens pour montrer les différences d’engagement, philosophique pour les premiers et total pour les seconds puisque religieux.

 

APRÈS-MIDI

Cette deuxième session a permis aux intervenants d’aborder l’engagement et ses manifestations dans différents domaines.

Concernant celui de la langue, Michèle Verdelhan-Bourgade, de l’Académie de Montpellier, a exposé le combat politique ou social de linguistes célèbres (Chomsky, Kristela…), les croisades pour les idiomes régionaux ou le combat mené pour la défense du français menacé.

Dans le domaine des arts, Armelle Lebras-Chopard, de l’Académie de Versailles note qu’après les artistes littéralement « engagés » par leurs mécènes aux siècles anciens, on assiste à la naissance d’une esthétique liée à celle de l’individu en tant que tel au Siècle des Lumières, ce qui aboutira ensuite aux théories de l’Art pour l’Art et de l’Art au service de causes, engagements antagonistes.

Dans le domaine médical, Jacques Battin, de l’Académie de Bordeaux, nous a livré un exposé sur le Serment d’Hippocrate - l’engagement par excellence -, son origine, ses différentes versions… et Jean Ribstein, de l’Académie de Nîmes, sur la maladie et les bouleversements qui en découlent ; mais pour souligner la nécessité pour le patient qui voudrait mettre toutes les chances de son côté, de passer de la simple observance de la prescription du médecin à un engagement réellement personnel.

 

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Ont notamment été abordés les lieux des futurs colloques (2, 3 et 4 mai 2024 : Toulouse qui célèbre le  700e anniversaire de la création des Jeux Floraux avec un programme alléchant mêlant conférences, concert, déclamations, dîner de gala à la Mairie et promenades / 2025 : Paris / 2026 : Marseille / 2027 : Paris / 2028 : Lyon / 2029 : Paris / 2030 : ?)

Un texte pour défendre les Bouquinistes du bord de Seine à Paris, dont les étals sont menacés par les J.O a été adopté.

 

 

PALAIS DU LUXEMBOURG

DÎNER AU SÉNAT

Occasion précieuse pour les Angevins de partager avec leurs consœurs et confrères de l’Académie Stanislas de Nancy, de délicieux mets et vins sous les ors de la République.

 

 

PALAIS DE L’INSTITUT

SALLE DES SÉANCES

Le quai Conti nous a accueillis pour 6 communications dédiées à des figures de l’engagement, certaines assez peu connues :

-          Un frère Capucin, Épiphane de Moirans, qui combattit l’esclavage au XVIIe siècle, présenté par un confrère de Besançon, Guy Scaggion.

-          Un espion français, Paul Paillole, qui s’est illustré durant la Seconde Guerre Mondiale, par Jean-Claude Meyer, de l’Académie des Jeux Floraux de Toulouse

-          Un résistant, François de Menthon, qui deviendra l’un des piliers de la IVe République, Garde des Sceaux, ministre et représentant la France à Nuremberg puis lors de la construction de l’Europe, par Julien Coppier de l’Académie florimontane d’Annecy

-          Un écrivain, le célèbre Albert Camus par Marcelle Mahasela de l’Académie de Marseille, et un poète, le moins célèbre Pierre Emmanuel par Philippe Dazet-Brun de l’Académie des jeux Floraux de Toulouse

 

La seule conférence à ne pas faire l’unanimité fut celle de Jean El Galmal, de l’Académie Stanislas, tant il mit en avant l’engagement de Sartre et de ses héritiers – pourtant sujettes à caution - et omit de parler de Raymond Aron, François Mauriac, figures moins enclines à suivre le vent des opportunités, les théories abstraites ou les modes  – ce que ne manqua pas de faire fort justement remarquer notre confrère Me Pierre Bouvet.

 

Michel Woronoff, âme et cheville ouvrière des colloques de la CNA depuis longtemps, était quelque peu ému en prenant la parole pour annoncer sa dernière direction de colloque. Il se félicitait de l’excellente tenue de cette édition et transmettait le thème de la Conférence de 2025 à Paris : « Les racines ».

 

Nul doute que ce thème intéressera vivement les membres de notre compagnie, plusieurs fois centenaire.