J13 Mercredi 11/07
Lever à 4h30 comme prévu, ça caille. 5°C dans la chambre. On n’a pas très bien dormi, trop chaud !
A cette heure indue, il n’y a pas encore d’électricité, les lampes frontales sont bien utiles car la nuit est encore très noire. La lune est réduite à un mince croissant.
Nous avalons un bon petit déjeuner.
Simeon a déjà démarré le 4X4 mais bien qu’il soit équipé d’un système antigel pour les grands froids, il est obligé de promener une torche enflammée sur le radiateur pour réveiller totalement son moteur. Selon lui il doit faire en dessous de -15°C.
Il y a une heure de piste jusqu’au volcan Uturuncu.
C’est de la conduite 4X4 de haut vol : nous devons faire le brise glace en avançant et reculant à plusieurs reprises pour franchir une rivière gelée. Simeon connaît le coin comme sa poche et heureusement car il n’y a absolument aucune indication. Les gués se succèdent et enfin nous arrivons au pied du volcan et l’ascension commence. Il y avait autrefois une mine de soufre desservie par une piste qui monte jusqu’à 5700 m mais à cause de la neige et malgré les prouesses de Simeon, nous devons nous arrêter à 5260m. Après c’est à pied.
Nous arrivons juste au moment du lever du soleil, c’est très beau.
Nous avons revêtu tous nos vêtements. Pantalon en fourrure polaire+ pantalon de marche en toile+ pantalon coupe-vent. En haut T-shirt+2sweat+2fourrures polaires+anorak+Bonnet+foulard+moufles.
Le vent se lève et augmente encore la sensation de froid.
Le sommet parait tout proche : le volcan est très beau avec ses coulées de soufre jaune. Il domine toute la région.
On a vraiment envie d’aller en haut.
Mais très vite, Caroline et Marion préfèrent faire demi-tour, frigorifiées et à bout de souffle.
Arnaud continue vaillamment avec Fred, Simeon et Victor mais lui aussi finit par renoncer à 5450 m, ayant trop froid aux pieds (il souffrira en fait d’une belle engelure, de même que Caroline).
Simeon a laissé la voiture ouverte, heureusement car le vent est de + en + fort.
Je me sens parfaitement bien jusqu’à 5500 m où soudain j’ai la sensation brutale d’avoir la tête et la gorge prises dans un étau. C’est vraiment très désagréable. Je descends rejoindre les enfants.
Les 3 hommes continuent.
En une demi-heure, frigorifiée avec le vent dans le nez, je rejoins les enfants au 4X4.
On se pelotonne dans un duvet et une couverture et la longue attente commence.
Il est 8h45.
Simeon nous a expliqué la veille que dans tous les cas, il faudrait reprendre la piste à 12h car une longue route nous attend ensuite jusqu’au poste frontière qui ferme vers 18h00.
Marion est vraiment mal, elle se plaint de nausées et de céphalées et je ne vaux pas mieux.
Le soleil monte peu à peu dans le ciel et l’atmosphère dans le 4X4 -au soleil mais aussi en plein vent- se réchauffe un peu.
Pour s’occuper, on joue au baccalauréat : Marion et moi sommes complètement dans le potage alors que les grands qui ne souffrent pas du mal des montagnes voient leur capacités intellectuelles conservées.
Midi arrive enfin et toujours personne.
Je commence à stresser en réalisant que s’il leur est arrivé qq chose, je suis incapable d’aller les aider et qu’en plus je n’ai pas la clé pour conduire le 4X4 nous mettre à l’abri avant la nuit et chercher du secours.
De toute façon, on ne peut rien faire d’autre qu’attendre.
Enfin, ½ plus tard, je distingue au loin 3 petites silhouettes dans un immense pierrier volcanique. C’est eux ! (Pas de doute, il n’y a personne d’autre à des dizaines de km alentours…)
Ils semblent marcher normalement, tout va bien.
Finalement avec 1h30 de retard, ils nous rejoignent, épuisés comme jamais selon leurs dires.
Simeon a déjà gravi le volcan une quinzaine de fois mais jamais dans de telles conditions de froid et de vent. Il a épuisé son stock de feuille de coca dans la grimpette, avec l’aide de Fred et Victor qui avaient-comme nous- pris le matin un comprimé de Diamox.
Victor, qui a réalisé l’ascension en baskets ( !!) est crevé, a l’impression que sa tête va exploser, mais comme Fred, qui lui n’a pas mal au crâne mais est complètement épuisé, en hypoglycémie, est fier d’être arrivé au sommet. Ils ont gravi les 800 m jusqu’à 6020 m sans rien boire ni manger, trop de vent, trop froid.
Simeon et Fred se requinquent en engloutissant plein de gâteaux bien sucrés.
Victor, nauséeux, préfère dormir…
Voici les images qu'ils ont rapportées :
Le sommet approche :
C'est un sol volcanique instable, bien crevant.
De là-haut, il parait que la vue est magnifique sur des lagunes, mais le fond de l'air est très frais!
Plus de 6000m! Pas mal!
Simeon et Victor au sommet.
Victor a fait l'ascension en jean (+ pantalon de pyjama) et baskets! Pas frileux le garçon!
Fred en haut :
Vue d'en haut :
Nous regagnons l’auberge de Quetena Chico, découvrant sous le soleil le magnifique paysage de canyons traversé cette nuit. Le coin est vraiment beau et perdu.
Fred nous explique que le sommet est en fait plus haut que ce qu’on découvre du bas. Pas bon pour le moral quand arrivé à 5995 m, on découvre qu’il reste 30 m à gravir !
De là-haut, ils avaient une vue superbe sur 3 lagunes. Un petit muret de pierres circulaire leur a permis de faire une petite pause relativement abrités pour profiter de la vue.
Arrivés à l’auberge, Simeon, le « bolivien fort », nous prépare encore une fois un bon repas. A 4000 m, nous nous sentons en pleine forme et l’appétit est là !
Nous rassemblons nos affaires de la nuit, rechargeons le 4X4 et reprenons la piste vers le Hito Cajon, poste frontière boliviano-chilien.
Nous passons à Quetena Grande (plus petit que Q chico) et découvrons une région magnifique avec une rivière serpentant dans un canyon où paissent plein de lamas.
Les maisons sont très mignonnes, toutes en adobe et au toit de paille (pas de tôle ondulée par ici), il y a de nombreux enclos en pierre pour les lamas.
La seule autre source de revenu dans le coin semble être l’extraction de sels minéraux des lagunes : borax entre autres.
Il y aurait des dizaines de photos à prendre dans le coin, plein de belles balades aussi mais je sens bien que Simeon craint d’arriver trop tard à la douane et je limite les pauses-photo.
Il faut dire que les journées sont très courtes en hiver (la nuit tombe à 18H30)
Nous fermons la boucle de notre circuit en retrouvant le salar de Chalviri et arrivons juste à temps au poste frontière. Comme nous sommes les derniers, ça va beaucoup plus vite. La navette minibus nous a attendus et à 19h00 nous sommes au poste de douane chilien à SPDA où les bagages sont fouillés afin de vérifier que nous n’allons pas importer de fièvre aphteuse et autres maladies au Chili.
La navette nous dépose à l’hôtel Chiloé où nous payons nos 3000 pesos, récupérons le camping-car.
Puis nous allons chez Victor pour transférer sur son portable les photos de ces 2 jours époustouflants.
Nous terminons la soirée dans un petit resto où Victor a ses habitudes, le seul de SPDA qui ne soit pas trop cher (nous mangeons à 6 pour 13400 pesos) puis raccompagnons Victor chez lui, lui faisons nos adieux et partons faire de beaux rêves dans la Cordillera De Sal, comme d’habitude.