Objectifs année 1 (2023) : Une philosophie critique de l’innovation : pourquoi ?
Deux axes doivent ici se dégager. Le premier pose un regard philosophique et historique de l’innovation pour comprendre sa genèse jusqu’à son empreinte économique au début du XXe siècle. Puis à partir de Schumpeter, et l’évolution de l’usage de l’innovation jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit également de s’intéresser aux conséquences politiques, humaines et environnementales et cherche à répondre à notre question concernant le besoin d’une philosophie critique de l’innovation. Le second axe est destiné à l’élaboration d’un appareil critique de l’innovation à partir de la responsabilité et de la spiritualité. Il s’agit ici de chercher les dispositifs permettant l’examen de l’innovation ainsi qu’elle a été, et nous est donné dans l’espace contemporain.
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Objectifs année 2 (2024) : Les critiques de l’innovation
Après une première année dédiée à une historiographie, une généalogie de l’innovation et à l’élaboration de l’outil conceptuel autour de la responsabilité et de la spiritualité, cette deuxième année s’arrête sur les critiques de l’innovation. Il s’agit pendant les six séminaires de parcourir les critiques, les opposants de l’innovation ; en quoi, comment et pourquoi l’innovation est mise en accusation. Avec Ellul, Simondon, Jonas, Guénon, Thoreau notamment, nous noterons les arguments des penseurs de la technique, de la science qui généralement soulignent la dépendance de l’homme à la technique, condamne la perte de l'essence de l'homme, critique la mainmise capitaliste. L’enjeu sera d’observer les points proposés et les mettre en perspective avec la réalité de la définition de l’innovation et surtout d’interroger si ces oppositions à l’innovation ne sont pas des appels à la responsabilité et à la spiritualité.
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Objectifs année 3 (2025) : Sobriété et Innovation : vers une nouvelle responsabilité philosophique
Après un premier regard philosophique et historique sur la notion d’innovation en première année de séminaire, la seconde s’est arrêtée sur les critiques de celles-ci au cours des siècles et plus particulièrement au XXe et début du XXIe siècle.
Cette troisième année s’arrête sur une critique à la fois plus vive et plus complexe de l’innovation, à partir de la sobriété et cela à partir de trois axes majeurs : Le premier que la sobriété est une question avant tout de responsabilité : vis à vis de soi, vis à vis du monde, et à ce titre s’intéresser à la démarche spirituelle qui est engagée dès lors que la notion de sobriété est abordée. Le second est que la sobriété a un lien fort, pourtant inexploré, avec l’innovation que ce soit pour envisager la sobriété par la technologie ou tout au contraire pour souligner que la cause des maux de l’abondance et du matérialisme est justement l’innovation. Le dernier axe s’intéresse à la sobriété comme mode de vie. Il s’agit de souligner en quoi il est pertinent d’élaborer une phénoménologie de la sobriété, dans l’esprit husserlien du retour aux choses mêmes et cela dans une perspective d’une construction de sociétés (les utopies), mais également dans l’élaboration d’un homme nouveau où l’être prend le pas sur le matérialisme.
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Objectifs année 4 (2026) : Politique et Innovation : de la responsabilité du citoyen et de l’état
Le terme grec politikós désigne à la fois la gestion des affaires de la cité et les citoyens qui y participent. Derrière cette notion se trouve une problématique claire : comment doit s’organiser la vie publique et privée, et qui doit y prendre part ? Au cœur de ce questionnement l’innovation est une nouvelle fois au premier plan.
Les trois premières années du séminaire nous ont permis d’avoir un premier regard philosophique et historique sur la notion d’innovation, également d’analyser les critiques de celle-ci au cours des siècles et plus particulièrement au XXe et début du XXIe siècle. L’an passé fut l’occasion de s’arrêter sur une critique à la fois plus vive et plus complexe de l’innovation, à partir de la sobriété.
Cette quatrième année s’intéresse donc à la question politique à partir de l’innovation. Celle-ci est au cœur du politikos à plusieurs titres : innovation institutionnelle (transformations des règles du jeu politique), technopolitique (utilisation des technologies numériques pour transformer les pratiques politiques), idéologique ou programmatique (émergence de nouvelles idées) ou encore organisationnelle (structures des partis). Mais ce sont aussi les politiques d’innovation, c’est à dire l’ensemble des mesures, instruments et stratégies déployés par les pouvoirs publics pour stimuler l’innovation technologique, sociale, industrielle ou organisationnelle dans un pays ou une région.
Dans un contexte géopolitique complexe, une Europe qui peine à sa construction et une politique intérieure incertaine, ce séminaire veille donc, à partir de l’innovation, à remettre la pensée philosophique au premier plan de la gestion de la cité et à évaluer le rôle du citoyen.
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Objectifs année 5 (2027) : Une innovation qui prend soin
Et si l’objectif de l’innovation était de prendre soin des autres, de son ecosystème ? L’epimeleia heautou, se soucier de soi-même, est une notion philosophique capitale. Epimeleisthai désigne une certaine forme d’attention. Son étymologie renvoie au verbe meletan qui, proche de gumnazein, signifie « s’exercer », « s’entraîner » ; c’est aussi une activité de vigilance. C’est aussi ce que l’on retrouve dans la notion de care, notion qui rappelle de prendre soin de l’autre. Peut-on envisager une innovation-care ?
Bibliographie : Molinier, Laugier, Paperman, Qu’est-ce que le care ? Payot, 2009. Pavie, Exercices spirituels, leçons de la philosophie antique, Les Belles Lettres, 2012.
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Objectifs année 6 (2028) : L’innovateur philosophe (partie 1)
A la recherche de la sagesse, de la maitrise de soi et des passions ainsi qu’à la tempérance, les stoïciens, épicuriens et cyniques appellent à la pratique d’exercices spirituels pour modifier leurs comportements. Il s’agira pour cette année de s’interroger sur ces techniques et méthodes. En quoi la pratique des exercices spirituels antiques pourrait aider l’innovateur à devenir sage, un innovateur philosophe.
Bibliographie : Hadot Pierre, Qu’est-ce que la philosophie antique, Gallimard, 1995. Pavie, L’innovation à l’épreuve de la philosophie, PUF, 2018.
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Objectifs année 6 (2028) : Reconstruire l’innovation, la prochaine vague de l’innovation (partie 2)
A partir des analyses et critiques formulées, il nous faudra bâtir le futur de l’innovation. Les notions abordées au cours des 5 années articulées autour de la responsabilité et de la spiritualité, celles-ci doivent nous permettre de déterminer ce qui pourrait relever d’une innovation inclusive et destinée au bien commun. Réussir à monder l’innovation de ses oripeaux de la performance dû à une herméneutique capitaliste. L’enjeu sera aussi de réfléchir aux bases nécessaires d’un enseignement philosophique de l’innovation où responsabilité et spiritualité sont clefs.