Migration annuelle des crapauds

En février-mars, les amphibiens (essentiellement crapauds Bufo Bufo et grenouilles rousses Rana Temporaria) qui ont hiberné sur le versant boisé à l’ouest de l’étang (et parfois dans les jardins) se déplacent vers celui-ci pour y déposer leurs pontes, puis regagnent la forêt au bout de quelques jours.

Sur leur parcours, l'essentiel de la population provenant de la forêt, doit nécessairement traverser la route forestière Morte Bouteille, s’exposant à l’écrasement par les véhicules au passage. L’association, dès sa constitution, a entrepris des démarches auprès de l’Office National des Forêts (ONF) et de la mairie de Vélizy afin de trouver une solution permettant aux batraciens de franchir cette route en toute sécurité.

Après avoir envisagé la construction sous la chaussée de passages (« crapauducs »), il a été reconnu que la solution la plus simple consistait à isoler par des barrières la partie de la route forestière située en bordure de l’étang, de la tombée de la nuit au lever du jour, puisque la migration est nocturne, afin d’empêcher la circulation automobile. La fermeture, même limitée à la nuit, n’a cependant pas été facile à faire admettre, compte tenu des réticences de certains riverains qui se plaignaient d’un report du trafic vers leurs habitations.

Pendant de longues années, ce sont des bénévoles de l’association qui ont assuré la fermeture et l’ouverture de la route au moyen de barrières métalliques dites de police, puis l’ONF a mis en place des barrières en bois amovibles qu’il suffit de faire pivoter pour interdire l’accès. Une de ces barrières a d’ailleurs fait l’objet d’une destruction volontaire et a dû être remplacée.

La fermeture et l’ouverture des barrières sont aujourd’hui prises en charge par le service technique de la ville de Vélizy et l’interdiction nocturne de la circulation pendant plusieurs semaines entre février et avril est bien acceptée par le public et les riverains. Plus récemment, la route forestière de la Morte Bouteille a été également totalement fermée à la circulation pendant 10 à 15 jours au mois de juin, pendant la période où les minuscules crapelets après leur métamorphose sortent de l’étang pour regagner leur habitat forestier.

Cette action de protection des amphibiens est complétée par une action pédagogique en direction du public. L’association organise chaque année des sensibilisations sur le terrain, permettant aux personnes intéressées et notamment les enfants, d'observer les individus en migration et de bénéficier d'informations sur celle-ci.

En 2001, une étude scientifique réalisée à la demande de l’ONF par la Société herpétologique de France et l’association Biodiversita, avec la participation de nombreux bénévoles d’Ursine Nature, a recensé une population de 27.000 crapauds communs reproducteurs, faisant de l’étang d’Ursine un des plus importants, sinon le plus important site de reproduction de cette espèce en Ile-de-France. 1.200 grenouilles rousses ont été également dénombrées.

Cette action est prolongée chaque année par un comptage effectué chaque soir par des membres de l’association pendant la période de migration, qui, s’il ne permet pas d’avoir une vue exhaustive de l’importance du phénomène, autorise un suivi de l’évolution quantitative d’une année sur l’autre. Ces données sont communiquées aux partenaires de l’opération (ONF, mairie de Vélizy), aux associations amies (Chaville Environnement, Vivent les étangs de Meudon) et aux instances scientifiques (Muséum national d’histoire naturelle).

En 2022, selon ce protocole de comptage durant 1 heure en soirée, nous comptabilisons plus de 7500 crapauds entre mi-février et mi-avril, après une année 2021 particulièrement basse qui comptabilisait 2000 individus. Ces chiffres sont à mettre en perspective avec l'évolution sur plus de 10 ans, qui révèle, depuis les absences de métamorphoses des années 2001-2006, un tracé en dent de scie.

Nous nous interrogeons sur les facteurs influençant les conditions de vie à l'état terrestre (en forêt), à l'état larvaire (dans l'étang) et sur l'impact direct ou indirect de la présence de certaines espèces de poissons sur les amphibiens. Nous avons connaissance depuis le début des années 2010 de la présence de silures dans l'étang d'Ursine, ainsi que dans la mare aux grenouilles. Par ailleurs, 2 silures ont été pêchés dans l'étang des Ecrevisses en 2011, étang déjà investi par des petites perches américaines qui pourraient avoir un impact sur le faible nombre d'amphibiens présents dans cet étang, pourtant alimenté naturellement par de l'eau issue d'une nappe de surface.

Rue Morte Bouteille, nous constatons que les bouches d'égout piègent les amphibiens à chaque migration vers l'étang d'Ursine. Il serait souhaitable d'installer des grilles spécifiques permettant d'évacuer l'eau, tout en préservant les amphibiens d'une chute vers les égouts (adultes au printemps et crapelets de la taille d'une mouche au début de l'été).

Rue Maneyrol, il serait souhaitable de prévoir un dispositif empêchant les amphibiens de quitter la forêt face au restaurant. Certains soirs 1/3 des effectifs traversent sur cette zone non protégée... Notons que la population de crapauds de l'étang Brise-Miche se semble pas avoir été observée depuis les années 2010, selon des observateurs riverains. L'étang d'Ursine semblerait concentrer dorénavant l'essentiel de la population locale de crapauds communs...

La ligne arborée située entre la chaussée de la route forestière Morte Bouteille et le sentier situé au bord de l'étang d'Ursine mériterait d'être densifié pour constituer une zone intermédiaire favorable, lorsque les amphibiens stationnent une nuit et une journée entière en attendant de meilleures conditions pour achever leur traversée. Plus globalement, il serait utile de se poser la question de la pertinence de cette portion de route forestière goudronnée, alors que l'étang (forestier) est déjà cerné par deux voies de circulation.

La pollution des eaux reste une préoccupation majeure et malheureusement, en ce début de printemps 2022, une pollution aux hydrocarbures le 8 avril dans l'étang du Trou aux Gants laisse présager un impact sur l'écosystème de l'étang d'Ursine situé en aval.


Migrations vers les étangs de Meudon et de Villebon

A la fin de l'hiver, à partir de la seconde quinzaine du mois de février ou début mars, les crapauds quittent le couvert végétal et se déplacent vers les étangs de Meudon et de Villebon pour s'y reproduire. Comme les amphibiens ou batraciens des espèces susmentionnées, les crapauds ont notamment comme caractéristique de pondre leurs œufs dans les eaux où se déroule le cycle de leur développement embryonnaire.

Voir migration 2017