ONF et Sylviculture

Sylviculture en forêt de Meudon.

URSINE NATURE depuis sa création en 1993 n’a cessé de protester contre la transformation de la forêt de Meudon en futaie régulière et de dénoncer les conséquences désastreuses de ce type de gestion sur le paysage (au moment des coupes rases) et l’appauvrissement de la biodiversité qui en résulte.

En effet, pour obtenir une futaie régulière, sur une parcelle donnée, il faut commencer par abattre tous les arbres présents (coupe rase), puis replanter en ligne des arbres tous de la même espèce (du chêne sessile en général). La plantation sera éclaircie progressivement, pour permettre aux sujets restants de se développer dans de bonnes conditions, puis lorsque les arbres seront parvenus à maturité (200 ans pour les chênes), ils seront tous abattus en même temps et le cycle reprendra.

C’est ce type de traitement que l’ONF avait entrepris d’appliquer à la forêt de Meudon.

URSINE NATURE, comme de nombreuses autres associations en Ile-de-France, préconisait, au contraire, la futaie irrégulière : celle-ci suppose le maintien sur chaque parcelle d’arbres d’essences et d’âges différents : lorsque les arbres les plus âgés sont récoltés, ils laissent des espaces de lumière qui permettent aux sujets plus jeunes de se développer à leur tour. Cela suppose une gestion plus fine, avec des interventions plus nombreuses sur des superficies plus réduites, en évitant le traumatisme des coupes rases.

M. Michel Béal, directeur de l’agence territoriale Ile-de-France Ouest de l’ONF, nous l’avait annoncé lors d’une rencontre le 30 mai 2017, et cette annonce a été confirmée lors du comité de gestion patrimoniale de la forêt de Meudon, le 22 juin 2017 :

l’ONF va introduire de grands changements dans ses méthodes de gestion des forêts en milieu urbain. voir CR de la rencontre

1/ En premier lieu, la futaie régulière va progressivement être remplacée par la futaie irrégulière.

Nous ne pouvons que nous réjouir tout particulièrement de ce changement de cap de l’ONF, réclamé par nous et par de nombreuses associations franciliennes depuis longtemps.

Toutefois, M. Béal a insisté sur le fait que ce changement nécessitera plusieurs décennies avant d’être pleinement appliqué. Les documents d’aménagement qui fixent les orientations de gestion de chacun des massifs forestiers vont tous être revus d’ici sept ans, et la forêt de Meudon sera parmi les premières à bénéficier d’un nouvel aménagement.

L’ONF a insisté aussi sur la nécessité de contrôler l’expansion de la grande faune dans la forêt ; les chevreuils sont particulièrement visés, car ils mangent les jeunes pousses. Des abattages sélectifs sont prévus.

2/ Changement dans le mode de commercialisation du bois : le bois ne sera plus vendu sur pied, mais « façonné bord de route ».

Jusqu’à une époque récente, l’ONF marquait les arbres destinés à être abattus sur une parcelle, puis vendait ce bois sur pied, lors de ventes aux enchères, à des exploitants forestiers, qui disposaient d’un délai de un à deux ans pour réaliser le travail. L’adjudicataire procédait ensuite à l’abattage des arbres et à l’évacuation du bois, qu’il vendait lui-même à ses clients sous la forme demandée.

Malgré la signature d’un cahier des charges par l’acheteur, celui-ci était propriétaire du bois dès l’adjudication, et l’ONF avait assez peu de moyens de pression sur lui, d’où les dérives constatés : chantier trop long, interrompu l’été et repris l’hiver suivant, chemins défoncés laissés en cet état jusqu’à la fin du travail, etc…

Dans le nouveau système, l’ONF contrôle lui-même l’exploitation forestière, en passant des contrats avec des entreprises chargés d’abattre les arbres, de façonner le bois (le découper aux dimensions désirées) et de le stocker sur le bord des routes forestières. L’ONF reste propriétaire du bois tout au long du processus et le vend lui-même aux transformateurs. Il devrait ainsi mieux contrôler le travail des entreprises prestataires de services.

Actuellement, 45.000 m3 sur 120.000 m3 sont déjà vendus sous cette forme par l’agence Ile-de-France Ouest.

3/ changement dans la « gouvernance » : vers plus de concertation avec les usagers.

L’ONF reconnaît que la concertation avec les associations se réduit à une information descendante notamment lors des comités de gestion de massif forestier.

Il souhaite qu’une véritable concertation s’instaure, notamment à l’occasion de la révision des aménagements.

Sur ce point aussi, URSINE NATURE ne peut qu’être d’accord, même si jusqu’à présent, elle n’a aucune information sur la préparation du nouveau document d’aménagement de la forêt de Meudon.