Sylviculture en forêt de Meudon
Fonctionnement
Ursine Nature est périodiquement en relation avec les responsables territoriaux de l’ONF (M. Béal, directeur de l’agence interdépartementale IDF ouest et Mme de Brito, responsable de l’unité territoriale de Versailles à Rambouillet) et participe régulièrement aux comités de gestion patrimoniale de la forêt de Meudon réunis par l’ONF. Ces comités réunissent responsables de l’ONF, élus locaux et représentants des associations de défense de l’environnement. Néanmoins, Ursine Nature regrette qu’ils ne soient pas les instances d’une véritable concertation, mais plutôt d’une simple information par l’ONF sur ses actions et ses projets. Concernant le programme des coupes à réaliser, l’ONF s'est référé au document de gestion dit « Aménagement » qui couvrait la période 2001-2020. Le nouvel aménagement concerne la période 2021-2040.
Ursine Nature était présente à la réunion de présentation du document de synthèse de ce nouvel aménagement le 1er décembre 2021 et a fait part de son avis défavorable, souhaitant que les actions de préservation de la biodiversité soient précisées, souhaitant également que les volumes de bois récoltés soient révisés car il est annoncé une diminution de la surface terrière de 23.4 m2 par hectare à 17 m2 par hectare, pour favoriser la régénération avec pour conséquence un rajeunissement progressif du massif (voir la feuille de l'Ursine N°47).
Ursine nature prend note de l'arrêt des coupes rases (dorénavant en traitement irrégulier depuis 2017) sauf pour les problèmes sanitaires, mais aussi de l'intention de l'ONF de faire passer 11% de la surface forestière en coupe annuellement pour un volume annuel présumé d'environ 4000m3. Les premières années, il nous est annoncé que la forêt devra être "cloisonnée" en créant des voies de passage pour les engins forestiers. Ursine nature a fait part de son étonnement sur les grandes quantités de bois qui ont déjà commencé à être récoltées et de l'impact paysager des cloisonnements (chemins d'exploitation) réalisés, qui se concrétisent par une ouverture de 4 mètres tous les 24 mètres afin de permettre aux engins de pénétrer (abatteuse, débusqueuse) tous les 8 à 10 ans.
Une réunion s'est tenue le 15 mars 2022 dans les locaux de l'ONF en présence de plusieurs associations (Ursine nature, Chaville environnement, Environnement Fausses-Reposes, Dagoverana, Environnement 92) en vue d'obtenir des précisions, ainsi qu'une révision du document d'aménagement. Les échanges ont permis d'aboutir à la rédaction d'un document de synthèse le 1er juin 2022, clarifiant la dénomination des surfaces hors sylviculture boisées et non boisées. Les associations ont été sollicitées pour s'exprimer sur le choix des îlots de sénescence (parcelles 33 et 63), des îlots de vieillissement (parcelles 70 et 73, choisies également pour l'abandon des houppiers). A notre demande, une bande en bordure de l'étang d'Ursine est proposée "hors sylviculture" (voir la feuille de l'Ursine N°48) en raison de ses enjeux pour la biodiversité.
La gestion par des coupes à blanc ayant été abandonnée en 2017 pour laisser place à la gestion en futaie irrégulière, le paysage offre progressivement au regard des parcelles cloisonnées, dont l'impact est encore mal connu à ce jour même si ce principe existe en France depuis plusieurs décennies. Notre paysage forestier change, offrant au regard de longues ouvertures dans certaines parcelles, qui seront visitées par les engins de plusieurs tonnes, même si les machines sont de petit gabarit dans nos forêts urbaines. Leur impact nous questionne, éveillant notre vigilance sur les conséquences des cloisonnements sur le tassement des sols, la réduction évidente de la surface boisée avant même l'exploitation de la parcelle, mais aussi la destination des coupes orientées de façon substantielle vers la filière bois énergie locale, avec les conséquences que l'on connaît sur l'émission de particules fines déjà trop présentes en Ile-de-France.
Position d'Ursine Nature
Dès sa création en 1994, l’association URSINE NATURE est intervenue auprès de l’ONF. Elle n’est pas hostile par principe aux actions de sylviculture nécessaires à la sécurité des usagers et à la santé des peuplements forestiers, mais souhaite que les interventions concernent des parcelles réduites, pour un impact minimum sur les sols, la faune et la flore.
Elle insiste aussi sur les vocations d’accueil du public et de préservation de la biodiversité qui sont à privilégier en forêt de Meudon, compte tenu de sa situation proche de Paris, de sa forte fréquentation et de son rôle d'ilot de fraîcheur en cas de canicule (Ursine nature ayant bien conscience que la gestion des forêts est un sujet qui fait débat, dans un contexte de changement climatique et de demande de bois local).