Merci à notre secrétaire de section, Paul Philippart, qui, après des recherches dans les archives de notre ville, nous apporte une vue très intéressante de notre section durant les dix premières années de ses activités.
LES ORIGINES DE LA 71éme SECTION UNC DE VANVES
La 71éme section de l’UNC de Vanves a été créée en Mai 1924 par Jean Drugeon, un grand brûlé de la face, et un prêtre, le révérend père Croizier de l’Action Populaire de Vanves, avec pour devise « Unis comme au front » qui « a fait connaître, à elle seule, le but de cette Union » comme l’expliquait à l’époque son président fondateur.
« Les combattants ont des droits, mais ils ont aussi des devoirs à remplir et non content de resserrer les liens d’amitiés qui les unissaient au front, ils doivent se soutenir moralement et financièrement, aider les mutilés, les veuves et les orphelins. Tel est le but de la section de Vanves » indiquait-il lors des deux réunions constitutives qui se sont tenues à la mairie de Vanves, les 22 et 30 Mai 1924.
Elles ont été suivies d’une assemblée générale de l’UNC Vanves-Malakoff-Clamart le 5 juin 1924, en présence des maires de ces 3 communes à la salle de Justice de Paix : « Notre but est non seulement de resserrer les liens d’amitiés qui nous unissent au front, mais de sauvegarder aussi les intérêts de toutes les victimes de la guerre et en dehors de toute discussion politique ou religieuse » ajoutait Jean Drugeon ce jour-là.
Le bureau était composé de Frédéric Pic, maire de Vanves, Président d’honneur, Jean Drugeon président qui laissa très rapidement la place à Marius le Comte qui apparaît comme le 1er président de l’UNC Vanves, remplacé en 1925 par Jean Drugeon, avec Charles Pion comme Vice présidents, Julien Caroujat, trésorier et son adjoint Pierre Guiesse, S.Denouille Secrétaire et son adjoint Ferdinand Laminaud.
Le 30 Mars 1926, la section Vanves-Malakoff de l’UNC se divisait en deux avec la création d’une section propre à Malakoff.
PERMANENCES ET COMMUNIQUES
A l’époque de sa création, cette section était très active.
Elle tenait une permanence tous les dimanches matin à la salle de Justice de Paix et une réunion mensuelle, la première ayant eu lieu le 3 Juillet 1924, avec des conférences, notamment d’un délégué du groupe de la Région parisienne sur la société mutuelle de retraites de l’UNC ce jour là, et la décision, en faisant appel à la générosité des vanvéens, de se doter d’un drapeau dont la remise officielle s’est déroulée le 25 Octobre 1924.
Une année marquée aussi par l’inauguration du monument aux morts de Vanves le 11 Novembre 1924 : « Un monument commémoratif d’une simplicité émouvante, choisi d’ailleurs par des représentants qualifiés, des victimes de la guerre, et dû à un architecte de talent qui fut notre concitoyen, Robert Lebout, ancien combattant dont le frère est tombé au champ d’honneur » indiquait Frédéric Pic, à l’époque en annonçant que le Conseil Municipal avait décidé « qu’une concession à perpétuité et un entourage seraient accordé aux corps ramené du front ».
Cette année fondatrice s’est terminée par la première participation de la section de Vanves au ravivage de la flamme sur la tombe du soldat inconnu le 28 Novembre 1924. Frédéric Pic, le maire de Vanves était présent et avait rappelé dans une courte allocution le but de cette pieuse et simple manifestation, évoquant « le souvenir constant que nous avons garder de ceux qui donnèrent sans compter leur sang pour la France »
La section vanvéenne était aussi très engagée pour défendre la cause des combattants.
Elle s’est ainsi mobilisée sur les pensions des anciens combattants dont elle demandait la hausse des montants.
Elle envoyait des communiqués de presse, et prenait même parti lors des élections, comme ce fut le cas en 1925, en appelant chacun à sa conscience : « L’heure présente nous conseille de la prudence et de la sagesse. Il ne s’agit pas seulement de la vie de la commune mais aussi de la vie de la France, de beaucoup supérieure à la réussite d’un parti. Voter c’est aller au combat ».
Le 26 Janvier 1926, la section UNC de Vanves s’élevait « avec la plus vive énergie contre toute augmentation de l’indemnité parlementaire au moment même où on demande au pays de faire des économies, et alors que les crédits des pensions des pupilles de la nation, premiers créanciers de l’Etat, sont diminués ou totalement supprimés ».
Elle créait le 1er Janvier 1928, une caisse de solidarité dont l’unique but était de venir en aide dans la plus large mesure aux camarades dans la gêne, grâce à des primes et des prêts. Elle a même publiée un communiqué suite à l’affaire Stavisky : « Nous avons fait confiance à un gouvernement qui a promis le nettoyage intégrale des escroqueries Stavisky dans lesquelles ont trempé de nombreuses militaires, sénateurs, députés. Après 8 ans de somnolence, de laisser-faire, nous nous sommes brusquement réveillés par la révélation d’une escroquerie de 500 millions de frs, commise par une internationale, couvert en partie par nos dirigeants aux pattes copieusement graissées. Ce n’est donc pas faire de la politique, ce que nous avons fait le 6 Février 1934, ce n’est qu’une démonstration du dégoût contre eux qui nous gouvernent ! ».
Son porte drapeau avait d’ailleurs été assommé ce jour là, d’un coup plat de sabre.
RALENTISSEMENT
Ses responsables constataient une certaine démobilisation de ses membres comme ce fut le cas lors de la cérémonie de ravivage de la Flamme sous l’Arc de triomphe au début de l’année 1926 : « Il est un fait regrettable pour nous de constater combien les anciens combattants sont trop rapidement oubliés par ceux qui ont tout promis pendant la guerre et pour l’après-guerre, mais cela se conçoit assez facilement puisque les anciens combattants, les survivants mutilés ou malades de guerre, oublient aussi qu’ils ont été les défenseurs du droit et de la liberté sans distinction d’opinion politique ou religieuse ».
Elle a même connu un ralentissement de son action lorsque fut élu un nouveau président entre le 8 Mars et le 10 Décembre 1928 avec M.Rauscher qui était malade.
Les réunions sont devenues trimestrielles, le nombre d’adhérents a commencé à baisser, et la grande fête de l’été 1928 n’a pu être organisée…
L’élection de Marcel Drugeon, à la fin de l’année 1928 a permit à cette section de l’UNC de redémarrer.
Si elle comptait 146 adhérents en Novembre 1928, elle passait à 212 puis 282 en 1929 : « Il semble bon de rappeler que tant que les anciens combattants marcheront en ordre dispersés, ils n’obtiendront rien et que ce n’est qu’avec la masse qu’ils obtiendront satisfaction pour leurs justes revendications » indiquait le Bureau de la Section UNC dans un communiqué.
A son Assemblée Générale du 21 Novembre 1929, le maire F. Pic se réjouissait de voir grandir cette section et demandait de persévérer dans cette voie.
Lors du décès de Clemenceau, elle est allée défiler le 1er Décembre 1929 avec tous les anciens combattants devant la tombe du soldat inconnu.
3 GRANDES FETES A MICHELET
La section UNC de Vanves a organisé, entre les deux guerres, de nombreuses soirées ou fêtes au profit des pupilles de la nation, notamment 3 fois de suite dans le parc Michelet, fêtes qui sont restées gravées dans les mémoires vanvéennes.
La première se déroula le 20 Septembre 1925 avec concert instrumental, démonstrations et épreuves sportives (assaut d’escrime, course cycliste, concours de tir), jeux divers pour les enfants, loteries, comptoirs de ventes, buffet, spectacles de variétés avec les illusionnistes William James et Stellina Mia, les artistes de l’Odéon et de la gaieté Lyrique, du cirque avec les clowns Fratellini dont l’un des 3 frères s’est blessé, écourtant le spectacle. Les organisateurs ont alors parlé d’un succès inattendu et sans précédent, de nombreuses personnes n’ayant pu trouver de places dans les attractions – 2000 personnes au spectacle des frères Fratellini - le service d’ordre ayant été débordé par le retard pris par certains spectacles et l’envahissement des spectateurs. Elle avait été ouverte par un défilé de toutes les sociétés et les sections de l’UNC entre la place de la gare et la mairie où les élus les ont rejoint avec recueillement devant le monument aux morts.
La seconde, le 31 Juillet 1927 a revêtu un caractère particulier et fastueux avec la présence de Louis Marin, ministre des Pensions et du général Balhague, gouverneur militaire de Paris qui remit la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur à Jean Drugeon devant le pavillon Mansart. Les associations d’anciens combattants avaient accueilli le ministre à la gare de Vanves, défilé avec les gardiens de la Paix en tête jusqu’à la mairie où une réception avait été organisée par le maire F. Pic, suivi d’une cérémonie devant le monument aux morts, puis d’un défilé jusqu’au parc du lycée Michelet où a eu lieu la remise de la décoration, puis la grande kermesse avec la musique de la Garde Républicaine, des vedettes de la TSF, de la Gaieté lyrique…
La troisiéme s’est déroulé deux ans plus tard, le 28 Juillet 1929 avec la garde Républicaine, la musique du 23éme régiment d’infanterie coloniale, la Jeunesse Républicaine et l’Union sportive de Vanves, et la présence du grand champion Lucien Gaudin et autres as de l’épée et du sabre, du champion de boxe Deparday, du champion de lutte Parisol….
FETES ET SORTIES
Cette fête s’est ensuite déplacée dans le tout nouveau parc Falret, notamment le 17 Septembre 1933 alors qu’il venait d’ouvrir ses portes, avec spectacles artistiques, concerts, compétitions sportives, bal champêtre… « Cette fête champêtre s’est déroulée sous un temps idéal, sous le patronage du Petit Journal, avec plusieurs milliers de personnes. La recette est belle. Et ça fera plaisir à plus d’un pauvre bougre qui en a besoin par les temps actuels. Il fallait redorer la caisse. On en a tous mis un coup. C’est fait » indiquait un organisateur. « Dans ton papelard, tu diras tout de même un grand merci aux gens de Vanves et d’ailleurs car sans eux, tu sais, on n’y serait jamais arrivé ! » ajoutait l’un d’entre eux au journaliste local de « Vanves-Malakoff ».
En 1934, le 9 septembre, cette fête s’est déroulée sous le patronage de « L’Echo des Sports » avec de nombreuses rencontres sportives, la présence de la BSPP (Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris).
En dehors de ce grand rendez-vous, la section avait pris l’habitude d’organiser en fin d’année une grande soirée qui se terminait généralement aux aurores avec spectacles et bal comme ce fut le cas le 5 décembre 1925 avec la présence « du fin chansonnier Pierre Dac des Deux Anes et du Coucou » et de l’orchestre « The Happy Novelly Jazz» à la mairie, ou au Cinéma le Palace le 7 Décembre 1927, puis le 2 Avril 1930 avec projection du film « Les aigles ».
Elle organisait aussi des excursions, une promenade champêtre à Fontainebleau le 4 Juillet 1926, à l’Isle Adam le 19 Septembre 1929, à Compiègne le 6 Juillet 1930, sur l’ancien front d’Arras le 30 Août 1931, des déjeuners familiaux comme ce le cas le 11 Avril 1926 au Vieux Logis, un bal du Muguet en Mai 1931 avec concours de valse, un arbre de Noël en décembre 1931, des conférences comme celle sur « le soldat de Verdun » le 21 Février 1932.
APOGEE
La section a connu son apogée dans les années 30, avec 351 adhérents, puis 407, 497, 500 en 1931 ce qui donna lieu à un banquet, puis 535 membres lorsqu’elle a organisé, le 5 Juillet 1931, le Congrès du Groupe de la Région parisienne. Elle a accueillie ainsi les 87 sections UNC de ce groupe, en présence de Paul Raynaud, ministre des Colonies, avec assemblée générale et réception à la mairie, un grand banquet de 200 à 300 couverts à Michelet présidé par Louis Rollin, ministre du commerce, défilé et cérémonie au monument aux morts perturbé par un violent orage…
Le 9 Novembre 1934, elle remettait des drapeaux aux jeunes de l’UNC.
En 1936, elle félicitait le conseil municipal pour le parfait entretien des sépultures militaires et regrettait le déménagement du secrétariat administratif de l’office départemental des Pupilles de la Nation de la Mairie de Vanves à celle du XIVéme arrondissement.
Le Conseil Municipal de Vanves a même voté un vœu le 13 Février 1930 demandant la création « sans retard d’une pension dite « retraite du combattant » du genre de celles déjà instituée dans plusieurs pays allié » : « Les membres du Conseil municipal proclament le droit de tous les anciens combattants à une retraite nationale, qui sera la légitime réparation des préjudices moraux, physiques et matériels qu’ils ont subis pour la défense du pays… » et demandent de surcroît « la création de la Croix du Combattant déjà acceptée par la Chambre des Députés ».
A l’occasion des cérémonies du 11 Novembre 1930, la section remettait le ruban de la Croix du Combattant à tous les membres de la section et décidait d’organiser après une matinée consacrée à l’hommage aux morts pour la France, une après-midi artistique avec soirée dansant en expliquant que « le 11 Novembre ne devait plus être considéré comme une fête de deuil mais qu’au contraire, elle devait être célébré comme un jour de l’armistice ».
Elle s’est répétée plusieurs fois lors de la célébration de l’armistice avec le 11 Novembre 1933 un spectacle « un jour au repos » qui rappelait des scènes vécues et interprétées par des anciens combattants de la section suivi d’un récital du chansonnier Raymond Souplex du Coucou et des Deux Anes…