Ostéopathie crânienne, appliquée au champ crânien

« Je n’ai fait qu’entrouvrir le rideau pour une autre vision » (1) (William Garner Sutherland)

En 1899, William Garner Sutherland pressent quelque chose à l’observation d’un crâne éclaté. En 1939, avec ses théories sur les MTR (Membranes de Tension Réciproque) et les techniques qui en découlent, puis en 1944 avec son approche plus biodynamique que biomécanique du modèle crânien, William Garner Sutherland montre bien l’évolutivité de "son" modèle crânien, et l’importance de la recherche en ostéopathie dans le champ crânien ou en Ostéopathie en général. Andrew Taylor Still prônait la remise en question des modèles par l’évolution des connaissances scientifiques. En fait, William Garner Sutherland comme Andrew Taylor Still, observateur de la Nature, identifiait un événement et, pour se l’approprier, le décortiquait pour en comprendre l’essence et les applications.

L’axe crânio-sacro-facial (2) est une unité du corps humain qui peut être décrite autour de cinq éléments anatomiques et fonctionnels qui lient et solidarisent l’ensemble crâne pour lui-même, et celui-ci avec le sacrum. Ils sont la base des principes du modèle crânien de Sutherland.

Les cinq éléments sont organisés en une triade motrice :

- Motilité inhérente automatique du SNC (Système Nerveux Central),

- Fluctuation du LCR (Liquide Céphalo-Rachidien),

- Fonction de tensions réciproques des membranes crâniennes et rachidiennes,

et la conséquence de cette triade :

- Mobilité (suturaire) des os du crâne entre eux,

- Mobilité articulaire du sacrum entre les os iliaques.

Ce sont les histologistes par leur travaux qui ont permis d’asseoir la théorie selon laquelle les os du crâne bougent et les sutures qui les unissent sont de véritables articulations jusqu’à très tard dans la vie de l’individu. L’ossification des articulations du crâne, ou plutôt leur fibrose, étant le résultat de la perte d’élasticité et donc de mobilité liée à la vieillesse. L’anatomie de la boite crânienne et du massif facial a permis de comprendre l’organisation des pièces osseuses, mais aussi des membranes qui les unissent. Celles-ci forment des cloisons pour les différentes structures du SNC, du système artério-veineux et lymphatique (3).

Le MRP (Mécanisme Respiratoire Primaire) décrit par William Garner Sutherland est un concept (4). Par définition, il ne produit ni ne génère rien et n'existe pas en propre. Ce que l'on sent, ce que l'on teste en Ostéopathie, c'est l'IR (Impulsion Rythmique) (5). Cette impulsion rythmique n’est pas propre à la sphère crânienne, elle est résultante de la somme des différent biorythmes générés par le corps humain, et notamment celui de la fluctuation du LCR au niveau crâniosacré. Pour Harold Magoun, disciple de William Garner Sutherland, le MRP associe deux phénomènes physiologiques : le mouvement des sutures et l'impulsion rythmique induite par la contraction des astrocytes au niveau cérébral.

A l’heure actuelle le modèle de Harold Magoun tend à être amélioré par la prise en compte de différentes impulsions dont les origines sont, entre autre, cellulaire, respiratoire, cardio-vasculaire, lymphatique ou encore induites par la mécanique des fluides.

II n'existe aucune spécificité dans le champ crânien quant à la source de l'Impulsion Rythmique (IR), néanmoins, le MRP de l’axe crâniosacré intervient dans la dynamique métabolique et donc dans le processus homéostasique. Le MRP comme concept est la prise en compte de différents biorythmes et des différentes structures anatomo-physiologiques en général et surtout celles de l’axe crâniosacré. C’est dans les rapports inter et intra-structures sur un plan dynamique qui permet la genèse du concept désigné comme Mécanisme respiratoire Primaire (MRP).

Le LCR est un liquide à la fois protecteur, nourricier, régulateur, organisateur, transporteur d’éléments à travers toute l’unité crânio-sacro-faciale et l’analyse de sa composition devient donc un bon indicateur de l’état de l’individu. C’est un élément diagnostic souvent utilisé en médecine. Le sang veineux à travers différents compartiments intracrâniens, les sinus, drainent le sang à travers différentes structures anatomiques, obstacles naturels qui évoluent avec la mobilité de l’unité crânio-sacro-faciale. C’est de la liberté de mouvements de ses différents structures, de la capacité des fluides à passer les différents obstacles et à circuler, que dépend l’hémodynamique artérielle et veineuse. Des perturbations de la mobilité des cinq éléments anatomiques de l’unité entraînent des troubles sensoriels, endocriniens, métaboliques et ce sont là les champs d’action de l’Ostéopathie crânienne.

Cette présentation du concept crânien est tirée du mémoire de Thomas Carpentier effectué pour finaliser sa formation et permettre l'obtention du diplôme d'ostéopathe DO, ce mémoire est disponible à la consultation à l'adresse :

https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=explorer&chrome=true&srcid=0B-6AeR64Lg8jZTg4NDNkYjgtMTdkYy00ZDUwLWJjMDEtMDRjYzNiODcyZTFj&hl=fr

(1), (5) « La santé au bout des doigts ; L’ostéopathie crânio-sacrale » de Maurice Sainte –Rose, éd Robert Laffont, p 125.

(2) « L'os , un élément diagnostique ; Notion crâniosacré et de crâniosacré facial » de Marie-Odile Fessenmeyer, éd Sully, p105-107.

(3) « Manipulations des nerfs crâniens ; Introduction » de Jean-Pierre Barral et Alain Croibier, éd Elsevier., p1.

(4) « Impulsion rythmique n’est pas MRP » de Patrick Tidiere, La revue des ostéopathes n°51, janvier 2000.

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