Méditations Carême 

Le Christ de Wissembourg


Aujourd’hui quel est le regard de Jésus sur moi ?

Un appel ? Une mission ? Un pardon à donner ?

Première partie : l’image ressemblante

Pas de croix, pas de souffrance, pas de corps…Le style byzantin de ce visage nous invite à voir autant une image de Jésus que de son Père. Jésus nous est présenté comme la perfection d’une « image ressemblante » du Père… « Créé, à mon image et à ma ressemblance » (Gen 1,26) effectivement, il n’y a entre eux, aucun espace.

 L’espace, le nôtre, c’est ce regard.

 

Deuxième partie : le regard, porte du cœur, lieu de la rencontre

Ce visage est contenu dans une chevelure, une barbe en forme de cœur… Quoi d’étonnant ! Ce visage c’est la porte du cœur du Christ qui nous accueille pour nous faire vivre de la vie du Père.

Il ne sourit pas, être tout de patience, il n’exprime rien d’autre qu’un calme : « je t’attends »

Pour aller plus loin : le visage chez E.Levinas

 Il y a dans le visage une pauvreté essentielle ; la preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant des poses, une contenance. Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence. En même temps, le visage est ce qui nous interdit de tuer. 

Le "Tu ne tueras point" est la première parole du visage. Or c'est un ordre. Il y a dans l'apparition du visage un commandement, comme si un maître me parlait. Pourtant, en même temps, le visage d'autrui est dénué ; c'est le pauvre pour lequel je peux tout et à qui je dois tout.

 Et moi, qui que je sois, mais en tant que "première personne", je suis celui qui se trouve des ressources pour répondre à l’appel.

Dans l'accès au visage, il y a certainement aussi un accès à l'idée de Dieu.

Il est l'incontenable, il vous mène au-delà. C'est en cela que la signification du visage le fait sortir de l'être.

Un peu d’histoire…

Ce vitrail fait de verre coloré, de grisaille et de plomb, d’un diamètre de 25 cm date de la fin du XIIe siècle, on retrouve, en outre, certains éléments d’une restauration datant de 1950.

Il provient de l’ancienne abbatiale de Wissembourg (Bas-Rhin) et est exposé au Musée de l'Œuvre Notre-Dame à Strasbourg.

Cette tête d’homme barbu a longtemps été considérée comme le plus ancien vitrail figuratif conservé en France. Il s’agit très probablement du vestige d’une figure monumentale de Christ en pied ou trônant. Sa stricte frontalité et son dessin très stylisé lui donnent une grande force d’expression.

Autrefois daté des environs de 1060, le vitrail a été mieux identifié grâce à des rapprochements avec les verrières encore en place dans l’abbatiale de Wissembourg, notamment une Vierge à l’Enfant restée complète. Toutes les figures y ont de grands yeux aux pupilles sombres, rehaussés de sourcils épais dans le prolongement des arêtes du nez. L’enroulement en hameçon des ailes du nez est également très caractéristique du style de cet ensemble.

Constitué d’une unique plaque de verre, le visage du Christ offre un très bon exemple de la technique dite "des trois valeurs" décrite par le moine Théophile au début du XIIe siècle dans son traité sur les techniques de l’art. La "grisaille" est appliquée au pinceau en trois couches d'intensité différente, l'une très légère par endroits, l'autre moins diluée pour les ombres et la troisième très sombre pour les traits. Certains des verres de couleurs qui entourent la tête ont quant à eux été placés vers 1950 lors d’une restauration.