L'âge d'or élisabéthain

La Renaissance anglaise s'amorce sous le règne du Tudor Henri VIII. Le jeune roi est un musicien accompli. Il joue de plusieurs instruments, le clavecin, l'orgue et la flûte. Il compose des poésies et des mélodies. Il entretient un grand nombre d'artistes et de musiciens. Il aime s'entourer d'instruments de musique. Sa collection compte plus de 300 instruments richement décorés : entre autres, des luths, des orgues, des virginals, des flûtes et des clavecins.

L'essor de l'instrumentation favorise, dans les milieux cultivés, la constitution de Consorts, ou petits ensembles d'instruments,

où l'on retrouve la viole de gambe, la basse de viole, la flûte à bec ou le luth.

C'est cependant sous le règne de sa fille, Élisabeth 1ière, un long règne de 45 ans (entre 1558 et 1603) qui a laissé son nom à la période, que la Renaissance anglaise atteint son apogée.

[Voir un divertissement de cour extrait du film Élisabeth]

William Byrd (~1540 -1623), qui fut l'élève et plus-tard le collaborateur de Thomas Tallis, demeure, avec Henry Purcell au siècle suivant, l'un des plus grand compositeur anglais. Il fut très apprécié de la reine Élisabeth qui lui accorda sa protection malgré le fait qu'il demeura toute sa vie un fervent catholique. Il est célèbre pour ses messes à 3, 4 et 5 voix, mais il composa aussi des anthems et des psaumes pour le culte anglican. [ Une exemple sur Youtube.] Il s'intéressa aussi aux madrigaux et au répertoire instrumental pour divers instruments (sauf le luth).

Le répertoire de musique profane se développe avec l'ayre, chanson accompagnée au luth. John Dowland (1563-1626) donne ses lettres de noblesse à ce genre pour lequel il a composé plus de 87 pièces regroupées en quatre livres. [Écoutez une interprétation de Flow my Tears par Alfred Deller.]

Consort de violes

[Source de l'image]

La viola da gamba, comme son nom l'indique est une "viole de jambe". Issue de la viole, la viole de gambe est un instrument de 6 cordes frottées à l'aide d'un archet. L'instrument est tenu entre les jambes, la main droit tient l'archet tandis que la main gauche se promène sur le manche pour produire les notes. Cet instrument devient à l'origine de la famille des violes de gambe qui comprend, outre la basse, la viola da bracio (4 cordes), tenue avec les bras et appuyée sous le menton dans le registre d'alto. Les manches ont des frettes pour aider à la position des doigts. Ces instruments dégagent une sonorité riche et enveloppante. En consort (par ex. en quatuor), elles développent de chaudes harmonies, des effets d'écho, des variations de rythmes, etc. Les consorts de violes se multiplieront à l'époque élisabéthaine en Angleterre au sein de la classe aisée qui cultive avec raffinement le goût des arts.

Les virginalistes anglais (1560-1620)

Les instruments à clavier ont aussi la faveur des musiciens anglais. Le virginal est un petit instrument de table doté d'un clavier qui permet de pincer les cordes montées en oblique dans une caisse rectangulaire. Comme l'épinette (cordes en parallèles pincées avec une "épine") il s'apparente au clavecin (cordes perpendiculaires). Son unique registre possède un ambitus d'environ 4 octaves et demi. Son nom vient sans doute du fait que les jeunes filles de la bonne société apprennent et jouent de l'instrument. Les virginalistes anglais constituent la première grande école occidentale de compositeurs pour clavier. Citons, outre William Byrd, Thomas Morley (1558-1602) et Orlando Gibbons (~1583-1625).