Dominique Billard et Nathalie Gros sont des professionnels de la couleur, de ses noms et de son classement, de ses emplois et technologies.
rhéologie des médiums de type "gumtion"
Les peintres britanniques du XIXe siècle comme J.M.W. Turner modifiaient couramment les caractéristiques de leur peinture à l'aide de médiums-gels appelés « gumtions ». Ces gels leur permettaient d'ajuster facilement les propriétés d'application et la siccativité de la peinture. Ces « gumtions » aux propriétés fascinantes étaient obtenus en ajoutant de l'acétate de plomb à un système ternaire à base de résine mastic, d'huile de lin et d'essence de térébenthine. Dans l'article scientifique de ce lien, Laurence de Viguerie et al. ont étudié en profondeur et décrit en détail les propriétés rhéologiques de ces gels ainsi que leur structure à l'échelle moléculaire et supra-moléculaire. En lisant cet article, on comprend les mécanismes physico-chimiques qui gouvernent la prise en gel et le fonctionnement de ces médiums très courants au XIXe siècle.
Site du copiste Mickael Leroy, spécialisé dans les copies des œuvres de Vermeer.
Désormais reconnu comme la meilleure et la plus complète base de données en ligne sur Vermeer et son œuvre, le site créé par Jonathan Janson compile non seulement les découvertes des historiens d'art comme Arthur Wheelock ou John Michael Montias, mais aussi des résultats de recherches scientifiques sur sa technique picturale. J. Janson le met régulièrement à jour pour suivre l'actualité vermeerienne (restaurations, projets de recherche, découvertes, attributions, expositions, etc.)
Base de données des artistes référencés à la Maison des Artistes.
En 2012 le CNRS a mis sur pied le Laboratoire d'Archéologie Moléculaire et Structurale (LAMS), dirigé par Philippe Walter. Au sein de cette unité de recherche, une section étudie les matériaux de la peinture. Des travaux y sont conduits pour étudier les matériaux de peintures employés par les artistes dont les œuvres sont présentes dans les collections du patrimoine. Cette unité est la première en France à étudier les techniques picturales anciennes ainsi que les procédures et les gestes d'exécution suivis par les artistes. Pour cela, on ne s'en tient pas seulement aux analyses classiques sur les pigments, mais on étudie aussi les liants et les additifs des couches picturales. Et pour la première fois en France, des reconstitutions systématiques de matières picturales y sont menées d'après les sources d'époque et les analyses de laboratoire récentes, afin d'élucider la formulation et le comportement des peintures, aussi bien lors de leur mise en œuvre par les peintres que lors de leur conservation ultérieure.
Ce programme mené aux Pays-Bas de 2002 à 2006 par le NWO, l'Organisation Néerlandaise pour la Recherche Scientifique, a fait faire un bond aux connaissances sur les techniques et les matériaux des peintres du passé. Plusieurs recherches comportaient des reconstitutions de peintures anciennes ainsi que des études sur la composition des liants.
Le premier objectif était de mettre sur pied un programme fortement multidisciplinaire qui étudie les techniques dans l'histoire de l'art et la chimie de la conservation des objets d'art des collections néerlandaises. Le second objectif était d'améliorer la connaissance des techniques picturales anciennes, le vieillissement des matériaux et l'influence des traitements de conservation. Enfin, le programme de Mayerne permettait de renforcer la collaboration entre sciences exactes et histoire de l'art (collaboration qui existait déjà aux Pays-Bas à cette époque).
Propriétés physico-chimiques et caractérisation des matériaux du sfumato
Cette thèse de Laurence de Viguerie sur les matériaux et de la technique de Léonard de Vinci, publiée en 2009, a élucidé pour la première fois une part notable des composants des peintures du Maître. Sa lecture est indispensable pour tout professionnel ayant à intervenir sur une peinture de Léonard ou de son entourage.
Résumé : La technique du sfumato, de Léonard de Vinci, permet, par un jeu subtil des ombres et des lumières, de créer un effet vaporeux ‘sans lignes, ni contours, à la façon de la fumée'. Léonard de Vinci, pour la réalisation des ombres des carnations, superpose des glacis, fines couches de peintures translucides, composés d'un pigment sombre et très riches en liant organique. Les livres de recettes et traités de peinture anciens constituent une première source d'informations sur cette technique. La reconstitution de certaines recettes de liants suivie par la caractérisation de leurs propriétés rhéologiques et mécaniques a permis de mieux comprendre la formulation des glacis. Les critères définis par l'industrie des peintures peuvent être utilisés comme autant d'indices pour retrouver les recettes des peintres des siècles passées. L'analyse de prélèvements peut apporter certaines informations sur la formulation des couches picturales chez Leonard de Vinci et ses contemporains. La combinaison de deux méthodes d'analyse par faisceau d'ions (PIXE et BS) permet d'obtenir la proportion liant-pigment d'une couche de peinture, information jusqu'alors non accessible. Enfin, des œuvres de Léonard de Vinci ont été analysées de façon quantitative par spectrométrie de fluorescence des rayons X. En considérant l'atténuation des rayons X par absorption, il est possible de calculer la composition et l'épaisseur des couches à partir d'une modélisation de la stratigraphie de l'œuvre.