Un peu d'histoire
Le nom de ce village proviendrait d'un riche gallo-romain nommé Cersius ou Cérésius qui y aurait établi sa "villa" en des temps très lointains. Une autre hypothèse évoque le mot latin "cérasus" qui signifie cerisier. Notre colline était-elle particulièrement recouverte de cerisiers à cette époque ? En tout cas, c'est sur ces éventuelles racines que nous nous sommes appuyés pour définir le nom de nos habitants, les séréziens .
Le village s'est ensuite développé et en l'an 1300 l'évêque de Bourges, nommé "Gilles de Rome", lui donne le titre de paroise, ce qui suppose un habitat assez important.
L'histoire de Sarzay est intimement liée à celle de son château et à la famille qui l'a construit et habité pendant des siècles, les Barbançois.
Cette famille originaire de la commune de Roche, prés de Chatelus-Malvaleix (Creuse) est venue s'installer en Berry au XIVème. Les premiers écrits concernent Matthieu de Barbançois, seigneur de Sarzay en 1348. Son fils Guillaume s'est fait remarquer par ses exploits guerriers pendant la guerre de cent ans. En 1360, a la tête d'une armée de "quarante lances" (c'est-à-dire 40 chevaliers entourés chacun d'un certain nombre de fantassins) il reprit la ville de La Châtre aux Anglais. Mais emportés par leur fougue ou peut-être des sentiments moins nobles, ces troupes ont pillé et massacré les habitants de La Châtre, plus que les Anglais ne l'avaient fait. " Comme il est impossible pendant les guerres intestines de contenir les soldats dans la discipline, ses gens firent plusieurs dégâts en la ville de La Châtre, pour raison de quoi le seigneur de Chauvigny le poursuivit (en justice) ce qui l'obligea d'obtenir lettres d'abolition du Roy Charles VI le 7 Février 1385 pour se mettre à couvert de ces poursuites." Toutefois, après avoir chassé les Anglais de La Châtre, il leur reprit également les châteaux de Briantes, Le Chassin, et Lys St Georges.
Son descendant, Jean, dit "le bâtisseur" hérite du titre au milieu du XVème, et, ayant augmenté la fortune de la famille, est très probablement à l'origine de la construction du château dont nous connaissons les vestiges aujourd'hui (le donjon, la chapelle, probablement l'église du village) mais aussi des enceintes, ponts-levis et 38 tourelles maintenant disparus. Par son testament du 12 Septembre 1476, "il choisit sa sépulture en l'église paroissiale de Sarzay et dispose de ses funérailles à des personnes de qualité, sa femme et François de Barbançois son fils aîné". Il y dispose également de la répartition de ses biens entre ses enfants.
Le petit-fils de Jean, Hélyon dit "le brave" est connu pour son duel contre le seigneur François de Saint-Julien-Véniers. Un différent opposait les deux hommes au sujet de propos concernant le comportement du sire de Latour-Landry lors de la bataille de Pavie. Notons au passage que, bien qu'à peine 6 ans après Marignan, cette bataille est beaucoup moins connue car ce fut une cuisante défaite et une catastrophe pour la chevalerie Française qui y fut décimée. François 1er autorisa le duel entre les deux protagonistes et y assista en personne à Moulin en Février 1538.
Le souci est qu'Hélion était âgé de 70 ans alors que Véniers était dans la pleine force de l'âge. Son fils Charles voulant le remplacer, Hélyon refusa, disant "qu'il le frotterai bien lui-même". En effet, au cours du combat, Hélyon blessa son adversaire qui en décéda quelques jours plus tard. Les circonstances de ce combat sont longuement évoquées par La Thaumassière dans son histoire du Berry d'une part à cause de la disparité des âges des protagonistes qui met en valeur le grand courage d'Hélyon de Barbançois, mais aussi parce que ce fut l'un des derniers combats singuliers "faits par ordonnance du souverain".
Son fils Charles, participe activement aux guerres de religion. "En 1545, capitaine du ban et arrière-ban du Berry, il avait voulu que sa compagnie porte des vêtements uniformes. Les gentilshommes et les soldats avaient reçu, à ses frais, des chausses de drap bleu et des collets de maroquin blanc. Son enseigne était de taffetas bleu avec une grande croix blanche au milieu" . Nommé gouverneur d'Issoudun, en 1562 il y exerce une terrible répression contre les protestants. L'historien protestant Théodore de Bèze exagère probablement en le décrivant : "sa cruauté, sa violence rappellent les plus terribles figures de cette époque ; il avait toujours à la bouche ces mots : tue! tue! assomme!"
PATRIMOINE
La réfection des cloches de l’église de Sarzay s’est achevée en octobre 2022. Depuis deux ans, les établissements Bodet de Trémentines (Maine-et-Loire) ont remplacé les moteurs et modernisé le système d’automatisation des sonneries. Désormais, l’Angelus (à 7 h et 19 h) et la sonnerie de midi sont parfaitement à l’heure ! En 2022 également, Jacky Rousselet, couvreur à Sarzay, a procédé à la réfection du plancher du clocher : on peut maintenant accéder aux cloches en toute sécurité.
Cette rénovation est l’occasion de se pencher sur l’histoire de ces cloches. La plus ancienne mention qui soit conservée dans les archives remonte à 1734. Le 1er octobre de cette année-là, Mgr Frédéric-Jérôme de la Rochefoucauld, archevêque de Bourges, est en visite dans toutes les paroisses du Boischaut-Sud. À Sarzay, il inspecte l’église avant de se rendre à la chapelle du château et à la chapelle Sainte-Madeleine du Pondron. Devant le mauvais état de l’église et de la chapelle, l’archevêque ordonne des travaux de réparation et d’embellissement. En particulier que « le dessous du clocher [soit] plafonné avec du plancher fort afin d’éviter que si quelque battant de cloche se détachait il ne pût tomber jusqu’à terre ».
On ne sait pas ce que sont devenues les cloches du XVIIIe siècle. La plus ancienne que renferme aujourd’hui le clocher de Sarzay date de 1831. C’est ce que révèle l’inscription qu’elle porte : « J’ai été bé-
Photo Serge Lacou nite par M. Barraud, curé de Sarzay. J’ai pour parrain Pierre Simon, propriétaire, maire de Sarzay, chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur, et pour marraine Mlle Marie-Anne Lessure. Mrs Mutel-Noël et Bollée, fondeurs. » Prosper Mutel avait ajouté à son nom celui de sa femme, Françoise Noël. Originaire de Haute-Marne, il était fondeur itinérant et a beaucoup travaillé dans le Berry, le Limousin, le Poitou. On peut penser qu’il a fondu la cloche de Sarzay sur place. Il avait pris comme apprentis ses neveux Bollée, dont Jean-Baptiste-Amédée qui a installé sa fonderie à Orléans en 1838. Elle y est toujours.
C’est justement la fonderie Bollée qui a fabriqué les deux autres cloches de l’église. Elles ont été bénites le 4 mai 1884, par l’abbé Auvrelle, vicaire général du diocèse de Bourges, alors que Léonidas Chapu était curé de Sarzay.
La première porte l’inscription suivante : « Je me nomme Aymardine. Mon parrain est M. Jacques-Joseph Donius, colonel, commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre de l’Épée de Suède, l’ordre du Medjidié de Turquie, chevalier de l’ordre royal de Saint Olaf de Norvège, décoré de la médaille anglaise de Crimée commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire le Grand, et ma marraine Mme Adélaïde-Hyacinthe de Nicolaï, veuve d’Aymar-Marie-Christian. »
Jacques-Joseph Donius était un colonel en retraite ; né à Châteauroux, il habitait La Châtre. La famille de Nicolaï possédait de vastes domaines, en particulier dans la Sarthe, mais aussi à Sarzay, autour de Fragne. Adélaïde-Hyacinthe de Fougières (1819-1891) était la veuve de Christian de Nicolaï ; sa fille aînée, Adélaïde Jeanne Aymardine, était morte en 1882 à l’âge de 42 ans. Adélaïde-Hyacinthe de Fougières a offert deux vitraux à l’église de Sarzay ; ils représentent saint Pierre (1877) et saint Joseph (1883) et portent les armoiries des familles de Fougières et de Nicolaï, ainsi que la devise des de Nicolaï « Laissez dire ».
La seconde cloche de 1884 a été appelée Louise-Françoise […] « en reconnaissance de la première communion de Pierre-Louis et François-Michel Robin. Mon parrain est leur père M. François Armand Robin, maire de Sarzay, et ma marraine est leur mère Mme Marie-Louise Métrot. » Les deux garçons, nés en 1872, étaient jumeaux. Louis a été maire de Sarzay au début du XXe siècle ; il a fait don à l’église d’un vitrail dédié à saint Louis à l’occasion de son mariage, en 1903.
Des précisions nous ont été apportées par Dominique Bollée, ancien dirigeant de la fonderie et responsable du Musée Bollée, à Orléans. La plus ancienne cloche a un diamètre de 85,3 cm, pèse 350 kg et produit la note la. Louise-Françoise mesure 97,8 cm, pèse 554 kg et sonne un sol ; Aymardine, 74,8 cm, 240 kg et chante en si.