L'héritage familial

Les morts sont des invisibles, ils ne sont pas des absents. Saint augustin

Notre vie à chacun est un roman. Vous, moi, vivons prisonniers d’une invisible toile d’araignée.

Si nous arrivions à saisir ces répétions et ces coïncidences l’existence de chacun deviendrait plus claire.

Nous sommes moins libres que nous le pensons, pourtant nous pouvons reconquérir notre liberté et sortir de la répétition en comprenant ce qui se passe, en saisissant ces fils dans leur contexte et dans leur complexité. Nous pouvons vivre ainsi « notre vie », et non celle de nos parents ou grands-parents, ou d’un frère décédé et que nous « remplaçons « à notre insu.

Ces liens complexes peuvent être vus, sentis ou pressentis, du moins partiellement, mais généralement on n’en parle pas, ils sont vécus dans l’indicible, l’impensé, le non-dit ou le secret.

Mais il y a un moyen de modeler ces liens et nos désirs pour que notre vie soit à la mesure de ce que nous désirons, que notre vie soit l’expression de notre être profond c’est cela au fond le travail de la psychothérapie

Cela se manifeste parfois par la douleur, la maladie, le silence, le langage du corps, l’échec, l’acte manqué, la répétition, les malheurs et la difficulté existentielle.

Un grand nombre de parents maintiennent dans les liens leurs enfants en disant « je me suis tellement sacrifié pour toi, tu me dois bien ça »

Il y a des systèmes familiaux dont le résultat est de maintenir les gens en servitude en leur ayant « payé » de tels cadeaux dont ils ne peuvent se libérer que par une reconnaissance éternelle des services rendus, devant être exprimé pendant longtemps ou toujours.

Soit l’enfant gâche sa vie, soit il fait sa vie tard après le décès du parent.

Citons quelques règles que l’on voit souvent dans les familles :

Il est des familles régies par la règle des complémentarités, il y a des soignants et des soignés. Des « à protéger » et des protecteurs. Des bons qui réussissent tout et des méchants qui ratent tout.

Il existe des familles ou la règle est de tout faire pour que le fils fasse des études (le premier fils et non l’aîné). Les filles la mère ont travaillé pour élever « le fils ».

Il y a des familles ou c’est l’égalité entre les enfants.

Et des familles ou le fils qui se marie habite avec ses parents et reprendra la ferme, et le deuxième s’en ira (et prendra l’épée, la soutane ou le bateau) et d’autres ou les enfants même mariés continueront 0 habiter sous le même toit, et d’autres encore ou l’envol du nid se pratique dès la majorité. D’autres ou l’on ne part pas, d’autres encore ou l’on part dans la douleur uniquement.

Il est des familles ou les générations habitent sous le même toit, d’autres ou l’aîné garde la maison le château ou la ferme et les autres s’en vont.

Il y a des familles ou l’on fabrique un aîné qui va reprendre les affaires familiales (la ferme, la vigne, l’usine, le domaine, l’étude …) cet aîné qu’on fabrique est parfois un deuxième ou un troisième enfant.

La fidélité aux ancêtres, devenue inconsciente ou invisible nous gouverne, il est important de la rendre visible, d’en prendre conscience, de comprendre ce qui nous oblige, ce qui nous gouverne et si il ne faudrait pas recadrer cette loyauté pour redevenir libre de vivre sa vie.

C’est important d’aller voir quelles sont les règles et qui les élabore

Le fantôme

Tout se passe comme si certains morts mal enterrés en pouvaient pas rester dans leur tombeau, relevaient la dalle et circulaient et aller se cacher porter par quelqu’un de la famille dans son cœur et dans son corps et dont ils sortaient pour se faire reconnaître, pour qu’on ne les oublie pas, qu’on n’oublie pas l’évènement.

Ce secret inavouable d’un autre secret qui se transmet de l’inconscient d’un parent a l’inconscient d’un enfant

Le fantôme semble poursuivre son œuvre en silence et en secret ; il se manifeste par des mots occultés, par un non-dit, par un silence, par des béances dans la réalité, des lacunes laissées en soi par les secrets d’un autre.

Le secret

Il vaut mieux savoir une vérité même difficile honteuse ou tragique plutôt que de la cacher parce que ce que l’on cache les autres le subodorent ou le devinent et ce secret, ce non dit devient un traumatisme plus grave à long terme.

Le secret est toujours un problème.

Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre constate que les mortels ne peuvent garder aucun secret férus

Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts. Il se trahit par tous les pores.

Dans une famille, les enfants et les chiens savent tout, toujours, et surtout ce qu’on ne dit pas. Françoise Dolto