Témoignages

Rencontre avec Raymond AUSSERES, mémoire vivante de notre village…

    Difficile de restituer en quelques mots la vie d’un homme, aussi riche que celle de Raymond AUSSERES…

A 89 ans, des anecdotes il n’en manque pas, une heure passée avec lui pour effleurer quelques points d’une existence bien remplie !

    Lorsque nous arrivons, il est devant la télévision regardant « La vache et le prisonnier », comme un clin d’œil d’un épisode resté gravé à jamais. En effet pendant l’année 1944 durant le conflit, il part dans le Puy de Dôme rejoindre le chantier jeunesse instauré par Pétain. « Pris » par les Allemands, il rejoindra Marseille où il fera coiffeur ; de là il sera envoyé en Allemagne, voyageant en wagon à bestiaux…Mais le train bombardé s’arrêtera à Orléans…Après quelques épreuves avec son ami Robert SOUAL, ils réussiront à s’évader pour rejoindre enfin le Lauragais et leur village.

    Raymond, marié à Alice auront deux enfants : Ginette et Francis. Coiffeur de formation, il a un petit salon mais pour compléter son activité, il sera pendant quelques années agent communal. Le temps passant, Raymond décidera de créer un commerce de proximité qui rendra service à la population.

    Outre l’épicerie, il a aussi une petite station essence et parcours les villages voisins à bord d’une épicerie ambulante. Patients et travailleurs, ils réussiront à maintenir leur activité pendant de longues années.

    La vie associative a une part très importante dans la vie de Raymond. C’est pour lui un des piliers indiscutable pour une entente cordiale entre Cassignols. Son énergie, il l’a dépensé sans compter avec ses amis, notamment pour l’organisation des bals du secours mutuel (association permettant grâce à des actions de récolter des fonds redistribués aux plus nécessiteux).La fête locale a aussi toute son importance, temps où tout le monde se retrouve pour partager des moments de convivialité, aujourd’hui encore les membres du comité des fêtes donnent sans compter afin de continuer cette tradition.

    Mais nous ne pouvons parler de Raymond sans avoir une pensée pour le PPC (Pétanque Platane Club), où il fut co-fondateur. Il animera aussi pendant un certain temps et avec son ami Guillaume Teisseire des cours de pétanque réservés aux enfants. Le boulodrome en a connu des parties animées. Avec toute la bonne humeur que l’on retrouve autour de cette ambiance si particulière et typique au sud de la France.

    Nous ne pouvons que terminer ce petit article en te disant tout simplement MERCI RAYMOND !

 

Propos recueillis par Olivier Barthès et Nicolas RAUZY, juin 2012

 

Portrait de Maria DURAND

    Dans la cuisine jouxtant la forge familiale où marteaux et outils sont fièrement exposés, on imagine et croirait entendre le chant de l’enclume où le fer rouge se façonnait à la force des bras…

    Maria Durand, appelée aussi Maria du forgeron, nous attend attablée son ouvrage à la main.

Nous voilà pendant quelques instants à remonter le temps.97 ans exactement puisque c’est le 28 mars 1912 à la ferme Gemmidal qu’une petite Maria venait de naître.

    Elevée dans un foyer de quatorze frères et sœurs, on imagine les grandes tablées bien animées.

Maria ira à l’école jusqu’à onze ans, nous rappelant au passage le repas qu’elle prenait le midi : Une tartine de mélasse (confiture de pommes).

Dès la fin se sa scolarité, elle n’hésite pas à suivre les chevaux et à tenir le brabant pour labourer.

A 18 ans c’est la rencontre avec Georges Duran issu d’une famille de Cassignols depuis 1787 et surtout forgeron depuis 4 générations .De cette union naitra trois enfants : Alfred, Jeannine et Yves.

    « J’ai passé ma vie à travailler dit-elle ! »Nous précisant qu’elle n’hésite pas à « taper » le fer pour aider son mari. A une époque ou le confort était précaire la lessive se faisait à la main au lavoir et les années ou il n’y avait pas d’eau il fallait descendre à la rigole avec tout le linge sans oublier le savon noir de fabriqué maison avec de la graisse de porc et du solvant caustique. Une autre époque….où la télé n’existait pas, mais les belles veillées entres voisins pour dépouiller le mais, manger quelques châtaignes et boire un ver de vin cultivait l’entraide et offrait autant de convivialité..

    En 1943 la guerre mobilisera Georges pendant plus d’un an , obligeant la forge d’arrêter son activité.Mais Maria ne baisse pas les bras et mène la famille, les terres, la vigne et les animaux avec courage.

Le 19 aout 1944 les Allemands passerons dans notre village, n’hésitant pas à réquisitionner ce dont ils avaient besoin.

    Au retour de son mari Monsieur Cau un important propriétaire, relancera la forge en donnant du travail. Pour information : Il y avait au village dans les années 1940 : 3 forgerons, 3 cafés, 1 boucher, une épicerie, une régie et le moulin qui tournait…

    Voilà le cours reflet d’une vie, conscient que c’est en forgeant que l’on devient forgeron…

Propos recueillis pas Séverine Bousquet et Olivier Barthès, mars 2009