UTILISATION DES POLYEDRES PAR LES PEINTRES DE LA RENAISSANCE. Piero della Francesca, Pacioli et leurs successeurs accordent la plus haute importance à la projection des polyèdres réguliers sur un plan. Cette projection était en quelque sorte l’aboutissement de l’éducation technique du peintre, comme on peut le voir dans les traités de Dürer ou de Cousin: le traitement des polyèdres est le couronnement de leurs ouvrages, la réduction à des formes géométriques devient une fin en soi chez des artistes maniéristes tels que Schön ou Bracelli. Les Allemands Jamnitzer et Stoer ont composé des paysages entiers " où le monde végétal est remplacé par d’inquiétantes volutes et où des polyèdres et des boules en équilibre instable se substituent à la figure humaine ", tandis que nombre d’autres artistes " présentent des objets strictement géométriques avec un soin amoureux ". PIERRO DELLA FRANCESCA
Les tableaux de Piero della Francesca (1415 - 1492) sont aujourd’hui connus dans le monde entier; ses travaux sur la perspective sont plus confidentiels et son oeuvre mathématique est complètement ignorée. Piero della Francesca était pourtant un mathématicien réputé en son temps: son traité qui concerne le plus la géométrie formelle est le Libellus. C’est le premier ouvrage européen entièrement consacré à l’étude des polyèdres, qui avait pourtant commencé avec Platon et Pythagore. Piero della Francesca donne un nouveau souffle: grâce au Libellus, les polyèdres, longtemps considérés comme des objets purement théoriques, redeviennent des sujets d’étude mathématique, des éléments ornementaux, des objets de dessin exemplaires. Une partie du Libellus de quinque corporibus regularibus de Piero a été reprise par Luca Pacioli, élève de Piero, dans le traité De divina proportione, illustré en partie par Léonard de Vinci et imprimé à Venise en 1509.