Vertigo

Ecrit et mis en scène par Delphine Nolin

Avec Delphine Nolin, Matthieu Nolin et Guillaume Tagnati.

Création lumière : Christophe Briquet

Régie plateau : Julien Appert

avec le soutien de la Faïencerie-Théâtre, la mairie de Creil, le conseil général de l'Oise et le conseil Régional de Picardie. Création 2005


C’est l’histoire de trois personnages qui se rencontrent quotidiennement dans un même lieu, un même décor, pour effectuer les mêmes tâches. Monotonie, scène de la vie ordinaire d’employé modèle, pourrions-nous dire. Oui, mais seulement en apparence.

Plongés dans une totale déréliction, ces êtres deviennent des marionnettes dont le manipulateur n’est autre que l’inconscient. Chacun sombre doucement et devient le jouet de ses névroses.

   

Vertigo nous entraîne au cœur de la monotonie de l’existence, la monotonie du geste et de la parole et nous bascule dans un univers où la claustration physique et psychologique créera un écho au désespoir de ces vies.

    La seule issue à ce malaise sera l’exultation des corps et l’explosion de la parole par le cri. Comme les chevaux atteints de vertigo, la souffrance se manifeste par le désordre des mouvements ; le geste, le langage, la respiration se transforment, se métamorphosent et ne sont plus maîtrisés.

Mise en scène : notes d’intentions

Un travail axé sur le corps et l’ambiance sonore : un corps qui exprime l’épuisement du rien, la peur face à ce néant et la peur de cette peur. Ici seul le corps permet d’exploser les frontières de l’existence, des frontières trop tracées d’avance, trop limitées. Une ambiance sonore qui soutient cette structure en traduisant directement les névroses les plus profondes de l’être humain et en invitant le spectateur a voyagé dans l’inconscient, à entendre ce qui ne peut être entendu. Il n’y a plus de mots ou bien un discours monocorde, froid et programmé qui se répète et se fait écho.

 

Un temps omniprésent, personnage central de la pièce, qui rythme les séquences, symbolisé classiquement par une énorme pendule qui s’accélère ou se ralentit au gré des émotions et des événements.

Un temps qui s’écoule et s’égraine et qui met en évidence plus que tout autre chose la dérision de l’existence – qui cloisonne celle-ci et anéantit toutes possibilités d’en échapper, une fatalité évidente à laquelle chaque être en vie est soumis.

           

Enfin, la présence de l’image animée par la vidéo est une forme directe nécessaire, crue et pleine de cruauté qui plonge pour quelques minutes dans l’intimité extérieure des personnages se dirigeant vers leur destin solitaire. Un chemin parcouru de dos, qui nous transforme en spectateur du vide, du néant vers lequel ils se dirigent, bercé par Purcell et une voix de cristal aussi fine et fragile que peut l’être l’existence.