« Les vaincus n'ont qu'un seul espoir : n'espérer aucun salut ! » Dernière exhortation de Nikolaï Ier à ses hommes lors de la chute de la Ville.
I. L'Ancienne-Livadia (des origines à 1917)
Rien ne prédestinait la petite ville de Livadia à se singulariser des autres villes de l’Orient russlave. Fondée en 1815 par le tsar Nicolas Ier à l’extrémité de la péninsule de Lazournaïa, la ville abrite rapidement un petit palais d’été et devient le lieu de villégiature favori de son fondateur.
C’est à la faveur de la grande guerre civile du printemps 1914 que Livadia sort de l’anonymat et rentre dans l’Histoire. Alors que la Russlavie sombre, le Gubernya d’Orient tombe sous la coupe des factions merksistes soutenues par la Valdisky. Ce contrôle est toutefois assez lâche, et la ville de Livadia reste sous l’autorité impériale grâce aux mesures de salut public décrétées par le Comte Ostermann-Ivanovitch. L’alerte étant passée, Livadia reconquiert son arrière-pays -la péninsule de Lazournaïa- et grâce à des talents insoupçonnées, se lance dans une grande épopée libératrice.
Les Livadiens prennent Krasnovosk, s’enhardissent jusqu’à Verstinskia, et vont même jusqu'à Svetivostok qui tombe en leur pouvoir après un affreux massacre. Mais déjà, les Livadiens ne font plus la guerre pour le Tsar mais pour leur propre compte. Bielnost, rivale séculaire dans le commerce maritime, est mise à sac après sa reddition.
Le 30 mars, devant l’apathie du gouvernement central et souhaitant conserver les fruits de l’Orient conquis, Livadia proclame son indépendance. Le Comte de Livadia se fait Prince et organise sa satrapie. La cité gère désormais sa sphère d’influence pour son seul profit. Le butin de guerre et l’afflux des richesses permettent à la ville de croître et de s’embellir de nombreux monuments. Ses armateurs la dotent d’une grande flotte commerciale. Livadia - que ses habitants appellent tout simplement la Ville - rayonne sur tout l’Orient et les Livadiens traitent ce dernier à peu près comme un domaine colonial qui doit sous-tendre la thalassocratie livadienne.
Cet âge heureux est remis en cause lorsque le pouvoir russlave, à travers la Régente et fille du dernier tsar, se reprend en mains et entend réunir à nouveau tous les territoires de l’ex-Russlavie. Les Livadiens refusent de revenir sur leur indépendance, et prennent en gage Kalingrad (18 février 1915) où ils desservent leur cause en se rendant coupables d’affreuses tueries. Le bras de la Régence est l’armée édoranaise. Deux divisions sont déployées et reprennent Kalingrad. Imprudemment engagées sur le territoire de la Principauté, elles sont sévèrement étrillées par la Grande Armée Livadienne qui s’annexe par la même occasion la gloire d’avoir vaincu la première armée du micromonde. Le Général de Hauteville réagit vigoureusement et envoie toute une armée édoranaise à l’assaut de l’Orient. Inférieurs en tout points, les Livadiens se battent bravement, parviennent à imposer quelques coups d’arrêts à leur ennemi, mais ne peuvent reprendre l’initiative. C’est l’élément russlave du conseil impérial qui vient au secours des armes de la Ville. Un armistice est hâtivement conclu entre les Russlaves pressés de voir le départ de l’imposante armée édoranaise, et les Livadiens, soucieux d’éviter une débâcle. Le traité de paix est signé le 17 mars 1915, il met fin à la Première Guerre d’Orient et consacre une semi-autonomie de Livadia au sein de la province d’Orient.
Rapidement, le Prince de Livadia fait montre publiquement de son insatisfaction. Les Édoranais n’évacuent pas l’Orient et la Régence échange un candidat pour un autre au trône de Russlavie. S’estimant floué, le Prince de Livadia déclare à nouveau son indépendance et lance la Seconde Guerre d’Orient. Fait croustillant, Nikolai Ostermann-Ivanovitch est obligé dans cette épisode burlesque d’affirmation, de renonciation, et de réaffirmation de son indépendance à pratiquer la surenchère. Cette fois-ci, à défaut de Prince, il se Roi.
La marée livadienne couvre à nouveau l’Orient, et vient battre les flancs de l’armée édoranaise cantonnée à Steenstand en Orient. C’est le Prince Alexandre de Klausbourg, aventurier énigmatique élevé au grade de Feld-Maréchal de Russlavie, qui met fin au conflit. Le Traité de Cheremkhovo (10 octobre 1915) acte la reconnaissance du Royaume de Livadia par l’Empire de Russlavie. Les Livadiens ont obtenu gain de cause et une paix éternelle est promise entre les deux États.
Deux ans s'écoulent sans qu'aucun évènement ne trouble la gloire et la félicité des Livadiens qui poursivent leur ascension. En avril 1917, le Prince Klausburgski fomente un coup d'état et destitue le tsar. Nikolaï Ier réagit immédiatement à la vilénie de son ancien allié et saisit tout l'Orient pour le compte du souverain déchu. Les Livadiens ne le savent pas encore mais Klausburgski et son chef d'état-major, le général Golenitchev, ont choisi de mettre fin à la "parenthèse livadienne". La destruction de la Ville est décidée. La guerre commence, c'en est une d'extermination. Hélas, la partie n'est pas équitable, et après de terribles combats ponctués de massacres, les cosaques russlaves inondent le Lazournaia et écrasent l'armée royale. Nikolai Ier y meurt en brave (14 avril 1917). C'est à ce jour la pire défaite de l'armée livadienne de tous les temps. Non sans perpétrer d'affreux massacres, les cosaques parviennent sous les murs de la Ville. Un siège terrible s'engage et les Livadiens luttent avec l'énergie du désespoir pour défendre des ruines. Après quatre jours d'indicibles souffrances, le général Kaljulaid, l'ancien vainqueur de Svetivostok, capitule. Les survivants livadiens sont déportés en Sibérie, la ville est rasé de fond en comble, le nom même de la Ville rayé des cartes russlaves. Est-ce la fin de l'histoire livadienne ?
II. L'Exode (1918)
Alors que les Livadiens, couverts de chaînes, mourraient sur la route de leurs camps sivériens. L'Histoire, par un retournement dont elle est familière, permit à la civilisation livadienne de se perpétuer. Lev Ostermann-Ivanovitch, fils du Roi défunt, ayant fait ses classes en Edoran, oeuvre à adoucir le terrible anathème russlave. Usant de ses relations, il parvint à commuer la peine de bagne perpétuelle en bannissement. Quelques semaines plus tard, le reste des Livadiens, soit environ deux cent mille personnes, embarquèrent sur les derniers navires de l'orgueilleuse flotte livadienne. Lev Ier, en père de la patrie, mena ses sujets vers la Nouvelle-Argentorate. C'est que les marchands livadiens y avaient installé un comptoir et dans les deniers jours de la guerre, Nikolai Ier y avait expédié, dans les cales du NML Ludmilla, l'âme de la Ville (ou le bric-à-brac de l'épopée) l'immense trésor royal, fruit de l'époque où Livadia rackettait tout l'Orient mais aussi les chefs d'œuvre artistiques du Palais, les insignes royaux, les reliques de Zaint-Conrad et la reine elle-même.
Au Ier juin 1918, les vigies livadiennes crièrent le fameux : Terre ! Et Lev Ier annonça aux siens que l'on refonderait Livadia ici. Plus encore que Nikolai Ier, c'est Lev Ier que l'historiographie retiendra comme le véritable père fondateur de la nation. En empêchant son peuple de tomber en esclavage, en le saisissant alors qu'il glissait à l'abîme, en lui offrant un nouveau projet commun, positif ; la colonisation et la refondation du Royaume, il sauva définitivement ces hommes et ces femmes de la déchéance physique et morale qu'auraient dû entrainer de tels traumatismes. Lev Ier montra qu'il était de la race de son père et le Conseil de la Ville à sa mort lui reconnut le plus beau des titres que l'on pouvait donner à un Roi: celui de père.
III. La Colonisation (de 1918 à 1990)
En juin 1918, au moment où les Livadiens abordent la Nouvelle-Argentorate, ceux-ci ne sont pas animés par le projet de refondation du Royaume. Il s'agit pour eux de parer au plus pressé. La ville de Nouvelle-Livadia est fondée très rapidement, mais très concrètement aucune construction ne commençe avant 1920. Les nouveaux arrivants s'installent à Reval (Reuves en argenois) et le Roi utilise le trésor pour nourrir son peuple et commencer les premières constructions en dur et les premières fondations d'un nouvel état.
Seulement, la terre de Nouvelle-Argentorate n'est pas vierge de tout peuplement, et durant l'année 1919, les Livadiens conquièrent l'île en se montrant extrêmement brutaux, comme si ces batailles servaient à la nation pour exorciser la défaite. C'est à la bataille de Minois (12 décembre 1919) que les nouveaux venus prennent définitivement l'avantage.
Après quelques années, la situation se stabilise. Les Livadiens entament la construction d'un état moderne. Lev Ier accorde une constitution à ses sujets tandis qu'ils élèvent des villes, tracent des routes et s'approprient ce nouveau pays, cette seconde chance qui leur est donnée.,
L'histoire de ce siècle est celui de l'établissement de la Nouvelle-Livadia. Le boom démograpique, le génie propre aux Livadiens leur permirent de bâtir rapidement un état moderne et prospère. En 1956, lorsqu'il s'éteignit, Lev Ier pouvait avoir la conscience tranquille, la nation livadienne s'était maintenue et croissait de nouveau.
Au cours du siècle, le principal clivage politique était la question du retour en Russlavie. Les Nostalgiques prônaient un retour à Livadia, une reconquête de l'Orient, arguant que l'exil en Nouvelle-Argentorate n'était que temporaire. Pour les modernes, il fallait renoncer à Livadia, en cultiver le souvenir certes, mais la rebatîr ici-même. Au mesure que l'on avança dans le siècle, la querelle diminua au fur et à mesure que la Nouvelle-Livadia devenait une réalité.
Au début des années quatre vingt, le Premier Ministre Hirv, profitant de la faiblesse de caractère du Roi Nikolai II, établit une dictature autoritaire nostalgique, sans pour autant abolir la monarchie. Des échecs en Nordzeeland, une défaite militaire navale contre Aldarnor et une révolution populaire met fin à la dictature et rétablit la démocratie. Le Roi promulgua une constitution amendée ; elle est toujours en vigueur aujourd'hui.
En 1990, le gouvernement mit fin au programme de colonisation, faute de nouveaux territoires à défricher. Nikolai II annonça officiellement la fin de la colonisation.
IV. Un nouvel âge d'or ? (de 2000 à 2018)
En 2018 mourut le dernier Vieux-Livadien, c'est-à-dire le dernier Livadien né en Russlavie. Il s'agissait d'une femme, Tania Chernkhov, née pendant le siège de la Ville. A partir de cette date, tous les Livadiens sont de ceux qu'on appelait au début du siècle dernier les "poulains", c'est-à-dire des natifs de Nouvelle-Argentorate.
Cette période est celle de l'ouverture au micromonde et de l'épanouissement de la civilisation livadienne ayant enfin triomphé des fantômes du passé. Néanmoins à l'orée de ce siècle, des craquements dans l'armature de la civilisation livadienne se font entendre. Les Livadiens auront de nouveaux défis à relever, mais quel peuple serait mieux armé que lui pour les relever ?
Et c'est à vous d'écrire la suite :)
V. Généalogie des Rois et Régents Livadiens
Nikolaï Ier dit le Grand (1871-1917) : Comte de Livadia (1898-1914) Prince de Livadia (1914-1915) Roi de Livadia (1915-1917)
Lev Ier dit le Père ou le Fondateur (1887-1956) : Haut-Roi de Livadia (1917-1953)
Jonas (1889-1970) : Régent du Royaume (1953-1957)
Nikolai II (1937-2014) : Haut-Roi de Livadia (1957-2014)
Jonas Ier dit le Bref (1939-2017) : Haut-Roi de Livadia (2014-2017)
Nikolai III (1963-2020.) : Haut-Roi de Livadia (2017-2020)
S.A le Prince Mikhaïl : Régent du Haut-Royaume (2020)
Lev II de Livadia (1995-auj) : Haut-Roi de Livadia (2020-auj.)
Pour plus d'informations sur l'Histoire de Livadia, vous pouvez consulter :
- La bibliothèque de l'Université de Livadia, sur le forum.
- Les messages de l'Ancienne-Livadia, postées sur le compte de ce personnage.