L'Association

L'épicerie solidaire E.I.D.E.R. (Espace Itinérant D'aide alimentaire En pays du Ruffecois) apporte une aide alimentaire aux clients/bénéficiaires de l’association une semaine sur deux (les semaines impaires) dans 5 communes du Pays Ruffecois : Verteuil/Charente (lundis impairs), Saint-Amant-de-Boixe (mardis impairs), Villefagnan (mercredis impairs), Mansle (jeudis impairs) et Aigre (vendredis impairs). Elle aide inconditionnellement toutes les personnes qui lui sont adressées par les travailleurs sociaux du territoire (Maisons des solidarités, MSA, CARSAT...). Seul le cadre fixé par le conseil d'administration et le Comité de pilotage pour pouvoir accueillir dignement les personnes pourrait limiter les accueils.

Ceux-ci se font pour une durée de 6 mois, suivis d'une période de carence de 2 mois pour tous. Le local à Mouton (8, rue de la mairie 16460) offre un agréable lieu de vie pour les usagers et d'excellentes conditions de travail pour tous (salariés, bénévoles et volontaires du service civique). Par ailleurs, E.I.D.E.R. met en œuvre une politique d'aide à la réinsertion à destination des clients en les accompagnant dans une démarche de bénévolat dans l’association s’ils le souhaitent (très fortement encouragée) ; en leur apportant de l'alimentation à petits prix ; et en leur proposant un projet de remobilisation intitulé « Silhouette, Fourchette, Textile ».


E.I.D.E.R. est une Association Loi 1901 déclarée à la Préfecture d'Angoulême le 6 Juin 2000.

Obsèques Mme Marie-Anne Chaussadas, co-présidente d’E.I.D.E.R., samedi 18 juin 2022. Le mot du directeur

Marie-Anne Chaussadas, co-présidente d’E.I.D.E.R. et représentante légale de l’association, n’était pas spécialement adepte des décisions prises sur un coup de tête. Même si, récemment en mars dernier, dans l’entrepôt de l’épicerie à Mouton, un « évènement » entre elle et une autre bénévole avait mis le feu au vase dont la goutte d’eau faisait déborder la poudre. J’avais vu alors, à mon grand étonnement, Marie-Anne débouler dans le bureau, attraper son sac et son gilet, et partir en claquant la porte. Ainsi va la vie au pays des bénévoles…

Nous avions, quelques bénévoles et moi-même, un peu ramé pour qu’elle revienne sur sa décision de tout envoyer valser. « Ne faites pas ça aussi brutalement », lui disais-je, « arrêtez si vous voulez, je comprends que vous en ayez marre, mais préparez votre succession et partez plutôt sur quelque chose de plus positif, sans quoi vous allez ruminer ça pendant longtemps, et ça serait dommage qu’on ne puisse pas vous dire au revoir correctement ». Marie-Anne était revenue, pour la dernière année, avait-elle dit à l’issue de l’assemblée générale que nous venons de clore jeudi 2 juin dernier.

Marie-Anne, vous ne nous avez pas écoutée ! Vous êtes partie soudainement, brutalement, et vous nous laissez face à un grand vide : celui de votre présence, de vos multiples attentions que nous ne pourrons détailler ici ce jour sans allonger davantage cette cérémonie (mais tout le monde pourra accrocher un ou plusieurs souvenirs à la liste, d’un mot, d’un geste, d’un dessert chocolaté ou d’une quiche lorraine, dont vous aviez le secret, et les surprises).

J’ai pris le train en marche, il y a trois ans. Vous avez pris en même temps la co-présidence avec Nadège Nicolas, ici présente. Il fallait « pacifier » un peu l’association, qui venait de vivre 18 mois assez agités, pour le dire en un mot bien poli. Votre rigueur d’ancienne cheftaine guide, des multiples mouvements dont vous avez fait partie, vos compétences d’ancienne « enquêtrice » dans les magasins, ont fait fuir les partisans des guerres claniques qui émaillent tant d’associations – E.I.D.E.R. n’y avait pas échappé. Mais vous avez aussi, indirectement, fait venir ou revenir d’autres bénévoles, heureux de trouver ou retrouver en E.I.D.E.R. « une seconde famille ». Sur le papier, notre attelage semblait bizarre, moi avec ma gueule de Jean-Pierre Bacri à la réputation froide ; vous avec votre tempérament de cheftaine guide et de mamie-gâteaux. Un jour vous m’avez dit : « tu as l’âge d’un de mes fils » : si vous aviez voulu m’énerver, vous ne vous y seriez pas mieux prise… C’est sans doute là la magie du scoutisme, lequel, malgré les quelques décennies de pratiques qui nous séparaient, nous ont fait trouver sur un point : s’adapter aux difficultés, et sourire parfois pendant celles-ci. Car il nous est arrivé de rire de situations absurdes, de moments compliqués, comme l’arrivée de cette crise sanitaire il y a deux ans qui aurait pu faire passer par-dessus bord une équipe qui venait tout juste de se remettre au-dessus de la ligne de flottaison.

Vos petites manies statistiques – car vous en aviez, mais j’en ai aussi, je ne vous jetterais donc point la pierre – votre goût pour les produits d’hygiène accessibles à tous, votre obsession pour la sécurité - des bénévoles comme des salariés - votre rigueur dans la gestion du budget (participation financière même symbolique pour tout et pour tous) : je ne peux faire davantage la liste des qualités et compétences que vous avez mis au service d’E.I.D.E.R. depuis toutes ces années. J’ajoute la couture, j’allais oublier même le plus important ! Vous avez, en quelque sorte, recousue E.I.D.E.R. …

Je n’oublierai – nous n’oublierons pas ! – la somme des mille et une petites attentions dont vous saviez faire preuve, discrètement, comme celle d’avoir repéré mes allers-retours toutes les trois semaines et aux vacances scolaires pour aller chercher ma fille à Bellac et la ramener à Angoulême… (« tu vas chercher ta fille ce soir, c’est bien ça ? »).

Travailler avec et faire travailler des bénévoles, ça n’est pas toujours de tout repos (c’est bien pour cela que c’est un travail rémunéré d’ailleurs !), mais travailler avec vous c’était un exemple à suivre, et je vous en remercie, au nom des salariés d’E.I.D.E.R. et des bénévoles, du présent et du passé. Je proposerais bien aux sages de l’Académie de pouvoir modifier la définition du dictionnaire au mot bénévole (« qui fait quelque chose sans obligation et gratuitement »), en y ajoutant : par exemple : Marie-Anne Chaussadas.

Pour conclure je cherchais un extrait parmi mes auteurs préférés qui résumerait ce que nous vivons aujourd’hui avec cet évènement brutal et soudain qui nous laisse tous et toutes stupéfaits. Alors, comme une évidence, est remonté à mon esprit ce chant du père Jacques Sevin, jésuite fondateur du scoutisme français en 1920, et que vous avez sûrement dû chanter à la veillée :

« Comme les tentes légères / Que l’on roule pour partir / Garde-nous, âmes passagères / Toujours prêtes à mourir. / Fais-nous quitter l’existence / Joyeux et pleins d’abandon / Comme un scout, après les vacances / S’en retourne à la maison.

Ô Vierge de lumière, étoile de nos cœurs, entends notre prière, Notre-Dame des éclaireurs ». (1)

Frédéric Sabourin, directeur de l’association E.I.D.E.R.

(1) Jacques Sevin (sj) Notre-Dame des éclaireurs (1920)