Quand l’Intelligence Artificielle 

s’offre à la poésie…  


Fasciné par la capacité de l'intelligence artificielle à produire à la demande des images riches, subtiles et complexes, en en ayant ainsi réalisé quelques centaines, il m'a semblé intéressant d'en exposer ici quelques unes pour autant qu'elles soient accompagnées d'un texte qu'elles auraient inspiré à un poète ou un métaphysicien. Très naturellement, j'ai pensé à Henri Raynal, écrivain, philosophe, critique d'art, auteur d'une quinzaine d'ouvrages aux titres plus étincelants les uns que les autres - Aux pieds d'Omphale (Pauvert, 1957), L'œil magique (Le Seuil, 1963), Sur toi l'or de la nuit (Le temps qu'il fait, 1992)...  jusque Cosmophilie  (Cécile Défaut, 2016)... en attendant le prochain (on en trouve la liste mise à jour sur sa page wikipedia) que j'ai eu le plaisir de rencontrer à plusieurs reprises (notamment lors d'une journée "mathématiques et métaphysique" qui s'est tenue à Jussieu en octobre 2019, et à l'occasion d'une interview réalisée en août 2020). 

Notre chance : Henri Raynal a accepté de se livrer à l'exercice ! De la vingtaine d'images que je lui ai proposées, il en a retenu quatre, variantes d'un même thème, celui d'une jeune mathématicienne traçant courbes ou formules au tableau noir tandis qu'en arrière-plan d'autres jeunes font la fête. Je place les autres sur une page séparée, et j'invite à présent le visiteur à découvrir ces quatre-là, en compagnie d'Henri Raynal...


Stéphane Dugowson


Ces jolies mathématiciennes, des plus coquettement vêtues, n’ont-elles pas une allure trop frivole, en dépit de leur sérieux, eu égard à ce qu’elles se préparent, semble-t-il, à enseigner ? Il n’en est rien. La frivolité est plutôt du côté de ceux que l’on voit deviser mondainement à l’arrière-plan. Leur mise est parfaitement accordée à la science mathématique, à sa richesse et à sa rigueur.

L’abondance de leur toilette est contenue dans une architecture savante où le fluide et le délicat de l’étoffe s’équilibrent avec la discipline du laçage, la contention sévère des corsets. Un ordre préside à la diversité.

Leur parure fait écho à l’exactitude mathématicienne qui fleurit dans le luxe des courbes. Elles se veulent belles. Comme l’est la Mathématique. 

Si, par l’attentive composition de leur apparence, elles participent au concert du visible, elles n’oublient pas que ce qui fait le prix de celui-ci découle largement de l’impalpable des équations. C’est mathématiquement que se déploie l’architecture des fleurs.

Que leur tenue soit très élaborée ne doit donc pas nous surprendre. Le raffinement s’imposait. Tout en exaltant leur féminité, il leur confère une dignité appropriée à la qualité et au mystère de ce à quoi elles ont accès. Elles le conçoivent comme un hommage.

A la fête des figures et des nombres, on le voit, elles sont admises ; invitées à méditer leurs relations, leurs rapports si nombreux.

Elles participent. S’apprêtent-elles à enseigner ? Elles officient.


Henri Raynal,

le 17 avril 2024

Images produites sur Dall-E (OpenAI)