Evolution du malinois: analyse (en construction)

Que s'est-il passé cinq décennies?

-    L'engouement pour le malinois s'est développé.

      Le club de race (CFCBB) a intégré les lignées travail en reconnaissant leurs titres, en facilitant leur confirmation et en établissant une cotation adaptée qui figure actuellement sur les pédigrées. Ce n'était pas le cas dans les années 80 ou un Président de ce club affirmait que les qualités nécessaires à l'utilisation était acquises lors de l'éducation donc n'étaient pas innées et encore moins transmissibles.

     Ceci a eu pour effets de faire évoluer la morphologie de nos malinois. Les lignées travail se sont rapprochées du standard et les chiens au maximum du type sont devenus très rares, ils ont perdu de leur puissance avec des têtes moins lourdes et les oreilles molles sont presque toutes disparues. Par contre, ils ont certainement gagnés au niveau de la précocité et donc de la réactivité. Ensuite, le malinois au masque noir très prononcé, voire très descendu, de même qu'à la robe très pigmentée est "venu à la mode". Je rappelle que les couleurs sombres absorbent plus la chaleur donc que les malinois très foncés en cette période de "réchauffement de la planète" risquent de plus accuser le coup.

   Les épreuves de travail en sélectionnant les sujets les plus stables, les plus sauteurs, les plus résistants, les plus précoces, ayant une bonne longévité, etc... ont favorisé la domination de cette variété en concours et ont fait reconnaître sa supériorité par les administrations utilisant des chiens. Des faits d'actualité montrant ses capacités ont permis au grand public de la connaître. Le malinois est ainsi devenu "une race à la mode".

     Pour correspondre à la demande, l'élevage du malinois de travail s'est professionnalisé avec des éleveurs qui produisent annuellement plusieurs dizaines de chiots. On est loin des élevages de base tels que Le Mouscronnais ou Le Bois d'Emblise qui n'utilisaient que deux ou trois chiennes reproductrices. La notion de rentabilité les a obligés à élever en parallèle d'autres races plus rentables et souvent d'y associer une pension.

      Il en a été de même pour l'éducation et la préparation à la compétition. Des dresseurs chevronnés ont transformé leur passion en profession. Au même titre que le Rugby, le Basket; etc..., le Ring s'est professionnalisé à tel point, que certains ont parfois utilisé à des fins personnelles les biens associatifs, terrain, local des clubs affiliés à la Centrale Canine et appartenant aux municipalités.

-     De nouveaux outils ont vu le jour et ont fait évoluer le dressage. 

     Ce sont entre autre: le collier à impulsion électronique, le clicker, différents objets de récompense, etc... D'un apprentissage de l'exercice souvent en force, on est passé à un conditionnement du chien par la récompense. Fait-il un en avant ou va-t-il chercher une balle? Je pense que ces apprentissages plus ludiques ont eu, après plusieurs générations, une influence sur la solidité du caractère de nos malinois. Un point positif est qu'il est plus agréable de regarder un chien qui travaille gaiement qu'un autre qui fait une suite en laisse la queue entre les pattes. A l'époque du bien être animal, cela donne une meilleure image de notre sport.

-      Les hommes Assistants ont évolué. 

     Actuellement, ce sont des sportifs complets qui ont bénéficié d'une formation, qui passent une sélection avec différents niveaux. Ils sont équipés d'un costume de plus en plus protecteur et de plus en plus léger. On est très loin du costume en toile de jute qui était réparé à la colle Texticroche et qui durcissait au froid. Un mélange de lin et de fibres synthétiques plus résistant mais moins "mordant" a remplacé la jute. A cette époque, rare était l'usure prématurée des crocs (la pose de couronnes n'existait pas). On entendait pas parlé de cas dent cassée. Comment expliquer cela? Nos chiens avaient-ils une dentition plus résistante, les toiles synthétiques sont-elles plus abrasives, le travail de l'H.A. se fait-il plus en force et en rapidité; etc...? Il faut aussi se rappeler qu'un seul H.A. officiait par concours et que cela changeait le rapport de force...

-    Les principes de sélection ont progressé.

      Depuis le vingtième siècle, c'est l'hérédité mendélienne qui fait référence et définit certains modèles de transmission des traits (caractères) des parents à la progéniture (ces modèles généraux ont été établis par Gregor Mendel, qui a effectué des milliers d'expériences avec des pois au 19e siècle; cela ne lui a pas porté chance: son oeuvre fut brûlée car elle ne fut pas comprise par ses contemporains).

      Quand on décrit un chien, on fait l'inventaire de ses caractères quantitatifs et qualitatifs. Le mot "caractère" correspond aussi bien à la longueur ou la couleur du poil qu'à la hauteur au garrot, la forme de l'oreille, le port de la queue, la présence d'une maladie génétique ou encore la qualité du mordant... ou celle de son caractère (= le tempérament). 

      L’information génétique du Chien est portée par ses chromosomes, que l’on trouve dans le noyau des cellules. Le génome de l'espèce canine possède 78 chromosomes.   Les chiens mâles sont donc 76 XY et les chiennes 76 XX. Selon que le gène est dominant ou récessif et que le génotype est homozygote ou hétérozygote, le caractère peut s'exprimer.

  Depuis peu, certains éleveurs parlent d'épigénétique.

       L'environnement dans lequel votre chien vit dès sa conception dans le ventre de sa maman et par après peut faire en sorte qu'un gène, ou plusieurs gènes, qui n'étaient pas actifs au départ le deviennent, et vice versa. C'est ce qu'on appelle l'épigénétique.

  L'épigénétique correspond donc au domaine se focalisant sur toutes les modifications qui ne sont pas codées par la séquence d'ADN. Elle régule l'activité des gènes en facilitant ou en empêchant leur expression. Elle est fondamentale car elle permet une lecture différente d'un même code génétique. Elle explique par exemple les différences existant chez des vrais jumeaux. Comment expliquer que chez des soeurs jumelles présentant la même altération du gène BRCA1, l'une peut-elle développer un cancer du sein à l'âge de 25 ans et l'autre jamais?  Les processus épigénétiques permettent à un même ADN d'être utilisé différemment d'une cellule à une autre. Ils ne modifient pas les gènes, mais sont capables de les rendre silencieux, ou au contraire disponibles, c'est-à-dire accessibles à la machinerie permettant leur lecture. Les facteurs épigénétiques peuvent survenir pendant la période prénatale. Certaines situations vécues par les femelles gestantes peuvent avoir une influence durable, voire permanente sur le comportement de leur progéniture, en particulier au niveau de ses caractéristiques émotionnelles et réactionnelles.   L'état de la femelle au moment de la saillie, l'environnement utérin peuvent influencer le comportement ultérieur des petits. Les embryons sont capables de réagir à un grand nombre de stimulations tactiles, auditives et gustatives par l'induction de préférences alimentaires. Les embryons sont capables de réagir à toutes ces stimulations. Ceci peut expliquer pourquoi nos anciens tenaient à faire mordre leur chienne durant la gestation...

                  Comme on a défini le génome, on parle à l'heure actuelle d'épigénome.

 L’épigénome permettrait également de tenir compte des facteurs environnementaux dans un schéma de sélection pour obtenir des animaux pouvant pleinement exprimer leur potentiel génétique en fonction du système d’élevage. Les modifications épigénétiques (expression ou répression) sont héritables.

   Chaque gène code en moyenne 3 types de protéines. Ces protéines accomplissent de nombreuses tâches importantes dans l’organisme. Par exemple :

-   Les enzymes sont des biocatalyseurs .

-   Les hormones contrôlent divers processus dans le corps.

-   Certaines protéines jouent le rôle de transporteur des molécules dans le corps

Les gènes ne produisent pas leurs protéines constamment dans chaque cellule. La cellule peut modifier la quantité de protéines synthétisées en régulant à la hausse ou à la baisse différents gènes ou en les activant ou en les désactivant. Cette régulation également appelée expression génétique peut avoir des effets tant positifs que négatifs sur les caractères quantitatifs (la couleur, la taille, etc…) et qualitatifs (la stabilité, l’amour de la toile, la santé,etc…). L’expression génétique est contrôlée par l’épigénome, une couche structurelle qui entoure l’ADN et les protéines qui y sont attachées. L’épigénome est responsable des processus chimiques qui contrôlent l’expression des gènes. Il réagit aux signaux environnementaux, y compris la nourriture.

                   Essayons de comprendre l’influence de l’alimentation sur plusieurs générations…

L’épigénome est transmis de génération en génération, de sorte que le régime alimentaire des parents influence non seulement leur propre épigénome, mais détermine également l’épigénome de leur progéniture.

Il est possible d’ influencer l’épigénome par l’alimentation, par exemple en mangeant des aliments frais et de qualité. Il faut connaître ces cinq principes directeurs :

1. Les produits chimiques alimentaires courants agissent directement ou indirectement sur le génome pour modifier l’expression ou la structure des gènes.

2. Dans certaines circonstances et chez certains individus, l’alimentation peut être un facteur de risque sérieux pour un certain nombre de maladies.

3. Certains gènes régulés par l’alimentation sont susceptibles de jouer un rôle dans l’incidence, l’évolution et la gravité de certaines maladies chroniques.

4. Le degré d’influence de l’alimentation sur l’équilibre entre les états sains et les états pathologiques peut dépendre de la constitution génétique d’un individu.

5. L’adaptation du régime alimentaire en fonction de la connaissance des besoins en nutriments, de l’état nutritionnel et du génotype peut être utilisée pour prévenir, atténuer ou même guérir les maladies chronique

Les processus inflammatoires sont un facteur essentiel dans le processus de santé ou de maladie de chaque organisme. Ici, ce ne sont pas les inflammations typiques visibles de l’extérieur qui sont importantes, mais les inflammations au niveau cellulaire. Ces processus inflammatoires font partie de la défense naturelle et sont différenciés selon qu’ils sont aigus ou chroniques. Les processus inflammatoires aigus sont des réactions du système de défense aux agents pathogènes et disparaissent généralement rapidement. Les processus inflammatoires chroniques sont ceux qui ne disparaissent pas une fois que l’agent pathogène ou supposé tel a été détruit, mais qui continuent d’exister, souvent sous une forme affaiblie.

Ce sont précisément ces processus inflammatoires chroniques qui sont partiellement ou totalement responsables du développement de nombreuses maladies. Des exemples de maladies pouvant être liées à des processus inflammatoires chroniques sont le cancer, les maladies auto-immunes, les troubles digestifs, les problèmes de peau, les allergies, l’arthrite, le diabète et les maladies des organes. L’obésité peut également jouer un rôle dans ce domaine.

  En utilisant des aliments anti-inflammatoires ou en évitant les aliments pro-inflammatoires, les processus inflammatoires chroniques peuvent être contrés en influençant positivement l’expression des gènes. Par exemple, les antioxydants, certaines vitamines B, le zinc, le fer, le manganèse et le magnésium sont associés à la stabilité du génome.

  L'alimentation de nos chiens a elle aussi beaucoup évolué. Jadis nourris à partir de sous produits des abattoirs (panses vertes par exemple), l'épisode de la vache folle et l'énorme profit que représente l'alimentation des animaux de compagnie font qu'on a vu fleurir des aliments complets.L'apparition des croquettes a pris son véritable essor en France dans les années 75. Des firmes ont d'abord commencé à fabriquer des biscuits pour chiens et actuellement elles proposent des produits à haute teneur en énergie, riches en protéines, très assimilables, adaptés à l'effort intensif et qui favorisent la récupération. Ils contiennent souvent une part de céréales alors qu'on est sensé nourrir des carnivores...

   Quand est-il de la suppression des aliments grossiers qui, comme pour les animaux sauvages, favorisent la sélection naturelle? Le fait de manger des croquettes extrudées a-t-il un impact sur le développement de leurs zygomatiques, sur l'élimination du tartre dentaire, sur l'effet de prédation tant utile dans notre programme Ring...?

   Il est vrai qu'est né le nouveau régime alimentaire très à la mode chez les Anglo-Saxons : l’alimentation BARF (Biologically Apropriate Raw Food ou Régime cru et biologiquement approprié). Le chien a un système gastro-intestinal court, conçu pour digérer facilement la viande crue. Il dispose de sucs gastriques acides, donc relativement agressifs lui permettant de digérer une nourriture carnée souvent avec des os et la peau des différentes proies qu'ils pourraient trouver vivant en liberté. Ce suc contient 10 fois plus d'acide que celui de l'homme par exemple. Durant la phase de digestion, le pH de l'estomac d'un chien en bonne santé descend en dessous de 1 ce qui lui permet de digérer des charognes sans aucun problème car si bactéries il y a, elles sont détruites dans l'estomac. Une nourriture composée essentiellement de céréales ou d'autres végétaux ne lui correspond pas et risque de provoquer la fameuse réaction inflammatoire chronique avec son panel de maladies chroniques…

        Une branche relativement nouvelle de la recherche traite de l’interaction entre la nutrition et les gènes ou le génome d’un individu. La nutrigénomique est l’étude de l’influence des aliments et des nutriments bioactifs sur l’expression des gènes.

                                            Nos chiens sont ce qu’ils mangent.

         De la même manière, il est évident qu'un mauvais logement des chiens, un manque d'exercices, une mauvaise relation avec le maître, un stress excessif dans l'éducation ou le dressage, etc... auraient les même effets sur les gènes qu'une mauvaise alimentation.

-   Les techniques d'élevage ont évolué:

        Pour le dépistage des chaleurs, de la simple observation de la chienne (écoulement vulvaire, changement de comportement, test d'immobilité, acceptation du mâle, etc...), on est passé à des techniques plus sophistiquées telles que:

• Le frottis vaginal.

• Les dosages hormonaux: que ce soit la LH (hormone lutéinisante)  ou la progestérone qui nécessite une prise de sang.

• L'échographie ovarienne qui permet de définir précisément le moment de l'ovulation mais qui nécessite un vétérinaire expérimenté et une machine de qualité.

D'après la SCC, 50 à 80% des chiennes restent « vides » (non gestantes) suite à une ou plusieurs saillies. 

       En ce qui concerne la gestation, de la simple observation de l'élargissement de l'abdomen à partir de la  5ème semaine (en effet la croissance des fœtus est majeure dans le dernier tiers de gestation entre 45 et 60 jours), on est passé à l'échographie abdominale précoce dès 21 jours après la saillie. Les avantages de cette méthode c'est qu'elle peut déceler si anomalie il y a et indique à l'éleveur le nombre de chiots mais pas encore le sexe-ratio.

-   De nouvelles lois sur l'élevage sont apparues:

•  Le décret du 29 décembre 1999, pour éviter les accidents par morsure, a imposé le certificat de capacité pour le dressage des chiens au mordant. Il se compose de deux unités de contrôle. Sont apparus les qualificatifs chiens catégorisés et permis de détention... 

• Le premier janvier 2013 L'identification canine est passée des mains de la Centrale Canine à celles de l'I-Cad. Elle peut être réalisée soit par tatouage, soit par puçage. Il faut savoir que l'identification des animaux de compagnie a fait l'objet d'une réglementation européenne (Règlement CE 998/2003, applicable depuis le 1" Juillet 2004), qui fixe des règles communes permettant leur libre circulation. L'animal doit être identifié par « puce » et avoir un passeport "européen". Donc plus de carnet de vaccination simple et plus de tatouage pour les chiots vendus en dehors de l'hexagone.

• La loi du 13 octobre 2014 permet aux petits éleveurs d'être rattachés à la MSA, non pas en qualité de chef d’exploitation, mais en celle de cotisant de solidarité. Pour y prétendre, il faut justifier de 

consacrer à l’élevage un temps de travail compris entre 150 et 1200 heures annuelles ou la possession de 2 à 7 femelles reproductrices maximum et, dans les deux cas, générer de l’élevage un revenu annuel inférieur à 800 fois le SMIC mensuel (8024 € en 2019)

• Depuis 2016, la vente en libre-service d'un animal vertébré est interdite. En conséquence, un particulier ne peut plus vendre un chiot librement. Dès la première portée, le particulier est tenu de se déclarer éleveur canin, et donc de respecter la réglementation relative aux élevages canins en France.Pour vendre un chiot, il est donc obligatoire de disposer d'une structure déclarée et d'un numéro de SIREN. Toute vente qui ne respecte pas ces obligations est illégale. Un éleveur qui commercialise une portée de chiens de race (inscrits au LOF) par an au maximum peut obtenir une dérogation. Toute annonce de vente d'un chiot doit obligatoirement comporter certaines mentions, et ce quel que soit le moyen utilisé pour diffuser l'annonce. Le numéro de SIREN de l'éleveur ou le numéro de portée si l'éleveur est un particulier qui dispose d'une dérogation, le numéro d'identification du chiot vendu ou de sa mère, la mention « de race » si l'animal est inscrit au LOF, la taille de la portée, et l'âge des chiots,Ces éléments doivent être mentionnés sur toute annonce de vente, y compris sur les sites internet de vente entre particuliers et les réseaux sociaux.

• Le 1er octobre 2022 entre en vigueur le Certificat d’engagement et de connaissance. Il précise au futur acquéreur les besoins physiologiques, comportementaux et médicaux de l’animal ; les obligations relatives à l’identification de l’animal , et les impacts financiers et logistiques de la satisfaction des besoins de l’animal.  Il est à faire signer à l’acquéreur de chaque chiot, avec une mention manuscrite par laquelle il s’engage expressément à respecter les besoins de l’animal. Il doit être remis à l'éleveur quelques jours avant l'acquisition de l'animal.

• Enfin, le 3 avril 2023, l’ADN sera obligatoire pour les reproducteurs. Cela signifie que pour déclarer la naissance d’une portée, il faudra désormais que le père et la mère des chiots possèdent une empreinte génétique enregistrée dans la base de données de la SCC.

 -   La progression dans le dressage s'est modifiée:

-   L'information et la communication se sont transformées:

Pour conclure: