Ma vie, mon temps, mon argent m'appartiennent-ils ?
Nos droits humains fondamentaux nous disent « oui ». Sans équivoque. C’est moi qui dispose de ma
vie, de mon temps et de mon argent. C’est la définition même de la liberté. Face à cela, l’évangile
est décidément une mauvaise nouvelle : en devenant chrétien, on se remet à Dieu avec tout ce que nous
avons. Y compris nos possessions. Paul le dit clairement : « Vous ne vous appartenez plus, car
quelqu’un a payé un prix pour vous » (1 Corinthiens 6.19-20 – il s’agit de la vie – et de la mort - de
Jésus…). Sommes-nous donc la propriété de quelqu’un d’autre ? Jésus précise que ce n’est pas
comme des choses ou comme des esclaves que nous appartenons à Dieu (Jean 15.15), mais comme des
fils ou des filles (Romains 8.15-16). Il n’empêche que nous ne sommes plus libres au sens où l’on
entend généralement. Du coup, tout ce que nous avons, avec notre argent aussi, appartient à Dieu.
Les bons esprits vont plaisanter en disant « Excellent ! Tout est donc à Dieu déjà. Tout ce
que j’ai est à ta disposition, Seigneur ! ».
Comme dans l’histoire des trois pasteurs qui discutaient de comment ils répartissaient les offrandes. « Je trace
un cercle sur la table, je lance l’argent en l’air, tout ce qui tombe dans le cercle est pour Dieu, et le reste est pour
moi », dit le premier. « Moi », fait le deuxième, « c’est pareil, sauf que ce qui tombe dans le cercle est pour moi,
et ce qui est en dehors est pour Dieu ». Le troisième sourit « Vous n’y êtes pas du tout ! Je lance tout en
l’air, je dis ‘Seigneur, sers-toi !’ et tout ce qui retombe est pour moi ».
Admettons que, franchement, il y a un peu de cette attitude en chacun d’entre nous ! Plus
sérieusement, j’ai beau essayer de bien utiliser les ressources que Dieu m’a confiées, dire qu’elles
appartiennent à Dieu ne règle pas le problème.
C’est pour cela qu’il y a un autre discours dans la bible, tout à fait réaliste, qui s’adresse à nous comme si nous possédions vraiment notre argent.
On le voit dans la demande de Jésus au jeune homme riche de vendre ses possessions (Marc
10.17-31) ou, plus prosaïquement, dans la lettre de Jacques (2.14-18).
D’abord, oui, se donner, donner sa vie, remettre globalement tout entre les mains de Dieu. C’est
peut-être difficile à admettre, difficile à faire -mais c’est l’une des définitions mêmes du
chrétien. Et cela devrait nous éclairer très utilement pour réfléchir comment, concrètement,
je gère, je garde, je donne cet argent qui n’est plus à moi, mais dont j’ai la maîtrise.
Malcolm White (l'Echo du Temple, Vauvert, septembre 2013)