PORTRAIT

Le but de l'art est de présenter non pas l'aspect extérieur des choses, mais leur signification intérieure ; car c'est cela, et non la manière et les détails extérieurs, qui constitue la réalité.

Aristote

QUELQUES CONSEILS

- Mettez votre sujet à l'aise.

- Parlez à votre sujet.

- Regardez votre sujet. 

- Concentrez-vous toujours sur les yeux.

- Faites attention à l'éclairage.

- Un portrait n'est pas seulement une image, c'est un morceau d'histoire à la fois sociale et personnelle.

- Utilisez la règle des tiers ; placez vos points d'intérêt sur des points d'intersection invisibles et des lignes qui divisent l'image en tiers, à la fois verticalement et horizontalement, de manière à obtenir 9 parties.

August Sander (1876-1964, Allemagne) est un pionnier de la photographie documentaire. Son projet le plus connu, Hommes du XXe siècle, est une vaste typologie de la société allemande, classifiant les individus en différentes catégories socioprofessionnelles. Il cherchait à capturer l’essence de chaque sujet, à la manière d’un anthropologue visuel.

Si l’on voulait photographier chaque « type » de personne aujourd’hui, combien de portraits faudrait-il ? Comment les classer ? Ce sont probablement des questions qu’August Sander s’est posées lorsqu’il a lancé, dans les années 1920, son ambitieux projet photographique Hommes du XXe siècle, visant à documenter la société allemande. Bien que resté inachevé, ce projet regroupe plus de 600 portraits répartis en sept volumes : Le Paysan, L’Artisan, La Femme, Les Classes et Professions, Les Artistes, La Ville et Les Derniers.

Les portraits en noir et blanc de Sander montrent des Allemands de divers milieux sociaux, souvent accompagnés d’objets symbolisant leur profession, bien que leur rôle ne soit pas toujours évident. Ses titres capturent à la fois l’identité individuelle et des catégories sociales plus larges, mettant en lumière la tension entre l’individu et son groupe. Influencé par la physiognomonie et le mouvement de la Nouvelle Objectivité, Sander visait à révéler la vérité de son époque à travers le réalisme photographique, persuadé que la photographie pouvait servir de miroir historique.

Malgré les bouleversements politiques—dont la censure par les nazis de son livre Antlitz der Zeit (Face of Our Time)—Sander poursuivit son travail jusqu'à sa mort en 1964. Son influence perdure, inspirant des photographes comme Walker Evans, Diane Arbus et Rineke Dijkstra. Son projet a non seulement redéfini le portrait photographique, mais aussi remis en question notre perception du genre, de la classe sociale et du rôle de la photographie dans la documentation historique.

Rineke Dijkstra (née en 1959, Pays-Bas), est l'une des artistes néerlandaises les plus renommées, a reçu une reconnaissance internationale au début des années 1990 pour ses séries de portraits éloquents d'adolescents et de jeunes adultes. 

L’exploration de l’identité reste au cœur de ses images puissantes représentant des adolescents, des fêtards, des soldats, des émigrants, des écoliers ou des toréadors. Dijkstra accompagne souvent ses modèles pendant plusieurs années afin d’établir une relation émotionnelle et une confiance qui donnent lieu à l’intimité et à la spontanéité caractéristiques de ses photographies et films. Que ce soit dans ses images fixes ou en mouvement, son travail capture une intense concentration.

Deana Lawson (née en 1979 à Rochester, New York) réalise des photographies qui explorent le monde familier des Noirs et sa relation avec les légendes, les histoires mondiales et les traditions mystérieuses. Elle transforme l'observation en un puissant mode d'expression, de critique et de célébration. Le romantisme et l'intimité entre les sujets, ainsi que le rituel et la spiritualité apparaissent dans tout le travail de Lawson, souvent dans la même image. Ses photographies mettent l'accent sur des approches formelles du film communément associées aux pratiques occidentales et africaines du vingtième siècle en matière de portrait, ainsi que sur l'appropriation et l'utilisation de l'imagerie vernaculaire. Lawson engage ses sujets avec intention et intuition, dans des situations mises en scène caractérisées par le regard direct et perçant du modèle. Avec leurs mises en scène méticuleuses remplies d'objets et de décors personnels, ces portraits soulignent les liens psychologiques entre les personnes et leurs espaces domestiques, fusionnant la biographie, le symbolisme et l'observation culturelle, et créant des images expansives de la personne contemporaine.

Cindy Sherman (née en 1954 à Glen Ridge, New Jersey) vit et travaille à New York. Depuis plus de quatre décennies, ses photographies révolutionnaires interrogent les notions de représentation et d’identité dans les médias contemporains. Sherman s'est intéressée à la photographie alors qu'elle étudiait l'art au Buffalo State College au début des années 1970, et elle s'est fait connaître à la fin des années 1970 au sein du groupe de la Pictures Generation.

En utilisant des prothèses, des effets théâtraux, des techniques photographiques et des technologies numériques, elle a incarné et reconstruit des figures familières ancrées dans l’inconscient collectif, souvent de manière troublante. À travers le prisme de l’horreur et de l’abject, elle a exploré les aspects les plus grotesques de l’humanité. Ses séries plus récentes abordent également des questions liées à la classe sociale et au vieillissement.

Torbjørn Rødland (né en 1970 à Stavanger, Norvège) crée des images photographiques qui interpellent directement le spectateur, suscitant une large gamme d’états émotionnels et intellectuels. La curiosité, l’humour, la critique, l’artifice, la révérence pour la nature et le romantisme traversent son travail et coexistent souvent au sein d’une même image. Rødland met également l’accent sur les qualités formelles de ses photographies, repoussant les limites du médium vers des modes d’expression visuelle plus couramment associés à la peinture, et établissant des liens entre la photographie d’art du XXe siècle et les approches contemporaines de l’image, influencées par la publicité et les réseaux sociaux. Souvent inspiré par des images non photographiques qu’il transforme en sujets réels, Rødland compose des scènes conçues pour provoquer une réaction psychologique, en mettant en avant des qualités sensorielles marquées.