Qui protège

les chênes ?

Les dégâts d’insectes dans un monde qui chauffe

Les scientifiques ont depuis longtemps constaté que le climat peut modifier les interactions entre les arbres, les herbivores et leurs prédateurs. Par exemple, les arbres stressés par la chaleur ou la sécheresse sont souvent plus sensibles aux herbivores. Le problème est que la Terre se réchauffe. En Europe, les arbres risquent d’être de plus en plus souvent confrontés à ces coups de chaud, surtout au sud de leur aire de répartition actuelle. les effets du réchauffement sur les arbres sont déjà à l'œuvre et on constate un changement de l'aire de répartition de nombreuses espèces : elles ont tendance à décliner au sud, mais au contraire à gagner du terrain vers le nord. Les conséquences de ce changement sur les interactions entre les arbres, les insectes et leurs prédateurs restent malheureusement trop peu comprises.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : compte tenu de la longévité des arbres, il est crucial d’anticiper dès aujourd’hui ce que pourrait être le climat de demain. Ainsi, pour les scientifiques, il est essentiel de comprendre comment le climat affecte aujourd’hui les dégâts causé par les insectes herbivores pour pouvoir prédire comment ces dégâts pourraient évoluer avec le réchauffement climatique.

Il n’est pas évident de contrôler expérimentalement la température à grande échelle. Et il est exclu de mettre un chêne adulte dans une serre ou dans un réfrigérateur. Pour étudier les effets du climat sur les arbres et leurs interactions avec les herbivores et leurs prédateurs, les scientifiques s’appuient sur la variabilité naturelle du climat à grande échelle. Il est notoire que le climat de l’Espagne est plus chaud que celui de la Suède. Ainsi, en comparant les dégâts d’insectes herbivores et l’activité des prédateurs sur la même espèce d’arbre partout en Europe, il devient possible de décrire les effets du climat actuel sur les dégâts d’insectes herbivores et d’utiliser cette connaissance pour tenter de prédire comment, en un endroit donné, les interactions entre les arbres, les insectes herbivores et leurs prédateurs pourraient se modifier avec le réchauffement climatique.