Pompiers

La Subdivision des Sapeurs-Pompiers de Sablonnières

Si certains Anciens de la commune se souviennent des uniformes bleus et des casques qu'ils ont jadis croisés et parfois même portés, peu connaissent aujourd'hui l'histoire des pompiers de Sablonnières.

La création d'une subdivision de sapeurs-pompiers dans la commune est en effet ancienne puisqu'elle remonte à 1861 (1).

Nomination du premier sous-lieutenant des Sapeurs-Pompiers de Sablonnières, Pierre-Joseph Delambre (Archives communales).

On sait peu de choses sur ce corps avant sa réorganisation en 1876, date à laquelle il était commandé par un officier (lieutenant) et comprenait vingt-huit volontaires engagés pour cinq années renouvelables. A cette époque, chaque pompier était doté d'une veste en drap bleu fort, d'un pantalon de treillis, d'une cravate, d'un ceinturon, d'un képi et d'un casque.

Pour pourvoir à son organisation et à sa discipline, ce corps se constitua en société le 8 janvier 1893 et fut réorganisé en 1927. (2)

Le nombre de pompiers semble avoir varié dans le temps. S'il fut limité à 18 par une délibération du conseil municipal de 1907, puis à nouveau vingt ans plus tard, les états des vacations mentionnent 13 hommes en 1927, 12 puis 16 en 1932, 14 en 1933, 11 en 1937, 12 en 1939, 13 en 1941, 14 en 1942, 11 en 1944, 14 en 1950 et en 1956, 13 en 1957, 12 en 1958, 11 en 1959, 10 en 1960 et 1961, 11 en 1963, 9 en 1964. On notera que, pendant la guerre de 1939, la municipalité avait eu soin de remplacer les sapeurs-pompiers mobilisés en désignant neuf remplaçants. (3)

Reçu de 1928, à l'en-tête de la Subdivision des Sapeurs-Pompiers de Sablonnières.

Une nouvelle organisation en société eut lieu le 15 décembre 1950. Le corps disposait de son règlement intérieur et de son conseil de discipline. Le commandement était assuré par un officier (lieutenant ou sous-lieutenant) et plus tard par un adjudant qui avait sous son autorité un sergent, deux ou trois caporaux et des sapeurs dont certains remplissaient les fonctions de tambour, de clairon, de garde-magasin - un pour l’habillement et un pour le matériel - et, à compter de 1956, de mécanicien. Des manœuvres étaient organisées le premier dimanche de chaque mois, à l’exception des mois d’août et de septembre. La tenue était alors composée d’une vareuse en drap gris bleuté, d’un pantalon, d’un képi, d’un ceinturon de cuir havane à boucle bronzée et d'un casque qui fut remplacé en 1956 par le modèle réglementaire n° 3 en acier inoxydable avec coiffe, jugulaire, grenade de cimier et plaque marquée du nom de la commune. (4)

Présentation des vestes, jointe au devis adressé à la commune en 1952.

La subdivision des sapeurs-pompiers était, depuis son origine, à la charge de la commune et constituait un poste de dépenses conséquent. D'une part, le paiement des vacations était assuré par la mairie. D'autre part, l'achat et le renouvellement de l’habillage entraînait des frais non négligeables car les tenues ont dû être remplacées ou modernisées à plusieurs reprises (55). Bien entendu, les effets des sapeurs-pompiers appartenaient à la commune et devaient être restitués en cas de cessation des fonctions. Cette obligation ne fut pas toujours respectée puisque le conseil municipal constata en 1966 que quatre pompiers démissionnaires avaient conservé leurs effets et demanda, l'année suivante l'envoi d'une lettre à tous les sapeurs-pompiers retraités ou démissionnaires pour leur demander la restitution de leurs tenues. (6)

La commune devait également pourvoir à l’acquisition du matériel nécessaire, aussi bien le petit matériel que le gros :

Un document de 1876 conservé dans les archives de la commune indique que les pompiers de Sablonnières disposaient de cinquante seaux et diverses délibérations ont été prises par le conseil municipal pour l'acquisition ou l'amélioration de leur équipement : achat de cartouches d’extinction, ancêtres des extincteurs (7), achat de tuyau de toile et de raccords à vis pour la pompe à incendie (8), achat d’un cordage réglementaire, de quatorze filagores et de sifflets (9), achat d’une échelle coulissante (10), acquisition d’un seau-pompe (11), etc.

On sait aussi que la municipalité avait prévu en 1938 l'achat du matériel nécessaire lorsqu'elle décida qu'un poste de secours serait mis en place en cas de besoin au domicile de M. Léon BOURGUIGNON, officier des sapeurs-pompiers. (12)

Pour ce qui est du matériel plus important, la question s’était posée avant même la constitution de la subdivision, lorsque le sous-préfet de l’arrondissement de Coulommiers avait proposé à la commune de se joindre à celles de Villeneuve-sur-Bellot, Verdelot, Bellot et Hondevilliers pour acheter et entretenir à frais communs une pompe à incendie qui devait stationner à Villeneuve. On sait que la municipalité refusa en invoquant notamment l’éloignement existant entre ces différentes communes (13) mais la nécessité de ce type d'engin devait conduire plus tard la commune à acquérir son propre matériel : en 1861, elle s’équipa d’un corps de pompe foulante avec cinquante mètres de tuyaux. Dans les années 1870, les pompiers avaient aussi à leur disposition deux chariots, un pour le service, l’autre pour les manœuvres. (14)

Lors de l’acquisition de la pompe à incendie, la municipalité décida aussi de construire un bâtiment pour l’abriter. L’emplacement fut choisi à proximité de la mairie, contre la maison Davenne. Le propriétaire concéda gratuitement à la commune de droit d'adosser la nouvelle construction à son bâtiment (15) et les travaux furent réalisés en 1862. Le bâtiment, couvert d'une toiture à un seul pan et muni d'une porte à deux vantaux, existe toujours. L'inscription « secours contre l'incendie » peinte à son fronton en grosses lettres noires est devenue difficilement lisible.

La vieille pompe à bras fit son temps mais s’avéra inadaptée pour intervenir dans les hameaux et en cas de pénurie d’eau (16). Le progrès technologique offrant de nouvelles possibilités, on se tourna vers des engins motorisés mais les premières initiatives furent freinées par leur coût. Ainsi en 1934, la municipalité déclina une proposition de celle de Rebais d'acquérir une motopompe intercommunale, en raison de la pénurie d'eau dans les hameaux et de l'achat récent d'extincteurs.

C'est en 1946 que la municipalité décida d’acquérir une motopompe à la demande de l’officier de la subdivision (17). Après s’être renseignée sur les différents modèles et avoir demandé des devis pour un engin neuf, son choix se porta finalement en 1950 sur une motopompe remorquable Delahaye 122 de 1934, vendue d’occasion par une propriétaire de Chézy-sur-Marne (18). L’acquisition de cet engin assurant un débit de soixante mètres cubes par heure fut complétée par l’achat de quatre cents mètres de tuyau de toile neuf de soixante-dix et de soixante mètres de tuyau de quarante-cinq millimètres (19). La machine fut réparée en 1958. (20)

Motopompe Delahaye 122 (notice d'utilisation conservée dans les archives de la commune)

L'année suivante, la municipalité décida de vendre l'ancienne pompe à bras. (21)

Le corps municipal des pompiers fut dissout le 31 décembre 1972 (22). La municipalité décida de vendre la motopompe en publiant des annonces dans les journaux. (23)

(1) Auparavant, aucune organisation n'était prévue pour lutter contre les incendies. Un arrêté municipal du 8 octobre 1842 contenant règlement contre les incendies prescrivait aux habitants, hormis les diverses règles de prudence à appliquer au quotidien, d'aviser les autorités de la commune en cas de feu déclaré, de laisser puiser chez eux, de fournir leurs chevaux, leurs seaux et leur aide à première réquisition.

(2) Délibération du conseil municipal du 7 novembre 1927, en exécution de la loi du 13 août 1925.

(3) Délibération du conseil municipal du 7 septembre 1939.

(4) Délibération du conseil municipal du 23 avril 1956 et autorisation préfectorale de l’achat du 5 juin ; commande du 31 août.

(5) Plusieurs dépenses ont été engagées à cette fin depuis la création du corps : le 13 mai 1877, le conseil municipal autorisa le maire à acheter vingt-huit vestes neuves en drap bleu fort, vingt-huit pantalons de treillis, vingt-huit cravates, vingt-huit képis, ainsi que pour faire réparer ou remplacer les casques ; un autre document fait état de la fourniture, par Rose Loiseau, épicier et marchand de rouennerie à Sablonnières, de vingt-huit habits avec galons, épaulettes et sabre d’officier, plaques pour ceinturon, ceintures de manœuvre et autres accessoires ; le 18 mai 1882, le maire fut autorisé à faire confectionner de nouveaux pantalons ; le 5 juillet 1921, les Etablissements Metzeger de Coulommiers facturaient la fourniture d'une veste ; une facture des Etablissements Fournier et Cie, à Paris, mentionne l'achat de quatre ceintures de manoeuvre, seize cravates bleues réglementaires et seize coiffes pour casques ; le 21 février 1929, le conseil municipal, ayant accepté le 18 février de l'année précédente le principe de l'habillement en drap et demandé une subvention étatique le 18 juin suivant, affectait cette aide de mille cinq cent francs à l'achat d'effets de drap pour dix hommes ; un devis fut établi par la mercerie locale Gérard-Genet pour dix-huit tenues de drap mais finalement, la municipalité s'adressa aux Etablissements Giroult de Paris (devis accepté le 7 mars 1929) qui facturèrent la fourniture d'un képi de sous-lieutenant le 9 mai 1929 puis, le 9 avril 1929, la fourniture d'un képi de sergent, une vareuse d'officier en drap bleu, un col blanc, un grade de sous-lieutenant, un pantalon de drap gris, un képi de sous-lieutenant, neuf vestes de drap bleu, neuf pantalons de drap gris, neuf képis de sapeur, neuf ceintures fil, neuf cravates de toile bleue, galons et grenades de parement ; le 27 juillet 1929 la fourniture de cinq vestes de drap bleu, cinq pantalons de drap gris, un pantalon de treillis bleu, cinq képis de sapeur, cinq ceintures fil, cinq cravates de toile bleue, ainsi qu'un clairon et une peau de tambour ; le 6 novembre 1930 la fourniture d'un képi de lieutenant en drap bleu ; le 24 janvier 1948, il fut décidé de remplacer la tenue et le képi de l’officier ; les Etablissements Desfossés facturèrent une tenue d'officier (vareuse, pantalon, képi de sous-lieutenant en drap noir), un képi de sous-officier en drap bleu, douze képis de sapeur en drap bleu, les galons de sous-lieutenant et un ceinturon d'officier en cuir havane ; le 1er décembre 1951, le renouvellement des tenues fut projeté avant d'être voté le 25 février 1952 et concrétisé par un marché du 10 mars avec les Etablissements Desfossés pour la fourniture d’une tenue de sous-officier et de douze tenues de sapeurs en drap gris bleuté au prix de cent soixante-quatre mille cinq cent quatre-vingt-huit francs (facture du 9 mai 1952) ; le 31 août 1956, les nouveaux casques furent commandés...

(6) Délibérations du conseil municipal des 17 septembre 1966 et 16 janvier 1967.

(7) Délibérations du conseil municipal des 30 septembre 1946, 8 décembre 1948 et 11 juillet 1958. Plusieurs factures font état de l'achat de douze cartouches en décembre 1949, quatorze en 1950 et quatorze autres en 1952.

(8) Délibérations du conseil municipal des 14 mars 1933 (cent mètres de tuyau) et 7 février 1935 (huit mètres).

(9) Cette acquisition décidée par délibération du conseil municipal du 7 février 1950 fut effectuée auprès des Etablissements Rolland, à Paris, dont la facture du 2 mars précise qu'il s'agissait de quatorze filagores, trois sifflets avec chaînette et un cordage avec anneau et mousqueton.

(10) Délibérations du conseil municipal des 8 février et 17 octobre 1955.

(11) Délibérations du conseil municipal des 14 mars et 11 juillet 1958.

(12) Délibération du conseil municipal du 28 septembre 1938.

(13) Délibération du conseil municipal du 24 septembre 1837.

(14) Document de 1876 cité plus haut.

(15) Le 11 août 1861.

(16) En effet, les pompiers étaient tributaires des points d’eau qui avaient été scrupuleusement recensés en 1943 (la rivière pour le bourg, les Brodards et Bois-Frémy où se trouvait également un lavoir, trois puits au Rousset, quatre puits à Marlande, trois puits au Jariel, une mare à Coupigny, quatre puits aux Mirats, un réservoir au Vautron, un puits et une mare à la Belle-Etoile, deux puits au Plessier, deux mares et dix puits à la Noue) ou des bornes fontaines avec bouches d'incendie installées à partir de 1932.

(17) Délibération du conseil municipal du 5 mars 1946 décidant dans son principe l'acquisition d'une motopompe ; délibération du 28 mai de la même année décidant la souscription d'un emprunt pour financer l'opération ; délibération du 1er octobre autorisant le maire à finaliser l'emprunt et l'achat.

(18) Délibérations du conseil municipal des 2 septembre (désignation d'une commission pour examiner l'état de fonctionnement de la machine), 5 octobre (demande de l'autorisation d'acheter le matériel et de contracter l'emprunt nécessaire) et 27 novembre 1950.

(19) Délibération du conseil municipal du 12 avril 1951 et marché du même jour avec les Etablissements Delannoy Frères, à Bousbecque. L’acquisition de la motopompe et des accessoires, qui coûta à la commune cinq cent quatorze mille cent soixante-dix-neuf francs, fut financée par un emprunt de cinq cent mille francs sur dix ans et une subvention de l’Etat pour les tuyaux (aucune aide ne pouvant être accordée pour les achats de matériel d'occasion).

(20) Délibération du conseil municipal du 5 avril concernant le règlement de réparations effectuées.

(21) Délibération du conseil municipal du 7 septembre 1959.

(22) Délibération du conseil municipal du 30 octobre 1972.

(23) Délibération du conseil municipal du 3 avril 1973.

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Dernière mise à jour le 30 décembre 2013

© Denis Lochouarn

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