Noel polonais - Wigilia

En Pologne, Noël est l'un des moments les plus merveilleux de l'année, et l’instant le plus important de cette fête, c’est la nuit de Noël appelée Wigilia, Boże Narodzenie ou Gwiazdka (la première étoile) .C’est de cette tradition que nous allons parler.

Il règne une effervescence inhabituelle ce jour-là dès tôt le matin. Tant de choses doivent être prêtes à temps: la maison doit être nettoyée avec soin, la salle à manger (dans les villages, c'était juste la cuisine) préparée, l'arbre de Noël coupé, installé et décoré, et tous les plats réalisés. En outre, toute la journée, les polonais devaient être très prudents, parce que tout ce qui arrive ce jour là fait l'objet de divination. Ces traditions ne sont pas aussi bien connus aujourd'hui, mais c'est une très bonne raison de les rappeler.

Juste après la prière du matin, il fallait se laver (pour être en bonne santé toute l’année suivante) dans une bassine dans laquelle une pièce de monnaie avait été déposée ; toucher la pièce apportait de l’argent durant tout l’an à venir. Il fallait ensuite se frotter les dents avec de l’ail (toujours pour être en bonne santé). Il ne fallait surtout pas emprunter ou prêter quoi que ce soit à quiconque pour que rien ne manque dans la maison toute l’année à venir. Les polonais croyaient dur comme fer que, durant ce jour là, les âmes des défunts venaient visiter la maison sous la forme d’un vagabond ou d’un animal ; il fallait donc faire très attention à ne pas les contrarier. Toutes les activités avec des objets pointus (tricot, couture) ou tranchants (couper du bois à la hache) étaient proscrites. On ne balayait pas en direction de la porte et il était d’usage de souffler sur la chaise vide avant de s’y asseoir (on ne sait jamais, une âme avait pu s’y installer).

Chanteurs de cantiques (koledy)

Il fallait ensuite préparer la salle à manger en répandant de la paille sur le sol pour rappeler le lieu où l’enfant Jésus est né. Du foin était éparpillé sur la table et recouvert d’une nappe blanche (pour symboliser le berceau) et, aux quatre coins de la pièce on disposait des gerbes composées de quatre sortes de céréales (blé, orge, seigle et avoine) pour s’assurer des récoltes abondantes au cours de l’année nouvelle. Sous la table, on plaçait quelque chose de lourd qu’il fallait toucher avec les jambes au cours du repas (pour les rendre fortes et en bonne santé).

Le sapin de Noël tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’est arrivé en Pologne qu’au début du XXème siècle. Auparavant, on suspendait au plafond une podłażniczka : des brindilles de sapin, décorées avec des pommes, des noix, des biscuits, des fruits secs, des rubans colorés , et surtout de światy (décorations colorées faites de bandes de pain azyme). Les gens croyaient en leurs pouvoirs magiques pour contribuer à la fertilité et assurer le succès. La podłażniczka était un signe de bien-être et le privilège de l’accrocher à sa place était réservé à l’hôte.

podłażniczki

Tout devait être prêt avant que la première étoile ne soit aperçue dans le ciel ; c’était la tâche confiée aux enfants que de scruter les cieux. La table devait vraiment être prête car, ensuite, il était interdit de la quitter avant la fin de repas. Malheur à celui qui désobéissait à la règle, il mourrait dans l’année. Une place était gardée libre pour quelque invité non attendu.

Le nombre de convives à table était aussi très important : il fallait un nombre pair ! Tout nombre impair est présage de malchance (le pire étant le 13 qui rappelle le dernier repas du Christ). Dans les maisons riches, pour éviter ce malheur, un serviteur était invité si nécessaire.

A contrario, le nombre de plats, lui, devait être impair. Dans les maisons paysannes cinq à sept plats étaient préparés, jusque neuf dans les maisons riches et de onze à treize dans les manoirs de la noblesse. Dans les maisons riches, il était également d’usage de préparer douze plats de poisson qui ne comptaient que pour un seul plat. Cette tradition est toujours d’usage en Pologne aujourd’hui.

Le repas commence avec le partage de l’opłatek (galette de pain azyme bénie par un prêtre) et les vœux de bonheur et santé pour l’année à venir. Le partage de l’opłatek avait aussi pour but de faire la paix. Après cette cérémonie, tous pouvaient s'asseoir autour de la table en fonction de l'âge: le premier était toujours l'aîné mais ce n'était pas une question de politesse. On croyait que les membres de la famille pouvaient et devaient mourir dans l'ordre dans lequel ils s’étaient assis.

Les mets étaient placés au centre de la table et, sous chaque plat, un morceau d’opłatek était déposé. Tout le monde pouvait gouter à chacun des mets et lorsque le plat était vide, c’était encore une occasion de prédire l’avenir : si par exemple, l’opłatek était resté collé au plat, cela signifiait que les récoltes seraient abondantes pour tous ceux qui s’étaient servi dans ce même plat.

l'opłatek

Que mangeait-on la nuit de Noël ?

On commençait le Réveillon avec la soupe traditionnelle - le plus souvent du "barszcz" (soupe de betteraves), soupe aux champignons ou - plus rarement - soupe aux amandes. Ensuite on servait, outre les plats de poisson, la choucroute au pois, les plats à base de champignons secs, compotes aux fruits secs et desserts traditionnels à base de pavot (łamańce au pavot ou kutia) et les gâteaux - (surtout le gâteau au pavot). (voir recettes).

Les crèches (szopki) sont conduites à l'église

A Minuit, tout le monde se rendait à l’église pour la Pasterka (messe de minuit), mais avant de quitter la maison, il fallait en chasser tous les esprits. Cette opération était très bruyante et plus il y avait du bruit, mieux c’était.

Après la messe solennelle, les hommes allaient d’une maison à l’autre pour souhaiter joie et bonheur à leurs voisins. Pour les remercier, on leur servait un verre d’alcool ( Voeux Gorales )

La nuit de Noël en Pologne c’est la neige blanche, le ciel noir moucheté d'étoiles, une nappe blanche, un parfum de propreté et de pain d'épice et toutes les gourmandises faites uniquement pour le repas de réveillon, les gens vêtus de leurs plus beaux habits qui chantent à l’unissons ces merveilleux chants de Noël appelés kolędy (origine des kolędy ).

C'est comme si l'enfant Jésus était né quelque part en Pologne.....