Le Paris Tour Eiffel 2017

A évènement exceptionnel, mesure exceptionnelle !

Le premier Rallye cyclotouriste d’hiver organisé chaque année par Les Joyeux Cyclo Parisiens, club bien connu du XVème n’a pas eu lieu cette année en vélo. Une récente tempête avait ravagé la forêt de Marly. La traversée du massif forestier était interdite, le côté cycliste de l’événement était condamné. Heureusement il restait la promenade pédestre. Elle a enchanté les 41 marcheurs qui s’y sont présentés.

Entraînés par Pierre Viguier, ils ont pu s’émerveiller devant les richesses disséminées le long des 8 km d’un parcours spécialement mitonné par ce connaisseur pour leur faire découvrir quelques merveilles cachées.

La randonnée s’est élancée à 9h après dénombrement des participants et recensement des clubs représentés. Première étape, le pont de Bir-Hakeim, dont les arches du type « cantilever » à la différence des ponts « à voute » ont fait l’objet d’un commentaire de Pierre qui n’ignorait pas que ce terme barbare mais bien connu des cyclistes ne signifie qu’indéfectible (can-til-ever).

Puis nous éloignant de la Tour Eiffel par l’Ile aux Cygnes, nous avons salué une Statue de la Liberté lorgnant vers le Nouveau Monde et qui pour cela, nous tournait le dos ! Courte escale pendant laquelle Pierre a proposé un amusant quizz, une récompense à qui débusquerait sur le parcours une réplique de la statue… !

Le tracé nous a ensuite conduit jusqu’au 14 de la rue La Fontaine, immeuble dit « Castel Béranger » dont l’extraordinaire façade, œuvre d’Hector Guimard (1867-1942) nous a laissés pantois d’admiration.

Notre cicérone a commenté les caractéristiques de ce spécimen de l’Art Nouveau, soulignant la diversité du choix des matériaux ainsi que l’originalité du dessin des balcons, rambardes et ferronneries en fonte contorsionnée dont au tournant du XXème siècle, les formes « végétalisées » ambitionnaient de rapprocher la Ville et la Nature ! Un besoin d’écologie avant l’heure, en quelque sorte !

Remontant par la rue de Boulainvilliers, Pierre a attiré ensuite notre attention sur une façade de style Art déco, plus récente donc, dont les lignes épurées, géométriques et rectangulaires avaient démodé les sinuosités du précédent style. Toutefois notre guide n’a pas omis de rappeler combien les parisiens restent attachés à ce style Art Nouveau car ils n’aimeraient pas voir disparaître les végétaux de fonte dont les tiges élancées aux cambrures souples ondulent encore aujourd’hui devant nombre de bouches de leur métro, justifiant l’épithète « nouille » accolé à l’Art Nouveau.


Une autre étonnante surprise allait bientôt ranimer notre marche engourdie puisque même par très beau temps, l’apparition du soleil d’hiver demande quelque délai.

C’est donc tout à fait discrètement qu’est apparu à l’angle de deux rues peu fréquentées du quartier Passy, les rues Chahu et Eugène Manuel, l’immeuble Charles Klein bâti en 1903. A l’évidence il est impossible de décrire en quelques lignes le foisonnement désordonné des couleurs et des motifs ornant son époustouflante façade de grès flammé où domine la figure du chardon.

C’est alors qu’une sociétaire du Levallois SC particulièrement perspicace a su repérer l’enjeu du quizz. Mais déception ! Car ici, l’illustre silhouette était ravalée au rang dérisoire de figure de proue d’une péniche qui ne connaitrait jamais comme horizon que de tristes parapets !

Après avoir repassé la Seine sur la Passerelle Debilly, nous avons eu droit à une halte au Café du Musée Jacques Chirac des Arts Premiers, Quai Branly où une consommation chaude était budgétée par les finances des JCP. Inutile de préciser que cette pause réchauffante bien que minutée fut assez appréciée

Le groupe s’est ensuite dirigé vers l’Avenue Rapp où l’église orthodoxe russe désormais couronnée de cinq bulbes dorés à la feuille, resplendissait sous les rayons d’un soleil moins chaud que lumineux.

Nous étions maintenant arrivés au clou de cette marche, la contemplation du 29 de la même avenue où nous attendait une œuvre non moins extraordinaire que les précédentes, sortie des cartons d’un autre représentant de l’Art Nouveau, l’architecte Jules Lavriotte (1864-1928).

Or à la différence du Castel Béranger entièrement conçu et décoré par Hector Guimard, la façade du 29 avenue Rapp était signée Alexandre Bigot (1862-1927), artiste céramiste qui avait fait construire l’immeuble en 1901 pour y étaler ses réalisations et faire ainsi connaître ses productions comme dans une vitrine d’exposition.

Nous n’avons pu que nous attarder devant l’abondance baroque des allégories composant ce stupéfiant polyptique où voisinent les figures les plus disparates, qu’elles soient directement sorties des rêves de son créateur ou inspirées de formes animalières existant dans la Nature, en particulier une ironique allusion au commerce masculin-féminin surplombant le portail d’entrée, ….sans compter l’arrière fond de l’immeuble aussi chargé, qui est visible dans l’impasse voisine, elle-même prolongée par une admirable perspective en trompe-l’œil n’ayant rien n’à envier avec celle du Bernin de Rome.

Mais la matinée s’avançait et il a fallu écourter le parcours avec un dernier crochet par la rue Sédillot où Pierre nous a fait découvrir une autre création Art Nouveau du même Jules Lavriotte, un immeuble de trois étages aujourd’hui propriété du lycée italien de Paris baptisé Léonard de Vinci.

La marche s’est donc achevée là où elle avait commencé, au pied de la Tour Eiffel…

On pouvait s’y attendre mais on s’attendait moins à lire au premier étage de la célèbre tour le patronyme d’un des membres des JCP visible en lettres dorées parmi la ribambelle des savants auxquels Gustave Eiffel avait dédié son chef d’œuvre en 1889, loin d’imaginer qu’un siècle plus tard, sa tour deviendrait l’emblème d’une joyeuse bande de cyclotouristes parisiens.

Quant à ces derniers, ils venaient de démontrer que par la force des circonstances, cyclo et tourisme peuvent se conjuguer séparément.

Merci à Denis MORIN, pour son récit !

Participants :

  • 17 du SCBelleville,
  • 16 des JCP,
  • 2 de l’ACP,
  • 2 du Levallois SC,
  • 2 non licenciés.