Tour du Mont Blanc

par Denis M. - Mai 2009

Un demi tour du Mont Blanc.

Sens des aiguilles d'une montre ou sens inverse ? Je tire à pile ou face et fixe le départ à Martigny, Valais, Suisse, facilement accessible en train depuis Paris, avec changement à Lausanne, le TGV Paris Lausanne acceptant miraculeusement les vélos. En Suisse, tous les trains les acceptent .

Hélas, je découvre en descendant du train à 13 h. ce mardi 19 mai 2009, que je m'y suis pris trop tôt, car si le col du Grand Saint Bernard est bien ouvert toute l'année, c'est au moyen d'un tunnel interdit aux vélos. Et je n'avais pas pensé, en cette fin de mai au temps radieux, que la route du sommet n'était pas encore déneigée. L'ouverture est seulement prévue le 2 juin. Qu'à cela ne tienne et heureusement, car j'observe la double procession de poids lourds montants ou descendants qui obstruent quasiment l'accès du Grand Saint Bernard. Je suis même obligé de supporter cette infernale promiscuité pendant trois kilomètres, jusqu'à l'embranchement de Chamonix via le col de la Forclaz que je vais escalader au lieu du Grand St Bernard.

A l'évidence, je suis un très mauvais planificateur, mais il faut croire que ce défaut me stimule, car à chacune de mes escapades, je me débrouille pour créer un obstacle qui m'oblige à trouver une stratégie de rechange. Ascension de la Forclaz donc, avec ses lacets surplombant les vignobles, pente régulière, 8% de moyenne, belles échappées sur la vallée du Rhône, peu de poids lourds mais beaucoup de cyclistes valaisans qui s'entraînent en cette après midi de semaine.

Col de la Forclaz

La vallée du Rhône depuis la Forclaz

Courte pause au sommet (1 527 m.) puis descente sur Vallorcine suivie d'une courte remontée vers le col des Montets (1461m.), d'où se dégage progressivement de l'horizon un panorama aussi grandiose qu'époustouflant : le Mont Blanc et les aiguilles de Chamonix rougeoyant au soleil couchant, la Verte, le Dru, l'aiguille du Midi et le Mont Blanc du Tacul que j'ai gravi en mes vertes années.

L e Col des Montets

Maintenant, comment boucler mon tour puisque le tunnel routier du Mont Blanc est interdit aux cyclistes ? La réponse vient d'un groupe de cyclistes italiens rencontrés à l'hôtel où je suis descendu. Ils m'informent que le car (italien, bien sur, si c'était la SNCF il faudrait que le vélo soit démonté et sous housse) le car donc qui fait la navette Chamonix-Courmayeur accepte les vélos. Et le lendemain matin, me voilà à Courmayeur prêt à attaquer le Petit Saint Bernard, heureusement ouvert.

Pente escarpée avec d'incessantes variations de pourcentage, peu de circulation, quelques groupes de cyclistes et plusieurs changements de versants offrant de multiples perspectives sur le côté italien du Mont Blanc, la Pointe Heilbronner, les Grandes Jorasses et la Dent du Géant. C'est à vous couper le souffle lorsqu'on est sensible à l'énormité des dimensions de ce spectacle naturel.

L e versant italien du Mont-Blanc : Ascension del Piccolo San-Bernardo

Il Piccolo San-Bernardo

Le sommet du col (2 188 m.) balayé par un fort vent, est quasiment désert, car toutes les boutiques à souvenirs sont fermées. Il faut bien reconnaître que fin mai, le tourisme de masse n'est pas encore sorti de son hivernage !

Le Petit St-Bernard

La colonne à St-Bernard

Descente ensoleillée vers Bourg Saint Maurice. Là encore, panorama étendu sur le Mont Pourri et le Massif de la Vanoise. Traversée de Bourg St. Maurice, puis vent favorable jusqu'à Albertville.

Reste à remonter les Gorges de l'Arly pour gagner Megève et Saint Gervais distant d'une quarantaine de km. afin de boucler le tour du Mont Blanc. Mais nouvelle déconvenue, la route est fermée pour travaux. Soit. Je renonce à m'engager ce soir sur le trajet de contournement qui passe par Cerst-Volland et le bas du Col des Saisies, ce sera pour demain après une nuit de repos.

Heureusement que je ne me suis pas laissé tenté hier soir par l'apparente proximité de la fin de mon parcours, car j'en ai plus bavé durant ces derniers kilomètres entre Albertville et Mégève que dans l'ascension du Petit Saint Bernard. La cause en est aux multiples montées et descentes d'une déviation sur route étroite, parcourue par les nombreux automobilistes pour lesquels est prévue cette déviation. Pauvre cycliste qui aurait pu emprunter la route des gorges de l'Arly vide de voitures, et où quelques chantiers dispersés ne l'auraient pas empêché de progresser ! Mais les ponts et chassées n'ont pas encore le réflexe cycliste.

Voici enfin le dernier changement de pente, le col de Praz sur Arly (1237 m.) et la descente vers Saint Gervais d'où le TER m'emporte vers Bellegarde.

Bien évidemment le TGV Bellegarde-Paris n'accepte pas les vélos autrement que démontés et sous housse. Donc je m'éxécute en maudissant la SNCF car en fait de housse, je n'ai qu'un morceau de plastique destiné à protéger mon vélo la nuit si les hôtels n'ont pas d'abri couvert. Je suppose que dans un wagon de première il y aura plus de place pour glisser mon vélo dans un rack à valise en comptant sur la bienveillance du controleur.

C'est après avoir remonté mes roues sur le quai de la Gare de Lyon que s'achève ce tour du Mont Blanc aux étapes imprévues

J'ai oublié de préciser que le seul outil dont je suis muni est une boîte de gants jetables pour pouvoir monter et démonter mes roues sans me salir les mains, et une chambre à air, bien sûr. Les circonstances font que je pratique ces escapades en solitaire, mais je ne demande pas mieux de partager ce genre d'aventure.