Quid des Tiques

Le printemps approche, et avec les beaux jours, les tiques vont sortir de leur léthargie hivernale et chercher à se nourrir.

Avant d’atteindre l’âge adulte, ces petits acariens passent par plusieurs stades de développement : larves, nymphes et adultes. À chacune de ces trois étapes de leur vie, elles font un unique repas de sang et risquent à cette occasion de transmettre divers agents infectieux. Parmi ceux-ci, la bactérie Borrelia burgdorferi sensu lato, responsable de la maladie de Lyme (ou borréliose de Lyme), qui peut s’avérer invalidante si elle n’est pas correctement diagnostiquée et traitée.

Pour éviter les piqûres, évitez les tiques…

Après avoir passé l’hiver en diapause (une sorte d’hibernation), cachées dans l’humus ou la litière de feuilles mortes des forêts tempérées, les tiques vont se remettre en mouvement dès le mois de mars (voire plus tôt si les températures sont élevées), escaladant la végétation pour chasser à l’affût (lézards, oiseaux, rongeurs et cervidés, entre autres). L’être humain, quant à lui, n’est qu’un hôte accidentel.

S’il n’est pas possible d’éviter les lieux où vivent les tiques, les mesures de prévention élémentaires consistent à porter de vêtements couvrants, de couleurs claires pour bien les repérer. Une protection efficace, mais malheureusement rarement pratiquée, consiste à enfiler les bas de pantalon dans les chaussettes, ce qui évite que les tiques ne puissent remonter à l’intérieur des vêtements. Pour les enfants, dont la tête est à hauteur de broussailles, le port d’une casquette permet d’éviter les piqûres du cuir chevelu. Rappelons que les tiques ne tombent pas des arbres !

Les répulsifs les plus efficaces

Pour ne pas se faire piquer, il est aussi possible d’utiliser des répulsifs cutanés. Ces produits, surtout employés en zone tropicale pour lutter contre les moustiques, font l’objet d’une actualisation des connaissances concernant leur efficacité contre les piqûres de tiques.

Comme leur nom l’indique, les répulsifs ne tuent pas les tiques, mais les repoussent, et les empêchent ainsi de piquer l’être humain (ou les animaux). Ceux qui sont actuellement commercialisés sont des molécules à application externe, cutanée ou vestimentaire. Actuellement, quatre molécules ont été officiellement identifiées comme efficaces contre les piqûres de tiques :

• le PMD (P-menthane-3, 8-diol) : ce composé naturel est extrait de l’eucalyptus Corymbia citriodora ;

• le DEET (Diethyl toluamide) : c’est le répulsif de référence, le plus largement utilisé depuis plusieurs décennies. Il présente l’inconvénient d’altérer certains tissus synthétiques (rayonne, spandex, vinyl…) et matières plastiques (branches de lunettes, bracelets-montres…).

• IR35/35 (N-butyl, N-acétyl-3 éthylaminopropionate) : synthétisé en Allemagne en 1969, ce produit a été commercialisé à partir de 1973. Incolore et pratiquement inodore, il altère aussi les matières plastiques ;

• KBR 3023 ou picaridine (1-piperidine carboxylic acid) : l’efficacité de ce répulsif, introduit dans les années 1990, est similaire à celle du DEET, tout comme ses effets indésirables. Il a l’avantage d’être inodore, moins huileux, et de ne pas détériorer les objets en plastique.

Ces deux dernières molécules, plus récentes, ont fait l’objet de recherches approfondies de la part de l’Organisation mondiale de la Santé. Elles sont déjà largement recommandées et utilisées dans la lutte contre les vecteurs de maladies tels que les moustiques. Cependant, les données scientifiques manquent concernant les risques de ces molécules pour une utilisation répétée chez les personnes régulièrement exposées aux tiques, comme les forestiers.

Les alternatives actuellement à l’étude

Les huiles essentielles sont en général peu ou pas recommandées, car très volatiles. En conséquence, leur effet répulsif est limité, il dure de 20 minutes à 1 heure seulement. En outre, certains composés de ces huiles sont des irritants de la peau, voire sont carcinogènes. Il ne faut jamais oublier que ce n’est pas parce qu’un produit est d’origine naturelle qu’il est inoffensif.

Si l’on souhaite éviter d’appliquer des répulsifs directement sur sa peau, il est possible d’imprégner ses vêtements avec des produits spécialement destinés à cet usage appliquée en pulvérisation sur la face externe de vêtements qu'on laissera sécher avant de les porter. A utiliser avec précaution, car toxique pour les organismes aquatiques et les animaux à sang froid, ainsi que pour les chats.

Il faut souligner ici que les bracelets anti-tiques ne sont pas efficaces.

Et en cas de piqûre ?

Après être passé dans une zone infestée, l’inspection corporelle est essentielle. Il s’agit de vérifier toutes les zones chaudes et humides du corps, qui sont des sites privilégiés de piqûres : plis des membres, nombril, organes génitaux, oreille et cuir chevelu.

Les piqûres de larve et de nymphe sont les plus difficiles à détecter. À ces stades de développement, elles passent en effet souvent inaperçues à cause de leur petite taille (une larve mesure environ 1 mm, une nymphe 2 à 3 mm). La majorité de leurs piqûres ont lieu sur les membres inférieurs.

Si une tique est repérée, l’extraction mécanique est la plus efficace. Elle doit être pratiquée le plus rapidement possible afin d’éviter la transmission éventuelle de pathogènes, qui passent généralement à l’être humain en 12 à 24 heures dans le cas de bactéries et de parasites (la transmission est immédiate pour les virus). Les crochets tire-tique sont particulièrement appropriés mais à défaut il est possible d’utiliser une pince à épiler. L’application de substance pour « asphyxier » la tique est inutile, car aucune étude scientifique n’en a démontré l’efficacité.

Une fois la tique extraite, le plus simple est de la coller sur un morceau de ruban adhésif puis de la jeter. Si les pièces piqueuses sont restées dans la peau, ce n’est pas grave, le nodule cutané finira par disparaître. La dernière étape en revanche est importante : il s’agira de surveiller la zone de piqûre pendant un mois, afin de détecter le développement éventuel d’un érythème migrant. Cette lésion cutanée rouge, centrée sur la piqûre, qui s’élargit progressivement, constitue le premier signe clinique d’une borréliose de Lyme. S’il apparaît, ou si un autre signe clinique se manifeste, il faut alors consulter un médecin.