cr-04-09-2021

Samedi 4 septembre 2021

Grotte Ignorée, Charteuse

Benoît Terrier et Frédéric Pétrot (rédacteur).

Après 2 mois de repos spéléo, nous cherchons à faire une petite sortie pépère histoire de se remettre en jambe. Benoît propose d'aller visiter la grotte Ignorée, qui se trouve sur l'Alpe. Nous avions croisé Serge Caillaut, Jean-Philippe Grandcolas et Fabien Mulet à Pré-Orcel, au sortir du premier confinement, qui nous avaient dit y être allés et que ça valait le coup d'œil, et l’hypermnésique Benoît avait gardé l'info dans un coin de sa tête.

Rendez-vous donc à Saint-Naz à 8h, où nous faisons un petit point sur le matos, vue que la topo est peu claire et la fiche d'équipement inexistante (on comprendra pourquoi dans la suite). Nous arrivons à Pré-Orcel vers 9h , et passons sous la croix une heure après. Benoît sort le gps et la boussole, car les repères sont rares dans le coin et si la technologie peut nous éviter de tourner en rond, ... Nous tapons droit dans l'azimut, mais si la ligne droite est le plus court chemin entre deux points, il ne faut pas oublier que c'est sur un plan, et là c'est plutôt les montagnes russes ! Nous traversons un lapiaz boisée de très belle facture, mais très lentement. Nous en sortons non loin de l'entrée de la Vache Enragée que nous allons voir, ainsi que celle du Grand (ou Petit) Ragne qui ne nécessite qu'un court détour. Nous reprenons un chemin plus raisonnable, et bon an mal an, nous nous rapprochons du trou. L'arrivée se fait dans un lapiaz pentu sur lequel nous aurions erré longtemps sans l'aide des horloges atomiques synchronisées à la nanoseconde tournant en orbite géostationnaire à 20200 km au dessus de nos têtes (je pensais qu'ils étaient en orbite géostationnaire à 36000 km, mais Benoît a vite rectifié mon erreur). Bref, nous trouvons le trou directement, merci la relativité générale, Einstein n'a pas volé son prix Nobel (même s'il l'a eu pour une autre découverte). Le trou est noté 128, c'est bien lui.

Nous enfilons nos hardes sous le soleil, et prenons par précaution deux cordes, l'une de 15, l'autre de 25. Il est 11h15 lorsque nous y allons. Benoît part devant, il faut s'enfiler dans une courte trémie de gros blocs qui mène à un énorme méandre qui plonge immédiatement. Il y a un petit passage bas qui commande un ressaut de, genre, 5 mètres qui se désescalade sans difficulté aucune . Il y a immédiatement un rétrécissement qui mène à la lèvre d'un puits. Les spits sont en bon état, et Benoît équipe comme qui rigole. Le puits fait une grosse dizaine de mètres, et nœuds et main courante comprise, une C17 fait l'affaire. Nous prenons pieds en haut d'une très grande salle (85 x 60 x 20 m, d'après l'office du tourisme local) ébouleuse, dont le fond est constitué d'un "mur" du à un miroir de faille du plus bel effet. Nous descendons l'ébouli pour aller inspecter cette curiosité géologique et ses alentours, les forces telluriques en présence étant fort heureusement au repos. A la limite du miroir s'ouvre un puits duquel le jour sourd. C'est un P40 qui vu d'ici est fort impressionnant. Nous prenons quelques photos avec des pauses longues, ce qui nous permet de passer beaucoup de temps pour un résultat médiocre, mais bon. Le haut de la salle est un peu derrière le puits par lequel nous sommes arrivés, et il y a un bout de réseau à visiter là aussi. La suite du réseau s'atteint par un coup de chance et une ouverture dans le sol qui n'a pas été comblé par des blocs, incroyable. On a juste la place de passer en se laissant glisser et on arrive dans des volumes comme on aimerait en voir plus souvent. Nous parcourons ces galeries, qui mènent à un petit puits remontant. Deux petites escalades plus tard, je suis en bas d'un puits de 6 à 7 mètres avec un méandre en plafond qui semble impénétrable. On s’arrête là pour aujourd'hui. La remontée est vite pliée, et nous sommes dehors vers 14h. Le temps est légèrement menaçant, mais reste du coté du sec. Nous prenons notre temps pour grignoter le déjeuner et profitons de l'Alpe déserté par les hommes, mais pas par les vaches dont les clarines nous brutalisent les esgourdes. Nous allons repérer l'entrée du P40, notée 128 2, dont Benoît avait repéré qu'il était vers le sud. Nous le trouvons rapidement, et à notre grande surprise, ce n'est pas une verticale directe : il faut descendre un petit ressaut à l'entrée, puis entrer dans une petite salle pour finalement arriver sur le puits. Je me demande comment la lumière a réussi à y faire son chemin.

Pour le retour, nous optons pour rejoindre la combe, partir à droite, puis remonter sur le pré, ce qui nous évite des traversées scabreuses de lapiaz. Il nous faut un petit bout de temps pour remonter et rejoindre le sentier d'accès. Nous sommes finalement à la voiture vers 17h.

Photos : https://photos.app.goo.gl/KNWczEUEiraRbDLz5

TPST : 2h30