A mort Buffet à mort Bontems !

A mort Buffet à mort Bontems !

Hugo, où es-tu ?

Réquisitoire contre la prison (vers octosyllabiques "8 pieds")

Sources audios sur : Youtube ; Vimeo.

Quand je vois l'état des prisons françaises je me dis souvent : Hugo, où es-tu ?

Aparté historique : L'affaire Buffet-Bontems est ce procès aux assises du 26 au 29 juin 1972 pour une prise d'otages de deux personnes qui seront toutes les deux tuées par Buffet. La cour juge que, bien que n'ayant pas tué, Bontems est complice d'assassinat et guillotiné avec Buffet le 28 novembre 1972.

Cette exécution est la dernière à avoir eu lieu à Paris. Après Buffet et Bontems, quatre condamnés seront encore guillotinés en France.

"Les prisons française restent, encore aujourd'hui en 2017, une guillotine sociale, une honte nationale qui fait que quotidiennement nous nions l'esprit d'une République que nous nous efforçons à construire ensemble.

Maître Leclerc"


A mort Buffet à mort Bontems


A nous, les meurtriers de tous

A mort Buffet A mort Bontems

Nous sommes celui en qui pousse

A mort Buffet A mort Bontems


Les germes de nos jugements

Ils y fleurissent follement

Ensemble contre nos enfants

Vengeance au droit, n’est pas parent


Un détenu sans dignité

Il n'y a rien qui soit choquant

Un quart de tour tout est réglé

Le droit toujours est trop clément


Nous voulons plus de ses prisons

Bon peuple dehors eux dedans

L'estomac de nos Nations

Digère l'homme vaillamment


On-t-ils pensé aux victimes

Quand ils devinrent violents

A nous de prendre leurs opimes

Puisque penser avons le temps


S'ils sont là ce n'est pas pour rien

Il n'y a pas, dit-on souvent

De fumée sans feu, mal éteint

Donne ces Buffet ces Bontems


Restaurons peine capitale

Ce que le droit est croustillant

Que tous ces corps on les empale

Prévenu craque sous la dent

Dressons gibet de Montfaucon

Afin de vivre bonnes gens

Terreur de Révolution

en sécurité comme avant


Au diable nos philosophies

Trahisons et renoncements

Mais quand le diable s'y est mis

Bonjour l'enfer et nous dedans


Alors tu cris "à mort Buffet"

Alors tu cris "à mort Bontems"

Quand tu chasses la liberté

Elle s'en va pour un moment


Victor Hugo, toi où es-tu ?

Viens à ma voix de juif errant

Badinter et d'autres recrues

Fermer ces prisons hors de temps


Des prévenus toujours s'y pendent

Des chagrins des acharnements

Entrez libertés et prébendes

Et que notre droit soit dedans



Par le poète queer Alain Cabello-Mosnier

vendredi 22 septembre 2017


PS

Avant d'être un mort qui s'enfonce

Je veux être homme qui dénonce





En Aparté poétique :


Peuple, que veux-tu faire de ta vengeance ? La vengeance n'est qu'un amour qui déborde, une réponse qui s'extrait du droit qui lui-même doit faire l'effort d'être juste.

La dernière tête qu'il te reste à faire tomber, c'est celle de ta colère qui toujours repoussera.

Nous ne nous constituons pas en démocratie parce que nous nous en réclamons.

Le suffrage universel n'est pas suffisant


L'enfermement n'est qu'une orchestration de plus, une administration de la peine, pas une réponse adéquate, ce n'est pas un accompagnement seulement un écrasement.

Tu ne règles rien, tu entasses.

Si on veut que nos détenus réfléchissent à leurs erreurs en prison, alors il serait bon que l'on en fasse de-même alors que nous sommes en liberté.

Leurs conditions de détentions illustrent l'idée même que nous nous faisons des impératifs de dignités auxquels un pays doit répondre.

Ne pas le faire c'est nous détruire collectivement et durablement dans quelqu'un d'autre.


Nous ne sommes même pas encore capables de récupérer les élèves qui décrochent de leur scolarité, alors comment pourrait-il en être autrement des adultes que nos prisons maintiennent sous l'eau ?


Les prisons sont

Punition ou sanctions devraient devenir pédagogie

Condamnation,

détention, conséquence

incarcération





29 juin 1972 - Le procès de Buffet et Bontems. Une photo extraordinaire prise par Jean Ker au moment du verdict

Source : ‘’Le carnet noir du bourreau’’ par Jean Ker aux Éditions Gérard de Villiers