NDDL : le courage du renoncement (ou l’inverse)


Véritable patate chaude que se renvoient les politiques depuis le début des années 2000, le projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes vient d’être abandonné par le Président Macron. Capitulation ? Décision raisonnable ? Y avait-il une autre option ?


Un dossier qui date du siècle précédent


Il faut reconnaître au gouvernement le courage d’avoir pris une décision ferme et définitive sur un sujet relativement ancien, particulièrement clivant et excessivement toxique. En effet, aucune solution ne permettait à Emmanuel Macron de s’extirper de cet affrontement sans prendre des coups, pas même l’immobilisme de ses prédécesseurs.


Une évacuation par la police ne pouvant que dégénérer face à des groupes décidés et organisés, on voyait mal le Président s’exposer au risque d’une nouvelle affaire Remi Fraisse. De même, l’abandon du projet après un référendum favorable et de nombreuses décisions de justice, ne pouvait laisser qu’une impression de capitulation face aux zadistes. Enfin, l’option consistant à ne rien faire, régulièrement utilisée depuis plus de 15 ans, ne pouvait pas cohabiter avec l’image disruptive que veut véhiculer le Président.


Une seule solution


La presse nationale parle de « moins mauvais choix ». Mais dans la mesure où toute perspective d’affrontements violents entre forces de l’ordre et citoyens est clairement inacceptable dans une démocratie moderne et ultra-connectée et qu’une décision définitive avait été annoncée, y avait-il vraiment un choix ? Probablement pas…


Reste que l’exercice a été maîtrisé par le gouvernement qui se débarrasse ici définitivement d’un dossier qui a embarrassé tous ses prédécesseurs pendant des années. Et le prix n’en est pas lourd pour Emmanuel Macron puisqu’une grande majorité de Français approuve sa décision. Il apparaît non pas comme celui qui a capitulé, mais comme celui qui s’est attaqué au dossier que personne ne voulait prendre. La droite en profitera pour rebondir et mobiliser son électorat attaché à l’état de droit, mais elle sait bien qu’Emmanuel Macron s’en tire à bon compte.


Et ensuite ?


Si pour le Président l’affaire est entendue, un certain nombre de questions reste en suspens. Tout d’abord, comment l’État va-t-il récupérer la ZAD ? Si les zadistes ont accepté de rouvrir les routes, ils refusent en revanche d’évacuer la zone pour le moment. Il s’agirait de ne pas se retrouver à devoir les évacuer par la force. Quant à leur laisser les terres, personne ne l’imagine une seule seconde en dehors des zadistes.


Ensuite, le risque que cette décision renforce la détermination d’autres groupes de zadistes ailleurs en France est réel. Il existe une cinquantaine d’autres ZAD en France, dont on peut craindre désormais qu’elles refuseront d’obéir aux injonctions de partir de la police. Chacun pourra alors s’opposer à tel ou tel projet, qu’il soit justifié ou non, y compris de manière violente et illégale ?


Enfin, quid des indemnisations dues à Vinci pour le non-respect du contrat ? On nous annonce que le gouvernement veut négocier, mais s’il s’y prend comme pour les concessions autoroutières, la facture risque d’être salée pour les contribuables… Les partenariats public-privé sont rarement défavorables aux groupes privés qui bétonnent les clauses de leurs contrats, et en cas de contentieux, c’est le citoyen qui essuie les plâtres avec sa feuille d’impôt.


Au final NDDL est un dossier mal préparé et mal exécuté (comme l’Écotaxe en son temps) que les Français devront rembourser. Rien de nouveau en fait...