Création de l'Ordre

Naissance de l'ordre du Temple

Avec l’implantation à Jérusalem des chrétiens lors de la première croisade- 1096 à 1099 -, l’instabilité sur la Terre sainte et les nombreuses agressions musulmanes, l’idée de créer une milice pour protéger les Chrétiens émergea. Petit rappel : La première croisade dura de 1096 à 1099. C'est un pèlerinage militaire fait par des chevaliers, nobles féodaux et hommes du peuple chrétiens européens afin de délivrer Jérusalem la ville sainte des chrétiens. Jérusalem est une ville du monde musulman depuis le VIIe siècle.

Lorsque l'ordre de l'Hôpital fut chargé de s'occuper des pèlerins venant d'Occident, une idée s’imposa : créer une milice qui s'occuperait de la protection des membres du clergé du tombeau du Christ et de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d'Occident en Terre Sainte. Les membres du clergé s'occuperaient ainsi des affaires liturgiques, l'ordre de l'Hôpital des fonctions charitables et la milice du Christ de la fonction purement militaire de protection des pèlerins. Cette répartition des tâches reproduisait l'organisation de la société médiévale, qui était composée de prêtres, de guerriers et de paysans.

C'est ainsi que l'ordre du Temple, qui se nommait à cette époque les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon, prend naissance le 23 janvier 1120 sous l'impulsion d'Hugues de Payns et de Geoffroy de Saint-Omer lors du concile de Naplouse.

Le nouvel ordre ainsi créé avait absolument besoin de l'appui de personnes influentes. Hugues de Payns réussit à convaincre le roi de Jérusalem Baudouin II de l'utilité d'une telle milice, chose assez aisée au vu de l'insécurité régnant dans la région à cette époque. Ils reçurent du patriarche Gormond de Picquigny la mission de « garder voies et chemins contre les brigands, pour le salut des pèlerins ».

Le roi Baudouin II leur octroya une partie de son palais de Jérusalem, à l'emplacement du Temple de Salomon, qui donna par la suite le nom de Templiers ou de chevaliers du Temple. Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer ne furent pas les seuls chevaliers à avoir fait partie de la milice. Il y eu également André de Montbard, Payen de Montdidier, Geoffroy Bisol, Rolland, Archambault de Saint-Amand, Hugues Rigaud et Gondemare qui font partie des chevaliers précurseurs ou "fondateurs" de l'ordre

Compte tenu que la notoriété de la milice ne parvenait pas à s'étendre au-delà de la Terre Sainte, Hugues de Payns, accompagné de cinq autres chevaliers (Geoffroy de St-Omer, Payen de Montdidier, Geoffroy Bisol, Archambault de Saint-Amand et Rolland), embarquèrent pour l'Occident en 1127 afin de porter un message destiné au pape Honorius II et à Bernard de Clairvaux.

Hugues de Payns avait les trois objectifs suivants:

Faire reconnaître la milice par l'Église et lui donner une règle ;

Donner une légitimité aux actions de la milice puisque la dénomination de moine-chevalier pouvait être en contradiction avec les règles de l'Église et de la société en général ;

Recruter de nouveaux chevaliers et obtenir des dons qui feraient vivre la milice en Terre Sainte.

Cette démarche d'Hugues de Payns, accompagné de ces cinq chevaliers et soutenu par le roi de Jérusalem, suivait deux tentatives infructueuses qui avaient été faites par André de Montbard et Gondemare, probablement en 1120 et 1125.

Le concile de Troyes

Arrivant à la fin de sa tournée en Occident et après avoir porté le message du roi de Jérusalem à Bernard de Clairvaux pour aider les Templiers à obtenir l'accord et le soutien du pape, Hugues de Payns participa au concile de Troyes.

Le 13 janvier 1129, le concile s'ouvrit et mena à la création de l'ordre du Temple et le dota d'une règle propre. Celle-ci prit pour base la règle de saint Benoît avec néanmoins quelques emprunts à la règle de saint Augustin. Une fois la règle adoptée, elle devait encore être soumise à Étienne de Chartres, patriarche de Jérusalem.

L'ordre du temple connaît une croissance très rapide. Plusieurs croyants sont attirés par l'ordre et sont prêt à mourir pour celui-ci. En 1128, les Templiers se soustraient de l'influence des évêques et ne relèvent plus que de l’autorité du pape. Ils construisent leurs propres églises, prient entre eux sans se mélanger aux simples chrétiens, trop modérés selon leurs croyances. Ils deviennent donc une Église à l'intérieur de l'Église.

Plusieurs bulles pontificales officialisent le statut de l'ordre du Temple.

La bulle Omne datum optimum a été fulminée (rendue publique) par le pape Innocent II le 29 mars 1139 sous la maîtrise de Robert de Craon, deuxième maître de l'ordre du Temple. Elle fut d'une importance capitale pour l'ordre puisqu'elle était à la base de tous les privilèges dont jouissaient les Templiers. En effet, grâce à elle, les frères du Temple eurent droit à la protection apostolique ainsi que d'avoir leurs propres prêtres.

On vit donc une nouvelle catégorie émerger dans la communauté, celle des frères chapelains qui officieraient pour les Templiers. De plus, cette bulle confirma le fait que l'ordre du Temple n'était soumis qu'à l'autorité du pape. La bulle créa aussi une concurrence pour le clergé séculier (ce qui posa problème). De nombreux conflits d'intérêt éclatèrent entre les Templiers et les évêques ou les curés.