Conférence La géométrie dans les arts

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Union

Huile sur toile

Auguste HERBIN

Auguste Herbin (1882-1960) Union 1959 Huile sur toile (146 x 114,2 cm) Acquisition avec le concours du Fonds Régional d'Acquisition pour les Musées, 1994

Photo Musée départemental Matisse, Le Cateau-Cambrésis, Philip Bernard


Le point de départ d'une œuvre est le mot, titre du tableau (Matin, Mal, Amour, Pâques...). A chaque lettre de ce mot-poème correspond une forme, une couleur et un son donnés.

U, bleu, forme hémisphérique : sonorité sol, la N, (deux fois) blanc, s’accompagne de toutes les formes : sonorité do, ré, mi, fa, sol, la, si. Le blanc est le « reflet de l’esprit dans l’âme, vient en opposition et en intimité avec le noir, reflet du spirituel et de ce qui meurt. » I, orangé, combinaison des formes sphérique et triangulaire : sonorité ré. L’orangé est la « révélation de l’amour divin ». O, vert, combinaison des formes triangulaires et hémisphériques : sonorité fa. » Le mot Union contient deux fois le N, qu’Herbin va peindre avec un grand cercle blanc central qui, en contraste avec le noir du fond, est l’élément majeur autour duquel rayonne les autres couleurs. L’orangé du I est récurrent dans ses peintures, comme la voyelle « I » dans les mots. Deux voyelles U et O, bleu et vert, constituent les autres rapports de formes et de couleurs.


Quatre éléments

Musée des beaux-arts de Montréal

Fernand Leduc Montréal 1916 - Montréal 2014

1983.34 Fernand Leduc Montréal 1916 - Montréal 2014 Quatre éléments 1967 Acrylique sur toile 72 x 238 cm

MBAM, don de Bruno M. et Ruby Cormier Succession Fernand Leduc / SOCAN (2020) Photo MBAM, Brian Merrett


Manège de cochons

(Manège électrique)

Robert Delaunay

1922, huile sur toile, 248 x 254 cm , Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle

© domaine public © Georges Meguerditchian - Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP


Ancré dans la réalité de son époque, Robert Delaunay veut, par la couleur, exprimer la modernité en déclenchant une avalanche de sensations optiques.

Le Manège aux cochons reflète la fascination de Robert Delaunay pour la vie urbaine moderne et notamment les fêtes foraines. L'accumulation de cercles colorés emporte le spectateur dans le tournoiement effréné d'un manège. On en aperçoit quelques éléments : les cochons sur lesquels les flâneurs sont invités à s'installer ¤¤ une paire de jambe gainées de noir ¤¤ un chapeau haut de forme qui s'extrait de la masse, etc. Au premier plan, le poète et dadaïste Tristan Tzara, reconnaissable à son chapeau melon et son monocle, fait face au spectateur.


(vidéo explicative sur les formes)

Two Circles

Miroslav Šutej

Miroslav Šutej Two Circles 1969 sérigraphie / papier, métal déplié env.: 100 x 50 cm inv. no. MSU 1500

© Museum of Contemporary Art Zagreb Photographe : Tomislav Šmider


Miroslav Šutej, peintre et graphiste croate (1936-2005) se montra innovant dans le domaine des médias graphiques à la fin des années 60. Il réalisa des graphismes mobiles par lesquels il a étendu les exigences de l'impression graphique en introduisant des éléments mobiles à position variable.

Dans son graphisme mobile Deux cercles, il utilise des formes circulaires et des bras longitudinaux mobiles fixés à l'intérieur des cercles à l'aide de fermoirs métalliques permettant un mouvement multidirectionnel. La structure et la composition de l'œuvre sont modifiables. L'observateur devient actif et peut changer la position du "bras" au gré de ses envies et de son imagination, ce qui ouvre des possibilités infinies en matière de remodelage de l'œuvre, qui offre constamment de nouvelles expériences visuelles et interprétations. Dans un processus créatif ludique, Šutej crée des graphismes mobiles qui concrétisent les principes de l'interactivité, dans l'esprit de l'abstraction géométrique et de l'art cinétique.


"NOUVELLE TENDANCE (1961 – 1975) Le mouvement de la néo-avant-garde a attiré des artistes dont les activités s'inscrivaient dans la c continuité de certaines recherches de l'avant-garde historique. Ils examinèrent les capacités des nouvelles technologies et des médiums plastiques traditionnels, mais expérimentèrent également les nouveaux médiums, comme l'infographie. La présence d'une structure rationnelle dans la majorité de ces œuvres les rapprochent davantage de la science en termes de contenu, et de l'industrie en termes de production, dans la mouvance des idées du mouvement de l'avant-garde concernant l'intrusion de l'art dans la vie quotidienne. Le courant connu sous le nom de Nouvelle Tendance fait partie des mouvements artistiques les plus influents du début des années soixante. L'art programmé et cinétique sont les marques de fabrique de ce mouvement, né à Zagreb dans un climat d'effervescence intellectuelle qui a favorisé les innovations dans l'art visuel, la musique, le cinéma et le théâtre, tandis que Zagreb devenait l'un des centres culturels majeurs en Europe. Entre 1961 et 1973, sous le nom de Nouvelle tendance, la Galerie d'art contemporain (aujourd'hui nommée Musée d'art contemporain) organisa cinq expositions internationales que l'on peut percevoir comme une continuation et une concrétisation des idées développées par certains des membres d'EXAT 51. Le courant Nouvelle Tendance visait à synthétiser diverses formes d'art des années soixante et soixante-dix. La première exposition fut marquée par les débuts de l'art programmé et cinétique, dont le langage caractéristique allait devenir emblématique du mouvement Nouvelle Tendance à partir de l'exposition suivante (1963). Les exigences liées à la scientisation de l'art mirent au premier plan les expérimentations sur de nouveaux médiums techniques dans le but d'effectuer des recherches sur la perception visuelle. En 1968, la Galerie d'art contemporain créa le magazine bit international en tant qu'organe officiel de cette orientation artistique (no. 1-9 / 1968 - 1972). La sixième exposition Nouvelle Tendance, bien que planifiée, n'eut pas lieu conformément aux changements survenus dans les années soixante-dix. Une exposition intitulée New Art Practice 1966 - 1978 fut organisée, présentant les pratiques de l'art conceptuel en Yougoslavie. Sur une période de treize ans, ce phénomène international attira les théoriciens les plus renommés de l'art néo-constructiviste et cinétique et de la théorie de l'information à Zagreb (Giulio Carlo Argan, Umbro Apollonio, Umberto Eco, Herbert W. Franke, Enzo Mari, Manfreda Massironi, Abraham A. Moles, Frieder Nake, Jonathan Benthall, Laszlo Beke). La plupart des participants publièrent également leurs textes théoriques (Karl Gerstner, Julio Le Parc, Heinz Mack, Alberto Biasi, Almir Mavignler, François Morellett, François Molnar, Otto Pienne, Gunther Uecker, Yvaral). Parmi les auteurs croates participant aux expositions constructivistes Nouvelle Tendance se trouvaient Julije Knifer, Ivan Picelj, Vojin Bakić, Vladimir Bonačić, Ivan Čižmek, Juraj Dobrović, Vlado Kristl, Vjenceslav Richter, Aleksandar Srnec, Miroslav Šutej et Ante Vulin. Le principal théoricien de Nouvelle Tendance en tant que mouvement lié à la question de la relation entre l'art et la société, l'exigence de socialisation de l'art, l'abolition de l'unicité de l'œuvre d'art et l'égalité entre l'art et la science fut Matko Meštrović. D'autres théoriciens et scientifiques croates ont apporté une contribution majeure à ce mouvement, comme Radoslav Putar, Boris Kelemen, Vera Horvat Pintarić et Božo Težak."

Planche 0 (Composition 0)

Karol Hiller

Karol Hiller, Planche 0 (Composition 0), 1928, peinture à l'huile, feuilles d'or, contreplaqué, 47 x 120 cm, Musée d'art de Lódz

domaine public


Dans ses œuvres, Karol Hiller a brouillé les frontières entre la science, l'art, la religion et la philosophie. Cette œuvre associe la technique de peinture traditionnelle de la tempera à une composition qui se réfère à la dynamique du monde moderne.

La dynamique du monde contemporain, la nouvelle utopie sociale, la quête de nouvelles formes d'art, le symbolisme chrétien des icônes et le mysticisme des expériences religieuses se réunissent pour former la composition de Planche 0. Dans sa pratique artistique, Karol Hiller a brouillé les frontières entre la science, l'art, la religion et la philosophie. D'une part, il se plongeait dans les anciennes règles de composition des icônes et examinait les anciennes consignes pour les peintures à la tempera. D'autre part, il s'attachait à analyser les nouveaux courants artistiques, l'avant-garde en devenir. Pour lui, l'art constituait un thème central renvoyant non seulement aux expériences spirituelles de l'homme mais aussi à son mode de fonctionnement dans la société. Karol Jóźwiak (Citation tirée de : Correspondances. Modern Art and Universalism, éd. Jarosław Lubiak, Małgorzata Ludwisiak, Muzeum Sztuki w Łodzi, Łódź 2012, p. 216).