📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 27


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  23 septembre 1929 — Celle qui vit dans la Volonté de Dieu, dans sa petitesse, enferme le Tout et donne Dieu à Dieu. Les prodiges divins.

          La Divine Volonté m’absorbe en toute chose et en dépit de toute ma répugnance à écrire, le Fiat omnipotent, par son empire, s’impose à la petite créature que je suis et sa divine autorité règne sur moi, renverse ma volonté et, la déposant à ses divins pieds comme un tabouret, m’amène par son doux et puissant empire à écrire un nouveau volume alors que je pensais pouvoir m’arrêter un peu. Oh ! adorable, souveraine et sainte Volonté, puisque tu veux ce sacrifice, je ne me sens pas la force de résister et de lutter avec toi ; je préfère adorer tes dispositions et en me fondant dans ton saint Vouloir, je te prie de m’aider, de fortifier ma faiblesse et de me permettre d’écrire uniquement ce que tu veux, et de la manière dont tu le veux. Oh, je t’en prie, que je ne fasse que te répéter sans rien ajouter qui vienne de moi ! Et toi, mon amour dans le Sacrement, de cette sainte cellule où tu me regardes et où je te regarde, ne me refuse pas ton aide lorsque j’écris, mais viens écrire avec moi. Ce n’est qu’ainsi que j’aurai la force de commencer.

            Je faisais ma ronde habituelle dans la Création pour suivre tous les actes du Vouloir suprême dans toutes les choses créées ; et mon doux Jésus, sortant de moi, me dit :

            Ma fille, lorsque la créature parcourt les œuvres de son Créateur, cela signifie qu’elle veut reconnaître, apprécier, aimer ce que Dieu a fait par amour pour elle ; et n’ayant rien à lui rendre en retour, parcourant ses œuvres, c’est comme si elle prenait la Création tout entière dans la paume de sa main pour la redonner à Dieu, intacte et magnifique, pour sa gloire et son honneur, en lui disant : « Je te reconnais et te glorifie dans tes œuvres qui seules sont dignes de Toi. » Notre ravissement en voyant que nous sommes reconnus dans nos œuvres par la créature est si grand qu’il nous semble que la Création soit répétée pour nous rendre une double gloire ; et comme cette double gloire nous est rendue parce que la créature reconnaît nos œuvres faites par amour pour elle et qui lui sont données afin qu’elle nous aime, la créature, avec la reconnaissance de notre don, enferme le ciel tout entier dans son âme et nous voyons, dans sa petitesse, notre Être divin avec toutes nos œuvres. Plus encore, notre Être divin étant présent dans la petitesse de cette créature, elle possède la capacité et l’espace pour enfermer le Tout, et – oh ! quel prodige de voir le Tout contenu dans la petitesse humaine, et de la voir, bravement, donner le Tout au Tout uniquement pour l’aimer et le glorifier ! Que le Tout de notre Être suprême soit le Tout – il n’y a rien en cela qui doive nous surprendre, car telle est notre divine nature – être le Tout. Mais le Tout dans la petitesse humaine, c’est la merveille des merveilles ; ce sont les prodiges de notre divin Vouloir que partout où il règne, il ne peut faire de notre Être divin une moitié d’Être, mais uniquement l’Être tout entier. Et puisque la Création n’est rien d’autre qu’une effusion d’amour de notre Fiat créateur, il contient toutes ses œuvres partout où il règne, et c’est pourquoi la petitesse humaine peut dire : « Je donne Dieu à Dieu ! » C’est pour cette raison que lorsque nous nous donnons à la créature, nous voulons tout – même son néant, afin que sur ce rien notre parole créatrice puisse être répétée et que nous puissions former notre Tout sur le néant de la créature. Si elle ne nous donne pas tout – sa petitesse, son néant – notre parole créatrice ne peut pas être répétée, et ce n’est pour nous ni convenable ni un honneur de la répéter ; parce que, quand nous parlons, nous voulons nous débarrasser de tout ce qui ne nous appartient pas ; et lorsque nous voyons qu’elle ne se donne pas complètement, nous ne la faisons pas nôtre, et elle demeure la petitesse et le néant qu’elle est, tandis que nous restons dans le Tout que nous sommes. 

            Après quoi je poursuivais mon abandon dans le Fiat suprême, mais je me sentais triste à cause de certaines choses qu’il n’est pas nécessaire d’écrire ici. Et mon toujours aimable Jésus, épris de compassion pour moi, me serra dans ses bras et me dit :

            Oh ! combien m’est chère la fille de ma Volonté. Or tu dois savoir que la tristesse n’entre pas dans ma Divine Volonté. Ma Volonté est joie éternelle, qui rend paisible et heureuse la demeure où elle règne. Par conséquent, cette tristesse, bien que je sache en être la cause, est une vieillerie de la volonté humaine, et ma Divine Volonté ne reçoit pas les vieilleries dans ton âme, car elle a tant de choses nouvelles que l’espace dans ton âme n’est pas assez grand pour les recevoir toutes. Aussi, dehors, ta tristesse – dehors. Oh ! si tu savais les rares beautés que ma Divine Volonté forme dans ton âme… Où qu’elle règne, ma Volonté forme son ciel, ses soleils, sa mer, et la petite brise de sa divine fraîcheur. Artisan insurpassable, elle possède en elle-même l’art de la Création ; et lorsqu’elle entre dans la créature pour former son Royaume, elle est impatiente de répéter son art, elle étend en elle les cieux et forme le soleil et toutes les beautés de la Création. En fait, partout où elle règne, ma Volonté veut ses propres choses, elle les forme avec son art et s’entoure d’œuvres dignes de mon Fiat. C’est pourquoi la beauté de l’âme où elle règne est indescriptible.

            N’en est-il pas ainsi dans l’ordre humain ? Si quelqu’un fait un travail, il ne perd pas son art en l’exécutant – l’art reste sa propriété et il a la vertu de répéter son œuvre aussi souvent qu’il le désire ; et si l’œuvre est belle, il a très hâte d’avoir l’occasion de la répéter. Il en est ainsi de ma Divine Volonté : l’œuvre de Création est belle, majestueuse, somptueuse, remplie d’ordre et d’une indicible harmonie, par conséquent ma Volonté guette l’occasion de la répéter, et cette occasion lui est donnée par les âmes qui la laissent dominer et étendre en elles son Royaume. Par conséquent, courage, éloigne-toi de tout ce qui n’appartient pas à mon divin Fiat afin qu’il soit libre d’accomplir son œuvre divine ; sinon tu formerais autour de toi des nuages qui empêcheraient la lumière de se répandre et de faire briller dans ton âme ses rayons éclatants. 

2.  28 septembre 1929 — Le premier baiser, effusion d’amour entre la Mère et le Fils. Comment chaque chose créée contient en elle-même sa propre effusion. Comment c’est une création continue pour celle qui vit dans le Fiat. Satisfaction divine.

          Je faisais ma ronde dans la Création et la Rédemption, et ma petite intelligence s’arrêta lorsque mon charmant petit Enfant, dans l’acte de sortir du sein maternel, se jeta dans les bras de la céleste Maman et que, dans son désir de manifester sa première effusion d’amour, il entoura de ses petits bras le cou de sa Maman et l’embrassa. La divine Reine ressentait elle aussi le besoin de faire son premier épanchement d’amour envers le divin Enfant et elle lui rendit son baiser avec tant d’affection maternelle que le Cœur sembla lui sortir de la poitrine. Ce furent les premières effusions entre la Mère et son Fils. Je me disais : « Qui sait le nombre de biens que renfermait cette effusion ! » Et mon doux Jésus, apparaissant sous la forme d’un petit Enfant en train d’embrasser sa Mère, me dit :

            Ma fille, combien je ressentais le besoin de manifester cette effusion envers ma Maman. De fait, tout ce qui a été fait par notre Être suprême n’était qu’une effusion d’amour ; et dans la Vierge Reine je centralisais tout l’épanchement d’amour que nous avions dans la Création parce que, comme ma Divine Volonté était en elle, ma Maman était capable de recevoir, avec mon baiser, un épanchement si grand, et de me le retourner. En fait, seule la créature qui vit dans ma Divine Volonté centralise en elle l’acte continu de toute la Création, et l’attitude de la retourner à Dieu.

            À celle qui possède ma Divine Volonté je peux tout donner et elle peut tout me redonner ; plus encore, comme nous avons produit la Création dans une effusion d’amour pour la donner à la créature, elle dure et durera toujours, et celle qui est dans ma Divine Volonté est aussi présente dans notre maison et reçoit la continuité de notre épanchement avec l’acte continu de toute la Création. En fait, afin de la préserver telle que nous l’avons faite, c’est comme si nous étions toujours dans l’acte de la créer et de dire à la créature : « Par cette effusion qui est la nôtre dans la Création de tant de choses, nous te disons : « Je t’ai aimée, je t’aime et je t’aimerai toujours. » Et l’âme qui se laisse dominer par notre divin Vouloir, sur ses ailes, incapable de contenir un si grand épanchement d’amour, s’épanche elle aussi et nous dit, répétant notre même refrain : ‘Dans votre Volonté je vous ai aimés, je vous aime et je vous aimerai toujours – toujours.’ En fait, toutes les choses créées ne sont-elles pas des épanchements d’amour dont notre Fiat, comme premier acteur, témoigna envers la créature ? Épanchement d’amour que ce ciel azuré constellé d’étoiles ; et en demeurant toujours étendu, sans jamais faiblir ni changer, il présente notre continuel épanchement d’amour envers la créature et répand notre amour continuel en revêtant toute la terre de lumière ; et tous les effets qu’il produit, innombrables, sont des épanchements continuels et répétés qu’il témoigne à la créature. Épanchement d’amour de la mer qui murmure et répète ses gigantesques vagues tantôt tranquilles, tantôt tempétueuses ; et tous les poissons qu’elle produit ne sont rien d’autre que l’épanchement continuel de notre amour. Épanchement d’amour de la terre, et lorsqu’elle s’ouvre pour produire fleurs, plantes et fruits, notre amour continue son ardent épanchement. Bref, il n’est pas une seule chose créée par nous où ne se trouve le continuel épanchement de notre amour.

            Mais qui a conscience de nos si nombreux épanchements ? Quelle créature se sent investie par notre force créatrice et touche de sa propre main nos flammes inextinguibles au point de ressentir le besoin de rendre à son tour ses épanchements amoureux à son Créateur ? C’est celle qui vit dans notre divin Fiat. C’est pour elle une Création continuelle ; elle sent la puissance de notre force créatrice qui, opérant en elle, lui fait toucher de sa main que son Créateur est dans l’acte de créer continuellement par amour pour elle, et lui fait ressentir ses épanchements ininterrompus afin de recevoir les siens en retour. Mais qui pourra dire notre satisfaction lorsque nous voyons que la créature, par la possession de notre divin Fiat, reçoit et reconnaît nos épanchements et, incapable de contenir le grand excès d’amour de nos divins épanchements, dans l’effusion même de notre amour, forme son propre épanchement envers son Créateur ? Il nous semble alors être récompensés pour tout ce que nous avons fait dans la Création. Nous sentons la créature nous dire, dans son délire : Adorable Majesté, si cela était en mon pouvoir, je voudrais moi aussi créer pour vous un ciel, un soleil, une mer et tout ce que vous avez créé, pour vous dire que je vous aime de ce même amour et avec vos propres œuvres, car on ne peut appeler amour un amour qui n’agit pas ; mais puisque votre divin Vouloir m’a tout donné de ce que vous avez créé, je vous le rends pour vous dire que Je vous aime – Je vous aime. Et ainsi l’harmonie, l’échange de présents, l’ordre revient entre le Créateur et la créature, comme cela était établi par Dieu dans la Création.

            Or tu dois savoir qu’en faisant sa volonté, l’homme a perdu l’ordre, l’harmonie et le droit au don de la Création, car ma Volonté l’ayant créée, toute la Création lui appartient et c’est seulement à la créature en qui elle règne que ma Divine Volonté accorde ce droit. Mais celle en qui elle ne règne pas peut être appelée une intruse dans ses œuvres, et elle ne peut donc pas agir en propriétaire ni donner à Dieu ce qui ne lui appartient pas ; ni ressentir tous les épanchements d’amour qui existent dans la Création parce qu’elle n’a pas en sa possession notre Divine Volonté qui lui parle de notre histoire d’amour. Sans notre divin Vouloir, l’homme est le vrai petit ignorant de son Créateur, et il reste comme un petit élève sans maître. Oh ! quelle souffrance de voir l’homme sans notre Fiat ! Plus encore, comme notre Création et notre narratrice, elle est porteuse de nos baisers d’amour, de nos affectueuses étreintes. Oh ! combien mon Humanité a ressenti tout cela lorsqu’elle était sur terre ! Lorsque je sortais, le soleil me donnait le baiser que ma Volonté avait déposé dans sa lumière pour le donner aux créatures. Le vent me donnait les caresses, les embrassements qu’il contenait en dépôt de ma propre Divine Volonté. Toute la Création débordait de charismes divins à donner aux créatures ; et mon Humanité recevait tout cela et rendait en retour, afin de laisser libre cours à tant de baisers réprimés, d’étreintes rejetées et d’amour méconnu durant tant de siècles. En fait, comme ma Divine Volonté ne régnait pas, l’homme était incapable de recevoir le bien que ma Volonté même avait placé dans toute la Création ; et mon Humanité, possédant cette Divine Volonté, lui donna la première expression, reçut et paya de retour pour tout ce que cette Divine Volonté avait placé dans toute la Création. Et c’est pourquoi, lorsque je sortais, toutes les choses créées étaient en fête et rivalisaient entre elles pour me donner ce qu’elles possédaient. Par conséquent, sois attentive et aie bien à cœur de ne vivre que dans ma Divine Volonté si tu veux ressentir, profondément, ce que ton Jésus te dit sur son Fiat suprême.

3.  2 octobre 1929 — Seule la Divine Volonté rend la créature heureuse ; elles sont la proie l’une de l’autre. Celui qui n’a pas véritablement la volonté de faire le bien est un pauvre infirme, et Dieu ne veut pas se servir de lui.

          Mon abandon dans la vie de la Divine Volonté continue. Oh ! que sa force créatrice est puissante. Oh ! combien sa lumière est éblouissante et pénètre au plus profond des fibres de mon cœur pour l’investir, le caresser, s’y aménager un espace et élever son trône de domination et de commandement – mais avec une douceur si ravissante que la petitesse de la créature en demeure anéantie, heureuse cependant de rester sans vie et dissoute dans le divin Fiat. Oh ! si toutes te connaissaient, ô adorable Volonté, combien elles aimeraient se perdre en toi pour retrouver ta vie et être heureuses d’un bonheur tout divin. Mais alors que ma petitesse se fondait dans le divin Fiat, mon aimable Jésus se manifesta en moi et, me serrant très fort contre son divin Cœur, il me dit :

            Ma fille, seule ma Divine Volonté peut rendre heureuse la créature. Par sa lumière, elle éclipse ou met en fuite tous les maux et dit, avec sa divine Puissance : « Je suis le bonheur sans fin. Fuyez, tous les maux ; je veux être libre, car devant mon bonheur, tous les maux sont sans vie. » Pour celle qui vit dans mon divin Vouloir, son pouvoir est grand au point de transformer les actions de la créature et il se produit un échange de vie entre elle et Dieu ; un échange d’actions, de pas, de battements de cœur. Dieu demeure attaché à la créature et la créature à Dieu ; ils deviennent des êtres inséparables, et dans cet échange d’action et de vie, c’est un jeu qui se joue entre le Créateur et la créature – qui deviennent la proie l’un de l’autre. Et ce faisant, ils jouent d’une manière divine, se rendent mutuellement heureux, sont en fête, et Dieu et la créature chantent victoire, se sentent victorieux parce que personne n’a perdu, mais que l’un a conquis l’autre. En fait, dans ma Divine Volonté, personne n’est perdant – les défaites n’existent pas en elle. C’est uniquement de celle qui vit dans ma Volonté que je peux dire qu’elle est ma joie dans la Création, et je me sens victorieux en m’abaissant pour me laisser conquérir par la créature, parce que je sais qu’elle ne s’opposera pas à se laisser conquérir par moi. Par conséquent, que l’envol dans ma Volonté continue toujours.

            Je pensais après cela à bien des choses que mon bienheureux Jésus m’avait dites à propos de sa Divine Volonté et de ses ardents désirs de se faire connaître, et qu’en dépit de ses brûlants désirs, rien ne se faisait pour les satisfaire. Et je me disais : « Quelle sagesse de Dieu, quels profonds mystères ! Qui pourra jamais les comprendre ? Il le veut, il est triste parce qu’il n’y a personne pour ouvrir la voie à sa Volonté, pour la faire connaître ; il montre son Cœur languissant qui aspire à ce que sa Divine Volonté se fasse connaître pour former son Royaume au cœur des créatures ; et pourtant, comme s’il était un Dieu impuissant, les voies sont fermées, les portes closes, et Jésus endure, et avec une invincible et indicible patience, il attend que s’ouvrent les portes et les chemins, et il frappe à la porte des cœurs pour trouver ceux qui se préoccuperont de faire connaître sa Divine Volonté. » Mais alors que je pensais cela, mon doux Jésus, se faisant toute bonté et tendresse, au point de briser les cœurs les plus endurcis, me dit :

            Ma fille, si tu savais combien je souffre lorsque je veux former mes œuvres et les faire connaître aux créatures pour leur donner le bien qu’elles contiennent, et que je ne trouve personne ayant le vrai enthousiasme, le désir véritable et la Volonté de faire de mon œuvre sa vie afin de la faire connaître et de donner aux autres la vie du bien de mes œuvres qu’il ressent en lui-même. Et lorsque je vois ces dispositions en celui qui doit s’en occuper, celui que j’appelle et choisis, avec tant d’amour, pour l’œuvre qui m’appartient, je me sens si attiré vers lui que pour qu’il puisse bien faire ce que je veux, je m’abaisse moi-même, je descends en lui et je lui donne mon esprit, ma bouche, mes mains et même mes pieds afin qu’il puisse sentir la vie et mon œuvre en toute chose, et que, telle une vie ressentie, et non comme une chose qui lui est extérieure, il puisse sentir le besoin de la donner aux autres. Ma fille, lorsqu’un bien n’est pas ressenti comme de la vie en soi-même, tout finit par des mots et non des œuvres, et je reste en dehors, non en dedans ; et ils demeurent par conséquent de pauvres infirmes, sans intelligence, aveugles, muets, sans mains et sans pieds. Et moi, dans mes œuvres, je ne veux pas me servir de pauvres infirmes – je les mets de côté et, sans me soucier du temps, je continue à chercher ceux qui sont disposés, qui doivent servir mon œuvre. Et tout comme je ne me suis pas lassé de parcourir les siècles et la terre entière pour trouver la plus petite créature, et placer dans sa petitesse le grand dépôt des connaissances sur ma Divine Volonté, je ne me lasserai pas non plus de parcourir la terre, encore et toujours, pour trouver ceux qui sont vraiment disposés, qui apprécieront, comme de la vie, ce que j’ai manifesté sur le divin Fiat ; et ceux-là feront tous les sacrifices pour le faire connaître. 

            Je ne suis donc pas le Dieu impuissant, mais le Dieu patient qui veut que ses œuvres soient accomplies comme il convient et par des gens bien disposés et non forcés ; car ce que j’abhorre le plus dans mes œuvres, c’est la mauvaise volonté des créatures, comme si je ne méritais pas leurs petits sacrifices. Et pour la bienséance d’une œuvre si grande, qui est de faire connaître ma Divine Volonté, je ne veux pas me servir de pauvres infirmes – en fait, pour celui qui n’a pas la volonté véritable de faire un bien, c’est toujours une mutilation qu’il inflige à son âme –, mais je veux me servir de gens qui, lorsque je leur fournis mes divins membres, agissent comme il convient, ainsi que le mérite une œuvre qui doit apporter tant de bien aux créatures et une grande gloire à ma Majesté.

4.  7 octobre 1929 — Comment le divin Fiat est inséparable de ses œuvres. Le terrible moment de la chute d’Adam.

          Je me sentais immergée dans le divin Fiat ; sa lumière m’entourait de partout, au-dedans comme au-dehors ; et mon doux Jésus, se faisant voir, me serra dans ses bras et, s’approchant de ma bouche, il envoya le souffle de sa bouche dans la mienne – mais si fort que je ne pouvais le contenir. Oh ! combien le souffle de Jésus était agréable, doux et fortifiant. Je me sentais renaître à une vie nouvelle – et mon toujours aimable Jésus me dit :

            Ma fille, tout ce qui sort de nos mains créatrices contient création et préservation continuelles. Si notre acte de création et de préservation se retirait des cieux, du soleil et de tout le reste de la Création, toute vie disparaîtrait parce que, comme la Création est le « rien », ils ont besoin du « Tout » pour être conservés. C’est pourquoi nos œuvres sont inséparables de nous ; et ce qui n’est pas sujet à la séparation est aimé toujours, conservé pour toujours sous notre regard, et l’œuvre, comme celui qui l’a créée, ne forment plus qu’un. Notre Fiat, qui s’est prononcé dans l’acte de Création de toutes choses est resté dans l’acte de toujours s’exprimer lui-même, de se constituer acte et vie éternelle de toute Création. Notre action n’est pas comme celle de l’homme qui ne place pas son souffle, ses battements de cœur, sa vie et sa chaleur dans son œuvre ; par conséquent, son œuvre est séparable de lui et il ne l’aime pas non plus d’un amour invincible et parfait, car lorsque quelque chose est séparable, on peut même en arriver à l’oublier. Par contre, dans nos œuvres, c’est la vie que nous plaçons, laquelle est aimée au point que pour la préserver, nous faisons toujours courir notre vie dans nos œuvres ; et si nous voyons quelque danger, comme cela est arrivé avec l’homme, nous sacrifions notre vie pour sauver la vie qui courait dans notre œuvre. 

            Or, ma fille, ta vie dans notre divin Fiat a commencé avec notre demande de ta volonté que tu m’as très volontiers donnée ; et quand je t’ai vue me donner ta volonté, je me suis senti victorieux et, par mon souffle en toi, j’ai voulu prononcer mon Fiat omnipotent dans les profondeurs de ton âme pour renouveler l’acte de Création. C’est ce Fiat que toujours je répète afin qu’il te donne la vie continuelle ; et en étant répété, il te préserve et maintient sa vie en toi. C’est pourquoi tu ressens souvent mon souffle en toi, qui renouvelle ton âme ; et l’inséparabilité que je ressens est ma Divine Volonté qui me fait aimer, d’un amour éternel, ce que nous avons déposé en toi. Chaque fois que mon Fiat est répété, chacune de ses vérités qu’il te manifeste, chacune de ses connaissances ou chaque parole qu’il te dit, est un amour qui se lève en nous pour que nous t’aimions encore plus et pour se faire aimer. C’est notre Fiat créateur et préservateur qui, aimant sa vie et ce qu’il a fait en toi, continue de se prononcer afin de préserver sa vie et la beauté de son œuvre. Par conséquent, sois attentive et reçois continuellement la parole de mon Fiat, car il est porteur de création, de vie et de préservation.

            Après quoi je faisais ma ronde pour suivre les actes du divin Fiat dans la Création et, arrivée en Éden, je m’arrêtais dans l’acte où l’homme rejeta la Divine Volonté pour faire la sienne. Oh ! combien je comprenais le grand mal de faire la volonté humaine. Et mon bien-aimé Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, terrible en vérité fut le moment de la chute d’Adam. Lorsqu’il rejeta notre Divine Volonté pour faire la sienne, notre Fiat a été dans l’acte de se retirer des cieux, du soleil et de toute la Création pour la réduire au néant, car celui qui avait rejeté notre Divine Volonté ne méritait plus que notre Fiat maintienne l’acte continuel de création et de préservation dans toute la Création, créée par amour pour l’homme, et qu’il reçut en cadeau de son Créateur. Si le Verbe éternel n’avait pas offert ses mérites anticipés de futur Rédempteur, comme il les offrit pour préserver la Vierge immaculée du péché originel, tout serait tombé en ruine : les cieux et le soleil se seraient retirés en notre source ; et lorsque notre Divine Volonté se retire, toutes les choses créées perdent la vie. Mais le Verbe fait Homme s’est présenté devant la Divinité, et rendant présents par avance tous ses mérites, toutes les choses sont restées à leur place et mon Fiat continua son œuvre de création et de préservation, attendant mon Humanité pour la lui offrir en cadeau légitime et que je méritais ; si bien que la promesse solennelle fut faite à l’homme que le futur Rédempteur descendrait pour le sauver, et que l’homme prierait et se disposerait à le recevoir.

            Notre Volonté a tout fait et, avec justice, elle avait un droit sur toute chose. En faisant sa volonté, l’homme perdait ses droits divins sur la Création ; par conséquent, il ne méritait plus que le soleil lui donne sa lumière ; et lorsque la lumière le revêtait, notre Volonté sentait que les droits de sa lumière lui étaient arrachés. Car chaque chose créée que l’homme prenait et utilisait était une déchirure faite à notre Volonté. Sans mon Humanité, tout était perdu pour l’homme. Par conséquent, ne pas faire ma Divine Volonté renferme tous les maux et fait perdre tous les droits, et du Ciel et de la terre ; tandis que faire ma Volonté renferme tous les biens et acquiert tous les droits, humains et divins.

5.  12 octobre 1929 — En vivant dans la Divine Volonté, la volonté humaine monte, et la Divine descend. Comment sont acquises les prérogatives divines.

           Je faisais ma ronde habituelle dans le divin Fiat et, appelant tout ce qu’il avait fait dans la Création et la Rédemption, je l’offrais à la divine Majesté pour demander que la Divine Volonté soit connue afin qu’elle puisse régner et dominer parmi les créatures. Mais en faisant cela, je me disais : « Quel bien est-ce que je fais en répétant ces rondes, ces actes et ces offrandes ? » Et mon aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, chaque fois que tu fais ta ronde dans nos œuvres et que tu te joins à ces actes accomplis par mon Fiat dans la Création et la Rédemption pour nous les offrir, tu fais un pas vers le Ciel, et ma Divine Volonté fait un pas vers la terre. Ainsi, alors que toi tu montes, elle descend, et tout en demeurant immense, elle se fait petite et s’enferme en ton âme pour répéter tes actes, tes offrandes et tes prières avec toi ; et nous sentons notre divin Vouloir prier en toi. Nous sentons son souffle qui sort de toi ; nous ressentons ses battements de cœur qui palpitent en nous en même temps qu’en toi ; nous sentons la puissance de nos œuvres créatrices qui, s’alignant tout autour de nous, prient avec notre divin Pouvoir que notre Divine Volonté puisse descendre pour régner sur la terre. Plus encore, étant donné qu’en ce que tu fais, tu n’es pas une intruse ni quelqu’un qui, n’étant pas responsable de quoi que ce soit, ne dispose d’aucun pouvoir ; mais tu as été appelée et, de façon spéciale, tu as reçu la charge de faire connaître notre Divine Volonté et de demander que notre Royaume soit constitué au cœur de la famille humaine. Aussi existe-t-il une grande différence entre celle qui a reçu de nous une charge, et celle qui n’a aucune fonction. Celle à qui l’on a confié une charge, quoi qu’elle fasse, elle le fait de droit, en toute liberté parce que telle est notre Divine Volonté. Elle représente tous ceux qui doivent recevoir le bien que nous voulons donner au moyen de la charge qu’elle a reçue. Ainsi, tu n’es pas la seule à faire un pas vers le Ciel, car il y a tous ceux qui connaîtront ma Divine Volonté ; et, en descendant, elle descend à travers toi en tous ceux qui la laisseront régner. Par conséquent, le seul moyen d’obtenir le règne du divin Fiat est de se servir de nos œuvres pour obtenir un bien si grand.

            Je continuais alors à suivre les actes de la Divine Volonté et, arrivée au point où elle appelait la Reine souveraine hors du néant, je m’arrêtais pour la saisir – toute beauté et majesté. Ses droits de Reine s’étendaient partout ; le Ciel et la terre s’inclinaient pour la reconnaître Impératrice de tous et de toute chose. Et moi, du fond de mon cœur, je vénérais et aimais la Dame souveraine, et la toute petite que je suis voulait sauter sur ses genoux maternels pour lui dire : « Sainte Maman, tu es toute belle et cela parce que tu vis dans la Divine Volonté. Oh, je t’en prie ! Toi qui la possèdes – prie-là de descendre sur terre et de venir régner parmi tes enfants. » Mais je faisais cela lorsque mon Jésus adoré ajouta :

            Ma fille, même si ma Mère n’avait pas été ma Mère, du simple fait d’avoir accompli parfaitement la Divine Volonté, de n’avoir pas connu d’autre vie et d’avoir vécu dans la plénitude de ma Volonté, en vertu de sa vie continuelle dans mon Fiat, elle aurait possédé toutes les prérogatives divines – elle serait toujours Reine, la plus belle de toutes les créatures. En fait, où que règne mon divin Fiat, il veut tout donner, il ne retient rien ; mieux encore, il aime tant la créature qu’en usant de ses stratagèmes amoureux, il se cache, il se fait tout petit en elle et aime se faire mettre K.O.par elle. De fait, n’est-ce pas un K.O. du divin Vouloir que la souveraine Reine du ciel a réalisé lorsqu’elle est parvenue à faire que je sois conçu en elle et à me cacher dans ses entrailles ? Oh ! si tous savaient ce que ma Divine Volonté est capable de faire, et peut faire, chacun ferait tous les sacrifices pour ne vivre que de ma Volonté.

6.  15 octobre 1929 — Comment tous attendent le récit de l’histoire de la Divine Volonté. Vide des actes de la créature dans la Divine Volonté.

          Je me sentais immergée dans le divin Fiat ; je pouvais voir devant mon pauvre esprit la Création tout entière et les grands prodiges opérés en elle par la Divine Volonté. Il semblait que chaque chose créée voulait raconter ce qu’elle possédait dans le grand et divin Fiat pour le faire connaître, aimer et glorifier. Et alors que mon esprit regardait la Création, mon doux Jésus se manifesta hors de moi et me dit :

            Ma fille, tous sont dans l’attente du récit du grand poème de la Divine Volonté ; et comme la Création fut le premier acte extérieur de l’opération de mon Fiat, elle contient par conséquent le commencement de son histoire racontant tout ce qu’il a fait par amour pour la créature. C’est la raison pour laquelle, voulant te raconter toute l’histoire de mon divin Vouloir, j’y ai inclus toute l’histoire de la Création, avec de si nombreux détails, afin que toi et tous les autres puissent connaître ce que mon divin Fiat a fait, comme ce qu’il veut faire, et les justes droits qui sont les siens de vouloir régner parmi les générations humaines. Tout ce qui a été fait dans la Création n’est pas entièrement connu par les créatures – l’amour qui fut le nôtre en la créant, comment chaque chose créée porte une note d’amour, l’une étant distincte de l’autre, chacune contenant un bien spécial pour les créatures, si bien que leurs vies sont liées à la Création par des liens indissolubles, et que si la créature voulait se retirer des biens de la Création, elle ne pourrait pas vivre. Qui pourrait lui donner l’air pour respirer, la lumière pour voir, l’eau pour boire, la nourriture pour se nourrir, la terre pour y marcher ? Et alors que ma Divine Volonté a son acte continuel, sa vie et son histoire à faire connaître en chaque chose créée, la créature ne la connaît pas et vit de ma Volonté sans la connaître. Et c’est pourquoi toutes sont dans l’attente, et la Création elle-même, voulant faire connaître une Volonté si sainte ; et parce que je t’ai parlé avec tant d’amour de la Création et de ce que mon divin Fiat fait en elle, la Création montre son grand désir de vouloir être mieux connue, d’autant plus qu’un bien qui n’est pas connu n’apporte pas la vie ni le bienfait qu’il contient. Par conséquent, ma Volonté demeure comme stérile au milieu des créatures, sans produire la plénitude de sa vie en chacune d’elles, parce qu’elle n’est pas connue.

            Après quoi je sentais en moi une force qui voulait suivre tous les actes que le divin Fiat avait accomplis dans la Création et la Rédemption ; mais en faisant cela, je me disais : « À quoi bon vouloir suivre le divin Vouloir en toute chose ? » Et mon bien-aimé Jésus ajouta :

            Ma fille, tu dois savoir que tout ce qu’a fait ma Divine Volonté dans la Création et la Rédemption, elle l’a fait par amour pour les créatures et pour que les créatures, en l’apprenant, s’élèvent dans ses actes pour la voir, l’aimer et unir leurs actes aux siens, afin de lui tenir compagnie et ajouter ne serait-ce qu’une virgule, un point, un regard, un ‘Je t’aime’ aux nombreuses œuvres et aux divins prodiges que, dans l’ardeur de son amour, mon Fiat a accomplis pour elles. Or, lorsque tu suis le divin Fiat dans ses actes, il ressent ta compagnie et ne se sent plus seul ; il ressent ton petit acte, ta pensée qui suit ses actes, et il se sent par conséquent payé de retour. Mais si tu ne les suivais pas, il sentirait le vide de ta présence et de tes actes dans l’immensité de mon divin Vouloir et il s’écrierait avec tristesse : « Où est la petite fille de ma Divine Volonté ? Je ne la sens pas dans mes actes, je n’ai pas le plaisir de ses regards qui admirent ce que je fais pour me dire un ‘Merci’. Je n’entends pas sa voix qui me dit ‘Je t’aime’. Oh ! que cette solitude me pèse. » Et je te ferais entendre ses gémissements dans les profondeurs de ton cœur pour te dire : « Suis-moi dans mes œuvres – ne me laisse pas seul. » Le mal que tu ferais serait de former le vide de tes actes dans ma Divine Volonté ; alors qu’en les suivant, tu ferais le bien de lui tenir compagnie, et si tu savais combien cette compagnie est agréable, tu serais plus attentive. Et tout comme mon divin Fiat ressentirait le vide de tes actes si tu ne les suivais pas, tu ressentirais toi aussi le vide de ses actes dans ta volonté, tu te sentirais seule, sans la compagnie de ma Divine Volonté qui aime tant être en toi pour te faire sentir que ta volonté ne vit plus en toi.

7.  18 octobre 1929 — Beauté de la Création. Pour celle qui vit dans la Divine Volonté, Dieu est toujours dans l’acte de création. La créature qui vit dans le divin Vouloir redouble son amour pour Dieu. Les deux bras : immutabilité et fermeté.

          Je me sentais dans l’immensité de la lumière du divin Fiat, et l’on pouvait voir dans cette lumière la Création tout entière en sortir alignée comme pour une naissance ; et dans son désir de se délecter de ses œuvres, il semblait être dans l’acte de les créer et de les créer toujours en les préservant. Et mon aimable Jésus, se manifestant hors de moi dans l’acte de regarder la Création pour se glorifier de ses œuvres, me dit :

            Ma fille, que la Création est belle – comme elle nous glorifie, comme elle magnifie la puissance de notre Fiat ; elle n’est rien d’autre qu’un acte unique de notre divin Vouloir, et bien que l’on puisse voir bien des choses, toutes différentes les unes des autres, elles ne sont que l’effet de son acte unique qui jamais ne cesse et contient son acte opérant continuel. Et comme notre acte possède par nature, de par sa propriété exclusive, la lumière, l’immensité et la multiplicité d’innombrables effets, il n’est donc pas étonnant que lorsque notre Fiat forma son acte unique, il en sortit l’immensité des cieux, la très éclatante lumière du soleil, la vastitude de la mer immense, la force du vent, la beauté des fleurs, des espèces de toutes sortes ; et une puissance telle que, comme si la Création n’était qu’un petit souffle, une plume légère, notre Fiat la tient suspendue, sans aucun soutien, contenue uniquement dans sa force créatrice. Oh ! puissance de mon Fiat – que tu es insurpassable et inatteignable !

            Or tu dois savoir que c’est uniquement dans une âme où règne ma Divine Volonté, puisqu’elle règne dans toute la Création, que l’âme s’unit à l’acte unique de ma Volonté dans la Création pour recevoir le dépôt de tous les biens accomplis en elle. En fait, cette grande machine de l’univers a été faite pour être donnée à la créature, mais à la créature qui laisserait régner notre divin Vouloir. Il est juste que nous ne sortions pas de notre dessein établi, et que la créature reconnaisse et reçoive notre don. Mais comment le recevoir si elle n’est pas dans notre maison – c'est-à-dire dans notre Divine Volonté ? Il lui manquerait la capacité de le recevoir, et l’espace où le contenir. Par conséquent, seule l’âme qui possède ma Divine Volonté peut le recevoir. Ma Volonté trouve ses délices dans cet acte unique ; comme si elle était dans l’acte de créer pour l’amour de cette âme, elle lui fait ressentir son acte de création continuel des cieux, du soleil et de toute chose, et elle lui dit : « Vois combien je t’aime – c’est uniquement pour toi que je continue à créer toutes ces choses ; et pour recevoir quelque chose de toi en retour, je me sers de tes actes comme matériau pour étendre les cieux, comme matériau de lumière pour former le soleil ; et ainsi de suite pour tout le reste. Plus tu fais des actes dans mon Fiat, plus tu m’administres le matériau pour former en toi un plus grand nombre de belles choses. » Par conséquent, que ton vol dans ma Volonté ne s’arrête jamais, et ce sera pour moi l’occasion de toujours opérer en toi.

            Après quoi je poursuivais mes actes dans la Divine Volonté, et faisant miens tous ses actes accomplis dans la Création et la Rédemption, je les offrais à la divine Majesté comme le plus beau cadeau que je pouvais lui faire en reconnaissance de mon amour ; et je me disais : « Oh ! comme je voudrais avoir un ciel, un soleil, une mer, les fleurs de la terre et tout ce qui existe – tout à moi – pour pouvoir donner à mon Créateur un ciel, un soleil qui seraient à moi, une mer et des fleurs qui tous diraient : « Je t’aime, je t’aime, je t’adore… » Je pensais cela lorsque mon bien-aimé Jésus, me serrant dans ses bras, me dit :

            Ma fille, pour celle qui vit dans ma Volonté, tout lui appartient ; comme sa volonté est une avec la nôtre, ce qui est à nous est à elle. Par conséquent, tu peux nous dire en toute vérité : « Je Vous donne mon ciel, mon soleil, et toute chose. » L’amour de la créature s’élève dans notre amour et se place à notre niveau. Dans notre divin Fiat, la créature reproduit notre amour, notre lumière, notre puissance, notre bonheur et notre beauté, et nous nous sentons aimés non seulement avec notre propre amour redoublé, mais d’un amour puissant qui nous ravit et nous rend heureux. Et nous sentant aimés d’un double amour de la part de la créature qui vit dans notre Volonté, par amour pour elle, nous nous sentons attirés à aimer toutes les créatures d’un double amour. En fait, avec la créature de notre Fiat, son acte perd la vie et c’est notre acte qu’elle acquiert ; et notre acte possède la source de lumière, de puissance et d’amour, la source de bonheur et de beauté, et l’âme peut doubler, tripler – multiplier nos sources autant de fois qu’elle le veut. Et comme elle est dans notre Volonté, nous la laissons faire, nous lui donnons toute liberté, parce que tout ce qu’elle fait demeure dans notre maison – rien ne sort de nos divines et infinies frontières, et il n’y a donc aucun danger que nos biens puissent recevoir le moindre mal. C’est pourquoi, si tu demeures toujours dans notre Divine Volonté, ce qui est à nous est à toi, et tu peux nous donner tout ce que tu veux comme venant de toi.

            Je me sentais ensuite attristée par bien des choses qu’il n’est nécessaire de dire ici, et mon adorable Jésus ajouta :

            Ma fille, courage, je ne veux pas que tu t’attristes et je veux voir dans ton âme la paix et la joie de la Patrie céleste ; je veux que ta nature même exhale le parfum de Divine Volonté, qui est toute paix et bonheur. Ma Volonté ne se sentirait pas bien en toi, et comme troublée dans sa lumière et son bonheur si la paix et le bonheur éternels n’étaient pas en toi. Et puis, ne sais-tu pas que celle qui vit dans mon divin Fiat se forme deux bras ? L’un est l’immutabilité, l’autre la fermeté dans l’action continuelle. Avec ces deux bras, elle étreint Dieu de telle sorte qu’il ne peut pas se libérer de la créature ; d’autant plus qu’il aime la voir s’attacher à lui. Par conséquent, tu n’as aucune raison de t’affliger, quelles que soient les circonstances, lorsque tu as Dieu qui est tout à toi. Aussi, que ta pensée soit de vivre dans ce Fiat qui te donna la vie pour former la vie en toi, et je me charge de tout le reste.

8.  21 octobre 1929 — Parallèle entre la venue du Verbe sur la terre et la Divine Volonté.

        Je me sentais tout inquiète à propos du divin Fiat ; mille pensées occupaient mon esprit concernant ce que mon doux Jésus avait dit, spécialement sur son règne. Et je me disais : « Mais, la Divine Volonté règne-t-elle sur la terre maintenant ? Est-il vrai qu’elle est partout, qu’il n’est pas un point où elle n’existe pas ; mais a-t-elle son sceptre, son pouvoir absolu parmi les créatures ? » Et mon esprit errait parmi toutes ces pensées lorsque mon aimable Jésus se manifesta hors de moi et me dit :

            Ma fille, ma Divine Volonté règne. On peut la comparer à moi, Verbe éternel, qui en descendant du Ciel me suis enfermé dans le sein de ma céleste Mère. Qui en savait quelque chose ? Personne, pas même saint Joseph ne savait, au début de ma Conception, que j’étais déjà parmi eux. Seule mon inséparable Mère était au courant de tout. Ainsi le grand prodige de ma descente du Ciel sur la terre avait eu lieu, en réalité ; et tandis que dans mon immensité, j’existais partout – le Ciel et la terre immergés en moi, j’étais enclos avec ma Personne dans le sein maternel de la Reine immaculée – personne ne me connaissait, j’étais ignoré de tous.

            Ainsi, ma fille, c’est ici le premier pas du parallèle entre moi, Verbe divin, quand je descendis du Ciel, et ma Divine Volonté qui fait ses premiers pas pour venir régner sur la terre. Tout comme je dirigeai mes premiers pas vers la Vierge Mère, ma Volonté dirige ses premiers pas en toi ; et comme elle t’a demandé ta volonté et que tu la lui as abandonnée, elle a immédiatement formé son premier acte de conception dans ton âme ; et à mesure qu’elle manifestait ses connaissances, t’administrant ses nombreuses et divines gorgées, elle formait sa vie et donnait le départ à la formation de son Royaume. Mais durant très longtemps, qui en a su quoi que ce soit ? Personne ; il n’y avait que toi et moi ; et après quelque temps, mon représentant, celui qui te dirigeait, a pris conscience de ce qui se passait en toi – symbole de mon représentant, saint Joseph, qui devait apparaître comme mon père devant les créatures, et qui, avant que je ne sorte du sein maternel, eut le grand honneur et le grand don de savoir que j’étais déjà parmi vous.

            Après ce premier pas, j’ai fait le second : je suis allé naître à Bethléem, et j’ai été reconnu et visité par les bergers de l’endroit. Mais ce n’étaient pas des gens influents et ils ont gardé pour eux la merveilleuse nouvelle que j’étais déjà venu sur terre ; par conséquent, ils ne se sont pas employés à me faire connaître, à répandre partout ma nouvelle, et j’ai continué à être le Jésus caché et inconnu de tous. Mais bien qu’inconnu, j’étais déjà parmi eux – symbole de ma Divine Volonté : bien souvent, d’autres parmi mes représentants sont venus à toi, de près comme de loin, et ont entendu la merveilleuse nouvelle du règne de ma Divine Volonté, les connaissances la concernant, et combien elle veut être reconnue. Mais les uns en raison d’un manque d’influence, les autres faute de volonté, ne se sont pas chargés de la répandre et elle est restée inconnue et ignorée, bien qu’elle existât déjà parmi eux ; et parce qu’elle n’est pas connue, elle ne règne pas – elle règne seulement en toi, tout comme je n’étais qu’avec ma céleste Maman et mon père nourricier, saint Joseph.

            Le troisième pas de ma venue sur terre est l’exil, et cela à cause de la visite des Rois Mages qui ont éveillé l’intérêt de quelques-uns qui se sont mis à ma recherche. Ce qui a rendu Hérode craintif et, au lieu de se joindre à eux pour me rendre visite, il voulut conspirer contre moi pour me tuer et j’ai été forcé de partir en exil. Symbole de ma Divine Volonté : il arrive souvent qu’un intérêt soit éveillé, qu’on veuille la faire connaître en la publiant. Mais – rien ! Certains ont peur, d’autres craignent de se compromettre, d’autres n’ont pas envie de se sacrifier ; tantôt sous tel prétexte, tantôt sous un autre, tout finit pas des paroles, et ma Divine Volonté demeure exilée, loin du cœur des créatures. Et tout comme je ne suis pas parti pour le Ciel, mais que dans mon exil, je suis resté parmi les créatures, ce n’est qu’avec ma divine Mère et avec saint Joseph qui me connaissaient très bien que je formais leur paradis sur terre, alors que pour les autres, c’était comme si je n’existais pas ; de la même manière, ayant formé sa vie en toi avec tout le cortège de ses connaissances, s’il n’en reçoit pas les effets, le dessein pour lequel il s’est fait connaître, comment mon Fiat peut-il partir ? En fait, lorsque nous décidons d’accomplir une œuvre, un bien, personne ne peut nous mouvoir. En dépit de l’exil et du fait qu’il soit caché, tout comme je l’ai fait – vivant ma vie publique et me faisant connaître après trente années de vie cachée – mon divin Vouloir ne sera plus capable de rester toujours caché, mais il obtiendra de se faire connaître pour régner parmi les créatures. Par conséquent, sois attentive et sache apprécier le grand don de ma Divine Volonté dans ton âme.

9.  24 octobre 1929 — Comment dans la Divine Volonté l’âme a tout en son pouvoir, parce qu’elle trouve la source des œuvres divines et peut les répéter quand elle veut.

            Je me sentais tout abandonnée dans le divin Fiat, suivant et offrant tous ses actes de Création et de Rédemption, et parvenue à la conception du Verbe, je me disais : « Comme je voudrais, dans la Divine Volonté, faire mienne la conception du Verbe afin d’être capable d’offrir à l’Être suprême l’amour, la gloire et la satisfaction comme si le Verbe était de nouveau conçu. » Mais je pensais cela lorsque mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, dans ma Divine Volonté l’âme a tout en son pouvoir ; il n’est rien de ce que notre Divinité ait fait, dans la Création comme dans la Rédemption, dont notre divin Fiat ne possède la source. En fait, il ne disperse rien de nos actes, mais en est au contraire le dépositaire ; et celle qui possède notre divin Vouloir a la source de ma conception, de ma naissance, de mes larmes, de mes pas, de mes œuvres et de toute chose. Nos actes ne sont jamais épuisés et lorsqu’elle se souvient de ma conception et veut l’offrir, ma conception est renouvelée comme si j’étais de nouveau conçu ; je renais pour une nouvelle naissance ; mes larmes, mes souffrances, mes pas et mes œuvres renaissent pour une vie nouvelle et répètent le grand bien que j’ai accompli dans la Rédemption.

            Ainsi l’âme qui vit dans notre Divine Volonté est la répétitrice de nos actes, parce que tout comme il n’est rien dans la Création qui ait été dispersé de ce qui fut créé, tout dans la Rédemption est en acte de renaissance continuelle. Mais qui nous y incite ? Celle qui vit dans notre Volonté. C’est en vertu de ma Volonté que la créature participe à notre force créatrice, et elle peut par conséquent faire renaître toute chose à une vie nouvelle. Avec ses actes, ses offrandes et ses supplications, elle met continuellement en mouvement nos sources qui, mues comme par une agréable brise, forment des vagues qui, débordant avec nos actes, se multiplient et grandissent infiniment. Nos sources sont symbolisées par la mer : si le vent ne l’agite pas, si les vagues ne sont pas formées, les eaux ne débordent pas et les villes ne sont pas arrosées. C’est la même chose avec nos sources et toutes nos œuvres : si notre divin Fiat ne veut pas les mouvoir, ou si celle qui vit en lui ne pense pas à former une brise avec ses actes, même s’ils sont pleins à ras bord, ils ne débordent pas à l’extérieur pour multiplier leurs biens au bénéfice des créatures.

            De plus, pour celle qui vit dans notre divin Fiat, ses actes, à mesure qu’elle les forme, montent jusqu’au commencement d’où est venue la créature ; ils ne restent pas en bas, mais montent très haut à la recherche du sein de celui d’où est sorti le premier acte de son existence. Ces actes entourent le commencement, qui est Dieu, comme des actes divins. En voyant les actes de la créature dans sa Divine Volonté, Dieu les reconnaît comme siens et se sent aimé et glorifié comme il le veut, par son propre amour et sa propre gloire.

10.  27 octobre 1927 — Pourquoi le règne de la Divine Volonté ne pouvait pas venir avant la venue de Notre-Seigneur sur la terre. Le greffon de Jésus-Christ et le greffon d’Adam.

         Je faisais ma ronde dans la Création et je suivais les actes du divin Fiat depuis l’Éden jusqu’à la descente du Verbe divin sur la terre. Et en faisant cela, je me disais : « Et pourquoi le règne de la Divine Volonté n’est-il pas venu sur terre avant que le Fils de Dieu ne descende du Ciel ? » Et mon doux Jésus, profitant de ce que je pensais… ou plutôt, il me semble que lorsqu’il veut me parler, il me donne les réflexions, il fait se lever en moi des doutes et des difficultés, et le désir de savoir bien des choses sur son Royaume ; alors que lorsqu’il ne veut pas me parler, mon esprit est muet, je suis incapable de réfléchir à quoi que ce soit, et je parcours les actes de la Divine Volonté dans sa lumière. Alors mon aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, le règne de ma Divine Volonté ne pouvait pas venir sur terre avant ma venue parce qu’il n’y avait pas d’humanité qui possédât, autant que cela soit possible pour une créature, la plénitude de mon divin Fiat, et sans cela, il n’y avait aucun droit de l’accorder ni à l’ordre divin ni à l’ordre humain. Le Ciel était fermé ; les deux volontés, l’humaine et la divine, semblaient se regarder d’un air renfrogné ; l’homme se sentait dans l’impossibilité de demander un bien si grand, à tel point qu’il ne voulait même pas y penser. En toute justice, Dieu était dans l’impossibilité de le lui donner. Avant ma venue sur terre, Dieu et la créature étaient l’un pour l’autre comme le soleil et la terre : la terre ne possède pas le germe par lequel, en l’arrosant, elle peut former le rejeton pour donner la plante de cette semence ; le soleil, ne trouvant pas le rejeton, ne peut pas communiquer les effets qu’il possède pour former, de sa vertu vivifiante, la forme et le développement de cette plante. La terre et le soleil sont alors comme des étrangers l’un pour l’autre ; on peut dire, s’ils avaient la raison, qu’ils se regardent d’un œil mauvais, parce que la terre ne peut pas produire ni recevoir un bien si grand, et le soleil ne peut pas le lui donner.

            Tel était l’état de l’humanité sans le germe de mon Fiat, et s’il n’y a pas de semence, il est vain d’espérer une plante. Mais avec ma venue sur terre, le Verbe divin s’est revêtu de chair humaine et, par cela, il forma le greffon avec l’arbre de l’humanité. Mon Humanité se prêta à servir de germe au Verbe éternel, et ma Divine Volonté forma le nouveau greffon avec ma volonté humaine. C’est alors, comme j’étais la tête de toutes les générations humaines, qu’avec justice, du côté humain comme du côté divin – ils furent capables de recevoir le règne de ma Divine Volonté, et que Dieu fut en mesure de la donner. Or, lorsqu’un greffon est posé, il n’assimile pas immédiatement, mais petit à petit la force des nouvelles humeurs ; par conséquent, il donne peu de fruits au tout début, mais à mesure qu’il se forme, les fruits augmentent, deviennent plus gros et plus savoureux, jusqu’à ce que l’arbre entier soit formé, chargé de branches et de fruits. Tel est le greffon posé par moi sur l’arbre de l’humanité. Environ deux mille ans ont passé et l’humanité n’a pas reçu toutes les humeurs de mon greffon ; mais il y a des raisons d’espérer parce que le germe, le greffon, est là ; et par conséquent la créature peut le demander. Dieu est en mesure de le donner parce que c’est mon Humanité qui, possédant ma Divine Volonté par nature en vertu du Verbe fait chair, en a redonné les droits à l’homme et à Dieu. C’est pourquoi tout ce que j’ai fait dans la Rédemption n’est rien d’autre que préparation, arrosage et culture pour que se développe ce céleste greffon posé par moi entre les deux volontés, la volonté humaine et la Divine Volonté. 

            Ainsi, comment le règne de la Divine Volonté aurait-il pu venir avant ma venue sur terre si le greffon manquait ainsi que le principe de sa vie, ses actes en opération dans l’âme et son premier acte dans l’acte de l’œuvre humaine afin d’étendre son Royaume dans chacun de leurs actes ? Il est vrai que mon divin Fiat, avec sa puissance et son immensité, étendit partout son empire, cependant, il n’était pas présent dans la volonté humaine comme principe de vie, mais uniquement en puissance et en immensité. C’était la condition dans laquelle se trouvent le soleil et la terre : le soleil revêt la terre de sa lumière et donne aussi ses effets, mais la terre ne devient pas le soleil et le soleil ne devient pas la terre parce que le soleil et la terre ne sont pas fusionnés ensemble de manière à former la vie l’un dans l’autre, et ils restent par conséquent des corps étrangers qui ne se ressemblent pas ; et bien que le soleil l’illumine, la réchauffe, lui communique ses admirables effets, étant donné qu’il ne communique pas sa vie et que la terre n’abandonne pas au soleil son droit de vie, la terre sera toujours la terre et le soleil sera toujours le soleil. Tel est l’état où se trouvait et se trouve encore ma Divine Volonté : tant que l’homme n’abandonnera pas sa volonté dans la mienne, ma Volonté ne pourra pas placer son principe de vie dans la volonté humaine, la fusion de l’Une avec l’autre ne pourra pas avoir lieu, la créature sera toujours la créature sans la ressemblance et la vie de son Créateur dans les profondeurs de son âme, et que seul mon divin Fiat peut former. Par conséquent, il y aura toujours dissemblance et distance, même si mon divin Vouloir l’illumine et lui communique ses admirables effets par bonté et libéralité, et en vertu de la puissance et de l’immensité qu’il possède par nature. D’autant plus que, en péchant, en faisant sa volonté humaine, Adam a non seulement formé le ver dans le bois à la racine de l’arbre de l’humanité, mais il y ajouta le greffon – un greffon qui communiqua toutes les mauvaises humeurs qu’au cours des siècles le greffon d’Adam produirait dans l’arbre de l’humanité. Au commencement, un greffon ne peut produire ni un grand bien ni de grands maux, mais uniquement le commencement du mal et du bien. En fait, Adam n’a pas commis les nombreux maux des générations humaines, mais il a fait uniquement le greffon, et il fut pourtant la cause des torrents de maux ; d’autant plus que, étant donné qu’il n’avait pas immédiatement le greffon opposé de ma venue sur terre, mais que des siècles et des siècles devaient s’écouler, les humeurs mauvaises continuaient à grandir, les maux se multipliaient, et l’on ne pouvait même pas penser au Royaume de ma Divine Volonté. Mais lorsque je suis venu sur terre, j’ai formé avec ma Conception le greffon opposé avec l’arbre de l’humanité, et les maux ont commencé à cesser, les humeurs mauvaises à être détruites ; ainsi, tout l’espoir est là que le Royaume de ma Divine Volonté sera formé parmi les générations humaines. Les nombreuses vérités que je t’ai manifestées sur mon divin Fiat sont des gorgées de vie qui tantôt arrosent, tantôt cultivent et font pousser les humeurs de l’arbre de l’humanité greffé par moi. C’est pourquoi, si la vie de mon divin Fiat est entrée dans l’arbre de mon Humanité et a formé le greffon, il y a toutes les raisons d’espérer que mon Royaume aura son sceptre, son juste règne et son commandement parmi les créatures. Par conséquent, prie et ne doute pas.

11.  30 octobre 1929 — Celle qui vit dans la Divine Volonté peut parcourir toutes les œuvres de Dieu et acquérir les droits divins.

           Je suis comme absorbée dans le doux enchantement du Fiat omnipotent et je ne peux voir que ses actes pour placer mon « Je t’aime » comme un sceau sur chacun d’eux afin de demander le règne de sa Divine Volonté parmi les créatures. Je voyais en esprit devant moi une grande roue de lumière qui couvrait toute la terre ; et si le centre de la roue n’était que lumière, de nombreux rayons en sortaient tout autour comme autant d’actes accomplis par le divin Fiat, et j’allais de l’un à l’autre pour y placer le sceau de mon « Je t’aime » et le laisser sur chaque rayon demandant continuellement le règne de sa Divine Volonté. Je faisais cela lorsque mon toujours aimable Jésus, se manifestant hors de moi, me dit :

            Ma fille, pour celle qui vit dans ma Divine Volonté et forme ses actes en elle, ces actes restent l’œuvre de la créature, engageant Dieu à lui donner les droits d’un Royaume si saint, et par conséquent les droits de le faire connaître et de le faire régner sur la terre. En fait, l’âme qui vit dans mon Fiat acquiert de nouveau tous les actes de mon Fiat accomplis pour l’amour des créatures. Dieu la rend victorieuse non seulement de sa Volonté, mais de toute la Création ; il n’est pas un acte de ma Création où la créature ne place pas son acte, ne serait-ce qu’un « Je t’aime », un « Je t’adore », etc. Ayant ainsi placé quelque chose d’elle-même, tout demeure lié, et mon Fiat se sent heureux d’avoir finalement trouvé la créature à qui il peut donner ce qu’avec tant d’amour il voulait donner depuis le tout début de la Création de tout l’univers.

            Par conséquent, en vivant dans ma Divine Volonté, la créature entre dans l’ordre divin, devient propriétaire de ses œuvres, et, en droit, elle peut donner et demander pour les autres ce qui lui appartient. Et comme elle vit dans ma Divine Volonté, ses droits sont divins, non pas humains. Chacun de ses actes est un appel qu’elle lance à son Créateur, et avec son très divin empire, elle lui dit : « Donnez-moi le Royaume de Votre Divine Volonté pour que je puisse le donner aux créatures afin qu’il puisse régner parmi elles et que toutes puissent vous aimer d’un amour divin, et être toutes réordonnées en vous. » Or tu dois savoir que chaque fois que tu fais ta ronde dans ma Volonté pour y placer quelque chose de toi, c’est un droit divin de plus que tu acquiers pour demander un Royaume si saint. C’est pourquoi, lorsque tu fais ta ronde, toutes les œuvres de la Création se présentent devant toi et toutes celles de la Rédemption t’entourent dans l’attente de recevoir, chacune à son tour, ton acte, pour te donner la récompense de l’acte de nos œuvres ; et tu continues à les suivre les unes après les autres pour les reconnaître, les embrasser, placer ton petit « Je t’aime » et ton baiser d’amour pour te les acquérir. Dans notre Fiat il n’y a ni « tien » ni « mien » entre le Créateur et la créature, mais tout est en communion, et par conséquent, de droit, elle peut demander tout ce qu’elle veut. Oh ! combien je me sentirais triste et affligé si, parmi tant de mes souffrances et de mes actes accomplis lorsque j’étais sur terre, la petite fille de ma Divine Volonté ne les reconnaissait même pas et n’essayait de placer autour de mon acte le cortège de son amour et de son acte. Comment pourrais-je t’en donner le droit si tu ne les reconnaissais pas ? Et encore moins pourrais-tu les faire tiens. La reconnaissance de nos œuvres n’est pas seulement un droit que nous donnons, mais une possession. Par conséquent, si tu veux que règne ma Divine Volonté, parcours toujours notre Fiat, reconnais toutes nos œuvres, de la plus petite à la plus grande, place ton acte en chacune d’elles, et tout te sera accordé.

12.  6 novembre 1929 — Jésus, centre de la Création. La parole, épanchement de l’âme ; sa valeur. Qui est porteur des œuvres de Dieu ?

            Mon abandon dans le Fiat continue et il me semble que toute la Création et les nombreuses œuvres qu’elle contient sont mes chères sœurs – mais si bien liées à moi que nous sommes inséparables, car une est la Volonté qui nous anime, et tout ce que Jésus a fait sur la terre forme ma vie, et je me sens comme pétrie avec Jésus et tous ses actes.

            Je me sentais donc entourée, et au centre de toutes choses je pouvais voir mon doux Jésus, taciturne ; il était pourtant au milieu de nombreuses œuvres, mais tout était silence et il n’avait personne à qui dire un mot – les plus belles œuvres étaient muettes pour lui. Puis, me tirant à lui, il me dit :

            Ma fille, je suis le centre de toute la Création, mais un centre isolé ; tout est autour de moi, tout dépend de moi, mais comme les choses créées n’ont pas de raison, elles ne me tiennent pas compagnie ; elles me rendent gloire, elles m’honorent, mais elles ne brisent pas ma solitude. Les cieux ne parlent pas, le soleil est muet, la mer fait du tumulte avec ses vagues, murmure tacitement, mais elle ne parle pas. C’est la parole qui brise la solitude ; deux êtres qui, par des mots, échangent leurs pensées, leurs affections et ce qu’ils veulent faire – voilà la plus belle joie, la plus pure fête, la compagnie la plus douce. Leurs secrets, manifestés par des mots, forment la plus chère harmonie. Et si ces deux êtres se fondent dans leurs sentiments, dans leurs affections, et que l’un voit sa volonté dans l’autre, c’est la chose la plus agréable qui soit parce que l’un voit sa vie dans l’autre. C’est un grand don que la parole – elle est une effusion de l’âme, un épanchement de l’amour ; elle est la porte de la communication, l’échange des joies et des peines. La parole est le couronnement des œuvres. En fait, qui a formé et couronné l’œuvre de la Création ? La parole de notre Fiat. Quand il parla, les prodiges de nos œuvres surgirent, les unes plus belles que les autres. La parole forma la plus belle couronne pour l’œuvre de la Rédemption. Oh ! si je n’avais pas parlé, l’Évangile n’existerait pas et l’Église n’aurait rien à enseigner aux peuples. Le grand don de la parole a plus de prix que le monde tout entier.

            Aussi, fille de mon divin Vouloir, veux-tu savoir qui brise ma solitude au milieu de tant de mes œuvres ? Celle qui vit dans ma Divine Volonté. Elle vient au milieu de ce cercle, et elle me parle ; elle me parle de mes œuvres, elle me dit qu’elle m’aime pour chaque chose créée, elle m’ouvre son cœur et me parle de ses secrets les plus intimes ; elle me parle de mon divin Fiat et de sa peine de ne pas le voir régner. Et mon Cœur, en l’écoutant, sent dans le sien son propre amour et sa propre peine ; il se sent représenté de nouveau et, à mesure qu’elle parle, mon divin Cœur se gonfle d’amour, de joie, et incapable de la contenir, j’ouvre ma bouche et je parle, je parle abondamment. J’ouvre mon Cœur et je répands mes secrets les plus intimes dans son cœur ; je lui parle de ma Divine Volonté qui est l’unique dessein de toutes nos œuvres. Et en lui parlant – je ressens une compagnie véritable –, mais une compagnie qui parle, pas une compagnie muette ; une compagnie qui me comprend, qui me rend heureux, et en qui je peux me confier. Tout ce que je t’ai manifesté sur ma Divine Volonté n’a-t-il pas été un épanchement d’amour, une transfusion de vie qui s’est opérée entre nous et qui, lorsque je te parlais, servait à nous réjouir et à former la plus douce et la plus agréable compagnie ? Une âme qui vit dans ma Divine Volonté est tout pour moi, elle compense pour le mutisme de mes œuvres envers moi ; elle me parle pour toutes, elle me rend heureux et je ne me sens plus seul ; et en ayant quelqu’un à qui faire le grand don de ma parole, je ne suis plus laissé là comme le Jésus muet qui n’a personne à qui dire un seul mot, et je suis alors le Jésus qui parle et qui a sa compagnie – mais quand je veux parler, si mon Fiat n’est pas présent, je ne serai pas compris. 

            Après quoi mon pauvre petit esprit continua à errer dans le divin Fiat, et mon aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, ma Divine Volonté simplifie la créature, elle la vide de tant de choses qui n’appartiennent pas à ma Volonté qu’il ne reste de l’être humain qu’un complexe de simplicité. Simples sont le regard, la parole, les manières, les pas ; on peut voir en elle comme dans un miroir la marque de la divine simplicité. Par conséquent, lorsque ma Divine Volonté régnera sur la terre, le faux-semblant, le mensonge, que l’on peut dire être à l’origine du mal, n’existeront plus ; la simplicité, origine de tout bien véritable, sera la véritable caractéristique qui montrera qu’ici règne la Divine Volonté. Or tu dois savoir que notre amour pour celle qui se laisse dominer par notre divin Fiat est si grand que tout ce que nous voulons que la créature fasse soit d’abord formé en Dieu lui-même, et passe ensuite en elle. Et comme sa volonté et la nôtre sont une, elle conserve cet acte comme étant le sien et elle nous le répète autant de fois que nous le voulons. Celle qui vit dans notre divin Vouloir est ainsi porteuse de nos œuvres qu’elle copie et répètent continuellement. Avec cet œil de lumière qu’elle possède, don de notre divin Vouloir, elle fixe son regard sur son Créateur pour voir ce qu’il fait afin de pouvoir l’absorber en elle pour lui dire : « Je ne veux rien faire d’autre que ce que fait votre adorable Majesté. » Et nous nous sentons doublement heureux, non que nous ne soyons pas heureux sans la créature, car en nous, le bonheur est notre nature, mais parce que nous voyons la créature heureuse et qui, en vertu de notre Volonté, se rapproche de notre ressemblance, aime avec notre amour et nous glorifie avec nos œuvres. Nous sentons que la puissance créatrice de notre Fiat nous reproduit et forme notre vie et nos œuvres dans la créature.

13.  10 novembre 1929 — Seuls les petits entrent pour vivre dans la Divine Volonté. Exemple du petit garçon. Différence entre la création de l’univers et celle de l’homme.

           Le divin Fiat m’absorbe complètement dans sa lumière, et pour me donner son acte premier de vie, cette lumière palpite dans mon cœur et me fait sentir la palpitation de sa lumière, de sa sainteté, de sa beauté et de sa puissance créatrice ; et ma petite âme me semble être une éponge tout imprégnée de ces divins battements. Incapable de tout contenir à cause de ma petitesse et se sentant brûlée par les rayons ardents du Soleil du divin Fiat, elle répète de façon spasmodique : « Fiat ! Fiat ! Ayez pitié de ma petitesse. Je ne peux plus contenir votre lumière – je suis trop petite. Alors, vous-même – formez le vide, rendez-moi plus grande pour que je puisse contenir plus de lumière, que je ne sois plus étouffée par cette lumière qu’il ne m’est pas donné de pouvoir embrasser complètement, afin que je puisse la contenir dans ma petite âme. » Mais je pensais cela lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma petite fille, courage, il est vrai que tu es trop petite, mais tu dois savoir que dans mon divin Fiat, ce sont uniquement les petits qui entrent vivre dans sa lumière ; et pour chaque acte que font ces petits dans ma Divine Volonté, ils étouffent le leur, accordant ainsi une douce mort à la volonté humaine, parce dans la mienne, il n’y a ni place ni endroit où la laisser opérer. Le vouloir humain n’a ni raison ni droit, il perd sa valeur devant une raison et un droit d’une Divine Volonté. Ce qui se passe entre la Divine Volonté et la volonté humaine est comparable à un petit garçon qui, tout seul, semble capable de dire et de faire quelque chose, mais placé devant quelqu’un qui possède toutes les sciences et tous les arts, le pauvre petit perd sa valeur, reste muet et incapable de faire quoi que ce soit ; et il demeure fasciné et enchanté par l’aimable discours et l’habileté du savant. Ma fille, voilà ce qui arrive : le petit sans le grand a l’impression qu’il peut faire quelque chose, mais devant le grand, il se sent plus petit qu’il ne l’est. Plus encore devant la hauteur et l’immensité de ma Divine Volonté.

            Or tu dois savoir que chaque fois que l’âme opère dans ma Divine Volonté, elle se vide de la sienne et forme autant de portes par où la mienne peut entrer. C’est comme une maison qui posséderait un soleil intérieur : plus elle a de portes, plus les rayons peuvent sortir par ces portes ; ou comme une pièce de métal avec des trous qui serait placée devant le soleil : plus elle a de trous et plus chaque petit trou est rempli de lumière et possède le rayon de lumière. Telle est l’âme ; plus elle accomplit d’actes dans ma Divine Volonté, plus elle lui donne d’entrées, au point de devenir tout irradiée par la lumière de mon divin Fiat.

            Après quoi je poursuivais ma ronde dans la Création pour suivre en elle les actes du Fiat suprême ; et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, il y a une grande différence entre la création de tout l’univers et la création de l’homme. Dans la première, il y eut notre acte de création et de préservation, et après que tout eût été ordonné et harmonisé, nous n’avons rien ajouté qui fût nouveau. Par contre, dans la création de l’homme, il n’y eut pas seulement l’acte de création et de préservation, mais l’acte actif lui fut ajouté – et d’une activité toujours nouvelle ; et cela parce que l’homme a été créé à notre image et à notre ressemblance, et comme l’Être suprême est un acte nouveau continuel, l’homme devait posséder lui aussi l’acte nouveau de son Créateur, qui devait lui ressembler d’une certaine manière. Par conséquent, notre acte actif de nouveauté continuelle était à l’intérieur et à l’extérieur de lui ; et en vertu de cela –  notre acte actif – l’homme peut être et il est toujours nouveau dans ses pensées, nouveau dans ses paroles, nouveau dans ses œuvres. Combien de choses nouvelles ne sortent-elles pas de l’humanité ? Et si l’homme ne produit pas son acte nouveau de manière continuelle, mais par intervalles, c’est parce qu’il ne se laisse pas dominer par ma Divine Volonté. Que la création de l’homme était belle ! Il y avait notre acte créateur, notre acte de préservation et notre acte agissant ; nous avons infusé en lui, comme vie, notre Divine Volonté dans son âme, et créé notre amour comme sang de son âme. 

            C’est pourquoi nous l’aimons tant – car il est non seulement notre œuvre, comme le reste de la Création, mais il possède de façon réelle une partie de notre vie ; nous sentons en lui la vie de notre amour. Comment ne pas l’aimer ? Qui n’aime pas ses propres choses ? Et ne pas les aimer serait contre nature. Par conséquent, notre amour pour l’homme tient de l’incroyable ; mais la raison est claire : nous l’aimons parce qu’il est sorti de nous, il est notre enfant, et une naissance de notre Être même. Et si l’homme ne répond pas à notre amour, s’il ne nous abandonne pas sa volonté pour conserver la nôtre, il est plus que barbare et cruel envers son Créateur et envers lui-même, parce que sans reconnaître son Créateur et sans l’aimer, il forme un labyrinthe de misères, de faiblesses, à l’intérieur comme à l’extérieur de lui-même, et il perd son vrai bonheur. Et en rejetant notre Divine Volonté, il se tient à distance de son Créateur, il détruit le principe de sa création, consume le sang de notre amour dans son âme, pour laisser le poison de sa volonté humaine couler en elle. Par conséquent, jusqu’à ce que notre Volonté soit reconnue et forme son Royaume parmi les créatures, l’homme restera toujours un être désordonné et sans la ressemblance de celui qui l’a créé.

14.  14 novembre 1929 — Comment les droits de la Création sont justes et saints. Exemple du soleil, et comment celle qui vit dans la Divine Volonté est le vrai soleil.

           Je suis toujours dans le saint héritage du divin Fiat. Plus je pénètre en lui, plus je suis portée à l’aimer ; plus je me déplace en lui, plus il se dévoile – plus il se fait connaître et me dit : « Vis toujours dans le précieux héritage qui te fut donné avec tant d’amour. Il t’appartient – il sera toujours à toi, inséparable de toi ; et jamais je ne permettrai que ma petite fille ne ressente pas la palpitation de ma lumière, l’haleine de mon souffle balsamique, la vie de ma Divine Volonté. » Mais alors que mon petit esprit errait dans le divin Vouloir, mon aimable Jésus, sortant de cette lumière du divin Fiat, me dit :

            Ma fille, parce que le soleil possède la force de l’unité de sa lumière, don de son Créateur, sa lumière n’est pas sujette à la séparation, pas même à la dispersion d’une seule goutte de sa lumière. Par conséquent, en vertu de cette unité de lumière que possède le soleil, il n’est rien de ce qu’il touche ou revêt à quoi il ne donne ses précieux effets. Le soleil semble jouer avec la terre ; il donne son baiser de lumière à chaque créature, à chaque plante ; il embrasse toute chose de sa chaleur, il semble souffler et communiquer les couleurs, la douceur, les saveurs. Et s’il accorde ses effets en abondance, il garde cependant jalousement pour lui la moindre goutte de toute cette lumière qu’il possède. Et pourquoi cela ? Parce qu’il veut conserver les droits de sa création et ne rien disperser de ce que Dieu lui a donné. Oh ! si le soleil dispersait sa lumière, il arriverait finalement que, peu à peu, le soleil ne serait plus soleil. Les premiers droits de la manière dont toutes choses furent créées, y compris l’homme, sont sacrés, justes et saints ; et, en toute justice, tous devraient s’en tenir au premier acte, tels qu’ils furent créés. Seul l’homme n’a pas été capable de conserver le grand honneur de la façon dont il fut créé par Dieu ;  mais cela lui en a coûté énormément, et c’est pourquoi tous les maux lui sont tombés dessus.

            Or, ma fille, celle qui vit dans ma Divine Volonté possède les droits de sa création et, par conséquent, mieux que le soleil, elle vit dans l’unité de son Créateur ; elle est la reproductrice des effets de l’unité divine. Dans cette unité, elle rassemble tout, embrasse tout, réchauffe tout, et avec le souffle de la divine unité, elle produit dans le cœur des créatures tous les effets présents dans le Royaume de grâce. Et mieux que le soleil, lorsqu’elle joue en touchant toute chose, par son toucher, elle donne la sainteté, la vertu, l’amour, la douceur divine ; elle voudrait tout enfermer dans l’unité de son Créateur. Mais si elle veut tout donner, jalouse, elle conserve pour elle les droits de sa création – c'est-à-dire la Volonté de son Créateur comme son premier acte et l’origine de sa création ; et elle dit à tous : « Je ne peux pas descendre de l’intérieur du divin Fiat, et je ne veux pas non plus en perdre une seule goutte – car je perdrais alors mes droits et c’est une chose que je ne veux pas faire. C’est plutôt à vous de venir, et la Volonté de tous sera une ; nous vivrons tous ainsi une vie commune. Mais tant que vous resterez en bas au niveau de la volonté humaine, comme le soleil, je vous donnerai les effets de la Divine Volonté ; cependant, sa vie sera toujours mienne, et je prierai en vous attendant dans la Volonté de notre Créateur. » L’âme qui vit dans ma Volonté est le vrai soleil, en qui apparemment on ne voit rien d’autre que de la lumière et on ne sent rien d’autre que de la chaleur, mais que de biens n’y a-t-il pas à l’intérieur en plus de la lumière et de la chaleur ? Combien d’effets ? La vie et les biens de la terre sont contenus dans la lumière et la chaleur. De la même manière, avec celle qui vit dans mon divin Fiat, on ne voit en apparence qu’une créature, mais à l’intérieur se trouve une Divine Volonté qui soutient tout – le Ciel et la terre, et qui ne veut pas laisser inactive celle qui possède un si grand bien.

15.  20 novembre 1929 — Comment la paix est le parfum, l’air, le souffle de Jésus. Comment toutes les œuvres de Dieu sont ordonnées. Comment il fait les petites choses en premier, et ensuite les plus grandes. Exemple de la Création et de la Rédemption.

         Je m’inquiétais au sujet de la publication de la Divine Volonté et j’aurais voulu à tout prix empêcher que certaines choses me concernant, et beaucoup d’autres choses que mon bien-aimé Jésus m’avait dites, soient publiées. C’était comme un fer dans mon âme qui pénétrait jusqu’à la moelle de mes os. Et je me disais : « Mon bienheureux Jésus aurait pu commencer par parler de son adorable Volonté, et ensuite de tout le reste. Il m’aurait ainsi épargné cette souffrance qui me transperce. » Mais j’épanchais ainsi mon amertume lorsque mon toujours aimable Jésus, toute bonté, me serra dans ses bras et me dit :

            Ma fille, courage, ne perds pas la paix ; la paix est mon parfum, mon air, l’effet que produit mon souffle. Ainsi dans l’âme où il n’y a pas de paix, je ne me sens pas dans mon palais royal – je ne suis pas à l’aise. Ma Divine Volonté, qui est paix par nature, se sent comme le soleil lorsque les nuages s’approchent et empêchent la lumière de briller sur toute la terre. On peut dire que lorsque l’âme n’est pas en paix, quelles que soient les circonstances, c’est pour elle un jour de pluie et le Soleil de ma Volonté n’est plus en mesure de lui communiquer sa vie, sa chaleur, sa lumière. Par conséquent, calme-toi, et ne forme pas des nuages dans ton âme – ils me nuisent et je ne peux pas dire : « Je suis dans cette créature avec ma paix éternelle, mes joies, et avec la lumière de ma céleste Patrie. »

            Or, fille de mon divin Vouloir, tu dois savoir que je suis l’ordre, et que par conséquent toutes mes œuvres sont ordonnées. Vois comme la Création est ordonnée. La raison de la Création était l’homme ; pourtant je n’ai pas créé l’homme en premier ; je n’aurais pas été ordonné si je l’avais fait. Où mettre cet homme ? Où le placer ? Sans le soleil qui devait l’illuminer, sans le pavillon des cieux qui devait lui servir de chambre, sans les plantes qui le nourriraient, tout était désordre, et mon Fiat a réordonné et créé toutes choses ; et après avoir formé la plus merveilleuse demeure, il créa l’homme. L’ordre de ton Jésus n’apparaît-il pas en cela ? Je devais donc pour toi aussi maintenir cet ordre, et bien que notre premier dessein était de te faire connaître notre Divine Volonté afin qu’elle puisse régner en toi comme un Roi dans son palais royal, et qu’en te donnant ses divines leçons tu puisses être le héraut qui la ferait connaître aux autres, il était cependant nécessaire, comme dans la Création, de préparer le ciel de ton âme, de le consteller des étoiles de toutes les splendides vertus que je t’ai manifestées. Je devais descendre jusqu’au niveau inférieur de ta volonté humaine afin de la vider, de la purifier, de l’embellir et de tout réordonner en elle. On pourrait dire que ce furent toutes des créations nouvelles que j’accomplissais en toi. Je devais faire disparaître l’ancienne terre désordonnée de ta volonté humaine pour rappeler dans les profondeurs de ton intérieur l’ordre du divin Fiat qui, faisant disparaître l’ancienne terre de ton être tout entier, ferait surgir à nouveau des cieux, des soleils, des mers de vérités surprenantes par sa force créatrice. Et tu sais comment tout cela est arrivé à terme par la croix, en te séparant de tout, te faisant vivre sur la terre comme si ce n’était pas pour toi la terre, mais le ciel, en te gardant toujours absorbée, soit en moi ou dans le Soleil de mon divin Fiat.

            Par conséquent, tout ce que j’ai fait en toi n’était rien d’autre que l’ordre nécessaire pour te faire le grand don de ma Divine Volonté telle qu’elle fut donnée au premier homme au commencement de sa création. Et c’est pourquoi il y eut de si nombreuses préparations – car elles devaient servir l’homme qui allait recevoir le grand don de notre Volonté en héritage bien-aimé, symbole des grandes préparations faites en ton âme. Par conséquent, adore mes dispositions et remercie-moi en m’étant fidèle.

            Un autre exemple est celui de ma Rédemption, et comment il est nécessaire d’accomplir des œuvres secondaires pour obtenir l’intention de former les œuvres premières d’un objectif que nous avons fixé. Ma descente sur terre pour prendre chair humaine était précisément cela – relever l’humanité et donner à ma Divine Volonté les droits de régner dans cette humanité, parce qu’en régnant dans mon Humanité, les droits des deux côtés, l’humain et le divin, étaient de nouveau en exercice. On peut dire cependant que je n’en ai rien dit, sinon quelques mots, faisant comprendre que j’étais venu dans le monde uniquement pour faire la Volonté du Père céleste afin de montrer sa grande importance. Et dans une autre circonstance, j’ai dit : « Ceux qui font la Volonté de mon Père sont ma mère, mes sœurs, et m’appartiennent. » Quant au reste, j’ai gardé le silence, alors que l’objectif était précisément celui-là, constituer le Royaume de ma Divine Volonté parmi les créatures. En fait, il était juste que je mette non seulement les créatures en sûreté, mais que je place aussi ma Divine Volonté en sûreté en lui redonnant ses droits sur toute chair, comme je les lui avais donnés sur la mienne ; sinon, il y aurait eu un désordre dans l’œuvre de Rédemption. Comment pouvais-je mettre en sûreté les créatures, et laisser nos droits divins, ceux de notre Fiat, s’en aller à vau-l’eau et tomber en ruine. Ce n’était pas possible. Mais même si le dessein premier était de régler tous les comptes de ma Divine Volonté, en tant que céleste médecin, j’ai accepté de faire des guérisons, j’ai parlé du pardon, du détachement, j’ai institué des Sacrements, j’ai enduré d’atroces souffrances, jusqu’à la mort. On peut dire que c’était la nouvelle Création que je préparais afin que les créatures puissent recevoir ma Divine Volonté en Reine au milieu de son peuple, et la laisser régner. C’est ce que j’ai fait avec toi ; premièrement, je t’ai préparée, je t’ai parlé des croix, des vertus, de l’amour, pour te disposer à écouter les leçons de mon Fiat afin que, le connaissant, tu puisses l’aimer, et sentant en toi le grand bien de sa vie, tu veuilles alors donner sa vie à tous, le faire connaître et aimer, et le laisser régner.

 

Note du traducteur : Saint Ambroise, dans son Hexaemeron, fournit une raison didactique : « Le sage architecte commence par poser le fondement, dispose ensuite les différentes parties du bâtiment et ajoute alors la décoration… L’Écriture indique que les choses ont été créées d’abord, et ensuite mises en ordre de crainte qu’on ne suppose qu’elles n’aient pas réellement été créées et n’avaient pas de commencement, comme si la nature des choses avait été, pour ainsi dire, générée depuis le commencement et ne semblait pas être quelque chose d’ajouté ensuite. »   (Les Doctrines de Genèse 1-11, page 41)

16.  26 novembre 1929 — Chaque acte accompli dans la Divine Volonté est une vie de Divine Volonté que l’on acquiert. Comment les créatures ravissent Dieu.

          Les privations continuelles de mon doux Jésus me peinaient beaucoup ; sans lui, tout me manquait. Avec Jésus, tout est à moi, tout m’appartient, il me semble que je suis dans la maison de Jésus, et lui, doucement, avec une gentillesse admirable, me dit :

            Tout ce qui est à moi est à toi. Mieux encore, je ne veux pas que tu me dises : « Ton ciel, ton soleil, toutes tes choses créées ; tu dois plutôt me dire : notre ciel, notre soleil, notre Création. » En fait, dans ma Divine Volonté, tu créais avec moi, et poursuivant ta vie en elle, tu t’offrais avec moi en la préservant. Par conséquent, ma fille, tout est à toi – tout est à nous, et si tu ne considères pas que ce qui est à moi t’appartient pleinement, tu te tiens à distance et montres que tu n’es pas une avec la famille céleste, que tu ne vis pas dans la maison de ton divin Père, et tu briserais le lien familial avec ton Jésus.

            Ainsi, sans lui, je me sens rejetée de sa famille, hors de sa maison, et – oh ! quel terrible et douloureux changement je ressens dans ma pauvre âme. Je me sens privée de celui qui, seul, peut me donner la vie. J’éprouve le véritable abandon et ce que signifie être sans Jésus. Oh ! comme cet exil me pèse, et je ressens très vivement ce besoin extrême de ma céleste Patrie.

            Mais alors que de nombreuses pensées oppressantes inondaient mon esprit, blessant ma pauvre petite âme et la menant pour ainsi dire à la dernière agonie, ma chère vie, mon doux Jésus, s’éleva comme un Soleil ; les pensées oppressantes s’enfuirent et, d’un ton très doux, il me dit :

            Ma fille, courage, ne désespère pas trop ; ne sais-tu pas que tu dois parcourir ta route dans ma Divine Volonté ? Et cette route est longue, et ces oppressions, ces pensées qui t’inondent, sont des arrêts que tu fais ; et bien que tu ne quittes pas la route, le voyage que tu devrais faire est quelque peu arrêté, et ton Jésus ne veut pas de cette marche arrière – il veut que tu marches toujours, sans jamais t’arrêter. En fait, tu dois savoir que chaque pas que tu fais dans ma Divine Volonté est une vie que tu prends ; aussi, un pas de moins, c’est une vie qui n’est pas formée ; et tu prives notre Être suprême de la gloire, de l’amour, du bonheur et de la satisfaction qu’une autre vie comme la nôtre peut nous donner ; et si tu savais ce que signifie nous donner la gloire, l’amour, le bonheur de notre vie même ! Avec la force de notre propre Volonté, lorsque l’heureuse créature possède le grand bien de vivre en elle, nous nous sentons ravis, et sa puissance de ravissement est si grande que nous déplaçons notre Être divin pour l’enfermer dans le pas, dans l’acte, dans le petit amour de la créature, pour avoir la très haute satisfaction de recevoir, par elle, notre Vie, notre Gloire et tous nos biens. Par conséquent, lorsque tu marches toujours dans notre Volonté, nous ressentons le doux enchantement du ravissement que tu nous donnes ; tandis que si tu ne marches pas, nous ne sentons pas ce doux enchantement de ton ravissement, le doux son de tes pas, et nous disons : « La petite fille de notre Divine Volonté ne marche pas et nous ne ressentons pas en nous le doux enchantement de ses actes. » Et je te réprimande rapidement en te disant : « Fille, marche – ne t’arrête pas ; notre Fiat est un mouvement continuel, et toi, tu dois le suivre. »

            Tu dois donc savoir que c’est la grande différence entre celle qui vit dans notre Divine Volonté et celle qui, résignée et suivant les circonstances, fait notre Divine Volonté : pour la première, ce sont des vies divines qu’elle nous offre par ses actes ; l’autre, en agissant, acquiert les effets de notre Volonté, et nous ne sentons pas en nous-mêmes notre force ravissante qui nous enchante dans ses actes, mais uniquement les effets ; non pas la totalité de notre amour, mais une particule ; non pas la source de notre bonheur, mais seulement une ombre. Et entre la vie et les effets, il existe une grande différence – tout comme entre la vie et les œuvres. Qui peut dire qu’une œuvre a toute la valeur que peut posséder la vie d’une créature ? Bien moins encore est-il possible de comparer la vie divine formée par la créature dans ma Divine Volonté avec les œuvres accomplies en dehors d’elle.

17.  30 novembre 1929 — Condition de l’homme avant le péché. Comment en chacun de ses actes, il cherchait Dieu, il trouvait son Créateur, il donnait et il recevait. Comment la volonté humaine est une nuit pour l’âme.

          Je commençais à ma façon habituelle ma ronde dans la Divine Volonté, et voulant réordonner en Dieu toutes les intelligences créées, du premier au dernier homme qui viendra sur terre, je disais : « Je place mon ‘Je t’aime’ sur chaque pensée de la créature afin qu’en chaque pensée je puisse demander le règne du divin Fiat sur chaque intelligence. » Mais en pensant cela, je me disais : « Comment puis-je arriver à orner chaque pensée de la créature de mon ‘Je t’aime’ ? » Et mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, avec ma Volonté, tu peux faire et atteindre n’importe quoi. Tu dois savoir qu’avant le péché, dans chaque regard, pensée, pas, parole et battement de cœur, l’homme donnait son acte à Dieu, et Dieu donnait son acte continuel à l’homme. Sa condition était ainsi de toujours donner à son Créateur et de toujours recevoir de lui. Il y avait entre le Créateur et la créature une harmonie telle que, des deux côtés, on ne pouvait être sans donner et sans recevoir, ne serait-ce qu’une pensée, un regard. Par conséquent, chaque pensée de l’homme cherchait Dieu, et Dieu accourait pour remplir sa pensée de grâce et de sainteté, de lumière et de vie, de Divine Volonté. On peut dire que le plus petit acte de l’homme aimait et reconnaissait celui qui lui avait donné la vie, et Dieu l’aimait en retour en lui donnant son amour et en faisant grandir sa Divine Volonté en chaque acte de l’homme, petit ou grand. Il ne lui était pas possible de recevoir la Divine Volonté d’une seule fois – car il était trop petit, et Dieu la lui donnait par petites gorgées, dans chaque acte qu’il accomplissait pour l’amour de lui, ayant ses délices à lui donner toujours afin de former en l’homme sa Divine Volonté. Par conséquent, chaque pensée et chaque acte se déversait en Dieu, et Dieu se déversait en lui. Tel était l’ordre véritable de la Création : trouver son Créateur dans l’homme, en chacun de ses actes, afin que son Créateur puisse lui donner sa lumière et ce qu’il avait établi pour lui donner. Notre Divine Volonté, présente en nous et en lui, se faisait porteuse du tout, et formant en l’homme le plein jour, elle mettait en commun les biens des deux. Combien était heureuse la condition de l’homme lorsque la Divine Volonté régnait en lui. On peut dire qu’il grandissait sur nos genoux paternels, attaché à notre sein, d’où il tirait croissance et formation.

            C’est pourquoi je veux que, dans mon divin Vouloir, chaque pensée de la créature ait ton « Je t’aime » - pour ramener l’ordre entre le Créateur et la créature. En fait, tu dois savoir qu’en péchant, l’homme n’a pas seulement rejeté notre Fiat, mais brisé l’amour avec celui qui l’avait tant aimé ; il s’est placé à distance de son Créateur, et un amour distant ne peut pas former la vie parce que l’amour vrai ressent le besoin d’être nourri par l’amour du Bien-aimé et de rester si près, qu’il soit impossible d’en être séparé. Ainsi, la vie de l’amour créé par nous en créant l’homme est restée sans nourriture et presque mourante ; plus encore, puisque les actes accomplis sans notre Divine Volonté étaient autant de nuits qu’il formait dans son âme : s’il pensait, c’est une nuit qu’il formait ; s’il regardait, parlait, etc., tout n’était que ténèbres qui formaient une nuit profonde. Sans mon Fiat, il ne peut y avoir ni jour ni soleil ; tout au plus, une très petite flamme qui peut à peine guider ses pas.

            Oh ! s’ils savaient ce que signifie vivre sans ma Divine Volonté, même s’ils n’étaient pas mauvais et faisaient quelque bien. La volonté humaine est toujours une nuit pour l’âme, qui l’oppresse, la remplit d’amertume et lui fait sentir de poids de la vie. Par conséquent, sois attentive et ne laisse rien échapper qui n’entre dans mon divin Fiat, ce qui te fera voir la pleine lumière du jour et ramènera l’ordre de la Création. Cela rétablira l’harmonie qui mettra en œuvre le don continuel de tes actes et la réception continuelle de ton Créateur ; et, embrassant la famille humaine tout entière, tu pourras demander que revienne l’ordre dans lequel elles ont été créées afin que cesse la nuit de la volonté humaine et que puisse se lever le plein jour de ma Divine Volonté.

18.  3 décembre 1929 — Différence entre la sainteté fondée dans les vertus et celle fondée dans la Divine Volonté.

          Mon petit esprit errait dans le Fiat suprême et je pensais : « Quelle peut être la différence entre celle qui a fondé sa sainteté dans les vertus, et celle qui l’a fondée uniquement dans la Divine Volonté ? » Et mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit en soupirant :

            Ma fille, si tu savais combien la différence est grande… Écoute – et tu le sais toi-même : la terre fleurie est magnifique, la variété des plantes, des fleurs, des fruits, des arbres, la diversité des couleurs, des saveurs – tout est merveilleux. Mais pourrais-tu trouver une seule plante, une seule fleur, pas même la plus précieuse, qui ne soit pas entourée de terre, puisque la terre garde ses racines sur son giron, attachées à son sein pour les nourrir ? On peut dire qu’il est impossible pour l’homme d’avoir une plante qu’il ne confie pas à sa mère la terre. Telle est la sainteté fondée dans les vertus – la terre humaine doit y mettre quelque chose du sien. Combien de satisfactions humaines dans les œuvres les plus saintes, dans les vertus qu’ils pratiquent. La terre de l’estime, de la gloire humaine s’y trouve toujours et forme son petit réceptacle, de sorte que les vertus semblent autant de magnifiques fleurs odorantes aux vives couleurs qui éveillent l’admiration, mais autour d’elles, et en dessous d’elles, se trouve toujours un petit quelque chose de terre humaine. Ainsi la sainteté fondée sur les vertus peut être appelée une floraison terrestre et, selon les vertus qu’ils pratiquent, certains forment la fleur, ceux-là la plante, d’autres l’arbre ; et il faut de l’eau pour les arroser, du soleil pour les féconder et leur communiquer les différents effets nécessaires pour chacune d’elles – c'est-à-dire ma Grâce. Sans cela, elles risqueraient de mourir dès leur naissance.

            Par contre, la sainteté fondée sur ma Divine Volonté est un Soleil – elle est élevée, la terre n’a rien à voir avec elle et l’eau n’a pas besoin de nourrir sa lumière. Elle tire sa nourriture directement de Dieu et dans son continuel mouvement de lumière, elle produit et nourrit toutes les vertus d’une manière divine. Les satisfactions humaines, même saintes, la vaine gloire, l’amour-propre, ont disparu et n’ont même plus de raison d’exister, car elles ressentent de façon claire la Divine Volonté qui fait tout en elles, et elles en ont de la gratitude à cause de ce divin Soleil qui s’abaisse, demeure en elles et les nourrissant de sa lumière, leur fait subir sa transformation pour ne former qu’une seule lumière avec ce divin Fiat.

            De plus, sa lumière a la vertu d’éclipser doucement la volonté humaine, car il n’est pas permis même à un seul atome de la terre d’entrer dans mon divin Vouloir ; ce sont deux natures opposées – lumière et terre, ténèbres et lumière. On peut dire qu’elles se fuient mutuellement, et la lumière ne peut tolérer ne serait-ce qu’un atome de la terre ; par conséquent elle éclipse la terre et se place en sentinelle pour en défendre l’entrée afin que tout dans la créature puisse devenir Divine Volonté. Et comme le soleil donne toute chose à la terre, mais sans rien recevoir, et qu’il est la cause première de ses magnifiques floraisons, de la même manière, celles qui trouvent leur vie et leur sainteté dans ma Volonté sont avec elles les nourricières de la sainteté fondée dans les vertus.

            Après quoi je faisais ma ronde dans le divin Fiat pour trouver tous les actes des créatures, passés, présents et futurs, pour demander, au nom de toutes, le règne de la Divine Volonté. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, tout le bien qui a été fait depuis le commencement du monde en dehors de ma Divine Volonté ne représente que de petites lumières, effets de mon divin Fiat. En fait, bien que les créatures n’aient pas agi dans mon Fiat, lorsqu’elles se disposaient à faire le bien, il fixait sur elles ses rayons et, à ses réflexions, de petites flammes se formaient dans leur âme parce que ma Volonté étant une éternelle et immense lumière, elle ne peut produire que lumière. Ces petites flammes, effets de mon Fiat, demeurent autour du Soleil de ma Divine Volonté en honneur et à la gloire de ses effets, et comme fruits de la bonne action des créatures. En fait, lorsque les créatures veulent faire le bien, les rayons de mon Fiat se fixent sur elles et leur donnent les effets du bien qu’elles veulent faire. On peut dire que mon Fiat est plus qu’un soleil qui, lorsqu’il trouve la semence dans la terre, la réchauffe de sa lumière, la caresse et lui communique les effets pour former la plante de cette semence. Il n’existe pas de bien sans ma Volonté ; et tout comme il ne peut y avoir de couleur, de saveur, de mûrissement sans les effets de la lumière du soleil, il ne peut y avoir de bien sans mon Fiat. Mais qui peut former le Soleil par ses actes ? Celle qui vit dans ma Divine Volonté. Non seulement ma Volonté fixe ses rayons sur elle, mais elle descend en elle avec son Soleil tout entier, sa vertu créatrice et vivifiante, et elle forme un autre Soleil dans l’acte de la créature. Vois-tu, alors, la grande différence qui existe? Tout comme entre les plantes et le soleil, et entre le soleil et de petites flammes.

19.  10 décembre 1929 — Équilibre parfait de Dieu dans ses œuvres. Triple équilibre.

         Je me sentais tout abandonnée dans la Divine Volonté, et continuant à faire mes actes en elle, j’entendis une voix me murmurer à l’oreille : « Comme je suis fatigué. » J’étais émue par cette voix et je voulais savoir qui pouvait être aussi fatigué ; et mon doux Jésus, se faisant entendre en moi, me dit :

            Ma fille, c’est moi – moi qui ressens le poids d’une si longue attente ; et cela produit en moi une telle fatigue que je ressens le poids de vouloir faire le bien sans en être capable à cause du manque de disposition de ceux qui doivent le recevoir. Oh ! comme il est dur de vouloir faire le bien, de l’avoir préparé et d’être prêt à le donner, mais de ne trouver personne qui voudrait le recevoir.

            Mais tu dois savoir que lorsque mon Fiat se place dans l’acte d’agir, il a la même Puissance, Sagesse, Immensité et multiplicité d’effets que produit un seul de ses actes. S’il décide de sortir dans son divin champ d’action, son acte possède l’équilibre entre l’un et l’autre, et contient même valeur, poids et mesure. Ma Divine Volonté est sortie dans son champ d’action dans la Création, a fait montre d’une grande magnificence d’œuvres, à tel point que l’homme lui-même est incapable de les dénombrer et de comprendre la juste valeur de chaque œuvre. Et bien qu’il les voie, les touche et en reçoive les effets bénéfiques, on peut cependant appeler l’homme le premier petit ignorant de la Création. Qui peut dire combien de lumière et de chaleur contient le soleil ; combien d’effets il produit, et de quoi est formée la lumière ? Personne. Pourtant, tous la voient et sentent sa chaleur ; et il en est ainsi pour tout le reste. Or ma Rédemption va de pair avec la Création et possède autant d’actes qu’elle ; elles sont en parfait équilibre l’une avec l’autre parce que la Création était un acte de ma Divine Volonté, tout comme ma Rédemption. Or, devant faire un autre de ses actes dans le grand Fiat Voluntas Tua sur la terre comme au ciel, beaucoup d’autres actes sont prêts dans mon divin Fiat, de telle sorte qu’ils auront le triple équilibre des actes, la même valeur, le même poids et la même mesure. Et en me voyant obligé d’attendre, et ressentant en moi-même la multiplicité de ces actes que je veux accomplir, et sans les accomplir parce que le Royaume de mon Fiat n’est pas connu et ne règne pas sur la terre, j’éprouve une telle lassitude que j’en deviens impatient et je dis : « Comment est-il possible qu’ils ne veuillent pas recevoir mes bienfaits ? » Et je demeure consterné parce que mes actes, la puissance de mon divin Vouloir, sa lumière, son bonheur et sa beauté ne fraternisent pas avec les créatures et ne sont pas en elles. Par conséquent, aie pour moi de la compassion si tu me vois taciturne ; c’est le trop-plein de lassitude causée par cette longue attente qui me réduit au silence.

20.  16 décembre 1929 — Comment Jésus n’avait besoin de rien, possédant en lui-même la force créatrice de tous les biens. Comment le divin Vouloir est porteur de toutes les choses créées. La vertu génératrice.

          Je continuais ma ronde dans le divin Fiat pour m’unir à tous les actes qu’il avait accomplis pour l’amour de nous toutes, ses créatures. Mais arrivée au point où mon aimable Jésus descendit dans l’humilité des actes humains, tels que téter le lait de sa Maman, prendre de la nourriture, boire de l’eau, s’abaisser même à travailler, j’étais stupéfaite de voir que Jésus, par sa nature, n’avait besoin de rien, car possédant en lui la force créatrice de tout bien, il pouvait se passer des choses mêmes qu’il avait créées. Mais je pensais à cela lorsque mon doux Jésus, se faisant voir et entendre en moi, me dit :

            Ma fille, il est vrai que je n’avais besoin de rien, mais mon amour, descendu des hauteurs du Ciel jusqu’à l’humilité de la terre, ne pouvait pas demeurer tranquille ou immobile – je sentais le besoin irrésistible de laisser sortir mon amour et d’aimer les actes mêmes que faisait la créature par nécessité ; mais je les faisais pour laisser courir vers elle mon amour et pouvoir lui dire : « Vois combien je t’ai aimée ; je voulais descendre dans tes actes les plus petits, dans tes nécessités, dans ton travail – en toute chose, pour te dire que je j’aime, te donner mon amour et recevoir ton amour. »

            Mais veux-tu connaître la raison principale pour laquelle je me suis abaissé au point d’accomplir autant d’actes humbles et humains ? Il n’y avait pas en moi de nécessité, mais je l’ai fait afin d’accomplir, en chaque acte, la Divine Volonté. Toutes les choses se présentaient devant moi pour ce qu’elles étaient en elles-mêmes là d’où elles venaient, scellées par le divin Fiat, et je les prenais parce qu’il le voulait. On peut dire qu’il y avait une compétition entre ma Divine Volonté que, par nature, comme Verbe du Père céleste, je possédais en moi, et cette même Divine Volonté répandue dans la Création tout entière. Ainsi, en toutes choses, je ne savais et ne voyais rien d’autre que ma Divine Volonté ; la nourriture, l’eau, le travail, tout disparaissait, et c’était toujours pour moi ma Divine Volonté qui était présente. Et lorsque ma Divine Volonté me faisait descendre dans les actes humains des créatures, j’appelais tous les actes humains de chacune d’elles afin qu’elles puissent recevoir le grand don de voir ma Divine Volonté descendre comme acte premier et vie de leurs actes. Oh ! si les créatures voyaient les choses créées pour ce qu’elles sont en elles-mêmes – leur origine, qui est celui qui les nourrit et les préserve, et qui est le Porteur de tant de choses qui servent la vie humaine – oh ! combien elles aimeraient ma Divine Volonté et prendraient la substance des choses créées. Mais les créatures regardent l’extériorité des choses et elles y attachent par conséquent leur cœur, se nourrissent de leur écorce, perdant ainsi la substance présente en chaque chose créée, laquelle est sortie de nous afin de permettre aux créatures d’accomplir de nombreux actes de notre Divine Volonté. 

            Mais à mon grand chagrin, je suis obligé de voir que les créatures ne prennent pas la nourriture et l’eau, ne font pas leur travail pour recevoir et accomplir mon divin Vouloir, mais par nécessité et pour satisfaire la volonté humaine. Et mon divin Fiat est sorti de leurs actes, alors que nous avons créé tant de choses pour placer notre Divine Volonté comme dans une banque parmi les créatures ; et en ne l’utilisant pas, elles la maintiennent comme en un acte continuel de faillite. Tout le bien qu’elles devraient prendre si en toutes choses elles accomplissaient et prenaient ma Divine Volonté reste perdu pour elles, et nous restons avec la tristesse de ne pas voir notre Divine Volonté régner en Reine dans tous les actes humains des créatures.

            Après quoi je continuais mon abandon dans le divin Fiat. Je ressentais grandement le besoin de rester dans sa mer de lumière sans jamais en sortir. Je le ressentais comme un battement de cœur, une respiration, un air qui m’insufflait la vie et me maintenait dans l’ordre, l’harmonie, la dissolution de mon petit atome dans sa mer divine. Mais alors que mon petit esprit était envahi par des pensées de la Divine Volonté, mon doux Jésus ajouta :

            Ma  fille, il n’y a d’ordre, de repos et de vie véritable que dans ma Divine Volonté. En fait, la vie de chaque créature, son premier acte de vie, est formé dans le sein de son Créateur ; puis, comme une naissance, nous la sortons à la lumière du jour. Et comme nous avons en nous la vertu génératrice, comme elle est notre enfant, elle porte en elle la semence qui génère, et avec cette semence la créature forme beaucoup d’autres naissances ; et en continuant à manifester sa vie, elle forme la naissance de ses saintes pensées, de ses chastes paroles, et le merveilleux enchantement de ses œuvres, le doux bruit de ses pas, des rayons éclatants de ses battements de cœur. Et comme ces naissances sont formées des créatures, elles vont leur chemin pour monter vers leur Créateur, pour le reconnaître comme leur Père, pour l’aimer, l’entourer du cortège de sa longue descendance, comme notre Gloire et celle de notre vertu génératrice. Mais pour que notre vertu génératrice soit féconde, il faut que notre Divine Volonté domine dans la naissance qui sort de nous, autrement il y a le danger d’être transformée en brute et de perdre la vertu génératrice du bien ; et si elle génère, c’est pour générer des passions, des faiblesses et du vice ; et non seulement il leur manque la vertu de pouvoir monter vers nous, mais, au contraire, ces naissances sont condamnées comme ne nous appartenant pas.