📌  Traduction non officielle des écrits de Luisa Piccarreta. Pour un usage personnel seulement.

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Le Royaume du Divin Fiat 
chez les créatures


Le Livre du Ciel

Tome 26


Appel des créatures à revenir
à la place, au rang et au but
pour lesquels elles ont été créées par Dieu


Luisa Piccarreta

La Petite Fille de la Divine Volonté


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Traduction française du Manuscrit Italien

Jean Claude Lemyze (Ass Can-Fr LP)

1.  7 avril 1929 — Baisers au soleil. Sortie dans le jardin. Rivalité entre le vent et le soleil. Fête de toute la Création. Note d’accord et de désaccord. La nouvelle Ève.

           Mon pauvre esprit revient toujours au centre du divin Vouloir. J’ai l’impression d’être incapable de ne pas traverser sa mer infinie et d’y plonger toujours plus profondément pour ne voir, entendre et toucher qu’elle seule. Oh ! adorable Volonté, soulève tes vagues gigantesques jusque dans les célestes régions et transporte la petite exilée, ta nouveau-née, de ta Volonté sur terre jusqu’à ta Volonté dans le ciel. Oh ! je t’en prie, aie pitié de ma petitesse et accomplis sur moi ton dernier acte sur la terre afin de reprendre ton acte continuel dans le ciel…

            Aussi je n’écris que par obéissance et avec la plus grande répugnance. Après plus de quarante années sans sortir de ma chambre, ils ont voulu m’amener au jardin dans un fauteuil roulant. En sortant, je me suis trouvée avec le soleil qui voulait me revêtir de ses rayons comme s’il voulait être le premier à me saluer et à me donner un baiser de lumière. J’ai voulu lui rendre la pareille en lui envoyant mon baiser et j’ai prié les petites filles et les sœurs qui m’accompagnaient d’envoyer leur baiser au soleil en embrassant en lui la Divine Volonté qui, telle une Reine, était voilée de lumière. Elles l’ont toutes embrassé. Qui pourra dire mon émotion en me trouvant, après tant d’années, face à ce soleil dont mon aimable Jésus s’était servi pour me donner tant de comparaisons et d’images de son adorable Volonté ? Je me sentais revêtue non seulement de sa lumière, mais de sa chaleur, et le vent, voulant rivaliser avec le soleil, m’embrassait dans sa brise légère afin de rafraîchir les chauds baisers que me donnait le soleil. J’avais l’impression qu’ils n’allaient jamais arrêter de m’embrasser – le soleil d’un côté, et le vent de l’autre. Oh ! comme je pouvais distinctement sentir la vie, le souffle, l’air et l’amour du divin Fiat dans le soleil et dans le vent. Je pouvais sentir de ma main comment les choses créées sont des voiles qui cachent la Volonté qui les a créées.

            J’étais alors sous l’empire du soleil, du vent et de l’immensité des cieux azurés lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi de façon sensible, comme s’il ne voulait pas être en reste sur le soleil, le vent et les cieux ; et il me dit :

            Fille bien-aimée de ma Volonté, tout le monde se réjouit aujourd’hui de ta sortie. Toute la cour céleste a ressenti la gaieté du soleil, la joie du vent, le sourire du ciel et tous ont accouru pour voir ce qui arrivait ; et en te voyant revêtue de la lumière du soleil qui t’embrassait, du vent qui te caressait et des cieux qui te souriaient, ils ont tous compris que la puissance de mon divin Fiat demandait aux éléments de célébrer sa petite nouveau-née. Par conséquent, toute la cour céleste, unie à toute la Création, n’est pas seulement en fête, mais célèbre les joies et les bonheurs nouveaux que donne ma Divine Volonté à cause de ta sortie. Et moi, spectateur de tout cela, non seulement je fais la fête en toi, mais je me réjouis d’avoir créé les cieux, le soleil et toute la Création ; au contraire, j’en suis plus heureux parce qu’elle fait la joie de ma petite fille. Les joies, les satisfactions, la gloire du moment où tout fut créé sont renouvelées pour moi – alors qu’Adam innocent n’avait pas encore fait résonner la note de tristesse de sa volonté rebelle dans toute la Création, cette note qui brisa la gaieté, le bonheur, le doux sourire que ma Divine Volonté avait dans le soleil, dans le vent et dans le ciel étoilé pour être donné aux créatures. En fait, ma fille, en ne faisant pas ma Volonté, sa note a fait entendre sa note discordante dans notre Œuvre de Création et il perdit ainsi l’accord avec toutes les choses créées, et nous ressentons la tristesse et le déshonneur d’avoir une corde désaccordée dans notre Œuvre qui ne produit pas un son harmonieux ; et ce son désaccordé éloigne de la terre les baisers, les joies, les sourires que ma Divine Volonté contient dans la Création. Par conséquent, celle qui fait ma Volonté et vit en elle est la note accordée avec tout ; le son qu’elle donne contient une note non de souffrance, mais de joie et de bonheur et il est si harmonieux que tous perçoivent, même les éléments, que c’est la note de ma Volonté dans la créature ; et mettant tout de côté, ils veulent profiter de celle qui possède cette Volonté qui les anime et les préserve tous.

            Jésus garda le silence, et je lui dis : « Mon amour, tu m’as souvent dit que celle qui vit dans ta Divine Volonté est sœur de toutes les choses créées. Je veux voir si ma sœur lumière me reconnaît. Et sais-tu comment ? Si, en la regardant, elle ne m’aveugle pas. » Et Jésus : Certainement, elle te reconnaîtra. Essaye et tu verras. J’ai regardé droit dans la sphère du soleil, et la lumière semblait caresser ma pupille, mais sans l’aveugler, de sorte que je pouvais regarder en son centre, dans sa grande mer de lumière. Comme il était clair et beau. Comme il est vrai qu’il symbolise l’infini, la mer de lumière sans fin du divin Fiat. Et je dis : « Merci, ô Jésus, de me laisser reconnaître par ma sœur lumière. » Et Jésus reprit la parole :

            Ma fille, même dans son souffle celle qui vit dans ma Divine Volonté est reconnue par toute la Création, parce que chaque chose créée sent dans cette créature la puissance du Fiat, et la suprématie que Dieu lui a donnée sur toute la Création. Regarde et écoute, ma fille : au commencement, lorsque furent créés Adam et Ève, l’Éden leur fut donné comme demeure où ils étaient heureux et saints. Ce jardin est une image de cet Éden, bien qu’il ne soit pas aussi beau et fleuri. Or, sache que j’ai permis ta venue dans cette maison entourée d’un jardin pour que tu sois la nouvelle Ève ; non pas Ève la tentatrice qui mérita d’être chassée de l’Éden de joie, mais Ève la réformatrice et la restauratrice qui rappellera le Royaume de ma Divine Volonté sur la terre. Ah ! oui, tu seras la graine, le ciment sur le ver de bois qui est dans la volonté humaine ; tu seras le commencement d’une nouvelle ère de bonheur et c’est pourquoi je centralise en toi la joie, les biens, les enseignements que j’aurais donnés si l’homme ne s’était pas retiré de notre Divine Volonté. Par conséquent, sois attentive et que ton envol soit continu.

2.  12 avril 1929 — La Création, acte de profonde adoration de la Divine Trinité.

           J’étais tout abandonnée dans le divin Fiat ; sa lumière éclipsait ma petitesse et me transportait là-haut, au sein même de l’Être éternel, où l’on ne pouvait voir que lumière, sainteté et beauté et je me trouvais infusée dans une admiration si profonde que je sentais ma petite existence changée en un acte unique d’adoration pour ce Dieu qui m’aine et qui m’a tant aimée. Puis, alors que mon esprit errait dans cette lumière du divin Vouloir, mon aimable Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, la sainteté de notre Être divin, la puissance de notre Volonté dont nous sommes investis – de telle sorte que bien que nous soyons des Personnes distinctes, notre Volonté qui opère en nous et qui règne et domine, est toujours une – notre amour égal, réciproque et incessant, produisent en nous l’adoration la plus profonde entre les Personnes divines. Tout ce qui sort de nous n’est alors rien d’autre que des actes de profonde adoration de notre Être divin tout entier.

            Par conséquent, lorsque notre divin Fiat a voulu produire la Création tout entière dans le champ d’action avec sa puissance créatrice, opérante et vivifiante, comme notre Fiat était prononcé, nous avons continué à sortir de nous-mêmes des actes de profonde adoration. Les cieux ne sont ainsi qu’un acte d’adoration profonde de l’immensité de notre Être divin, et par conséquent chacun peut voir les cieux de jour comme de nuit. L’immensité de notre Être a sorti de notre sein l’immensité de notre adoration et étendu les cieux étoilés sur l’univers pour appeler tous ceux qui habiteraient la terre dans notre Volonté une, de façon à les unifier dans l’immensité de notre adoration, de telle sorte que, en vertu de notre Fiat, l’homme devait s’étendre dans l’immensité de son Créateur pour former son ciel d’adoration profonde pour celui qui l’avait créé. Le soleil est un acte d’adoration de notre lumière infinie, et l’ardeur de son adoration est si grande qu’il ne se contente pas de se laisser voir là-haut sous la voûte des cieux, mais que du centre de sa sphère il abaisse ses rayons au niveau de la terre. Modelant et touchant toute chose de ses mains de lumière, il revêt tout de son adoration de lumière, et il appelle les plantes, les fleurs, les arbres, les oiseaux et les créatures à former un acte unique d’adoration dans la Volonté de celui qui les a créés. La mer, l’air, le vent et toutes les choses créées ne sont que des actes d’adoration profonde de notre Être divin et qui, certains de loin et d’autres de près, appellent la créature dans l’unité de notre Fiat à répéter les actes profonds de notre adoration ; et en faisant sien ce qui est nôtre, elle peut nous donner le soleil, le vent, la mer, la terre en fleurs, comme autant de profondes adorations que notre Volonté une sait produire, et peut produire dans la créature. Qu’y a-t-il que notre Fiat ne puisse faire ? Il peut tout faire de sa force une, il unit toutes choses, il garde toutes choses en action, il unit le ciel et la terre, le Créateur et la créature en les faisant un.

            Après quoi il se retira dans la profondeur de sa lumière et garda le silence ; et je suis restée là, poursuivant ma ronde dans la Création, pour suivre cette profonde adoration de mon Créateur dans toutes les choses créées. Oh ! comme on pouvait sentir le parfum de l’adoration divine en chaque chose créée ! On pouvait toucher de sa main leur souffle adoré ; on pouvait sentir dans le vent l’adoration pénétrante et dominante de notre Créateur qui, investissant la terre entière, tantôt par sa lumière, tantôt par ses vagues puissantes, tantôt par ses souffles caressants, nous revêt et nous appelle si bien à l’adoration de son Créateur que possède le vent. Qui peut dire la force du vent ? En quelques minutes, il fait le tour du monde et tantôt avec puissance, tantôt en gémissant, tantôt d’une voix faible et tantôt en hurlant, il nous investit et nous appelle à nous unir à cette adoration divine qu’il donne au Créateur. Puis, poursuivant ma ronde, je pouvais voir la mer. Dans ses eaux cristallines, dans ce murmure continu, dans ses vagues gigantesques, Jésus disait que cette mer n’était rien d’autre qu’un acte d’adoration profonde de la pureté divine, adoration de leur amour qui murmure continuellement, et, dans les vagues, adoration de la force divine qui transporte tout comme un fétu de paille. Oh ! si le divin Fiat régnait sur les créatures, il laisserait chacun lire en chaque chose créée l’adoration distincte de notre Créateur que possède chaque chose ; et en nous unifiant avec toute la Création, une serait l’adoration, un l’amour, une la gloire de l’Être suprême. Oh ! Divine Volonté, viens régner et fais que la Volonté de tous soit une.

3.  16 avril 1929 — Pour celle qui vit dans le Fiat, il y a un échange de vie entre le Fiat et l’âme. Amour redoublé.

            Les privations de mon doux Jésus se font plus longues et je ne fais que me morfondre et gémir en attendant son retour. Et bien que je vive totalement abandonnée dans le divin Fiat, ses privations sont des plaies si vives et si profondes que, plus qu’une biche blessée, je pousse des cris de détresse tels que, si je pouvais, j’assourdirais le ciel et la terre, et je pousserais toute chose à crier à cause d’une douleur aussi atroce et d’une privation si grande qui me fait ressentir le poids d’une souffrance infinie et d’une plaie toujours ouverte, sauf pour les rares moments où il me parle de son divin Vouloir ; il me semble alors que la plaie se referme, mais pour se rouvrir avec une douleur plus cuisante encore. Et je suis ainsi forcée d’inscrire dans mes écrits la note douloureuse de ma petite âme qui, plus qu’une biche blessée, pousse ses cris de douleur afin de blesser ce Jésus qui me blesse – et qui sait, étant blessé, il pourrait revenir et accorder un répit à ma note douloureuse. 

            J’étais ainsi immergée dans la douleur de sa privation et tout abandonnée à sa Volonté lorsqu’il se manifesta en moi et me dit :

            Courage, ô fille, ne t’abandonne pas à ton chagrin, mais monte plus haut. Tu sais que tu as une tâche à accomplir, et cette tâche est si grande que même la douleur de ma privation ne doit pas t’arrêter. Au contraire, elle doit t’aider à monter plus haut, dans la lumière de ma Divine Volonté. Ta rencontre avec elle doit être continuelle parce que c’est un échange de vie que tu dois avoir : elle doit se donner continuellement à toi, et toi à elle. Et tu sais que le mouvement, les battements de cœur, la respiration doivent être continuels, sinon la vie ne peut exister, et tu ferais que ta vie manquerait dans mon Fiat ; il ressentirait la peine que sa petite fille, sa chère nouveau-née, serait cause que son mouvement, ses battements de cœur, sa respiration ne seraient plus en lui ; il ressentirait le déchirement de sa nouveau-née qu’il conserve toujours dans l’acte d’être née, sans la faire sortir de son sein, pas même pour lui permettre de faire un seul pas afin de ressentir sa vie comme la sienne propre. Et tu ressentirais l’absence de vie de son mouvement continuel, de ses battements de cœur, de sa respiration ; tu ressentirais le vide d’une vie divine dans ton âme. Non, non, ma fille, je ne veux aucun vide de ma Volonté en toi. Et tu dois savoir que toutes les manifestations que je te fais sur mon divin Fiat sont comme autant d’escaliers par lesquels ma Volonté descend dans ton âme pour en prendre possession et en faire son Royaume ; tandis que l’âme monte vers le ciel pour transporter ma Volonté du ciel à la terre. C’est par conséquent une grande tâche et il est malséant de perdre du temps, quelle qu’en soit la raison, si sainte qu’elle puisse être. Et tu peux voir comment je m’éclipse moi-même dans ma Divine Volonté afin de lui laisser toute la place ; et si je fais mes petites sorties en venant, ce n’est que pour servir, réordonner et te faire connaître ce qui appartient à ma Divine Volonté. Par conséquent, sois attentive et que ton envol en elle soit continuel.

            Après quoi je continuais à ressentir l’oppression des privations de Jésus, et je me disais : « Combien son amour pour moi a diminué ; comparé à l’amour qu’il avait avant, il me semble qu’il ne me reste plus que l’ombre de l’amour de Jésus. » Mais je pensais cela lorsqu’il se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, chaque acte accompli dans ma Divine Volonté redouble mon amour pour toi. Par conséquent, après tant d’années où tu as été en elle, on peut dire que mon amour a grandi tellement que je dois étendre ta capacité pour te permettre de recevoir mon amour grandissant qui s’élève en moi à chaque acte que tu accomplis dans ma Divine Volonté. Par conséquent, mon amour est plus intense, et il est cent fois plus grand qu’auparavant. Tu peux donc être certaine que mon amour ne te manquera jamais – jamais.

4.  21 avril 1929 — Comment la Divine Volonté est plénitude. Comment Adam, avant le péché, possédait la plénitude de sainteté. La Vierge et toutes les choses créées possèdent cette plénitude.

           Mon abandon dans le divin Fiat continue. J’ai l’impression de ne pas pouvoir être ailleurs dans mon cher héritage que m’a laissé mon doux Jésus en me disant :

            Fille, je te le confie pour que tu n’en sortes jamais et que ton écho continuel résonne d’un bout à l’autre de telle sorte que le ciel tout entier puisse entendre que l’héritage infini de notre Fiat sur la terre n’est pas isolé, mais qu’il est habité par notre petite fille. Elle s’y promènera toujours pour tenir compagnie à tous les actes de notre Volonté et dans tous ses appartements.

            Il m’est par conséquent très doux et très agréable de vivre dans mon héritage céleste ; sans lui, je sentirais que la vie est absente en moi. Mon toujours aimable Jésus m’accompagnait et, tout amour, il me dit :

            Ma fille, ma Divine Volonté est toute plénitude ; il n’est rien qu’elle ne possède : immensité de lumière, sainteté inatteignable, infinité sans limites, génération incessante ; elle voit tout, elle ressent tout et façonne tout. Tout cela est sa nature dans mon divin Fiat et ses actes possèdent par conséquent la plénitude de tous les biens. Ainsi, pour être capable de contenir même un seul de ses actes dans la profondeur de l’âme, il est nécessaire que l’âme se vide d’elle-même et retourne au vide de son néant, comme dans l’acte où elle a été créée, pour que mon divin Vouloir puisse trouver l’espace du rien afin de pouvoir y déposer un acte de sa plénitude, de telle sorte que possédant la vertu générative incessante, un acte en appelle un autre afin que rien ne manque – ni la plénitude de lumière, de sainteté, d’amour, de beauté, ni la multiplicité des actes divins. Par conséquent, la sainteté réalisée dans ma Divine Volonté possède toute la plénitude – tant et si bien que si Dieu voulait lui donner plus encore, il ne trouverait pas l’espace où mettre plus de lumière, plus de beauté. Nous dirions : « Tu es toute belle, si belle que nous ne pourrions ajouter à ta beauté. Tu es l’œuvre de notre Vouloir, et il te suffit d’être une œuvre digne de nous. » Et l’âme dira : « Je suis le triomphe de votre divin Fiat, et je suis par conséquent toute richesse et toute beauté. Je possède la plénitude d’un acte de votre Divine Volonté, qui me remplit complètement. Et si vous vouliez me donner plus  encore, je ne saurais où le mettre. »

            Telle était la plénitude de la sainteté d’Adam avant sa chute dans le labyrinthe de sa volonté humaine, car il possédait le premier acte de notre Fiat, générateur de sa création, et il possédait par conséquent la plénitude de lumière, de beauté, de force, de grâce. Toutes les qualités de notre Fiat se reflétaient en lui et l’embellissaient tellement que nous étions nous-mêmes charmés de le regarder en le voyant si bien formé, chère image de nous-mêmes que notre Être divin avait formée en lui. Et c’est pourquoi, bien qu’il soit tombé, il n’a pas perdu la vie ni l’espérance régénératrice de notre Fiat, car ayant possédé la plénitude de son acte au début de sa vie, il ne voulait pas perdre celui qui l’avait possédé. La Divinité se sentait tellement liée à Adam qu’elle ne voulait pas le bannir à jamais. Il en coûte trop de perdre ce qui fut un jour possédé par notre Fiat ; notre puissance se sentirait faible ; notre amour, le feu qu’il possède, s’affaiblirait pour ne pas avoir à le faire. Ce serait véritablement une gêne divine de perdre celui qui a possédé même un seul acte de la plénitude de notre Volonté.

            La grandeur de la Reine souveraine possédait cette plénitude de sainteté et il n’y avait par conséquent pas de vide en elle ; elle était pleine de sainteté au point de posséder des mers de lumière, de grâces, de beauté, de puissance. Sa plénitude est si grande que nous n’avons aucun endroit où mettre, et elle n’a aucun endroit où recevoir, car elle est la seule créature céleste qui a vécu sous l’empire de l’acte de notre divin Fiat, et qui peut dire : « Je suis un acte de Divine Volonté et en cela se trouve tout le secret de ma beauté, puissance, grandeur, et même de ma Maternité. » Qu’y a-t-il d’impossible à un acte de notre Fiat ? Il peut tout faire. Sa prérogative est la plénitude de toute chose. Un de ses actes est le soleil, et il possède la plénitude de la lumière ; et si l’on pouvait demander au soleil : « Voudrais-tu avoir plus de lumière ? » il répondrait : « J’en ai tellement que je peux en donner à tous, et en la donnant je ne la perds pas, car je possède la source de lumière du divin Fiat. » Le ciel est un acte de notre Fiat, c’est pourquoi il s’étend partout ; sa plénitude est telle qu’il ne trouve aucun lieu où étendre davantage son manteau azuré. Le vent est un acte de notre divin Fiat, et il possède par conséquent la plénitude de l’empire et de la force. Qui peut résister à la force du vent ? Personne. Il se rit de tout et sa force déracine des cités et des arbres, il soulève et renverse toute chose comme un fétu de paille. Toute la Création, chaque chose créée, possède la plénitude de l’acte de notre Fiat ; et par conséquent aucune chose n’est pauvre – elles sont toutes riches dans la plénitude voulue par notre divin Vouloir ; et rien ne manque de quoi que ce soit – les choses sont riches d’elles-mêmes, par nature. La mer possède la plénitude des eaux ; la terre, la plénitude des plantes, et de nombreuses variétés de plantes parce que toutes sont des naissances de l’acte de notre divin Vouloir. Or, ma fille, la vie dans ma Divine Volonté est précisément cela : avoir la possession et la jouissance des biens divins de telle sorte que rien ne lui manque – ni sainteté, ni lumière, ni beauté. Elles seront les vraies naissances dans mon adorable Fiat.

5.  28 avril 1929 — Comment le divin Fiat rend la créature inséparable d’une effusion divine de Dieu pour la créature. Tout est en sûreté pour celle qui vit dans le Fiat, alors que tout est en danger pour celle qui fait la volonté humaine.

           Je faisais ma ronde dans le divin Fiat pour suivre ses actes dans la Création, et arrivée en Éden, mon pauvre esprit s’arrêta dans l’acte où il créa l’homme et souffla sur lui pour lui infuser la vie ; et je priais Jésus de souffler sur ma pauvre âme pour insuffler en moi la première haleine divine de Création afin qu’avec leur haleine régénératrice je puisse commencer à nouveau ma vie entièrement dans le Fiat, selon le dessein pour lequel ils m’avaient créée. Mais pendant que je faisais cela, mon doux Jésus se manifesta hors de moi comme s’il était dans l’acte de souffler sur moi, et il me dit :

            Ma fille, c’est notre Volonté que la créature s’élève à nouveau jusqu’à notre Sein, dans nos bras créateurs, pour que nous puissions lui redonner notre souffle continuel et, avec cette haleine, le courant qui génère tout bien, toute joie et tout bonheur. Mais pour que nous puissions lui donner ce souffle, l’homme doit vivre dans notre Volonté, car c’est en elle seulement que l’homme peut le recevoir, et nous, le lui donner.

            Notre Fiat a la vertu de rendre la créature inséparable de nous, et ce que nous sommes et que nous faisons par nature, elle le peut par grâce. En créant l’homme, nous ne l’avons pas tenu à distance ; au contraire, afin de l’avoir avec nous, nous lui avons donné notre Divine Volonté qui allait lui donner le premier acte pour agir de concert avec son Créateur. C’est la raison pour laquelle notre amour, notre lumière, nos joies, notre puissance et notre beauté ont jailli tous ensemble et, débordant de notre Être divin, ont dressé la table devant celui qu’avec tant d’amour nous avions formé de nos mains créatrices et généré de notre propre haleine. Nous voulions jouir de notre œuvre, la voir heureuse de notre propre bonheur, embellie de notre beauté et riche de nos richesses ; plus encore, étant donné que notre Volonté était de rester près de la créature pour agir avec elle et nous amuser ensemble ; et pour jouer il ne faut pas être éloignés, mais près les uns des autres.

            C’est pourquoi, par nécessité de création et pour maintenir intact notre Œuvre et le dessein pour lequel nous l’avons créée, le seul moyen était de doter l’homme de notre Divine Volonté qui le préserverait tel qu’il était sorti de nos mains créatrices ; il jouirait ainsi de tous nos biens et nous serions heureux parce qu’il est heureux. Par conséquent, pour que l’homme puisse reprendre sa place d’honneur et recommencer à agir avec son Créateur, et qu’ils puissent s’amuser ensemble, le seul moyen est son retour dans notre Fiat pour qu’il puisse nous l’amener triomphalement dans nos bras qui attendent de le serrer très fort contre notre sein et de lui dire : « Finalement, te voilà revenu après six mille ans. Tu as erré, tu as connu tous les maux, car il n’existe aucun bien en dehors de notre Fiat. Tu en as suffisamment fait l’expérience, tu as touché de tes mains ce que signifie sortir de notre Fiat ; alors, n’en sors jamais plus et viens te reposer et jouir avec nous de ce qui est à toi, car dans notre Vouloir tout t’a été donné. » Par conséquent, ma fille, sois attentive ; nous te donnerons tout, si tu vis toujours dans notre Fiat. Ce sera les délices de notre haleine de souffler sur toi toujours afin que nos joies, notre lumière, notre sainteté débordent sur toi, et de te communiquer l’attitude de nos œuvres pour que nous puissions garder toujours avec nous la petite fille, régénérée par notre Divine Volonté.

            Après quoi il se retira en moi et je continuais à suivre les innombrables actes du divin Fiat ; et mon bienheureux Jésus poursuivit en disant :

            Ma fille, c’est une prérogative de mon divin Vouloir de mettre tout ce qu’il possède en sûreté. Lorsqu’il entre dans l’âme pour la posséder, il met toute chose en sûreté : il place la sainteté, la grâce, la beauté et toutes les vertus en sûreté ; et pour que tout puisse être sûr, il les remplace dans l’âme par sa propre divine sainteté, sa divine beauté et ses propres divines vertus – d’une manière toute divine ; et en y apposant son sceau, que rien ne peut ni toucher ni changer, il rend la créature immunisée contre tout danger. La créature qui vit dans ma Volonté n’a donc plus rien à craindre, car elle a tout mis en sûreté dans sa divine sécurité. Par contre, la volonté humaine fait que toute chose est en danger, même la sainteté. Les vertus qui ne sont pas sous l’empire permanent de mon Fiat sont sujettes à de continuels dangers et oscillations ; les passions ont la voie libre pour mettre tout sens dessus dessous et jeter à terre vertus et sainteté formées avec bien des sacrifices. Si la vertu continuellement vivifiante et nourrissante de ma Volonté n’est pas présente pour fermer toutes les portes et toutes les voies à tous les maux, la volonté humaine a une porte et des voies par où laisser entrer l’ennemi, le monde, l’estime de soi, les misères, les désagréments qui sont le ver de bois des vertus et de la sainteté ; et lorsque le ver est dans le bois, il n’y a plus assez de force pour demeurer ferme et persévérant dans le bien. Par conséquent, tout est en danger lorsque ma Divine Volonté ne règne pas.

            De plus, le mal du fait que notre Divine Volonté ne règne pas parmi les créatures est si grand que tout est en continuelle oscillation. Notre Création elle-même, tous les biens de la Rédemption, sont intermittents parce que, ne trouvant pas le règne de notre Fiat dans la famille humaine, ils ne peuvent pas donner les mêmes biens. Qui plus est, nous avons souvent besoin de nous servir de la Création et de la Rédemption et de les armer contre l’homme parce que la volonté humaine s’oppose à la nôtre et nous, par justice, nous devons les frapper pour leur faire comprendre que, comme  notre Volonté ne règne pas, les humains rejettent notre bien et nous forcent à les punir. La gloire que la créature nous rend par la Création et la Rédemption n’est pas fixe, mais change avec chaque acte de la volonté humaine. Par conséquent, le petit intérêt que la créature devait nous donner – son amour et sa gloire qu’elle devrait nous rendre parce que nous lui avons tant donné – n’est même pas un revenu fixe, mais tout est intermittent, parce notre Volonté seule a la vertu de rendre inébranlables et continus ses propres actes et ceux des créatures en qui elle règne. Ainsi, jusqu’à ce que règne notre divin Fiat, tout est en danger ; la Création, la Rédemption, les Sacrements – tous sont en danger parce que la volonté humaine tantôt malmène, tantôt refuse de reconnaître celui qui l’a tant aimée, lui a fait tant de bien, et tantôt piétine nos bienfaits eux-mêmes. Par conséquent, jusqu’à ce que règne notre Divine Volonté qui répandra l’ordre divin, sa fermeté, son harmonie et son jour éternel de paix et de lumière parmi les créatures, tout sera en danger pour l’homme et pour nous ; nos choses elles-mêmes resteront dans le cauchemar du danger et seront incapables de donner aux créatures l’abondance des biens qu’elles contiennent.

6.  4 mai 1929 — Puissance, enchantement et empire d’une âme qui vit dans la Divine Volonté. Comment toute chose tourne autour d’elle et comment elle règne sur son Créateur lui-même.

            Mon abandon dans le divin Fiat continue et mon pauvre esprit s’arrête ici et là, mais il est incapable de sortir de l’immensité de ses frontières infinies ; je ne trouve d’ailleurs ni passages ni portes de sortie. Et lorsque je me déplace dans le divin Vouloir, je le laisse derrière moi pour le retrouver devant moi dans toute sa majesté, à droite comme à gauche et même sous mes pieds ; et il me dit : « Je suis tout à toi pour te donner ma vie et la former en toi. Ainsi, il n’existe rien d’autre pour toi que ma divine et adorable Volonté. » Et mon pauvre esprit errait en elle lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, celle qui vit dans mon divin Vouloir ressent en elle l’acte continuel et constant de l’action divine de mon divin Fiat. Cet acte continuel, généré par sa puissance dans la créature a sur toute chose une force et un empire tels que tout est conquis par son doux enchantement, de telle sorte que tout tourne autour d’elle – les Anges, les Saints, la sacro-sainte Trinité, les sphères et toute la Création. Tous veulent être les spectateurs de la scène si douce, si belle et si charmante de l’acte continuel de la créature dans le divin Fiat. La créature pénètre dans la banque de l’Être suprême et en s’unissant à l’acte continuel de son Créateur, elle ne fait que retirer, par son acte continuel, les innombrables beautés, les doux sons, les insurpassables raretés des qualités de son Créateur. Et ce qui enchante le plus, c’est de voir sa petitesse qui, toute audace et tout courage, sans crainte aucune, comme si elle voulait dominer son Créateur lui-même, lui procurer du plaisir, faire de lui son captif, lui demander le Règne de sa Volonté sur la terre, prendre et sortir de la banque divine toutes nos joies et notre bonheur, comme si elle voulait les épuiser. Et voyant qu’elle n’en voit pas la fin, elle ne se fatigue pas, elle répète son acte continuel de telle sorte que tous attendent qu’elle ait fini, et voyant qu’elle ne s’arrête pas, ils se pressent autour d’elle, si bien qu’elle devient le point central et que tous tournent autour d’elle pour ne pas perdre un spectacle si consolant et jamais vu encore auparavant – c'est-à-dire l’acte continuel de la petitesse dans l’unité du Fiat suprême. Plus encore, étant donné que l’action continuelle n’appartient qu’à Dieu et comme on la voit répétée par la créature, elle cause la plus grande des surprises et surprend le ciel et la terre.

            Ma petite fille, si tu savais ce que signifie un acte continuel dans ma Volonté…Cet acte est incompréhensible à l’esprit créé. La créature est le double de notre acte continuel, elle entre dans notre acte et fait se lever et sortir notre beauté rare, notre amour invincible, notre puissance qui peut tout, notre immensité qui embrasse toute chose, et en les présentant à tous, elle voudrait leur dire à tous : « Regardez qui est notre Créateur. » Et nous la laissons faire, et nous prenons plaisir à voir que la petitesse de la créature veut nous donner notre paradis et notre Être divin, comme s’ils étaient et les nôtres et les siens propres. Y a-t-il une chose que la créature qui vit dans notre Fiat ne puisse pas faire ou ne pas nous donner ? Aucune ! D’autant plus que, parce que cette heureuse créature est sur la terre, en vertu de son libre arbitre, elle possède la vertu conquérante que même les Saints dans le ciel ne possèdent pas ; et elle peut avec elle conquérir et multiplier tout le bien qu’elle veut. Et notre Volonté, qui la garde en elle-même, fait d’elle la conquérante de notre Être divin.

7.  9 mai 1929 — Comment il était nécessaire que Jésus centralise en Luisa la sainteté humaine afin de la consommer et de donner naissance à la sainteté de la vie dans la Divine Volonté. Comment la souffrance volontaire est une chose grande devant Dieu.

         J’avais lu dans le premier volume de mes écrits comment Notre-Seigneur m’avait dit qu’il voulait que j’accepte de livrer bataille à l’ennemi infernal, dans les dures épreuves auxquelles je me soumettais. Alors je me disais : « Il me semble qu’il y a là une contradiction, parce que Jésus m’a souvent dit que celle qui vit dans sa Divine Volonté n’est sujette ni aux tentations ni aux troubles de l’esprit ; et que l’ennemi n’a pas non plus le pouvoir d’entrer dans le divin Fiat, car il le brûlerait plus que le feu de l’enfer lui-même, et que pour éviter d’être brûlé davantage, il fuit l’âme qui vit dans le divin Fiat. » Je pensais à cela et à bien d’autres choses lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, tu te trompes, il n’y a pas de contradiction. Tu dois savoir que, comme j’allais t’appeler à vivre de manière toute spéciale dans ma Divine Volonté pour que tu la connaisses et, à travers toi, faire connaître la sainteté de la vie dans la Divine Volonté afin qu’elle puisse régner sur la terre, il était nécessaire que je centralise en toi la totalité de la sainteté humaine pour la consommer en toi et donner naissance à la vraie sainteté de la vie dans ma Divine Volonté. La sainteté dans l’ordre humain devait être le tabouret, le trône de la sainteté dans l’ordre de ma Divine Volonté. Et c’est pourquoi, dès le début, lorsque je t’ai appelée à l’état de victime et à tout ce que tu souffrais durant ce temps, je commençais par te demander si tu accepterais, et lorsque tu avais accepté je te plaçais dans un état de souffrance. Je voulais de toi une souffrance volontaire et non forcée, parce que c’était ta volonté que je voulais faire mourir, et par-dessus ta volonté, un peu comme une petite flamme qui est éteinte, allumer le grand feu du Soleil de mon Fiat.

            La souffrance volontaire est quelque chose de grand devant notre suprême Majesté, et par conséquent, par-dessus la mort de ta volonté noyée dans les souffrances, notre Volonté pouvait régner et te disposer à recevoir le grand bien de ses connaissances. N’est-ce pas ma souffrance, toute volontaire – personne n’aurait pu me l’imposer – qui forma le grand bien de la Rédemption ? Ainsi, tout ce que tu as souffert alors n’était rien d’autre que l’accomplissement de l’ordre de sainteté à la manière humaine – et c’est pourquoi je ne t’ai presque rien dit sur la sainteté de la vie dans ma Divine Volonté – car je voulais finir l’une avant de commencer l’autre. Et j’ai vu que tu ne me refusais rien de ce que je voulais, même au prix de ta vie ; et comme tu ne me refusais rien, que ta volonté perdait son pouvoir et était continuellement dans l’acte de mourir, ma Volonté est entrée et a repris sa vie en toi ; et à mesure qu’elle reprenait sa vie, ma Volonté se révélait en te racontant sa longue histoire, ses peines, et combien elle aspire à venir régner parmi les créatures. Ma parole est vie, et à mesure que je te parlais de mon Fiat, plus qu’un tendre père, je continuais à former sa vie en toi. En fait, tu n’aurais jamais pu comprendre ce qui concerne ma Volonté si tu n’avais pas eu sa vie en toi, parce que c’est ce qui forme sa propre vie que l’on cherche vraiment à comprendre et à défendre ; ce qui ne forme pas sa propre vie ne vient qu’en second lieu, non en premier, et on ne ressent pas alors l’amour véritable que l’on peut avoir pour sa propre vie. Ainsi, j’ai pu confier à la vie même de mon Fiat formée en toi toutes ses connaissances afin de pouvoir former autant de ses vies dans les créatures. De plus, je devais faire pour toi ce que j’avais fait moi-même : en venant sur la terre, j’ai observé toutes les lois, je me suis soumis à tous les sacrifices de l’ancienne loi d’une façon parfaite, comme personne ne l’avait fait jusqu’alors ; et après avoir tout accompli en moi, consommant en mon Humanité toutes les lois et toutes les saintetés de l’ancien monde, je les ai abolies pour donner naissance à la nouvelle loi de grâce et à la nouvelle sainteté que j’apportais sur la terre. C’est ce que j’ai fait avec toi : j’ai centralisé en toi les souffrances, les sacrifices, les combats de la sainteté présente afin de la compléter et d’être alors capable de commencer la nouvelle sainteté de la vie dans ma Volonté – c'est-à-dire, le Fiat Voluntas Tua sur la terre comme elle est au ciel.

            Alors, où sont les contradictions dont tu parles ? Lorsque l’âme entre dans ma Volonté pour vivre en elle une vie éternelle, l’ennemi ne peut s’en approcher, son regard est aveuglé par la lumière de mon Fiat et il ne voit pas non plus ce que fait l’heureuse créature dans cette Divine lumière. La lumière se protège contre tout, elle domine tout, elle est intangible, elle ne se laisse pas offenser et n’offense personne ; et si quelqu’un voulait la toucher ou la prendre dans ses mains, elle s’échappe comme par enchantement et, presque par jeu, elle le recouvre de lumière. La lumière touche tout, embrasse tout, fait du bien à tout, mais ne se laisse toucher par personne. Telle est ma Divine Volonté. Elle enferme l’âme dans sa lumière, et par son empire éclipse tous les maux ; et comme l’âme vit dans la lumière, tout se convertit en lumière, en sainteté et en paix éternelle. Ainsi, les maux s’égarent et se perdent ; troubles, tentations, passions, péché, tout reste sur place les jambes brisées et incapable de marcher. Par conséquent, sois attentive et que ta vie dans mon Fiat soit continuelle.

8.  12 mai 1929 — Comment celle qui vit dans le divin Fiat est la narratrice des œuvres divines. L’Ascension. La raison pour laquelle Jésus n’a pas laissé le Royaume de la Divine Volonté sur la terre.

           Poursuivant mon abandon dans le divin Fiat, je suivais ses actes dans la Création. J’avais l’impression, en m’unissant à ses actes, que je faisais tantôt un acte de lumière, tantôt un acte d’immensité, tantôt un acte de puissance, et ainsi de suite. Mais je faisais cela lorsque mon toujours aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, celle qui vit dans ma Divine Volonté et suit ses actes devient la narratrice de toutes nos œuvres. Ainsi, lorsque tu vas dans le soleil pour répéter avec ma Volonté ce que j’ai fait en créant le soleil, tu agis pour nous en narratrice de l’histoire de sa lumière ; et l’Être suprême, en entendant toute l’histoire du soleil – ce qu’il contient, le bien qu’il fait nous étant répété par toi – sent toute la gloire de sa lumière lui être rendue. Et lorsque la lumière emplit l’air, brille sur tout et revêt toutes choses, il entend ton écho qui résonne partout, dans les profondeurs comme dans les hauteurs du ciel, et en murmurant à notre oreille tu es pour nous comme la narratrice de la lumière, et tu nous glorifies au point de nous donner un soleil de gloire.

            Oh ! combien nous sommes ravis pour la créature qu’une sphère si bienfaitrice pour toute la terre ait été créée par nous. Et comment ne pas aimer celle qui vit dans notre divin Fiat ? Elle rassemble toutes nos qualités et tous nos bonheurs répandus dans toute la Création, et elle est maintenant comme la narratrice des cieux en nous disant l’histoire de leur immensité, et elle nous donne la gloire des cieux tout entiers ; tantôt elle nous raconte l’histoire de la mer et murmure avec ses eaux : « Amour et gloire de toute la mer à mon Créateur » ; tantôt elle nous raconte l’histoire de la terre en fleurs, et toutes les plantes et les fleurs font monter leur parfum, et tu nous donnes la gloire de toute la terre ; et tantôt tu es pour nous la narratrice de l’histoire du vent, de l’eau, du petit oiseau qui chante, de l’agneau qui bêle. En somme, elle a toujours quelque chose à nous raconter sur toutes les choses que nous avons faites dans la Création, et pour nous donner l’amour et la gloire que nous avions en la créant. Oh ! comme il est doux et agréable de t’entendre alors que tu agis comme la narratrice de nos œuvres. Nous sentons que notre amour et notre gloire sont redoublés ; plus encore, puisque celle qui en fait pour nous le récit vit dans notre Volonté, laquelle, en l’instruisant, lui fait dire les doux secrets présents dans toutes les choses créées.

            Après quoi il se tut. Puis, comme incapable de contenir l’amour de son divin Cœur, il ajouta :

            Ma fille bien-aimée, tu es mon espérance – l’espérance du Royaume de ma Divine Volonté sur la terre ; cette espérance qui ne dit pas « doute », mais « certitude », parce que son Royaume est déjà présent en toi. Tes voies, tes prérogatives, tes narrations sont tous des appartements pour mon divin Fiat ; en toi sont ses fondations, ses connaissances, et c’est pourquoi j’ai l’espérance que son Royaume sera formé et se répandra sur la terre.

            Je pensais après cela à notre Seigneur montant au ciel, glorieux et triomphant, avec son Humanité qui n’est plus humiliée ni sujette à la souffrance, avec l’insigne de l’Adam décadent, mais inaccessible à toute souffrance, avec l’insigne du nouvel Adam innocent, avec toutes les plus belles prérogatives de la Création, revêtu de lumière et immortel. Mais je pensais à cela lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit : 

            Ma fille, mon Humanité a refait en elle-même et sur elle-même tous les maux de l’humanité défaite, jusqu’à mourir, afin de lui donner la vertu de renaître de la mort à laquelle elle était sujette. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas laissé le Royaume de ma Divine Volonté sur la terre – parce que l’humanité de l’Adam innocent n’était pas là, glorieuse et immortelle, pour être capable de demander et de recevoir le grand don de mon Fiat. Par conséquent, il était nécessaire que mon Humanité commence par refaire cette humanité défaite pour lui donner tous les remèdes afin de la ressusciter, puis de mourir et de ressusciter avec les qualités de l’Adam innocent afin de pouvoir donner à l’homme ce qu’il avait perdu. Je voulais aussi monter au ciel avec mon Humanité aussi belle, toute revêtue de lumière, tout comme elle était sortie de nos mains créatrices afin de dire au Père Céleste : « Mon Père, regarde-moi, vois comme mon Humanité est refaite, comment le Royaume de notre Volonté est en sûreté en elle. Je suis la Tête de tous, et celui qui Te prie a tous les droits de demander et de donner ce que je possède. »

            Ma fille, une humanité innocente, avec toutes les qualités avec lesquelles elle est sortie de nos mains créatrices, était nécessaire afin de redemander le Royaume de notre Volonté parmi les créatures. Jusqu’alors cette humanité n’existait pas ; je l’ai rachetée avec ma mort et je suis monté au ciel afin d’accomplir, avec ma première tâche, ma seconde tâche qui est de demander et de donner le Royaume de ma Divine Volonté sur la terre. Il y a environ deux mille ans que cette Humanité prie et notre divine Majesté, sentant que l’amour de la Création que nous avions en créant l’homme déborde à nouveau hors d’elle-même – et même avec plus d’intensité encore – et se sentant ravie et charmée par les beautés de mon Humanité, elle s’est à nouveau répandue ; et ouvrant les Cieux, elle a fait que la pluie de lumière des nombreuses connaissances sur mon Fiat est descendue en torrent pour que, comme la pluie, elle puisse descendre sur les âmes, et qu’elle puisse avec sa lumière vivifier et guérir la volonté humaine, et qu’en la transformant, elle puisse jeter la racine de ma Volonté dans les cœurs, et étendre son Royaume sur la terre. Pour que mon Royaume vienne sur la terre, il fallait d’abord que je le fasse connaître, que je fasse savoir qu’il veut venir régner. Et moi, en frère aîné de la famille humaine, je m’occupe de toute la paperasserie devant la Divinité pour lui faire acquérir un bien si grand. Il était par conséquent nécessaire que je monte au ciel avec mon Humanité glorifiée pour être capable d’acquérir à nouveau le Royaume de mon Fiat pour mes frères et mes enfants.

9.  16 mars 1929 — Comment les connaissances sur la Divine Volonté sont l’armée ; les actes accomplis en elle, les armes ; sa lumière, le Palais Royal ; le Ministère, la sacro-sainte Trinité. L’ardeur divine pour l’établissement de son Royaume. Le besoin du Divin ; son silence ; la souffrance de ses secrets.

           Poursuivant mon abandon habituel dans le divin Fiat, je me sentais inquiète à cause des privations de mon doux Jésus. Oh ! combien ma pauvre âme gémissait sous le poids infini de tristesse qui fait dire à toutes les choses créées : « Où est ton Jésus – celui qui t’aimait tant ? Ah ! tu sens qu’il soutient toute chose, tu touches sa beauté qu’il a répandue sur toute la Création, tu vois son immensité que tu ne peux atteindre. Ce que tu vois n’est rien d’autre que la marque de ses pas qu’il a laissée en passant sur toutes les choses qu’il a créées ; mais il n’est pas ici. Et toi – cours, cherche-le, et nous t’accompagnerons, gémissant avec toi, pour te faire trouver celui que tu veux. » Et je sens que tout le monde me parle de Jésus avec des accents douloureux, et comme ils résonnent dans mon pauvre cœur, il est torturé par une souffrance que je ne peux exprimer. Et j’avais l’impression de vouloir sortir de mon étant habituel. Mais alors mon aimable et doux Jésus me surprit et, jetant ses bras autour de mon cou, il me dit :

            Ma fille, qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui ne va pas ? Calme-toi, calme-toi. Comment cela se peut-il ? Veux-tu peut-être sortir de l’armée de ma Divine Volonté ? Regarde, quelle grande et formidable armée, si bien qu’en se mettant bien en rangs dans ton âme, il ne te sera pas facile d’en sortir. Mais sais-tu quelle est cette armée ? Toutes les connaissances sur ma Divine Volonté. En fait, après avoir formé en toi son Palais royal, cela n’aurait pas été convenable, et elle ne pouvait pas rester sans son armée. Nous avons fait sortir cette armée de notre sein divin afin que les connaissances forment son cortège, prennent sa défense et fassent connaître à tous qui est notre divin Fiat – leur Roi Divin, et comment il veut descendre avec toute son armée céleste parmi ses peuples afin de combattre la volonté humaine ; mais non pas avec des armes qui tuent, car de telles armes n’existent pas au ciel, mais avec des armes de lumière qui luttent pour former la vie de ma Volonté dans les créatures. Or tu dois savoir que les armes de cette armée sont les actes accomplis dans ma Divine Volonté. Regarde comme c’est beau ! Le Palais royal est la lumière de mon Fiat ! Le Roi qui domine est ma Volonté ! Le Ministère, la sacro-sainte Trinité ; l’Armée, les connaissances sur ma Volonté ; les Armes, tes actes accomplis en elle. En fait, lorsque tu avais le bienfait de posséder une de ses connaissances et que tu agissais en vertu de ma Volonté, tu formais, dans mon Fiat, les armes entre les mains de chaque connaissance pour donner sa vie aux autres créatures.

            Mais ce n’est pas tout. Chaque connaissance possède une arme particulière, différente des autres. Ainsi, chacune des connaissances que je t’ai données sur mon divin Vouloir a une arme distincte : l’une possède l’arme de lumière pour illuminer, réchauffer et féconder la semence de mon Fiat ; une autre détient l’arme de la puissance conquérante qui régit et domine ; une autre l’arme de beauté qui ravit et conquiert ; une autre l’arme de sagesse qui ordonne et dispose ; une autre l’arme de l’amour qui brûle, transforme et consume ; une autre encore l’arme de force qui renverse, fait mourir et renaître dans ma Divine Volonté. En somme, chacune de mes connaissances est un soldat divin qui, en se manifestant à ton âme, a placé entre tes mains l’arme particulière qu’elle possède. Regarde comme ils sont bien en rangs, attentifs à leur devoir et à la manipulation de l’arme que chacun possède pour disposer et former le peuple du Royaume de mon divin Fiat. Cette armée et ces armes possèdent la vertu prodigieuse de l’infini, de telle sorte qu’elles se diffusent partout ; et là où il y a une lumière, même petite, dans les créatures, elles combattent avec les armes de lumière contre l’obscurité dans la volonté humaine afin de l’éclipser et de lui donner la vie de mon Fiat ; et là où se trouve une semence de force, on voit accourir le petit soldat divin avec l’arme de puissance et de force pour combattre la puissance et la force humaines, et faire se lever à nouveau la puissance et la force de ma Divine Volonté. Cette armée possède l’arme qui convient pour combattre chacun des actes humains pour que renaisse l’acte de ma Divine Volonté par-dessus l’acte humain.

            Par conséquent, ma fille, il est nécessaire que tu demeures dans ma Divine Volonté afin de former suffisamment d’armes par tes actes accomplis en elle, pour la grande armée de ses connaissances. Si tu savais avec quelle impatience cette armée attend d’avoir entre ses mains les armes de tes actes pour pouvoir engager la guerre, détruire le pauvre royaume de la volonté humaine et construire notre Royaume de lumière, de sainteté et de bonheur ! Et cela d’autant plus que je suis en toi, dans le grand Palais royal de ma Divine Volonté, au milieu de mon armée, avec le conseil du Ministère des Personnes divines comme reproducteur de nos œuvres ; parce que nous sommes l’Être opérant, et partout où nous sommes, nous voulons toujours agir, sans jamais cesser. Par conséquent, c’est une nécessité que tu demeures toujours dans notre Fiat, pour t’unir à nous dans notre opération continuelle, et nous donner le champ d’action afin de toujours opérer en toi. En fait, le signe de l’opération divine est précisément cela : opérer toujours – toujours et sans jamais s’arrêter.

            Après quoi il garda le silence. Puis, avec une plus tendre insistance, il ajouta :

            Ma fille, si tu savais l’ardeur de l’amour que je ressens parce que je veux établir le Royaume de ma Divine Volonté sur la terre et réaliser l’unique dessein pour lequel l’homme a été créé. En fait, dans tout ce qui a été fait par les Divines Personnes, depuis le temps où le monde a été créé, et dans ce que nous ferons, notre principe sera toujours celui-là, et jamais il ne cessera de l’être : que l’homme revienne dans l’héritage de notre Fiat qu’il a rejeté. Cela est si vrai que dans mon Incarnation même, quand je suis descendu du ciel sur la terre, le premier but était le Royaume de ma Divine Volonté ; c’est dans son Royaume –  c'est-à-dire dans ma Mère immaculée qui le possédait – que j’ai dirigé mes premiers pas ; ma première demeure a été en son sein très pur, où mon Fiat régnait de façon absolue et avait son Royaume, entier et magnifique. Et dans ce Royaume de ma Volonté que possédait ma céleste Mère, j’ai commencé et formé ma vie ici-bas, faite de souffrances, de larmes et d’expiations. Et je savais que je devais être le Jésus négligé, mal aimé, rejeté, mais je voulais venir, car je pouvais voir à travers les siècles comment ma venue sur terre devait servir à former le Royaume de ma Divine Volonté et que, par nécessité, je devais les racheter d’abord pour atteindre mon premier but. Ainsi, dès ce moment même, je suis descendu du ciel afin de trouver, de chercher et de serrer contre moi les enfants de mon Royaume qui voudraient me chercher, m’aimer, me reconnaître au point d’être incapables de vivre sans moi. Par conséquent, dans ce que j’ai fait et souffert, j’ai laissé une marque et j’ai dit : « C’est ici que j’attendrai les enfants de ma Volonté ; je les embrasserai, nous nous aimerons d’un même amour et d’une même Volonté. » Et par amour pour eux, les souffrances, les larmes, les pas et les œuvres se sont changés en moi en joie pour mon Cœur submergé d’amour.

            Ma fille, ne sens-tu pas toi-même que tu ne peux vivre sans moi ? Et lorsque, dans le monde, ils liront ces lignes, ils seront stupéfaits d’apprendre la longue succession de mes grâces, mes visites quotidiennes – et pendant si longtemps – que je n’ai faites à personne d’autre ; les longues conversations que j’ai eues avec toi, les nombreux enseignements que je t’ai donnés, et tout ce qui devait servir le Royaume de ma Divine Volonté. Je ressentais l’irrésistible besoin de reprendre et de refaire avec toi toutes les conversations, de te donner toutes les grâces et les enseignements que j’aurais donnés à Adam innocent, s’il n’avait pas rejeté le précieux héritage de mon Fiat. Mais il a brisé mon discours et m’a réduit au silence ; et après six mille ans de silence, je ressentais le besoin extrême de reprendre mon discours avec la créature. Oh ! comme il était douloureux de contenir tant de secrets dans mon Cœur, secrets que je devais lui confier ; c’est pour elle seule qu’ils étaient gardés – et pour personne d’autre ; si tu savais combien il m’en a coûté de garder le silence pendant si longtemps ! Mon Cœur suffoquait et, dans son délire, répétait avec tristesse : « Hélas ! J’ai créé l’homme pour avoir quelqu’un avec qui parler, mais il devait posséder ma Divine Volonté pour me comprendre ; et parce qu’il l’a rejetée, il a fait de moi le Dieu taciturne. Combien je souffre ! » Quel amour réprimé qui me faisait défaillir – et je délirais !

            Par conséquent, incapable de le supporter plus longtemps, j’ai voulu rompre mon long silence avec toi – je l’ai brisé net ; de là cette nécessité de l’ardeur de mon discours – si longtemps, si souvent et sans cesse. Et alors que je m’épanche auprès de toi, j’ai l’impression de commencer maintenant la Création ; et c’est pourquoi, dans ces pages, je te fais écrire la raison véritable de la Création, ce qu’est ma Volonté, sa valeur infinie, comment l’on doit vivre en elle, son Royaume, et comment elle veut régner pour rendre tout le monde saint et heureux. Tous seront étonnés à la lecture de ces textes, et ils ressentiront le besoin de la vie de mon Fiat parmi eux. La Divinité ressent une irrésistible nécessité de compléter l’œuvre de Création, et elle sera achevée par le règne de notre Divine Volonté parmi les créatures. Que ferait une créature si, après avoir accompli une œuvre au prix de sacrifices inouïs et durant longtemps – une œuvre qui lui a coûté la vie, une œuvre d’une valeur inestimable et à laquelle il ne manque qu’un point, une nuance, une couleur – elle ne pouvait achever cette œuvre qui lui a tant coûté ? Et si belle que soit son œuvre, si précieuse et d’une valeur si incalculable qu’elle puisse être, si bien qu’elle ferait sa fortune, sa gloire et son bonheur total, elle ne peut la présenter au public, ni dire que c’est une œuvre achevée, parce qu’il y manque ce point. Pour cette personne, la vie se changerait en souffrance, et elle ressentirait le poids de son œuvre – belle en effet, mais inachevée. Et par conséquent elle se sent malheureuse, et au lieu de la gloire, elle ressent de l’humiliation ; et combien de sacrifices ne ferait-elle pas ? Elle donnerait sa vie pour placer ce point pour que son œuvre soit achevée.

            C’est la situation dans laquelle nous sommes ; rien ne manque à notre œuvre de Création – les cieux, les soleils, les œuvres et une magnificence de toutes sortes ; mais il y manque un point – un point qui cependant défigure une œuvre si belle. Ce point est le plus important ; c’est la plus belle nuance, c’est la couleur la plus vive qui manque dans la Création : toute chose vit dans mon Fiat, excepté un seul point de la Création – c'est-à-dire la famille humaine – qui se trouve en-dehors, à l’extérieur de mon Royaume, où elle est malheureuse. Quelle tristesse ! Il y a de la place pour tout le monde dans mon Vouloir, et il en est cependant qui vivent à l’extérieur. Oh ! comme ils la défigurent et la rendent incomplète. Et que ne ferions-nous pas pour la voir achevée ? N’importe quel sacrifice, ma fille, nous sommes prêts à faire n’importe quoi. J’ai déjà donné ma vie dans la Rédemption pour placer ce point dans l’œuvre créatrice. Et lorsqu’ils sauront ce que signifie la Volonté de Dieu, le grand bien qu’elle peut faire, et que la seule chose qui nous intéresse est de placer les droits de notre divin Fiat en sûreté et de le faire régner, afin de voir chacun heureux dans notre Volonté, heureux de notre propre bonheur – ils ne seront plus étonnés de lire, dans ces pages, les grandes choses que je t’ai dites et que j’ai accomplies dans ton âme. Au contraire, ils diront : « Pour une Volonté si sainte, qui a tout fait, il était juste qu’il y ait un tel déploiement de grâces et de si sublimes enseignements chez celle en qui elle devait faire le premier dépôt de son Royaume, afin de nous le faire comprendre, aimer, et désirer avec ardeur. » Par conséquent, sois attentive, car il s’agit de donner ses droits à une Divine Volonté pour faire que l’œuvre de la Création soit complète.

10.  21 mai 1929 — La Divine Volonté : lumière ; amour ; chaleur. Nourriture divine et épanchement.

           Je reviens toujours dans le cher héritage du divin Vouloir et j’ai l’impression de le parcourir en glanant ; et mon Jésus, si bon, ne néglige pas de me donner ses merveilleuses leçons sur chaque épi que je ramasse. Mais en même temps, je répétais mon refrain sur chaque chose : « Je vous aime – et que mon amour soit la douce chaîne qui, attachée à l’éternel Fiat, puisse l’attirer – lui faire violence, et le faire venir pour régner sur la terre. » C’est ce que je faisais lorsque mon Jésus adoré me dit :

            Ma fille, ma Divine Volonté est lumière, l’amour est chaleur. Lumière et chaleur sont inséparables l’une de l’autre et forment la même vie ; c’est la nécessité de la fusion de ma Volonté et de mon amour : une volonté qui n’aime pas n’est pas opérante, un amour qui n’a pas de volonté est sans vie. Cependant, ma Volonté a le premier acte ; on peut dire que sa lumière fait surgir la chaleur. Elle accomplit le premier acte et appelle la vie de l’amour dans sa lumière en ne formant qu’une seule chose. Qui pourra jamais séparer la chaleur de la lumière ? Personne. Cependant, plus la lumière est grande, plus la chaleur est élevée ; ainsi, avec une petite lumière, on peut à peine sentir la force de la chaleur ; une grande lumière donne beaucoup de chaleur et produit d’admirables effets. Combien d’effets le soleil ne produit-il pas du fait que sa chaleur est si grande et embrasse la terre entière ? On peut dire qu’il est le roi de la terre ; avec sa lumière et sa chaleur, il caresse et embrasse tout le monde et toute chose, répand ses bienfaits sur tout – sans rien demander à personne. Pourquoi ? Premièrement, parce qu’il n’a besoin de rien ; deuxièmement, parce que chacun se sentirait incapable de payer le soleil de retour pour le grand bienfait qu’il apporte sur toute la terre. C’est pourquoi tu ressens en toi deux puissances infinies, fusionnées en une seule : ma Divine Volonté et mon amour ; et la lumière de mon Vouloir te fait courir pour placer tes « Je vous aime » qu’il libère de son sein de lumière sur toutes les choses créées, afin de voir toute la Création ornée de ses « Je vous aime » et des tiens.

            De plus, la vie a besoin de nourriture ; ma Divine Volonté est vie, mon amour est nourriture. Chacun de tes « Je vous aime » est une gorgée de nourriture que tu donnes à mon Fiat en toi, et chacun de tes actes accomplis dans ma Volonté fait croître la vie en toi. Oh ! comme la vie de ma Volonté se délecte et grandit admirablement dans la créature lorsqu’elle trouve beaucoup d’amour divin. On peut dire que mon Fiat y trouve sa nourriture et mon amour sa vie.

            Après quoi je continuais à penser à l’adorable Fiat, et mon doux Jésus poursuivit :

            Ma fille, celle qui vit dans ma Volonté est sous l’épanchement continuel de son Créateur. Notre amour envers elle est si grand que nous sommes sous le charme de voir notre Fiat dans la petitesse de la créature, et que nous voulons lui donner toujours plus – toujours et sans jamais cesser. Or, notre effusion divine la remplit au point de ne laisser en elle aucun vide, de telle sorte que, où qu’elle s’appuie, elle trouve toujours la plénitude de notre effusion qui la soutient, si bien qu’elle est incapable de se pencher sans que notre épanchement la soutienne et la porte comme en triomphe entre ses bras. Mais sais-tu ce que nous épanchons ? Amour, lumière, grâce, sainteté, puissance, etc. Et toutes ces qualités qui sont nôtres rivalisent pour porter cette petite créature dans leurs bras. On dirait qu’elles luttent entre elles pour la porter et attendent leur tour pour pouvoir dire : « Toutes nous l’avons portée. » Et alors que chacune la tient dans ses bras, si c’est l’amour qui la porte, il la remplit d’amour afin de prendre plaisir à voir cette petite noyée – submergée dans son amour ; et c’est seulement lorsqu’il la voit débordante d’amour qu’il se dit satisfait et prêt à la passer dans les bras de la lumière ; parce qu’elles veulent voir, répété dans cette petite, ce que son Créateur a fait. La lumière trouve ses délices à la noyer de lumière ; la grâce à la noyer dans sa grâce ; la puissance à la noyer de puissance – au point de captiver le Créateur lui-même.  En somme, la petite créature vit sous l’épanchement continuel de Dieu qui la remplit tellement qu’elle se sent submergée et ne peut le contenir, de telle sorte qu’elle est contrainte de le déverser à l’extérieur. Ainsi, ce que tu dis sur ma Divine Volonté n’est rien d’autre que le débordement de ce que tu contiens à l’intérieur.

11.  25 mai 1929 — Puissance de celle qui vit dans le divin Fiat. Vertu des actes accomplis en lui. Comment toutes les générations dépendent des actes accomplis par Adam.

           Poursuivant mon abandon habituel dans le Fiat, je me retrouvai en dehors de moi-même et, à ma grande surprise, je trouvai près moi l’ennemi infernal qui semblait vouloir se jeter sur moi. Je ressentis en moi une force telle que c’est moi qui me jetai sur lui et le réduisis en miettes. Cela m’inquiétait et je me disais : « Il y a longtemps que je n’avais pas vu l’ennemi et même, lorsqu’il me voyait, c’est lui qui s’enfuyait. Et maintenant, pourquoi est-ce qu’il s’approche de moi ? » Et mon aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, l’âme qui possède mon divin Fiat a une puissance telle qu’elle est capable de mettre en pièces les puissances diaboliques ; et j’ai voulu permettre qu’en touchant de ta propre main et en te plaçant par-dessus lui, il soit écrasé pour que tu ne le craignes pas et qu’il puisse sentir la puissance de celle qui possède ma Volonté et réduit la force diabolique en poussière emportée par le vent. Aussi, ne t’inquiète pas pour lui et continue ta vie dans mon Fiat. En vérité, tu dois savoir que chaque prière, chaque acte et chaque mouvement que la créature vit en elle contient en soi une force et un poids infinis et indélébiles ; et l’infini s’étend partout, il contient la vertu productrice de tous les bienfaits, il embrasse l’éternité, il contient Dieu lui-même. Par conséquent, un acte accompli dans ma Volonté est un acte qui ne finit jamais et dont le pouvoir est tel qu’il enferme le ciel et la terre. Et notre Fiat, avec sa puissance infinie, enferme notre Divinité dans l’acte de la créature, formant avec ses voiles de lumière le plus beau et le plus merveilleux Palais royal de notre Être divin. 

            Jésus disparut et je me sentais plongée dans l’abîme de lumière du Fiat suprême. Après quoi je continuais mes actes dans le divin Fiat et, arrivant en Éden, je me disais : « Dans cet Éden, notre premier père Adam a accompli les premiers actes dans le divin Fiat. La Création tout entière a eu son commencement dans un acte de la Divine Volonté opérant dans toutes les choses créées ; et il en est ainsi pour le premier homme. La Divine Volonté étendait la plénitude de sa sainteté, puissance, beauté et lumière en chaque chose, Se faisant actrice et spectatrice, enfermant toute chose en un acte unique de sa Divine Volonté. Combien la Création était belle à son commencement – une était la Volonté qui opérait ; et les différents actes n’étaient rien d’autre que les effets de cette Volonté. » Mais je pensais à cela lorsque mon Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, toutes les générations dépendaient des premiers actes accomplis par Adam dans la plénitude de ma Divine Volonté parce que, du fait d’être accomplis en elle, ces actes pleins de vie pouvaient être l’origine et la vie de tous les autres actes des créatures. Et même si les créatures ne vivent pas dans ma Volonté, mais dans la leur, c’est cependant ma Volonté qui leur donne la vie ; et alors qu’elle leur donne la vie, les créatures maintiennent ma Volonté comme suffoquée et agonisante dans leurs actes. Par conséquent, tous les actes d’Adam accomplis dans ma Divine Volonté sont comme l’acte premier de tous les actes des créatures. Qui peut détruire un acte accompli dans ma Divine Volonté ? Qui peut lui enlever la souveraineté, la beauté, la vie ? Personne. Il n’est rien qui ne dépende du premier acte ; toutes les choses créées découlent du premier acte accompli par celui qui les a créées. Et si je veux et désire avec tant d’amour que ma Volonté soit connue et règne parmi les créatures, la raison en est précisément celle-là – que ses droits, justes et saints, lui soient rendus, et que toute la Création, tout comme elle eut son commencement dans notre Volonté, puisse, en son entier, retourner dans notre Divine Volonté.

12.  28 mai 1929 — Chaque fois que Jésus a parlé de sa Volonté, les Cieux se sont inclinés. La fête de tout le ciel. La Divine Volonté, couronnement de la Création et de la Rédemption. Souffrance de Jésus parce que le divin Fiat n’est pas connu.

         Ma petite intelligence ne fait que traverser la mer infinie du divin Fiat ; et en formant ses vagues de lumière, elle murmure son céleste et divin langage en révélant ses secrets, et elle se manifeste par des mots secrets à ma petite âme. Souvent mon Jésus sort de ces vagues de lumière, il accourt pour m’embrasser et, plaçant ses mains sur son Cœur pour le soutenir tant est grande l’ardeur de l’amour qu’il ressent, il me parle de son très saint Vouloir. J’étais dans cet état lorsque mon bien-aimé Jésus me dit :

            Fille de ma Volonté, si tu savais l’amour que je ressens lorsque je décide de te parler de mon divin Fiat… Chaque fois que je t’en ai parlé, les cieux se sont inclinés, si grandes étaient l’estime et la vénération qu’ils ressentaient ; et rendant hommage à ce que j’allais dire, en s’inclinant, ils déferlaient de la céleste Patrie pour prêter attention à ce que j’allais dire ; et pendant que je parlais, ils ressentaient en eux des créations nouvelles de vies divines, des joies et beautés nouvelles. En fait, quand vient le moment de t’apprendre des connaissances nouvelles sur mon divin Fiat, le ciel tout entier en ressent la puissance, et ils rivalisent entre eux pour écouter et recevoir les nouveaux effets de ces connaissances. Ce fut donc la fête au ciel chaque fois que je t’ai parlé de ma très Sainte Volonté, parce que le ciel a senti redoubler son bonheur, et seul le ciel pouvait contenir tous les admirables effets, les pures joies d’une seule des connaissances de mon Fiat. C’est uniquement de cette manière que je pouvais t’en parler – avec les Cieux abaissés afin de recevoir leurs actes déférents et les hommages dus à ma Divine Volonté. 

            L’amour et le désir que je ressens de la faire connaître sont si grands que s’il le fallait, je m’incarnerais de nouveau pour obtenir que ma Volonté soit connue et qu’elle règne sur la terre. Mais cela n’est pas nécessaire parce que m’étant incarné une fois, mon Incarnation est toujours en acte et possède la vertu de reproduire les mêmes effets que si je m’incarnais de nouveau. Et c’est uniquement pour la bienséance de mon Fiat que je t’ai choisie, purifiée de tout germe de corruption, et que je me suis enclos dans ton âme – non seulement de manière spirituelle, mais aussi naturelle – afin de me servir de toi comme d’un voile pour me couvrir, presque comme je me suis servi de mon Humanité, comme d’un voile pour cacher ma Divinité. Et pour t’avoir à ma disposition, je t’ai isolée de tout, je t’ai confinée au lit – et durant tant d’années, pour te donner les sublimes leçons sur mon Fiat éternel et te faire boire, à petites gorgées, ses connaissances et sa vie. Sa longue histoire demandait du temps pour te la raconter et te la faire comprendre. Je peux dire que j’ai fait plus que dans la Création et la Rédemption parce que ma Volonté contient l’une et l’autre, elle en est l’origine et la signification, et elle sera la fin et le couronnement de la Création et de la Rédemption, de telle sorte que ma Volonté restant inconnue et ne régnant pas sur la terre, nos Œuvres seraient des œuvres sans couronnement et inachevées. Et c’est la raison de tant d’intérêt à la faire connaître. Nos œuvres elles-mêmes, accomplies avec tant d’amour et de magnificence, sont dans le cauchemar d’un gémissement inénarrable, et presque d’une profonde humiliation, parce que la vie, la substance essentielle qu’elles cachent, n’est pas encore connue. Les voiles, l’extérieur de la Création et de la Rédemption sont connus, mais la vie qu’ils cachent est ignorée. Comment peuvent-ils donner la vie qu’ils cachent et les bienfaits qu’ils possèdent ? C’est pourquoi nos œuvres désirent si ardemment – exigent leurs justes droits –  que ma Divine Volonté soit connue. Ah ! oui, elle seule sera la gloire, la couronne éternelle et l’accomplissement de nos œuvres.

            Or, tu dois savoir que je suis ici caché en toi, la tristesse au Cœur, tout comme durant mes dernières années lorsque mon Humanité vivait ici-bas sur terre et que moi, le Verbe du Père, je me cachais en elle. Après tant de sacrifices, de discours et d’exemples donnés, je regardais la terre, je regardais les gens et aussi ceux qui m’entouraient – sans les effets de ma venue sur terre. Les fruits, les bienfaits de ma venue sur terre étaient si rares que mon Cœur était torturé en sentant que tant de bienfaits que je voulais leur donner étaient rejetés, et ma peine augmentait en voyant qu’après avoir accompli ce que je devais faire pour les racheter, j’étais sur le point de partir pour le ciel. Comme il est douloureux de vouloir faire du bien, même au prix de sa vie, et de ne trouver personne à qui donner ces bienfaits.

            Or c’est ainsi que je suis en toi ; je regarde mes sacrifices et les tiens, je regarde l’ordre que j’ai suivi, les nombreuses leçons que je t’ai données, suffisamment pour faire connaître ma Divine Volonté et former son Royaume ; et si je n’arrête pas de parler, c’est parce que son histoire est éternelle et que ce qui est éternel a son discours éternel, qui n’a pas de fin – et le discours sur mon Fiat sera éternel au ciel. Je regarde ceux qui t’entourent et qui savent ce qui concerne ma Volonté – sans avoir un intérêt véritable pour faire connaître un bien si grand. Je regarde ton humanité qui me sert de cathèdre d’où je dispense mes leçons, et toi-même tu ne peux nier que tu me sens en toi de façon sensible, qui se meut, parle, souffre, et que je suis réellement en toi pour former mon Royaume et le faire connaître. Et lorsque je te regarde, je vois que ton humanité ne restera pas non plus très longtemps sur la terre ; et mon Cœur est saisi de douleur quand le grand bien que veut accomplir ma Divine Volonté n’est même pas connu, ses connaissances sont comme enfouies, et alors qu’elles veulent donner la vie, le bonheur et la lumière, elles restent comme emprisonnées en moi et en toi, et dans ces pages qu’avec tant de tendresse et d’amour je t’ai fait écrire. Par conséquent, ma fille, compatis à ma douleur, adore mes dispositions à te garder encore sur la terre. Je sais que c’est très dur pour toi, et je compatis avec toi ; et en compatissant l’un pour l’autre, faisons ce qui est en notre pouvoir pour faire connaître ma Divine Volonté.

            Après quoi je faisais mes actes habituels dans le divin Vouloir et mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, mon Fiat a son acte premier dans notre Divinité, son acte premier dans la Création et la Rédemption, et en toutes choses, et il a par conséquent le juste droit de dominer sur tout et d’envelopper toutes choses, d’être la roue première qui, par son mouvement, met toute chose en mouvement autour d’elle, et autour de laquelle tout tourne. Ainsi, celle qui prend ma Volonté comme vie prend tout ; et comme lorsque la roue première se meut, toutes les choses se donnent à cette âme, si bien qu’elle n’a pas besoin de demander – comme elles tournent autour de ma Volonté, elles se donnent toutes à elle. Par conséquent, la chose la plus nécessaire est de prendre ma Divine Volonté ; et lorsqu’elle a fait cela, l’âme a tout fait et elle a tout pris – tout lui appartient. C’est comme pour un moteur : si la roue principale qui est au centre se met en mouvement, toutes les autres roues secondaires tournent elles aussi ; mais si la roue principale ne bouge pas, tout le reste demeure immobile et il n’existe pas de pouvoir ou d’artisan qui aurait la vertu de faire tourner les roues secondaires. Mais si la première roue tourne, les autres tournent à leur tour et remplissent leur fonction. Par conséquent, l’art et l’attention doivent se porter sur la roue principale et tout le reste ira de soi. Il en est ainsi de ma Volonté – celle qui la possède n’a besoin de rien d’autre.

13.  31 mai 1929 — Comment l’amour vrai a besoin de s’épancher. La Création était une effusion d’amour, de même que la Rédemption et le divin Fiat. Ce que signifie une effusion divine.

         En écrivant, je me disais : « Combien de sacrifices pour écrire, combien de nuits de veille, combien de temps passé ; Jésus seul en est témoin, lui qui par compassion pour moi me soutenait, m’aidait et me donnait les mots ; et souvent c’est lui-même qui me les dictait. Mais quelle sera l’utilité de tant d’efforts de la part de Jésus pour me faire écrire ? Et de tant de luttes intérieures chez moi pour mettre sur le papier ce que Jésus me faisait ressentir intérieurement ? Quelle est l’utilité de tant de sacrifices endurés ? Qui se donnera la peine de les lire, de les faire connaître, pour qu’ils puissent apporter les bienfaits de tant de vérités sur la Divine Volonté parmi les créatures ? Personne, je crois ; et tous les sacrifices resteront sur les papiers. Après tout, si j’ai écrit, c’est uniquement par peur de déplaire à Jésus, pour ne pas lui être désagréable, et seulement et toujours pour obéir. » C’est avec ces pensées que je continuais à écrire. Puis, ayant terminé, je commençai à prier et mon doux Jésus sortit de moi et, me serrant dans ses bras, il me dit :

            Ma fille, l’amour véritable a besoin de se répandre. Je ne pouvais plus contenir en moi cette intense effusion pour faire connaître ma Volonté, ses connaissances, son immense valeur, et comment elle veut former son Royaume sur la terre. Mon Cœur est dans l’ardeur des flammes, car il veut faire cette surprise aux générations humaines – le Royaume de ma Divine Volonté sur la terre, une surprise à laquelle elles ne s’attendaient pas. Et mon amour contenu gémissait, délirait, dévoré par des flammes inextinguibles, car il voulait faire savoir qu’il voulait leur donner ce grand bien, un bien qui surpasse tous les autres biens – qui est le Royaume de mon divin Fiat. C’est ce grand bien que j’ai donné au commencement de la Création, car jamais de notre Divinité ne sortent des biens et des œuvres incomplets. Mais il a été rejeté par l’homme et nous avons eu la douleur de sentir la vie, la substance, les biens et la partie la plus essentielle de la Création repoussés ; et l’homme a rendu pour lui-même toutes nos œuvres incomplètes, et l’idée ne lui est jamais venue d’acquérir de nouveau ce qu’il avait rejeté de nous.

             Mais si lui n’y pensait pas, nous, nous y pensions et cela formait notre martyre d’amour qui dure depuis environ six mille ans, un martyre secret qui attisait nos flammes. Et elles nous dévoraient à tel point qu’incapable de les contenir plus longtemps, j’ai voulu venir vers toi pour rompre le secret, alors que je ressentais le besoin de faire pour toi un épanchement d’amour et de te dire : « Je veux donner ce que l’homme a rejeté ; je veux que ma Volonté règne sur la terre. » Et pour qu’elle puisse venir régner, je devais te la faire connaître ; d’où la nécessité de te manifester sur elle tant de connaissances. Ainsi, même si tes sacrifices d’écriture n’apportent ni bien ni utilité – ce qui ne sera pas le cas – ils étaient nécessaires à mon amour et ils ont servi à former mon épanchement et à me libérer des flammes qui me dévoraient. Ainsi, chaque connaissance sur mon divin Fiat était un épanchement d’amour contenu que je faisais pour toi, c’était une création nouvelle que je produisais ; c’était comme rattacher la Divine Volonté à l’humaine afin de la réordonner selon l’ordre créé par nous. C’était la vie qui sortait de moi, substance et partie essentielle pour pouvoir former le Royaume de la Divine Volonté sur la terre. Si tu savais ce que signifie une effusion divine… La Création fut une effusion d’amour et oh ! combien de bienfaits sont sortis de cette effusion ! Des cieux, des étoiles, des mers, des floraisons terrestres ; et l’homme, formé avec un art tel que le ciel et la terre en étaient stupéfaits.

            Cet épanchement aurait continué et des choses plus belles encore devaient sortir de nous ; mais l’homme, en rejetant notre Divine Volonté, a fermé ce débouché et bloqué nos œuvres, et pour une durée de quatre mille ans notre épanchement n’avait plus de sortie. Mais notre amour ressentait le besoin de se répandre, il réclamait ses droits, il voulait libérer ses flammes vitales, et en laissant éclater sa longue effusion, il créa la très Sainte Vierge, d’où procéda l’Incarnation du Verbe. Que de merveilles dans cette seconde effusion ; quelle utilité, que de bienfaits n’avaient pas reçus les créatures ! Mais notre seconde effusion est restée coupée en deux, et notre amour a dû se contenir et attendre deux mille ans de plus pour laisser à nouveau éclater son épanchement et sortir tous ses secrets, les plus intimes merveilles de notre Divinité, les plus grands biens nécessaires pour que notre Divine Volonté règne parmi les créatures. Si tu savais ce que signifie une effusion divine… Et tout comme dans la Création notre épanchement a réalisé des œuvres grandes et magnanimes, et il est utile et continue sa vie ; tout comme l’effusion de la Rédemption apportera ses admirables effets et le rachat de la vie aux générations humaines, de la même manière, l’épanchement pour faire connaître mon divin Fiat veut former son Royaume, et tout ce que tu as écrit concernant ses connaissances aura vie parmi les créatures. Par conséquent, laisse-moi m’épancher pour le moment, et je veillerai à rendre utile ce que je t’ai manifesté.

14.  4 juin 1929 — À mesure que l’âme fait la Divine Volonté, celle-ci s’étend dans l’âme et la vie divine grandit en elle ; et l’âme grandit dans le sein de son céleste Père. Comment l’âme qui vit en elle fait l’appel de toute la Création. Comment, si quelqu’un sort de la Divine Volonté, il s’en va tandis que ses actes demeurent.

          Mon abandon dans le Fiat continue. Je ressens intérieurement un tel besoin de vivre en lui qu’il m’est devenu plus nécessaire que ma propre nature. Plus encore, je sens ma nature changée en Volonté de Dieu ; je la sens dissoute en elle, et en toutes choses, au lieu de me trouver moi-même, je trouve ce Fiat qui me dit : « Je suis ta vie ; cours – cours toujours en moi, dans la mer de ma lumière afin de vivre de mes actes, de ma sainteté, de mon bonheur et de tout le bien que je possède. » Mais je traversais la mer du divin Fiat lorsque mon doux Jésus se manifesta en moi et me dit :

            Ma fille, à mesure que l’âme opère en lui, mon divin Vouloir s’étend dans la créature de telle sorte que pour chaque acte additionnel qu’elle accomplit, ma Volonté grandit d’autant plus en elle ; ainsi, on peut voir la vie divine grandir dans la créature de façon admirable.

            Mais ce n’est pas tout ; lorsque la vie divine grandit dans la créature, plus elle accomplit d’actes dans mon divin Fiat, plus la créature grandit dans le sein du Père céleste. L’Être suprême ouvre son sein et y enferme cette heureuse créature pour l’élever d’une manière divine, la revêtir de ses habits royaux, lui donner sa nourriture de ses propres mains, l’embellir d’une rare beauté. Tout le ciel en reste stupéfait, ravi, en voyant que leur Créateur élève une créature en son sein ; et ils se disent : « Il doit être en train de faire quelque chose de grand avec elle, car il l’aime tant, et veille sur elle au point de l’élever en son sein paternel. » Et tous attendent la pleine croissance de cette créature pour voir ce qui adviendra d’elle. Par conséquent, le prodige de vivre dans ma Volonté est unique ; il communique une puissance telle à celle qui vit en elle qu’elle entre partout, et Dieu lui-même l’aime et veut l’élever en son sein divin.  De plus, le potentiel et la diffusion de l’acte accompli dans ma Divine Volonté est tel, et si grand que la créature se diffuse partout : elle s’étend dans les cieux, et semble faire l’appel des étoiles ; elle s’étend dans le soleil, et fait l’appel de la lumière ; elle investit l’air, le vent, la mer, et fait l’appel des oiseaux, de la puissance du vent, des eaux et des poissons ; et les rangeant tous en ordre, elle leur dit à tous avec son acte : « Inclinez-vous, et adorons, avec un double hommage, notre Créateur. Ce Fiat qui nous a créés est dans mon acte, et je veux avec lui créer un amour nouveau, une adoration et une gloire nouvelles pour notre Créateur. »  Et elle s’étend non seulement dans toutes les choses créées, mais jusque dans les actes de la Vierge et dans tous ceux que j’ai accomplis sur la terre, dans les actes de son Créateur, dans ceux de tous les Saints ; et du premier au dernier, elle fait l’appel pour tous et laisse couler en eux la nouvelle vie d’amour, d’adoration et de gloire pour celui qui l’a créée. 

            On peut dire que l’acte de la créature accompli dans ma Volonté s’étend partout où ma Divine Volonté est présente. Même en enfer, ils ressentent la puissance d’une créature opérant dans mon divin Fiat parce que tout comme le ciel ressent le nouveau bonheur, la gloire et l’amour nouveaux de l’acte de la créature accompli dans ma Volonté, l’enfer éprouve lui aussi le tourment de cette Divine Volonté qu’il a rejetée et qui, étant présente avec eux avec justice, est là pour les tourmenter ; et chaque fois que la créature agit dans ma Volonté, ils sentent le poids de la justice peser plus lourdement sur eux, et ils se sentent brûler davantage. Tout comme rien n’échappe à mon divin Fiat, rien n’échappe non plus à celle qui opère en lui ; et chaque fois qu’elle répète son acte, la créature refait également l’appel afin d’être sûre que personne ne manque à son acte pour rendre gloire, adoration nouvelle et amour nouveau à son Dieu trois fois saint, et à cette Divine Volonté qui, avec tant d’amour, lui fait place pour la laisser vivre en elle et lui permettre de s’étendre dans son infinitude. 

            Après quoi je faisais ma ronde dans le divin Fiat et rassemblais toutes les choses créées et tous les actes des créatures pour former un acte unique dans son unité. Et mon aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, seule ma Divine Volonté possède l’acte unique, et dans son unité elle embrasse toute chose, elle donne vie à tout. Mais alors qu’elle accomplit un acte unique, cet acte possède la source de tous les actes ensemble de telle sorte que tout en étant les effets de l’acte unique, ils se répandent dans la Création tout entière et descendent pour le bien des créatures tels des actes réels, tandis que dans l’unité de l’acte unique du divin Fiat, ce n’est toujours qu’un acte seul ; si bien qu’il ne détache jamais un seul effet de lui-même et ne le pourrait même pas, parce que tous les effets forment l’unité de son acte unique. C’est ce qui se passe avec le soleil : une est la lumière, un est l’acte de lumière qu’il envoie continuellement vers la terre ; mais lorsque cette lumière une touche la terre, les effets en sont innombrables et réels. Et cela est si vrai que lorsque la lumière touche la terre, on peut voir les effets se changer en actes et constater la variété des couleurs pour les fleurs, la diversité des saveurs pour les fruits, et bien d’autres choses. Le soleil a-t-il alors perdu ne serait-ce qu’un seul des nombreux effets qu’il a, en actes réels, communiqués à la terre ? Oh non ! Jalousement, il les conserve en son acte unique de lumière ; d’autant plus que la force et la plénitude de son acte unique de lumière sont formées de tous les effets qu’il possède. Ainsi, le soleil, symbole de ma Divine Volonté, possède d’innombrables effets ; il les donne à la terre tels des actes réels sans perdre aucun d’entre eux, et il ne fait toujours qu’un acte unique. Si le soleil, créé par nous, fait cela, bien plus encore ma Divine Volonté.

            Or, ma fille, en faisant sa volonté, l’homme est sorti de l’unité de la mienne, et tous ses actes ont perdu cette force de l’unité pour se trouver éparpillés ici et là, et divisés entre eux. Ces actes humains, n’ayant pas d’unité, n’ont ni source d’effets ni plénitude de lumière, et sont symbolisés par ces plantes et ces fleurs qui poussent sans soleil ; et parce qu’elles sont éparpillées et divisées entre elles, elles n’ont pas une force durable, grandissent peu et se fanent. Ainsi, en faisant sa volonté, l’homme perd son unité avec la mienne, il perd la fontaine de vie, il perd la plénitude de lumière. Or celle qui vit dans ma Divine Volonté amasse tous les biens éparpillés par les créatures et forme un acte unique ; et ces actes deviennent le droit de celle qui agit et vit dans mon divin Fiat. Il n’est pas de bien que celle qui vit dans ma Volonté ne puisse prendre. Avec le pouvoir d’ubiquité de ma Volonté, elle appelle, rassemble et unit tous les actes ensemble, et les ordonnant tous dans mon Fiat, elle me donne tout, et moi je lui donne tout.

            Après quoi je poursuivais mes actes dans la Volonté suprême, et mille pensées occupaient mon esprit concernant ses nombreuses merveilles, mais pour que ce ne soit pas trop long à rapporter, je ne dirai que ce Jésus m’a dit :

            Ma fille, ce qui est fait dans ma Divine Volonté demeure dissous en elle, tout comme la lumière et la chaleur sont inséparables, et si la lumière est éteinte la chaleur s’éteint elle aussi, et si la lumière est rallumée, de sa propre nature, la lumière donne la vie et la chaleur monte avec elle ; de la même manière, les actes de la créature accomplis en elle sont inséparables de ma Volonté. D’autant plus que ma Volonté n’est pas sujette à s’éteindre, car elle est une lumière éternelle et immense. C’est pourquoi, bien qu’Adam soit sorti de ma Volonté lorsqu’il pécha, ses actes sont restés en elle. Il a été capable de se détacher de ses propres actes, mais ses actes accomplis dans ma Volonté ne pouvaient ni sortir ni se détacher, car ils avaient déjà formé leur vie de lumière et de chaleur en elle. Ce qui entre dans ma Volonté perd sa vie en elle, forme une seule et même vie avec elle, et perd le droit de sortir ; et ma Volonté dit : « Ces actes ont été accomplis dans ma maison, dans ma lumière ; les droits sont miens et il n’est pas de puissance, humaine ou divine, capable de faire qu’un acte accompli par la créature dans ma Volonté puisse en sortir ou en être séparé. » C’est pourquoi les actes d’Adam accomplis dans ma Volonté avant son péché sont présents tel un acte premier d’où dépendent la Création et les actes des générations humaines.

            Suppose maintenant que tu sortes de ma Volonté : tu sors et restes à l’extérieur, mais tes actes ne sortent pas – ils n’ont ni le droit ni la capacité de le faire ; et tant que tu restes dans ma Volonté, tes actes sont à toi et à moi, mais en sortant, tu perds tes droits. Et parce qu’ils ont été faits dans le Royaume de ma Divine Volonté, et non dans la volonté humaine, ils restent mes droits, même s’ils semblent avoir été accomplis par toi. Or tu dois savoir que tout ce que tu fais dans mon Fiat servira d’acte premier pour les autres créatures afin de vivre dans son Royaume, et sera l’ordre, le régime et la vie de ceux qui vivront dans le Royaume de mon Fiat. C’est pourquoi je t’exhorte tant à le parcourir, pourquoi je veille sur toi, je t’accompagne, et souvent je le fais avec toi – parce que non seulement ces actes te servent, mais ils doivent servir d’actes premiers et de modèles pour ceux qui doivent vivre dans le Royaume de mon divin Fiat.

15. 9 juin 1929 — Celle qui vit dans la Divine Volonté en est inséparable ; exemple du souffle. Exemple du soleil ; comment il règne sur toute chose et part à la recherche de toute chose ; telle est la Divine Volonté. Rivalité entre les deux soleils.

         Mon abandon dans la Divine Volonté est continu, et sa lumière éclipse tellement ma petite intelligence que je ne peux maintenant penser qu’à une vérité à la fois concernant la Divine Volonté. Et plus je pense à elle, plus elle se fait belle et majestueuse à mes yeux, et, avec un amour indicible, plus qu’une tendre mère, elle ouvre son sein de lumière et donne naissance à une lumière où elle enferme sa petite fille. J’étais dans cet état lorsque mon doux Jésus me dit :

            Ma fille, chaque souffle est la vie du souffle suivant ; si bien que celle qui respire commence par inspirer avant d’expirer complètement. On peut donc dire que le souffle a sa vie et donne la vie à la créature parce qu’il est continuel ; ils sont si étroitement unis entre eux qu’ils sont inséparables. C’est la même chose pour le battement de cœur : un battement appelle la vie du battement suivant, et le battement continuel forme la vie, si bien que lorsque la respiration et le battement cessent, la vie s’arrête. Telle est l’âme qui agit et vit dans ma Divine Volonté ; son identification, sa proximité avec elle sont si grandes qu’elles dépassent celles de la respiration et des battements de cœur. Par conséquent, les actes accomplis dans mon divin Fiat sont semblables à des respirations et des battements de cœur de la créature en Dieu, de telle sorte qu’elle devient la respiration divine ; et mon Fiat formant sa respiration, ils échangent ainsi mutuellement de la vie pour ne former qu’une seule vie. Les actes accomplis dans notre Divine Volonté sont donc inséparables de nous, et nous avons la satisfaction de respirer notre œuvre, de sentir nôtre l’œuvre qui est sortie de nous, de la laisser vivre dans notre maison – et proche de nous au point de respirer son propre souffle.

            Je poursuivais ensuite mes actes dans l’adorable Fiat et mon toujours aimable Jésus ajouta :

            Ma fille, du haut de sa sphère, le soleil étend sa grande roue de lumière et embrasse la terre en lui donnant la vie de ses effets de lumière pour la faire germer. Il donne le baiser de vie de sa lumière à chaque plante, à chaque arbre, à chaque fleur afin d’imprimer sur chaque plante – pour certaine la vie de fragrance, pour d’autre de couleur et pour d’autre de saveur. Sa lumière veut donner son étreinte et son baiser de vie à toutes, elle ne se refuse à aucune, elle ne rejette rien, pas même le plus petit brin d’herbe. Au contraire, voulant agir en reine qui veut donner d’elle-même, elle part à la recherche de toutes et veut tout reconnaître pour former en toutes choses la vie nécessaire à chaque plante. Elle ne se sentirait pas reine et n’aurait pas le droit d’être reine si sa lumière ne donnait pas la vie à toute chose ; si bien que dans sa grande roue de lumière elle enferme tout, et il semble que toute chose vient laper la vie, la beauté, la variété des couleurs, la croissance, de la lumière du soleil. Et elle ne saute pas non plus par-dessus la mer, les rivières, les montagnes pour former en elles ses nuances argentées, et l’horizon d’or et d’argent en arrière-plan. 

            Oh ! comme le soleil règne sur toute chose avec sa lumière – non pas pour opprimer ou faire du mal à quoi que ce soit ; mais bien pour vivifier, embellir et se donner comme vie de toute chose. Il semble dire à tous dans son silence : « Combien je vous aime – mon amour est aussi vaste que ma grande roue de lumière ; mon amour pour la terre est substantiel et plein de vie. Et jamais je ne change ; du haut de ma sphère, je suis toujours en place, je l’embrasse, je l’aime et lui donne vie. » La terre vit par conséquent dans la grande roue de sa lumière, et chaque chose garde la bouche ouverte pour recevoir la vie et les effets de la lumière du soleil. Oh ! – mais puisse cela ne jamais arriver – si le soleil devait se retirer de la terre, ou si la terre devait s’opposer à recevoir les bienfaits et la vie de la lumière du soleil, il n’y aurait pas de jour mais une nuit éternelle, et la terre resterait sans vie, sans chaleur, sans saveur – pire que dans une sordide misère. Quel lamentable changement – quelle terreur deviendrait la terre.

            Telle est ma Divine Volonté – plus que le soleil pour les créatures. Dans sa grande roue sans fin de lumière, elle part à la recherche de tous pour se faire reconnaître et former en chaque créature la vie de beauté, de sainteté, de lumière et d’infinie douceur. Elle veut détruire en elles toute amertume, toute laideur et toute misère, et avec son baiser de vie, en soufflant sur elles, elle veut les transformer en ce qui est bon, beau et saint. Mais, hélas ! le soleil créé par mon Fiat peut faire tous ses prodiges sur la terre, et avec son unique majesté il la recouvre de son manteau de lumière et de beauté, et à chacun de ses touchers il donne à chaque plante la vie qu’il possède ; et mon Fiat reste avec la tristesse de ne pas pouvoir communiquer les biens qu’il possède et sa vie divine Volonté pour les âmes parce qu’elles s’opposent à le recevoir et ne veulent pas laper la lumière de ma Volonté ; et les créatures ressemblent par conséquent à la terre si elle pouvait s’opposer à recevoir la lumière du soleil : en pleine nuit, sordides et faibles ; et beaucoup d’entre elles sont effroyables à voir. Ma Divine Volonté déborde de tant de vies divines, de tant de beautés et de biens qu’elle veut leur donner ; elle voudrait se répandre pour enfermer les créatures dans son sein de lumière et faire de chacune d’elles un prodige de sainteté et de beauté, l’une plus belle que l’autre, pour former son ciel sur la terre. Mais la volonté humaine s’y oppose, et mon Fiat en souffre intensément – plus qu’une mère qui ne peut donner le jour à son enfant. 

            Et c’est pourquoi, ma fille, ma Divine Volonté veut se faire connaître ; elle veut former son Royaume – parce que ses enfants qui lui appartiendront vivront volontiers dans et de sa lumière ; ils garderont la bouche ouverte pour recevoir ses baisers, ses embrassements et ses affections pour former en eux sa vie divine. Alors, oui ! on verra les prodiges que mon Vouloir sait et peut faire. Tout sera transformé et la terre deviendra le ciel. Et alors, le soleil qui est là sous la voûte des cieux et le Soleil de mon éternel Vouloir iront la main dans la main ; ils rivaliseront entre eux pour savoir qui peut accomplir le plus de prodiges, le soleil pour la terre et ma Volonté pour les âmes. Mais ma Volonté donnera le plus grand spectacle, au point de former un nouvel enchantement de prodigieuses beautés encore jamais vues, pour le ciel tout entier et pour toute la terre.

16.  14 juin 1929 — Comptes avec Jésus. L’âme, banque de la Divine Volonté. Souvenirs inoubliables. Éden.

        Je poursuivais ma ronde dans le Fiat suprême et mon petit esprit, arrivé en Éden, disait : « Adorable Majesté, je viens devant vous avec le petit intérêt de mes ‘Je vous aime, Je vous adore, Je vous glorifie, Je vous remercie, Je vous bénis’, pour vous donner mon petit intérêt parce que vous m’avez donné un ciel, un soleil, l’air, la mer, une terre en fleur et tout ce que vous avez créé pour moi. Vous avez déjà dit que vous vouliez chaque jour faire les comptes avec moi et recevoir mon petit intérêt pour que nous puissions toujours être en règle, et conserver en sûreté dans la banque de mon âme toute la Création que vous m’avez donnée comme petite fille de votre Divine Volonté. » Mais en faisant cela, une pensée m’est venue : « Mais comment peux-tu payer un intérêt si élevé. Et de plus, quelle est la valeur de tes Je vous aime, Je vous adore, Je vous remercie ?  » Et mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, c’était un accord entre toi et moi – que je placerais toute la Création dans la banque de ton âme, et que tu m’en verserais l’intérêt, en la remplissant de tes ‘Je vous aime, Je vous adore, Je vous remercie’. Et comme je te voyais gênée en raison d’un si grand capital, craignant que tu ne rejettes ce grand don que je te fais et pour t’encourager à le recevoir, je t’ai dit : « Je me contente d’un petit intérêt, et nous ferons les comptes chaque jour ici, en Éden. De cette façon, nous serons toujours d’accord et en paix, et tu ne t’inquiéteras pas de ce que ton Jésus ait placé dans ta banque un si grand capital. » Et puis, ne connais-tu pas la valeur d’un ‘Je vous aime’ dans ma Divine Volonté ? Ma Volonté remplit les cieux, le soleil, la mer, le vent – sa vie s’étend partout ; par conséquent, en disant ton ‘Je vous aime, Je vous adore’, et tout ce que tu pourrais dire, mon Fiat étend ton ‘Je vous aime’ dans les cieux, et ton ‘Je vous aime’ devient plus étendu que les cieux ; ton ‘Je vous adore’ s’étend dans le soleil, et il devient plus vaste et plus long que sa lumière. Ton ‘Je vous glorifie’ s’étend dans le vent, et il parcourt l’air et la terre entière en gémissant, et les coups de vent, tantôt puissants et tantôt caressants, disent : ‘Je vous glorifie’. Tes ‘Je vous remercie’ s’étendent dans la mer, et les gouttes d’eau comme l’éclair des poissons disent : ‘Je vous remercie’. Et je vois les cieux, le soleil, les étoiles, la mer et le vent remplis de tes ‘Je vous aime’ avec tes adorations et tout le reste, et je dis : ‘Comme je suis heureux d’avoir tout placé dans la banque de la petite fille de ma Volonté – car elle me paie les intérêts que je voulais. Et comme elle vit dans ma Volonté, elle me donne un intérêt divin et équivalent, parce que mon Fiat étend ses petits actes et les rend plus grands que la Création tout entière.’ Et quand je te vois venir en Éden pour me donner ton petit intérêt, je te regarde et je vois en toi ma Divine Volonté dédoublée – une fois en toi et une autre fois en moi, alors qu’elle est une ; et je me vois toucher les intérêts de ma Volonté elle-même – j’en suis satisfait et oh ! combien je suis heureux de voir que mon Fiat a donné à la créature la vertu de se dédoubler pour qu’elle puisse satisfaire son Créateur.

            Ma fille, combien de choses inoubliables il y a dans cet Éden. C’est ici que notre Fiat a créé l’homme dans un tel déploiement d’amour qu’il se déversa en torrents sur lui ; si bien que nous ressentons encore le doux murmure avec lequel nous nous sommes répandus sur lui. Ici commença la vie de notre Fiat dans la créature et le doux et cher souvenir des actes du premier homme accomplis dans notre Fiat. Ces actes existent encore maintenant dans notre Volonté et sont pour lui comme des promesses de renaissance pour posséder de nouveau le Royaume de notre divin Fiat. Il y a dans cet Éden le douloureux souvenir de la chute de l’homme, de sa sortie de notre Royaume. Nous entendons encore ses pas lorsqu’il sortit de notre divin Fiat ; et comme cet Éden lui avait été donné pour qu’il vive dans notre Fiat, nous avons été contraints de l’en faire sortir, et nous avons eu la douleur de voir notre œuvre la plus chère sans son Royaume, errante et misérable ! Notre seul soulagement était la promesse de ses actes qui étaient restés dans notre Vouloir ; ils demandaient les droits de l’humanité de reprendre la place qu’elle avait quittée. C’est pourquoi je t’attends en Éden pour recevoir ton petit intérêt, pour renouveler ce que nous avons fait dans la Création, et recevoir le retour pour un amour si grand, incompris par les créatures, et trouver un prétexte d’amour pour donner le Royaume de notre Divine Volonté. Par conséquent, je veux que cet Éden te soit aussi très cher, pour que tu puisses nous prier et nous presser que le commencement de la Création, la vie de notre Fiat, puisse retourner parmi la famille humaine.

17.  19 juin 1929 — La Divine Volonté et sa vie opérante dans la créature. Différence entre celle qui vit dans le Fiat et celle qui n’y vit pas.

          Mon pauvre esprit errait dans le divin Fiat ; je ressentais le doux enchantement de sa ravissante lumière et je me disais : « Mais qu’est-ce que cette Divine Volonté dans ma pauvre âme ? » Et mon bien-aimé Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, quelle chance tu as de vivre sous le doux enchantement de mon divin Vouloir. Ne sais-tu pas que lorsqu’elle prend possession de la créature, ma Volonté forme en elle sa vie opérante, de telle sorte qu’elle opère en celle en qui elle règne tout comme elle opère en elle-même ? Et, mieux qu’une Reine, elle s’impose sur toute chose, elle étend sa lumière dans la petitesse de la créature, forme en elle son doux enchantement pour la volonté humaine afin d’être plus libre de former sa vie. Et comme la vie divine de mon Fiat est composée d’actes répétés jamais interrompus, elle n’est pas sujette à l’interruption, et c’est pourquoi tu ressens en toi un acte qui ne finit jamais, une lumière jamais éteinte, un amour qui brûle toujours. Ce n’est pas le cas de celles qui ne vivent pas dans mon Vouloir. Elles sentent la vie divine s’interrompre intérieurement, leurs actes brisés ; elles se sentent tantôt ainsi, tantôt autrement, leur volonté n’est pas investie d’une lumière continuelle qui les nourrit doucement et les enchante de telle sorte qu’en ressentant la douceur de mon Vouloir, elles ne penseraient même pas à entrer dans le champ de la volonté humaine pour y agir ; et si elles ressentent la lumière, ce n’est que par intervalles. 

            Un symbole de la créature qui vit dans ma Divine Volonté,  c'est celle qui a pu toujours rester sous le soleil. Sa lumière ne s’arrête jamais et elle n’a pas non plus besoin d’être nourrie pour ne pas s’épuiser. Celle qui a pu vivre sous le soleil sentait ainsi la lumière briller continuellement sur elle, et comme cette lumière contient d’admirables effets, elle se nourrissait de sa douceur, de ses parfums, d’une variété de couleurs, de lumières, de façon à ressentir la vie même du soleil qui se formait en elle. Par contre, celle qui ne vit pas dans ma Volonté, même si elle n’est pas mauvaise, est symbolisée par la créature qui vit sous la lumière du monde d’en bas, qui n’a ni la vertu ni la puissance de former un doux enchantement de lumière et de l’éclipser au point de ne pouvoir rien regarder d’autre que la lumière. Et elle est sujette à s’éteindre très souvent parce qu’elle ne possède pas par nature la vertu nourrissante continuelle, et si elle n’est pas nourrie, sa lumière s’arrête, et comme la lumière formée par la créature ne possède ni douceur ni couleurs ni parfums, la créature ne peut sentir la vie de cette lumière se former en elle. Quelle différence entre celle qui vit dans ma Divine Volonté et celle qui vit en dehors.

            Que tout soit pour la gloire de Dieu, et pour le bien de ma pauvre âme.

18.  27 juin 1929 — Présent pour saint Aloysius. Comment il était nécessaire que Jésus entrelace Luisa dans les manifestations de la Divine Volonté. Transmission de l’humain et du Divin. Droits divins que la créature acquiert.

           Ayant reçu la sainte communion, je l’offrais pour la gloire de saint Aloysius et je lui offrais en présent tout ce que notre Seigneur avait fait dans sa Divine Volonté avec son esprit, ses paroles, ses travaux et ses pas, pour la gloire accidentelle de saint Aloysius, le jour de sa fête. Je faisais cela lorsque mon doux Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, tu ne pouvais pas faire un plus beau présent à saint Aloysius le jour de sa fête. En offrant ta communion et tous mes actes faits dans ma Divine Volonté, autant de soleils ont été formés que d’actes que j’ai accomplis lorsque j’étais sur terre ; et ces soleils ont investi saint Aloysius de telle sorte qu’il reçut tant de gloire accidentelle de la terre qu’il lui était impossible d’en recevoir davantage. Seuls les actes accomplis dans ma Divine Volonté ont la vertu de former leurs soleils parce que, contenant la plénitude de lumière, il n’est pas étonnant qu’elle convertisse en soleils les actes humains accomplis en elle.

            Après quoi je pensais : « Comment cela ? Dans toutes les choses que le bienheureux Jésus me dit au sujet de sa Divine Volonté, ma pauvre personne est toujours entrelacée au milieu ; rarement, quelques fois seulement, a-t-il parlé uniquement de son suprême Fiat. » Je pensais à cela lorsque mon doux Jésus sortit de moi et me dit :

            Ma fille, il était nécessaire que j’entremêle ta personne dans les manifestations que je t’ai données sur mon divin Fiat : premièrement, parce que chaque manifestation que je te donnais formait des liens entre toi et ma Divine Volonté ; c’était des dons et des propriétés que je te confiais de telle sorte que, en ayant été dotée, la famille humaine se trouvait liée à la nouvelle acquisition du Royaume de ma Divine Volonté. Si je ne t’avais entrelacée au milieu, ce ne serait ni des liens ni des dons que je donnerais, mais de simples nouvelles ; et par conséquent, afin de te donner une manifestation sur ma Divine Volonté, j’attendais de toi un acte, une petite souffrance, et même simplement un ‘Je vous aime’ afin d’avoir l’occasion de te parler. Je voulais recevoir de toi pour être capable de te donner de moi, et pouvoir te faire le grand don de ma Divine Volonté. Toutes nos œuvres externes sont alors une transmission du Divin et de l’humain. Il y a dans la Création même une transmission continuelle : notre Fiat a créé les cieux, les a constellés d’étoiles, mais il a pour cela fait venir à la vie la matière ; il a créé le soleil, mais il a fait venir à la vie la lumière et la chaleur avec quoi le former. Il a créé l’homme ; j’ai d’abord formé sa statue faite de terre ; j’ai infusé en elle l’âme humaine, puis j’ai créé la vie de mon amour dans cette âme ; puis, ma Divine Volonté s’est transmise avec la sienne afin de former son Royaume dans la créature. Il n’est rien qui soit sorti de nous ou qui ait été créé par nous où ne se trouve la transmission de l’humain et du Divin. Dans nos plus belles œuvres – la Création, la Reine immaculée, le Verbe humain (Verbe incarné) l’humain et le Divin sont liés au point d’être inséparables ; et c’est ainsi que les cieux sont remplis de Dieu et racontent ma gloire, notre puissance et notre sagesse ; la Reine immaculée – ma porteuse ; mon Humanité – le Verbe incarné. Alors, voulant faire connaître ma Divine Volonté, après la première transmission faite en Éden  et qui fut rejetée de moi, afin de pouvoir mettre de nouveau en œuvre le Royaume de mon divin Fiat, il était nécessaire que je forme la deuxième transmission. Et comment le faire si je n’y entrelaçais une autre créature, avec des liens presque inséparables, dans les connaissances, dans la lumière et dans la vie même de mon éternel Vouloir ? Et si je ne t’avais pas entrelacée en elle, te transmettant en elle et elle en toi, tu n’aurais senti en toi ni sa vie ni sa lumière permanente ; et tu n’aurais pas non plus senti en toi la nécessité de l’aimer et le désir de mieux la connaître. Et c’est pourquoi je nous ai mis dans cette condition, toi de me donner et moi de te donner ; et dans ce don réciproque, je formais la connaissance que je voulais te donner ; et la transmission de ma Divine Volonté avec la tienne a été réalisée, te faisant la conquérante du grand bien que je te faisais.

            Puis, poursuivant dans mon abandon dans le divin Fiat… qui est tel que même si je m’empresse de le traverser tout entier, je n’y parviens jamais ; au contraire, je vois qu’il me reste bien du chemin à parcourir dans sa mer de lumière, au point qu’il m’est même impossible d’apercevoir où s’arrêtent ses limites infinies. Ainsi, peu importe ma hâte, mon voyage n’aura jamais de fin, j’aurai toujours quelque chose à faire et un endroit où aller dans la mer de l’éternelle Volonté. Puis mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, combien vaste est la mer de ma Volonté. Elle n’a ni commencement ni fin, et la petitesse de la créature ne pourra donc jamais ni la traverser ni l’embrasser. Cependant, celle qui vit en elle se trouve en route au centre de la mer et il ne lui sera jamais donné de sortir de son centre parce qu’elle ne lui trouvera jamais un rivage ou une limite. Au contraire, devant et derrière, à sa droite et à sa gauche, elle ne verra qu’une mer de Divine Volonté et pour chacun des actes qu’elle accomplira en elle, elle recevra en retour un droit divin. En fait, comme son acte a été fait dans et avec mon divin Vouloir, avec divine justice, elle communique à l’âme le droit de la divine lumière, le droit de sa sainteté, le droit de sa beauté, de sa bonté et de son amour. La créature vit de droit dans la mer de ma Volonté – non comme une étrangère, mais en propriétaire, parce que ses actes sont changés en droits divins qui l’ont faite conquérante de ma Divine Volonté. Et si tu savais quel délice c’est pour nous, combien heureux nous sommes de voir la petitesse de la créature vivre dans la mer de notre Volonté – non comme une étrangère, mais en propriétaire, non comme servante, mais en reine ; non pas pauvre, mais immensément riche, et riche de nos conquêtes qu’elle a faites dans notre Fiat. Par conséquent, la créature qui vit dans notre Divine Volonté sentira en elle, de droit, le règne de lumière, le règne de sainteté, le règne de beauté, et le droit de se rendre aussi belle qu’elle le veut. Elle a la bonté à sa disposition, l’amour comme substance de ses actes, ma Divine Volonté comme vie propre – et totalement sienne ; et tout cela de droit divin, accordé par nous-mêmes. Par conséquent, sois attentive et multiplie tes actes dans notre adorable Fiat !

19.  8 juillet 1929 — Les fleurs que fait éclore la Divine Volonté. Continuel chant et murmure d’amour ; amour délirant et amour douloureux. Celle qui vit dans la Divine Volonté forme la mer de repos pour l’amour divin.

         Ma petitesse se perd et suffoque dans la mer de douleur de la privation de mon bien-aimé Jésus. Dans cette souffrance, j’aspirais plus que jamais à voir se défaire ma nature pour sortir de ma prison et prendre mon envol vers ma Patrie céleste. J’aurais voulu aller partout dans sa très sainte Volonté et remuer ciel et terre pour qu’avec moi tous puissent avoir un pleur, une larme, un soupir pour cette pauvre exilée et demander la fin de mon exil. Mais alors que j’épanchais mon amertume, mon aimable Jésus sortit de moi et, me donnant un baiser et me serrant dans ses bras, il me dit :

            Ma fille, calme-toi, je suis ici avec toi ; mais pendant que je suis avec toi, je laisse libre le champ d’action pour ma Divine Volonté. Et puisqu’elle a son acte premier en toi, il se trouve que tu perçois ce qu’elle fait en toi, ses ruses, alors que tu ne sens pas que moi, qui suis en elle, je suis déjà à l’œuvre avec elle. En fait, je suis inséparable de ma Divine Volonté et tout ce qu’elle fait, je le fais moi aussi.

            Or tu dois savoir que ma Divine Volonté veut faire que son travail, son champ d’action et son règne absolu, soient entièrement à elle, non seulement dans ton âme, mais aussi dans ton corps. Elle répand sur tes souffrances son baiser de lumière et de chaleur ; avec sa lumière elle produit la semence ; avec sa chaleur elle la féconde et elle forme le germe ; et nourrissant ce germe d’une lumière et d’une chaleur continuelles, elle fait s’épanouir des fleurs de lumière d’une grande variété de couleurs, toujours animées par la lumière parce qu’elle ne peut faire aucune chose, grande ou petite, où elle ne fasse couler sa lumière. Ces fleurs ne sont pas comme celles de la terre qui n’ont pas de lumière et se fanent ; elles ont une vie éternelle, car elles sont nourries par la lumière de mon Fiat, et la variété de leur beauté est si grande qu’elle forme le plus bel ornement à la terre de ton humanité.

            Après quoi il garda le silence ; et j’étais immergée dans la mer du divin Vouloir. Puis mon doux Jésus ajouta :

            Ma fille, la mer de notre Divinité murmure toujours, sans jamais s’arrêter. Mais sais-tu ce qu’elle dit dans son murmure ? ‘Amour ! Amour pour les créatures !’ Et l’ardeur de notre amour est si grande que dans notre murmure continuel nous débordons d’amour, et nous formons des vagues gigantesques au point de submerger le ciel et la terre, et toutes les créatures, avec l’amour. Et voyant qu’elles ne se laissent pas remplir complètement par notre amour, avec le désir de voir les créatures déborder de notre amour, le délire d’amour se forme en nous ; et dans notre délire, mettant de côté l’ingratitude humaine, murmurant, nous répétons plus haut : ‘Amour ! Amour toujours pour celle qui renie et ne prend pas notre amour pour se laisser aimer et nous donner de l’amour.’

            Or notre amour, rejeté, prend l’attitude de l’amour douloureux ! Mais sais-tu qui vient apporter repos et calme à nos délires d’amour ? Qui apaise notre amour douloureux et le fait sourire ? L’âme qui vit dans notre Divine Volonté. Notre Volonté forme sa mer dans la créature ; notre mer et la sienne plongent l’une dans l’autre et – oh ! comme il est doux le murmure de la créature dans notre murmure, répétant continuellement : ‘Amour ! Amour ! Amour toujours à mon Créateur, à ma vie éternelle, à celui qui m’aime tant !’ Vois comment celle qui vit dans notre divin Fiat est notre repos pour notre amour qui nous dévore, et forme la douce mer pour notre amour douloureux. Oh ! prodige de notre divin Vouloir qui se servant de sa puissance forme sa mer dans la créature ; et la faisant rivaliser avec nous rend son murmure non seulement continu, mais l’élève si haut qu’en la plongeant dans notre mer, lorsque nous nous sentons noyés, dévorés par notre amour et, incapables de le contenir, nous ressentons la nécessité d’aimer, elle nous fait déborder dans la mer que notre Fiat a formée dans la créature qui vit en lui. Et elle accorde un répit à nos délires d’amour, et nous reposant avec son amour, elle nous apaise. Comment ne pas aimer celle qui vit dans notre Volonté ?

20.  14 juillet 1929 — Comment la Divine Volonté veut une absolue liberté pour former sa vie. Différentes manières d’agir de Notre-Seigneur.

         Mon abandon habituel dans le Fiat suprême continue. Je sens qu’il ne me laisse pas une minute de liberté ; il veut tout pour lui, d’une manière qui est dominante, mais en même temps douce et forte. Il est si attirant que l’âme voudrait elle-même se laisser enchaîner par lui afin de ne pas opposer la moindre résistance à ce que le divin Vouloir voudrait accomplir sur elle et en elle. Je pensais à cela  lorsque mon aimable Jésus, se manifestant en moi, me dit :

            Ma fille, ne sois pas étonnée que ma Divine Volonté ne te laisse aucune liberté – car elle ne veut pas former simplement des actes et des œuvres, mais la vie, et celui qui doit former une vie a besoin d’actes continus ; et si les actes continus cessent, la vie ne peut ni grandir, ni être formée, ni avoir son existence véritable. Et c’est pourquoi ma Divine Volonté, voulant former sa vie divine en toi, veut être libre, veut avoir une liberté absolue, et avec son acte incessant qu’elle possède par nature, elle se répand sur la créature et en écartant ses ailes de lumière plus que maternelles, elle investit chaque fibre du cœur, chaque battement, respiration, pensée, parole, œuvre et pas ; elle les réchauffe et avec son baiser de lumière, elle imprime sa vie sur chacun des actes de la créature. Et en détruisant la vie humaine, elle se constitue elle-même comme vie divine en elle. Et comme il ne peut sortir que des actes de ténèbres de la volonté humaine, ma Volonté ne veut pas se mêler à elle et veille continuellement à former sa vie, toute de lumière, dans la créature qui, librement, lui a permis de régner. Par conséquent, son attitude est admirable, elle est tout yeux afin que rien ne lui échappe ; et avec un amour indicible, afin de voir sa vie de lumière formée dans la créature, elle se fait battement pour battement, respiration pour respiration, œuvre pour œuvre, pas pour pas ; même sur les petits riens de la créature elle court, elle se répand, elle place la puissance de son Fiat, et crée en eux son acte vital. Par conséquent, sois attentive à recevoir son acte continu, car il est question de vie, et la vie a besoin de souffle, de battement continuel et de nourriture quotidienne. Les œuvres sont faites puis mises de côté et n’ont pas besoin d’être toujours tenues en main pour être des œuvres ; mais la vie ne peut être mise de côté – si l’acte cesse, elle meurt. Par conséquent l’acte continuel de ma Volonté est nécessaire pour toi – toi en le recevant et ma Volonté en te le donnant – afin que sa vie en toi puisse vivre, être formée et grandir dans sa divine plénitude.

            Après quoi je me sentais oppressée en pensant à ma pauvre existence, spécialement l’état dans lequel je me trouve. Combien de changement j’ai dû subir, même de la part de Notre-Seigneur. Mais je pensais à cela et à d’autres choses qu’il n’est pas nécessaire d’écrire ici, lorsque mon doux Jésus, se faisant voir en moi, me dit :

            Ma fille, mon amour pour toi a été exubérant, et afin de te mener là où te voulait ma Divine Volonté, j’ai dû adopter différentes façons d’agir durant les périodes de ta vie. Dans la première, mon amour et mon agissement envers toi étaient si tendres, si doux, si gentils et si jaloux que je voulais tout faire moi-même dans ton âme, et je voulais que personne ne puisse savoir ce que je faisais en toi ou ce que je te disais. Ma jalousie était si grande que j’ai mise dans l’impossibilité de t’ouvrir à qui que ce soit, pas même à ton confesseur. Je voulais être seul, libre, dans mon travail, et je ne voulais pas que quiconque s’en mêle ou soit capable d’examiner ce que je faisais. J’ai fait tellement attention à cette première période de ta vie – à ce que nous soyons uniquement toi et moi – que je peux dire que mon amour a utilisé toutes les armes divines ; et en te faisant la guerre, je t’ai assaillie de toutes parts afin que tu sois incapable de résister. Tout cela était nécessaire à mon amour, car sachant ce qu’il voulait faire avec toi – rien moins que restaurer la Création, donner à ma Divine Volonté le droit de régner, faire se lever la nouvelle ère dans la famille humaine – il a utilisé tous les arts et tous les stratagèmes pour arriver à ses fins.

            Lorsque j’ai été sûr de toi et que mon œuvre était en sécurité, mon attitude a changé – je t’ai fait briser le silence ; et l’ardeur de mes instructions et de mon discours était telle et si grande que je peux t’appeler la cathèdre de ma Divine Volonté, la secrétaire de ses secrets les plus intimes, si bien que, incapable de les contenir en toi, je t’ai commandé de les manifester à mon ministre. Et cette façon d’agir de ma part était nécessaire ; sinon, comment ma Divine Volonté aurait-elle pu être connue ? Et maintenant, ma fille, dans cette dernière période de ta vie, tu me vois agir d’une manière différente. Ne t’inquiète pas, laisse-moi faire, et je saurai comment donner à mon œuvre la dernière touche. Courage, donc, tu as la Divine Volonté en ton pouvoir – qu’as-tu à craindre ? Par conséquent, toujours de l’avant dans ma Volonté.