Religion : le sacré est féminin


Les chasseurs de Proboscidiens ont associé les rythmes de la nature,l’abondance de ses dons nourriciers, la magie de la naissance et de la vie, avec la femme et son pouvoir de procréation auquel ils se sentaient étrangers.


La perception intuitive de ces hommes immergés dans la nature et soumis à ses cycles leur avait fait prendre conscience des d’énergie qui lient le vivant et animent le monde naturel. La Terre elle-même leur apparaissait comme un être vivant qui les abritait, les nourrissait et déterminait leur vie et leur mort. Elle était parcourue d’ondes de vie, parfois terribles, elle avait tout pouvoir sur eux, un pouvoir qui dépassait leur compréhension.

L’ivresse de vivre des premiers hommes dans leur fusion perpétuelle avec les rythmes de la nature leur rappelait sans doute l’extase vécue dans l’accouplement avec leurs compagnes. Et de plus, elles donnaient la vie, tout comme la Terre elle-même. Ils n’avaient alors aucune conscience de leur rôle procréateur, ils accordaient alors toute la magie de la naissance aux seules femmes. C’est sans doute ainsi que la fascination et le mystère de la vie prirent dans la conscience des anciens une forme féminine : Le sens du sacré fut paré des formes et des attributs de la femme, car Nature et Femme appartenaient au même monde magique des ondes et des forces de Vie, un monde qui échappait à la compréhension de l’homme mâle.

Le mythe de la création apparut alors et donna un ancêtre unique à l’ensemble du monde, une femme, une déesse. L’apparition de la Grande Déesse dans la conscience des hommes est l’élément fondateur de notre religion, avec ses rituels chamaniques.


Rien de plus naturel alors que de vouer un culte à une déesse nourricière qu'ils ont très rapidement représenté en sculptant déjà l'ivoire. Nos archéologues ont découvert plusieurs de ces statuettes primitives :


Aujourd'hui encore ce culte se perpétue et crée un équilibre avec le pouvoir politique détenue par les Doyens, la majorité des servants de la déesse qui vouent leur vie à ça célébration sont des femmes, même si de jeunes hommes peuvent aussi les assister. Ces jeunes hommes représentent alors les Doyens dans leur forme la plus simple, la plus proche de la déesse et sont d'une certaine manière rabaisser symboliquement pour leur rappeler leur mère nourricière à qui ils doivent tout.

Comment deux étrangers ont défié la Grande Déesse Mère :

Tout commença par l'arrivée dans le port de Fergan d'un navire étranger venu commercer, rien de plus naturel à cette époque la Ligue avait déjà des liens commerciaux avec plusieurs autres peuples qui convoitaient notre artisanat de l'ivoire autant que nous étions demandeur de marchandises utiles, mais de ce navire débarqua deux personnages étranges. Nous prime leur costume et leur façon de s'exprimer pour une sorte d'exotisme et chacun avait son idée sur leurs intentions. Ils n'étaient visiblement pas des marchands car ils n'avaient rien à vendre et n'achetaient que leur nourriture.


Ils s'intéressaient beaucoup à nos personnages importants et cherchaient le plus de renseignements possibles sur nos dirigeants, après tout ce n'était peut-être que quelques un de ses voyageurs qui sillonnent les archipels pour leur simple loisirs et revenant d'un long voyage en feraient un long récit.

Le bateau qui les avait amené finis par repartir, mais les deux hommes restèrent. Il y a certes des étrangers vivant en Ligue Eburnéenne Décanale mais ils sont pour la plupart cantonnés à Fergan et ont tous ou presque une activité lié au commerce. Mais les deux hommes continuèrent leurs questions et finirent par demander à s'entretenir d'une affaire important avec les Doyens. Il leur fut expliquer que la chose était impossible car les Doyens ne sortaient déjà jamais de leur tour d'ivoire. Ils parurent très déçus et demandèrent à parler à d'anciens Doyens. La chose étant des plus impromptue étant donné le faible nombre de Doyens dans ce cas et la haute considération qu'il leur est réservée. Ils insistèrent pourtant, et un ancien Doyen daigna les recevoir à Fergan ou il résidait dans sa vaste demeure face à l'océan.


Les trois hommes eurent une longue discussion, puis à nouveau le lendemain et ainsi de suite pendant sept jours. Cette étrange rapprochement entre une personne si illustre et deux simples voyageurs commença a attirer l'attention du peuple. L'ancien Doyen s'affichait parfois avec les deux étrangers et ils se promenaient sur le front de mer visiblement plongés dans une discussion intense. L'ancien Doyen finis par mettre à leur disposition une des maisons qu'il possédait à Fergan au grand dame de l'aubergiste qui les logeait.

Se mis ensuite en place une routine particulière, de plus en plus de lédoniens se rendaient chez les deux hommes et particulièrement tout les sept jours, ou immanquablement l'ancien Doyen se joignait à eux. Au bout de quelques mois ils étaient devenus nombreux.


La milice des doyens commença sérieusement à s'y intéresser et sur ordre des Doyens, on demanda aux deux hommes de s'expliquer. Ils prirent la parole, et demandèrent simplement à être conduit dans un de nos temple, où ils en diraient plus.

Les Doyens demandèrent aux servantes de la Déesse qui après quelques jours de réflexions finirent par accepter ces étrangers dans un de leur temple et pour montrer la bonne volonté et la tolérance de la Déesse les autorisa a se diriger vers un des temples les plus anciens de la vallée du Décan. Le lendemain les deux hommes encadrés par des miliciens suivirent les servantes de la Déesse vers le temple, derrière eux l'ancien Doyen, les visiteurs de la maison et une petite foule de curieux.

Une fois dans le temple les deux hommes, le doyen et la cinquantaine de visiteurs de la maison sortirent de dessous leurs vêtements un pendentif en ivoire en forme de croix et les deux hommes se mirent à genoux suivi bientôt par les autres. Au grand étonnement de tous ils commencèrent une prière à un père qu'ils appelaient seigneur et qui était un mais ensuite trois personnes. Se levant, les deux hommes s'écrièrent :


-Mon frère, je vois le seigneur qui nous appelle !

-Et moi j'ai vu aussi le père entouré de ses anges, et un des anges m'a dit : Je vous ferai sortir du temple et je ferai crouler sur eux tout l'édifice.

-La Terre Mère, dit le premier, n'est que le serviteur du Père ; ce sont les démons qui résident en vos statues ; je leur ordonne de sortir !


Bien entendu rien ne se passa.


Cette tentative grave contre la stabilité de la Ligue Eburnéenne Décanale a été jugé immédiatement, les cinquante porteurs de croix et l'ancien Doyen ont été bannis définitivement de la Ligue Eburnéenne Décanale, et les deux étrangers condamné à la peine de mort. Aucun n'a fait appel, les traitres à la Mère sont parti le jour même après avoir été forcé d'assister à la sentence des deux étrangers par le Mastodonte, laissant tout derrière eux, leurs illusions comme seul baguage.


Depuis cet épisode déjà lointain, il ne fait pas bon sculpter une croix en ivoire...

La "croix du Doyen dévoyé" est conservée dans la tour des Doyens pour se souvenir de cette offense