La tour des Doyens

Au loin, la tour des Doyens à Ebur

Comme leurs avis ne sont jamais tout à fait dénués d'intérêt, difficile pour les Doyens de ne pas tout dire à leurs ministres, leurs ambassadrice, à la population. De cela découle la "solitude du dirigeant" qui, si elle est bien vécue, suscite le sentiment de pouvoir et l'indépendance d'idées. Toutefois, dès lors qu'elle est trop dure à porter, elle peut devenir un facteur négatif et affecter la capacité de décision des doyens. C'est pour cela qu'ils sont trois, c'est pour cela qu'ils vivent reclus, c'est pour cela qu'ils sont remplacés régulièrement par l'élection de nouveaux Doyens


Dans beaucoup de systèmes politiques les décisions cruciales reviennent finalement toujours à un seul dirigeant, seul, face à lui-même. Ce n'est pas le choix qu'ont fait nos anciens, nos Doyens sont reclus à Ebur, sont reclus dans leur tour d'ivoire (au sens stricte du terme) mais sont condamnés à un dialogue à trois. Là est la force et la stabilité de la Ligue Eburnéenne Décanale.


Pour les assister dans la gestion financière la plupart des dirigeants peuvent compter sur des banquiers ; pour les questions de politique ils ont une armée de conseillers. Ils pensent pouvoir se reposer sur des directeurs d'administration, ils sont très entouré. Ce qui ne les empêche pas de ressentir la solitude du dirigeant. Rien de tout çà en Ligue Eburnéenne Décanale, les Doyens ont tout les pouvoirs, leurs ministres sont leurs exécutant et leurs informateurs, ils sont leurs bras et leurs oreilles et même eux ne peuvent pénétrer dans la tour. Ils ne communiquent que par plis scellés. C'est d’ailleurs par le même guichet aveugle que sont servis leurs repas...


Enfiler le costume de Doyen, ou la première étape vers l'isolement vis-à-vis de ses anciens pairs est un bouleversement mental. Deuxième choc : le poids des responsabilités, même si l'on s'y est préparé de longue date : Il faut savoir prendre des décisions à trois, sans pouvoir toujours maîtriser toutes les conséquences sur la population. Dès les premiers jours, ils ont à traiter des dossiers sensibles concernant la qualité de l'eau potable, le commerce, la marine et une liste interminable de dossiers. Submergé par tout cela, la solitude arrive très vite, mais depuis toujours ils sont trois.


Les doyens seuls parmi les autres


Bien entendu, des décisions peuvent être déléguées, mais les ministères ne gèrent que l'intendance, les détails, les tracasseries. Il faut qu'ils sachent quand solliciter les Doyens, là se pose une difficulté. Ils n'ont pas toujours l'objectivité nécessaire, le ministre peut être très entouré, mais chaque lien de son entourage est un lien d'intérêt. Du moins reste-t-il l'oreille bienveillante des proches ? A ce propos, une boutade circule parmi les Doyens : "Les ministres frappent à notre porte quand leur femme ne veut plus ou ne peut plus les écouter."

C'est pour cette raison que les ministres sont révocables à tout moment si ils manquent de discernement.

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Le poids des secrets accroît aussi cette solitude des doyens. Toutes les informations ne peuvent pas être divulguées, les mauvaises nouvelles sont difficiles à annoncer. Mais cette solitude est-elle si négative puisqu'elle n'est que partielle ? Non il existe bien des atouts à être les seuls à la barre. Pour parvenir au bout de ses idées, une phase de solitude est nécessaire. Contrairement aux ministres, les Doyens ont ce luxe d'être seuls dans leur tour avec leurs convictions et leur indépendance d'idées.