MONLAUR-BERNET

Témoignages recueillis par le Colonel (er) Germain Monfort (27/11/2020)

Container

Le container de type C a été caché pendant la guerre de 39-45 par mon père, Oscar MONFORT, dans sa ferme située au lieu-dit Dellont, hameau de Bernet, à Monlaur-Bernet (32). Il avait fait disparaître le parachute et le harnais en brûlant le tout.

Sans être incorporé à une unité du maquis local, mon père facilitait l’action du Corps Franc Pommiès suivant les besoins de celui-ci, notamment en ravitaillant les maquisards occupant épisodiquement le château (non habité, sauf l’été) de Bernet appartenant à la famille de Dufau de Maluquer. Des réunions de commandement y avaient lieu. Ma mère, Lucie MONFORT, était aussi mise à contribution pour participer et faire le guet aux alentours (route de Castelnau-Magnoac à Aujan) lors de ces réunions.

Ce container était destiné à des éléments du Corps Franc Pommiès et plus particulièrement au groupement « Centre » commandé par le capitaine Marcel Céroni.

Il a été parachuté à Ponsan-Soubiran au lieu-dit Les Perches, à quelques km de la ferme de mon père. Une dizaine de parachutages ont été effectués en 1944 dans cette zone. Selon mes recherches, le container a été parachuté vers le 10 avril. Le message l’annonçant était « Le torrent est en colère ».

En 2016, j’ai fait don du container au musée de la Résistance à Auch.

Ravitaillement du maquis

Les hommes du maquis évoluant dans une zone située en limite des départements du Gers et des Hautes-Pyrénées, ils avaient besoin d’être ravitaillés en vivres, a fortiori lorsque l’état-major du CFP tenait une réunion au château de Bernet. Le lieu de ces réunions n’était connu qu’au dernier moment pour ne pas permettre à l’occupant et ses indicateurs d’en connaître l’endroit avec toutes les conséquences pour les participants.

Il fallait nourrir les hommes. Oscar MONFORT était donc sollicité pour procurer de la viande et d’autres produits en nombre suffisant. Sa connaissance du terrain et ses liens avec les autres paysans des alentours lui facilitait la mission.

Ainsi, par exemple, il allait la nuit dans telle ferme pour abattre et dépecer un veau dont la viande était cuite dans les cuisines du château de Bernet. Le repas pouvait se résumer aussi à du pâté et une omelette, suivant l’importance du ravitaillement, et surtout du délai imparti à la préparation.

Signaux de transmission

Il existait un système de transmission rustique entre les éléments du maquis stationnés au château de Bernet et leurs correspondants à Castelnau-Magnoac. Un drap blanc tendu à l'une des fenêtres de l’hôtel Dupont, et le même signal au château de Bernet était une information comprise par les protagonistes de part et d’autre.


La Résistance

Il est difficile dans un tel fascicule d'exposer une période de l'histoire qui a donné lieu dans les médias à tant de commentaires, et d'autant plus que nos grands-parents et parents ont vécu cette tranche très mouvementée de l'Histoire qui reste encore fraîche dans les esprits.

Aussi, nous nous bornerons à relater certains faits anecdotiques qui peuvent intéresser les plus jeunes de nos concitoyens car c’est l'Histoire de leur « coin » qui est concernée.

Alors que s'est-il passé chez nous entre 1940 et 1944 ?

Au début presque rien car la Résistance n'était pas structurée et ses membres agissaient surtout en milieu urbain (presse clandestine, tracts, graffitis, puis actions à main armée limitée contre l'envahisseur). Cependant, dans certaines contrées rurales, des groupes armés commencent à s'organiser. Armand Recurt, premier résistant de Monlaur-Bernet, part en 1941 dans un maquis de la Creuse. Il échappera plus tard, le 7 juillet 1944, à l'anéantissement du maquis de Meilhan. Pendant l'occupation, ses parents avaient recueilli des juifs. Cet ensemble de faits était largement suffisant pour envoyer tout le monde en camp de concentration !

Dans le sud-ouest comme dans le reste du pays, la Résistance s’est faite plus structurée à partir de 1943. Des maquis naissent alors un peu partout. Les chefs sont issus de l'armée française dissoute. La lutte armée prend sa véritable dimension avec le concours de Londres qui envoie des armes en particulier grâce à l'action d'agents anglais du « spécial opérations exécutive ». Des armes sont en effet parachutées à Monlaur au lieudit « Austranous », à Ponsan au lieudit « Las Perches », et à Duffort au lieudit Peymarchand ». Les containers étaient cachés dans les fermes, très souvent sous le foin.

A partir du 6 juin 1944, date du débarquement des Alliés en Normandie, l'activité dans notre région est intense. En effet, l'ordre général aux maquis est de harceler l'ennemi afin de le paralyser pour mieux le mettre hors d'état de nuire.

Le château de Bernet a servi très souvent de lieu de réunion pour l'état-major du corps franc Pommiès ou de lieu de repli après certaines actions. Oscar Monfort participe à son ravitaillement.

Le 6 juin au soir, un groupe de commandement et deux compagnies se regroupent au château. Des éléments de combat sont disposés autour du château pour assurer la sécurité au cas où les Allemands attaqueraient.

Dans la nuit du 7 au 8 juin, Céroni et trois compagnons font un coup de main sur la caserne de la Garde à Mirande pour récupérer de l'habillement et de l'armement nécessaires pour leur bataillon. Le retour au château de Bernet s'est effectué sans ennui. Le butin était très important : 30 fusils, 30 pistolets et 7 mitraillettes et leurs munitions, une centaine de paires de brodequins neufs, manteaux et pantalons militaires.