L'ISLE-JOURDAIN

Pont Garigliano sur la SAVE

Le 19 août 1944, les troupes allemandes quittent la garnison d'AUCH pour essayer de regagner TOULOUSE Il est décidé de leur couper la route au niveau de la SAVE à L'ISLE-JOURDAIN. Un éclaireur motocycliste (Hermann Jacob), envoyé en reconnaissance en avant du détachement, vers 19h30, se heurte à une imposante barricade devant le Pont sur la Save, à l'entrée de L'ISLE-JOURDAIN. Cette barricade, constituée d'une machine agricole (une batteuse) et d'un camion (ou un autocar) a été élevée en fin d'après-midi, vers 19 heures.

" Le mérite de la mise en place de cet obstacle revient à Joseph Cassagne, chef du groupe de Ségoufielle (du bataillon Voisin) chargé plus spécialement des opérations de sabotages. Dans l'après-midi du 19, il avait été alerté par une estafette du P.C. de Casanova, installé à Peyrigué, du départ de la garnison d'Auch et de son passage probable à l'Isle-Jourdain. Par ailleurs, le gendarme Gasquet de la brigade de gendarmerie de cette ville en avait également été informé. Sachant que le groupe de résistants de Ségoufielle détenait des explosifs, il se rendit vers 18 heures chez Cassagne pour qu'il fasse sauter le pont sur la Save. A signaler que dans la journée, par un heureux concours de circonstances, Cassagne avait réussi à faire prisonniers deux Allemands venus réquisitionner un véhicule et s'était emparé de leurs deux fusils Mauser, renforçant ainsi l'armement du groupe doté seulement de quelques mitraillettes. Le chef de groupe, avec trois de ses hommes, se rendit sans perdre de temps à l'Isle-Jourdain où il s'empressa de faire édifier une barricade sur le fameux pont enjambant la Save et passage obligé pour rejoindre Toulouse. Il y fut aidé par le propriétaire d'une locomobile (batteuse) qui plaça lui-même son engin sur le pont tandis que Darqué, aidé d'un officier en retraite, Ségouffin, et de quelques jeunes de la localité, amena un autocar pour renforcer l'obstacle. Cassagne compléta le dispositif en minant la barricade. Nous avons vu que celle-ci, à peine terminée, la colonne ennemie se présentait et avait été obligée de s'arrêter, abusée sur l'importance de la résistance, par le feu du petit groupe. Sur ces entrefaites, survint le chef Lesur ayant réussi à rejoindre en empruntant des chemins détournés et à devancer les éléments du bataillon d'Armagnac. Informé de la situation, il fut satisfait des mesures prises mais demanda d'enlever le minage de la barricade craignant une méprise de la part d'éléments amis."

Général Marcel CÉRONI Tome II "Le Corps Franc Pommiès" - La Lutte Ouverte (p.477)

"Les Allemands sont stoppés définitivement par le barrage édifié par les résistants locaux et dont la pièce maîtresse n'est autre qu'une machine à vapeur utilisée pour les dépiquages. Le chef départemental des FFI. (Forces Françaises de l'Intérieur), Marcel Lesur, -Marceau-, arrivé sur ses entrefaites, est satisfait de la situation : l'ennemi, étant donné cet obstacle imprévu et l'heure avancée, va devoir passer la nuit sur place, donnant ainsi aux forces du maquis la possibilité de l'envelopper. Les salves tirées par le résistant Joseph Cassagne de Ségoufielle, avec un Mauser de récupération, dissuade les Allemands de forcer la barricade.

Guy LABÉDAN Lieux de Mémoire de la 2ème Guerre Mondiale dans le Gers