Pour lire ou écrire avec toute la concentration nécessaire je me lève à quatre heures du matin et je m’installe à mon bureau dans le silence de la nuit. Socrate, mon teckel, vient à mes pieds ou s’installe sur le divan derrière moi. De temps en temps il bâille bruyamment soit pour se rappeler à moi, soit pour manifester qu'il doute fortement. Je le caresse et les choses reprennent leur cours : lui son sommeil vigilant et sceptique, moi mon livre.
Ces notes, inspirées de près ou de loin par des livres de philosophie et de critique littéraire, ont été écrites pour l’essentiel entre 60 et 70 ans puis révisées récemment. A cet âge de la vie, je ressentais vivement le besoin de faire le point sur l’existence en général, et sur la mienne en particulier; d’examiner si les idées que j’emprunte aux auteurs, et que je reformule à ma manière, me définissent bien en tant que personne.
Ce journal de mes idées - en forme de confession ou plus exactement d'autographie - est maladroit à ses débuts. Je ne maîtrisais pas le savoir philosophique de base. Puis peu à peu les thèmes directeurs s’affirment, la doctrine se dessine au point d’aboutir à un testament philosophique personnel qui définit l'espace mental élargi où peut se déployer mon sentiment de l'existence.
Désormais, j’ai l’illusion d’être celui qui pense ce que je pense, l’illusion que ce corpus d’idées me définit mieux que ne pourrait jamais le faire une autobiographie, et, plus encore, que cette pensée revêt un caractère définitif.
Janvier 2024
jean.de-rycke@orange.fr