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lundi 25 novembre 2019 -
Docteur Catherine Meut
Médecin diplômée de la faculté de Paris
Diplômée de santé publique
La Brosse – Normandel
Monsieur le Maire de Charencey,
Mesdames et Messieurs les élus du conseil municipal,
Depuis plusieurs semaines des rumeurs circulent à propos d’un 3ème projet d’éoliennes industrielles dans la commune. De nombreux habitants ont été démarchés par des représentants du promoteur RES. Ils ont osé diffuser un dépliant avec une carte d’implantation s’étendant de Normandel à Beaulieu. Certains propriétaires auraient même déjà signé des promesses de bail. J’ai interrogé la Mairie qui m’a assurée ne pas avoir été informée au préalable par RES.
Cela va faire 20 ans que je suis à Normandel : je n’ai jamais reçu aucune information claire au sujet des projets d’éoliennes. Et je ne suis pas la seule. Il règne une grande opacité au détriment des habitants concernant ces projets pourtant déterminants pour l’avenir.
C’est grave.
Cette année même, RES a été convoqué à l’Assemblée Nationale le 18 juin par une commission d’enquête. Le directeur de RES Pascal Crapelet a été interrogé et a déclaré sous serment, je le cite : « Il faut aller rencontrer les élus très tôt dans le process, avant de signer des promesses de baux. Pour notre part nous nous obligeons à cette pratique ».
Ma question est donc simple : qui dit vrai ? RES ou vous messieurs les maires ?
Je demande donc, maintenant que vous en êtes avertis, que vous preniez clairement position sur ce projet éolien RES en cette période pré-électorale et que vous engagiez votre parole.
Vous prétendez que votre objectif pour Charencey consiste à rendre notre territoire plus attractif avec notamment la création d’un pôle de services et de logements.
Croyez-vous vraiment que des zones industrielles de 3 puis 4 puis 5 éoliennes, sont de nature à renforcer l’attractivité de notre commune ? Avec le projet RES, des colosses gigantesques de béton et d’acier, culminant à 200 mètres de hauteur viendraient encercler les habitants. Ils seraient parmi les premiers de cette taille en France, soit presque 4 fois la hauteur de la tour de la Madeleine à Verneuil.
Qui voudra rester ou s’installer dans un cadre de vie défiguré, écrasé par la hauteur vertigineuse de ces engins ? Qui voudra prendre ce risque pour sa santé, celle de sa famille et de ses enfants ? Qui voudra demeurer à proximité du bruit, des infrasons, des lignes à haute tension de raccordement et leurs champs électro magnétiques qui mettent en danger la santé animale et humaine ?
Les preuves de danger pour la santé s’accumulent dans le monde et en France ; un scandale sanitaire est en train d’éclater à Nozay. Plusieurs agriculteurs à l’origine pro-éoliens sont maintenant en procès contre le promoteur : des centaines de vaches sont mortes, la production laitière a chuté et le lait est d’une qualité médiocre qui ne vaut rien sur le marché. Partout en France des riverains témoignent de l’atteinte à leur santé : insomnies, dépression, vertiges, nausées et maux de tête quotidiens, fatigue permanente, épilepsies, sifflements dans les oreilles sans traitement efficace. Ces troubles disparaissent à distance des éoliennes ou quand elles s’arrêtent. L’Académie de médecine qui niait le syndrome éolien fait désormais machine arrière et vient de préconiser une distance minimale de 1000 mètres, inquiète d’un phénomène sanitaire qui prend de l’ampleur. Et ici au contraire, à Charencey, le promoteur EDF est revenu sur son engagement initial, obtenant une augmentation de hauteur des éoliennes de quasi 10% .
C’est abuser de nous.
Pour revitaliser notre territoire en étant respectueux du cadre de vie des habitants et attentif à leurs intérêts, il y a des solutions plus valables.
Car au vu des comptes de Charencey, il apparaît que notre commune a reçu seulement 6 000 euros de subventions d’investissement en 2018. C’est dix fois moins que la moyenne des communes entre 500 et 2000 habitants qui est de 81 euros par habitant, soit 68 000 euros pour une commune de 845 habitants. Des possibilités de financement permettant à la fois de monter des projets et de renforcer l’attractivité de notre territoire existent largement. Il s’agit de le vouloir, d’en avoir l’ambition. Un exemple très proche et concret nous le montre à Crulai avec le projet de pôle de service épicerie qui a obtenu 90 000 € de financement européen avec le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural).
Comme le soulignait Guy Perret, Maire de Normandel, dans un interview du Réveil Normand en septembre 2017 « on a tout fait à l’envers ». Oui, depuis le choix du nom de la commune jusqu’aux moyens mis en œuvre pour renforcer l’attractivité économique et le rayonnement touristique.
Les calculs de retombée fiscale sont faits sans vision claire pour l’avenir de la commune et trahissent une vision à court terme. Les recettes fiscales escomptées viennent, ne l’oublions pas, en compensation des nuisances causées.
Sont-elles vraiment indispensables à la réalisation de nos projets et au fonctionnement courant de Charencey?
Ce que vous croyez avoir négocié est révisable car avec les élections municipales de 2020, les communes et l’intercommunalité devront procéder à la répartition des sièges au sein du conseil communautaire, et rien n’est écrit dans le marbre quant aux accords passés et à venir.
En pratique, avec l’encerclement par l’éolien industriel, ce sont aussi les ressources économiques liées à l’agriculture, l’élevage, le tourisme, le commerce et l’artisanat qui sont menacées. Les seuls vrais « gagnants » sont les promoteurs qui empochent des millions d’euros de bénéfices subventionnés par l’état et qui reversent des miettes à notre municipalité. Les propriétaires, qui auront loué leurs terres à ces mercenaires, seront bien isolés. Ils lègueront à leurs enfants et à la commune un cimetière de mâts rouillés dans une commune dévastée. Ils nous laisseront des tonnes de béton (+ de 1200 tonnes par mât) qui viendront polluer la terre et les nappes phréatiques. Car personne ne viendra les enlever pas plus que les immenses pales en carbone non recyclables.
Est-ce cela que vous souhaitez pour l’avenir de notre commune ? Charencey, un chancre à l’orée du Perche?
Il faut aussi prévoir le coût du démantèlement des éoliennes qui seront à notre charge d’ici 20 ans : 500 000 euros pour une éolienne de moins de 100 mètres. La responsabilité en incombe au propriétaire et non au locataire, et in fine à la commune. Les promoteurs ne provisionnent que 50 000 euros par mât comme inscrit noir sur blanc au contrat.
Il est illusoire de compter sur les engagements de la filiale d’EDF Energie Nouvelle, la Société par action simplifiée « Parc éolien du haut perche » avec son capital ridicule de 5.000 euros, et dont les fonds propres étaient déjà négatifs de - 39 600 euros à la fin de 2018 (source tribunal de commerce). Elle continuera comme tous les exploitants du même acabit à rester déficitaire pour mieux défiscaliser en France et transférer les recettes dans les paradis fiscaux. Enfin elle disparaîtra en liquidation et nous laissera en plan avec les déchets. Au total, les compensations financières sont très inférieures au coût financier des nuisances.
Et qui paye en attendant ? Nous tous bien sûr, car après les taxes sur le carburant qui a déclenché la crise des gilets jaunes, le prix de l’électricité avec la CSPE ne cesse d’augmenter indûment pour subventionner cette industrie éolienne corruptrice. Une nouvelle crise est à venir prochainement. Elle n’épargnera pas Charencey et les communes voisines : les habitants vous demanderont des comptes.
En résumé : que comptez-vous faire pour défendre l’intérêt général que vous êtes censés représenter, et non les intérêts privés que vous connaissez bien ?
Êtes-vous donc à la solde de ces entreprises ? Leur rapacité est sans limite, rien ne les arrêtera, maintenant que vous leur avez ouvert le champ. Les laisserez-vous envahir notre pays ?
Vous n’avez pas respecté le principe de précaution sanitaire et environnemental, la préfecture de l’Orne non plus. Alors que la détermination et les choix du conseil municipal peuvent orienter les décisions préfectorales. Le conseil a encore du pouvoir.
Monsieur le maire, mesdames et messieurs les élus, j’en appelle à votre responsabilité.
Face à la colère légitime des habitants, vous aurez des comptes à rendre.
Petite fille et nièce d’agriculteur, je suis sensible aux difficultés de nos campagnes.
Fille de gendarme, médecin et fondatrice d’une association, je suis farouchement attachée à la défense de l’intérêt général.
En tant que membre de l’association L.A.V.R.E. et de la Fédération Environnement Durable, je suis fermement opposée aux éoliennes industrielles. Je serai particulièrement vigilante sur le dossier santé. Tous les moyens de communication et d’enquête seront mobilisés contre le projet RES et les autres. S’il le faut, nous aurons recours aux instances judiciaires compétentes, au civil comme au pénal. Nous informerons tous ceux, nombreux, qui sont opposés à ces projets. Nous mobiliserons les électeurs contre l’omerta et la confusion que vous entretenez autour des éoliennes.
Une mise au point est urgente : elle peut aussi être l’occasion de rétablir un dialogue constructif et de restaurer la confiance.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, Mesdames et messieurs les élus, l'expression de ma considération distinguée.
Le 19 novembre 2019
Docteur Catherine Meut