Dans un premier temps, lorsque j'ai pris connaissance de la thématique et des consignes à l'IFFP j'ai ressenti comme une certaine "excitation". Je me réjouissais de faire les liens entre classe inversée et les outils TICS. Je me suis vite sentis relativement confiant car j'avais la classe "par excellence" pour réaliser une expérience de ce type et une thématique de cours qui me semblais être tout à fait propice pour faire les liens que j'avais imaginé.
Durant la construction de mon cours, tout allait aux mieux, mes idées étaient claires, mes critères, les liens avec l'objectif de formation, les modalités d'évaluations aussi. De plus, les cours reçus à l'IFFP, m'ont permis d'avoir les outils dont j'avais besoins.
Je me suis senti un peu frustré durant cette étape par le refus de ma hiérarchie de créer un site internet pour la thématique. J'avais plein d'idée... J'ai donc pris l'option de faire avec « les outils du bord » c'est à dire la fribox. D'un point de vue esthétique elle n'est pas très attirant, mais pratique au niveau du stockage d'information (sans limite de capacité). L'autre plus-value importante qu’offre la fribox est que les autres enseignant ont aussi la possibilité de l'utiliser et que par conséquent, si les élèves prennent l'habitude de l'utiliser durant ce cours, ceci peut leurs être bénéfique pour d'autres cours également.
Durant la phase de donnée des consignes, je me sentais confiant, tout était prêt, et je savais exactement où aller. J'étais détendu, à tel point que lorsque je leur ai montrer la vidéo d'accroche, j'ai pu sentir les larmes qui me montaient tellement je trouvais cette vidéo touchante, alors que si j'étais tendu je n'aurais pas peut-être autant dans l’instant présent.
Durant la réalisation, je me suis senti presque inutile. Je ne savais pas quoi faire, les élèves faisaient par eux-mêmes. Au début je tournais dans les groupes pour savoir si je pouvais les aider, mais là plus part du temps les réponses furent "non, tout va bien". J'ai pris une grande leçon d'humilité ! J'ai pris conscience que finalement mon rôle est de donner la possibilité aux élèves de se mettre en situations d'apprentissages, de donner certains outils, mais pas de leurs démontrer ma connaissance. J'ai pris conscience de ce rapport de dépendance que peut instaurer un enseignant "Moi je sais, si vous voulez savoir vous avez besoins de moi". Durant ce cours, ils apprenaient par eux-mêmes, moi je n'ai servi qu'à leur montrer "les sommets à atteindre" et c'est eux qui ont choisi le chemin qui leurs convenaient.
"j'ai passé du rôle statu de guide de montagne que j'aimais bien à celui de gardien de cabane qui observe avec des jumelles que les alpinistes aillent de bonne condition pour arriver aux sommets..." Cependant je pourrais leurs laisser encore plus d'indépendance en leurs laissant trouver la formule, construire les grilles etc...
Cette partie a été difficile pour moi. En effet, je pense, que j’ai à cœur de reproduire des modèles "de bon prof" que j'ai eu dans mes diverses formations. Je remarque maintenant que ma conception du "bon prof" est à redéfinir. Je suis reconnaissant autant vis à vis des élèves qui m'ont permis de faire cette prise de conscience qu'à l'IFFP qui a su prendre ce rôle de me laisser cheminer seul dans cette découverte.
Durant la phase restitution des supports, je me suis senti infiniment curieux de voir leurs productions et je me suis senti fière lorsque j'ai commencé à les visionner, écouter etc. J'étais tellement fière du résultat que j'ai dû le partager avec mes collègues, je voulais qu’eux aussi soient émerveillés du travail accomplis par les élèves.
J'ai été étonné par l'investissement donné à ces travaux, à la recherche qu'ils ont tous fait en arrière-plan, le contenu est en effet pertinent. De plus je note qu'ils ont eu des idées que je n’aurais pas eues moi-même. Ils ont abordé les thématiques avec leurs propres ressources, leurs propres références et agrémenté de leurs expériences propres. En visionnant leurs productions, j'ai ri, sourit, froncé quelques fois les yeux, des fois je me suis dit ; « mais qu'est ce qu'il raconte » pour en arriver à la conclusion "c'est magnifique".
Durant la phase "réception des grilles d'évaluations par les pairs et restitution des autoévaluations". J'ai été surpris de l'avance qu'ils avaient pris. En effet le fait d'avoir à disposition tous les documents à l'avance leurs a permis de s'organiser selon leurs agendas et de n'avoir aucune difficulté à rendre les travaux demandé dans les délais.
Lorsque j'ai abordé avec eu ce qu'ils ont pensé de cette expérience, j'ai pris "une claque"... les retours n'étaient pas si positifs que cela. D'une certaine façon je me suis dit "magnifique" et eu se sont dit "Ok, mais bof". Durant le moment où les élèves témoignaient de leurs vécu durant cette expérience, j’espérais que des élèves prendraient la parole pour dire "excellent !" super "idée !" Mais ils n'en firent rien. Ils avaient un regard critiques, et surtout sur l'aspect "Est-ce adapté à notre pratique ?" J'ai pris conscience que je m’étais un peu éloigné de leurs pratiques car en effet dans l'enfance, l'usage des médias tel que le film, la télévision ou voir le livre numérique et très critiqué... Et qu'il n'est pas adapté à des petits ne serait-ce que par la forme... Je me suis donc senti déstabiliser par tous ces retours critiques, mais à mon sens, constructif.
Avec un peu de recul, je me suis senti également apprécier et respecté en tant qu’enseignant partenaire de leur formation. En effet, je pense que pour que les élèves puissent partager avec moi, leurs avis en toutes franchise, démontre une relation propice à l'apprentissage.
De plus, leurs réflexions, même si ce n'est pas celle que j'attendais, démontre une prise de conscience en lien avec l'objectif de formation. J'ai donc aussi ressentit une certaine satisfaction, une fois le "choc" passé, lié au fait que les élèves avaient intégré toutes les dimensions liées à leurs objectifs de formation. J'y reviens plus en détail sous l'onglets Évaluation