De passage à Boston, nous avons eu la chance d'assister à une représentation du spectacle que donnaient Penn & Teller, au Shubert Theater, du 13 au 25 février 2001.
Penn & Teller sont ensemble depuis 25 ans. Ils parcourent les Etats-Unis avec un materiel considérable. Si la plupart de leurs numéros sont du domaine des grandes illusions, ils font aussi quelques tours poêtiques avec très peu de choses: un foulard dans un papier roulé en cornet, une cigarette dans l'oreille, une balle rouge et un citron…
Penn est grand et fort (ce qui ne l'empêche pas de s'enfermer dans un tonneau transpercé de barres métalliques!), il parle sans arrêt avec profusion de jeux de mots (pas très accessibles aux non-américains). Teller est petit, frisé, ne dit pas un mot, mais son visage est très expressif. Il ne fait semblant de parler que dans un numéro utilisant un déchiqueteur de végétaux (de cartes et... de petits lapins blancs) extrèmement bruyant ! Certains ont cru qu'il était sourd-muet; il n'en est rien, nous lui avons parlé.
Le spectacle commence avec l'arrivée sur scène de deux robots gonflés à l'éffigie de Penn & Teller qui font un tour de cartes. Il continue avec des numéros dont les plus remarquables sont:
- Le ruban de tissus coupé, noué et reconstitué (voisin de celui de Jean Mad),
- Le lanceur de poignards comprenant 3 parties :
* la spectatrice est contre la cible, les yeux bandés
* Penn donne une fausse démonstration à base d'aimants derrière la cible
* la spectatrice, les yeux bandés, lance, à son tour les poignards (mais ils sont attachés à son insu avec une canne à pêche).
- Un numéro avec 4 spectateurs et 4 paquets de cartes, à tarots différents, qui sont coupés; Penn devine combien de cartes sont au dessus de la coupe. Il inscrit ces nombres sur des ardoises. La somme de ces nombres apparaît à la sortie d'une imprimante sur une banderolle de papier. Teller, déguisé en mage et qui fait semblant de lire, sort alors 4 grandes cartes: ce sont celles de la coupe de chaque spectateur, avec le tarot correspondant.
- La cabine spirite classique, mais avec une bonne dose de débinage puiqu'à la fin Teller, qui était attaché à la chaise, se lève et s'en va laissant cloués à la chaise les morceaux de cravate et de liens des mains et des pieds qui étaient sensés lui interdire tout mouvement.
- Des numéros d'ombres chinoises, soit sur un drap (derrière lequel Penn, dans une camisole de force, est pendu, mais réussit à s'échapper), soit sur un tableau de papier avec l'ombre d'une rose: lorsque Teller coupe l'ombre sur le papier, les parties correspondantes de la vraie rose tombent aussi. Un numéro partiellement divulgué de la disparition du drapeau américain et de sa ré-apparition, flottant en haut de sa hampe.
- Pour terminer, le célèbre tour du tir de pistolets croisés (the bullet catch): Penn et Teller ont chacun un magnum 357 équipé d'un laser de visée. Ils se tirent l'un sur l'autre, à travers deux vitres, en utilisant des balles signéées par deux spectateurs. Lors du tir, les vitres sont perforées et les balles se retrouvent dans la bouche des tireurs qui les font examiner. Les pistolets sont fumants et les douilles sentent bien la poudre. Ce tour, vieux de près de 200 ans, est l'un des plus dangereux. Ben Robinson décrit 12 accidents mortels. La version de Penn et Teller a été inspirée des découvertes technologiques de Steve Banachek, mais il paraît que ce dernier a eu une belle peur lorsqu'il a vu la version actuelle du tour!
Verrons nous un jour ce duo remarquable sur une scène ou dans une emission de télé françaises? Si cela arrive, ne les manquez pas!
Boston, le 22 février 2001