Le patronyme Godec semble originaire du pays de Léon en Bretagne, des environs de Lannilis, Plouvien ou Roscoff. Prigent reste un prénom très caractéristique de ces régions. On trouve ainsi un Prigent Godec né le 10 mai 1661 à Lannilis (Finistère).
Prigent Godec exerçait à Paris, rue de Montorgueil, à l'image S. Pierre.
Les impressions de Prigent Godec
Extrait de : Frédéric Lachèvre, "Geoffroy Vallée et la Béatitude des Chrestiens (1573)",
§ La beatitude des chrestiens, ou le Fleo de la foy…
Un seul exemplaire connu. Voir la réimpression, Orléans, Déméter, 2005, édition présentée et établie par Alain Mothu avec la participation de Patrick Graille, reproduction de l'unique exemplaire connu conservé à la bibliothèque Méjanes d'Aix-en-Provence
Exemplaire de la Bibliothèque Méjanes à Aix-en-Provence« C’est un livre plein de blasphêmes et d’impietez contre Jesus-Christ. […] Je m’étonne qu’il y ait si peu d’auteurs qui parlent de cet athée », écrivait Pierre Bayle en 1697 à l’article « Godefroi du Val » de son Dictionnaire historique et critique, à propos de La béatitude des chrétiens et de son auteur, condamné par un arrêt du Parlement de Paris du 8 février 1574 à être pendu en place de Grève avant que son corps ne soit « réduit en cendres », comme son libelle paru l’année précédente (sorti des presses du libraire Godec d’après le texte de l’arrêt). Mais si peu d’auteurs encore en parlaient en 1697, un plus grand nombre de curieux ne tardèrent pas à s’y intéresser. L’ouvrage fut mentionné dès 1705 au chapitre « des livres rares » dans un périodique allemand, les Observationes selectæ publiées à Halle, mais l’attention du public fut surtout attirée sur lui par la mention que Bernard de La Monnoye en fit dix ans plus tard dans la troisième édition du Menagiana (Paris, F. Delaulne, 1715) puis, aussitôt après, par un article plus développé d’Albert-Henri Sallengre dans ses Mémoires de littérature (La Haye, H. du Sauzet, 1715). Le Menagiana rendait d’ailleurs compte de la pensée de Vallée avec plus de justesse que Bayle en soulignant que « le fond de sa doctrine n’est pas l’athéisme proprement dit, mais un déisme commode, qui consiste à reconnoitre un Dieu, sans le craindre, et sans appréhender aucunes peines après la mort. » Il redressait également l’erreur de Bayle qui, interprétant faussement un passage du commentaire du jésuite espagnol Juan Maldonado sur le chapitre 26 de l’évangile de saint Matthieu, avait cru que Vallée était l’auteur d’un autre ouvrage intitulé De arte nihil credendi (« De l’art de ne croire à rien »), alors qu’il s’agissait là de la formule latine employée par Maldonado pour désigner et caractériser La béatitude des chrétiens.
Bayle ne parlait du texte de Vallée que de seconde main, en s’appuyant notamment sur ce qu’en avait dit la Bibliothèque françoise de La Croix du Maine en 1584 : il n’en eut jamais une connaissance directe. C’est La Monnoye, grand connaisseur de « livres proscrits et condamnés au feu » suivant le témoignage de d’Alembert, qui découvrit à Dijon un exemplaire de l’édition originale au début du XVIIIe siècle. Selon une tradition transmise par la Bibliographie instructive de Debure (n° 843), il s’agirait de l’exemplaire « qui a servi au greffier, pour instruire le procès », tandis que Frédéric Lachèvre prétendait en 1920 qu’il « provenait probablement du petit-neveu de Geoffroy Vallée, Jacques Vallée des Barreaux (1599-1673) », poète libertin du XVIIe siècle qui l’aurait offert à l’un de ses amis bourguignons du Parlement de Dijon auprès duquel La Monnoye, lui aussi dijonnais, l’aurait retrouvé une trentaine d’années plus tard. Aucun élément de preuve ne permet d’étayer l’une ou l’autre de ces deux hypothèses. Quoi qu’il en soit, cet exemplaire, enrichi de la note autographe de La Monnoye dont le contenu est repris dans le Menagiana, est aujourd’hui encore le seul qu’on connaisse à avoir échappé au bûcher. Son exhumation donna lieu à d’assez nombreuses copies manuscrites (on en connaît une vingtaine qui datent du XVIIIe siècle), puis on en fit à la fin des années 1760 une édition tirée à un petit nombre d’exemplaires, manifestement destinée au public restreint des amateurs de raretés plutôt qu’aux besoins de la critique philosophique. Car à cette date, le texte de Vallée qui avait paru scandaleux en 1573 avait beaucoup perdu de sa charge subversive. Ce qui le recommandait n’était plus tant son contenu que son extrême rareté et l’aura que lui conférait l’épreuve du feu.
• Frédéric Lachèvre, L’ancêtre des libertins du XVIIIe siècle : Geoffroy Vallée et La Beatitude des chrestiens (1573), Paris, 1920 ; Alain Mothu, “La beatitude des chrestiens et son double clandestin”, dans La philosophie clandestine à l’Âge classique, éd. par Antony McKenna et Alain Mothu, Oxford, Paris, 1997, p. 79-117.
§ LES || TENEBRES || du Grand Turc a || six Leçõs, sur les regretz de la perte || de ses gẽs tant à Malte qu'à Rhode, || Cipre, Famagouste, Espaigne, Ce- || cile, Naples, & autres lieux aparte- || nans aux Chrestiens. || A Paris par Prigent Godec, demou - || rant rue de Montorgueil, au Coq . — [A la fin :] 1572. In-8 de 12 f. non chiffr. sign. A-C par 4.
Le titre est orné d'un portrait du « Grand Turc ». Le même portrait est répété au r° du f. C 3, au-dessus de la Conclusion.
Au v° du titre est un douzain « Au Lecteur ».
Le poème, une des pièces les plus rares qui aient été publiées après la bataille de Lépante, est une imitation facétieuse des prières qui se récitent pendant la semaine sainte. Il est inspiré par Les Tenebres de mariage. En voici les premiers vers :
Moy, qui suis sultan Soliman,
Empereur tout premierement
Des Grecz et aussi des Hebrieux...
Chaque leçon se termine par ce refrain :
Mahon, je voy, Mahon, je voy
Que contrainct suis changer ta loy.
On trouve à la fin un sixain, le portrait du Grand Turc, un huitain et la date.
P. L. Jacob, Recherches bibliographiques sur des livres rares et curieux, Paris, Edouard Rouveyre, 1880.
Exemplaire
Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des Manuscrits. Rothschild 2781 (419 -Cote topographique : Cote topographique : IV, 2, 68.
Source : CCFR
§ Cantique general des catholiques, sur la mort de Gaspard de Colligny iadis Admiral de France, advenue à Paris le xxiiij iour d'Aoust 1572 A Paris : par Prigent Godec demourant ruë de Montorgueil à l'image S. Pierre.
8 f. n. ch., car. rom. , In-8°. Cantique en quatrains, non signé ; au verso du titre, un sonnet : L'ombre de Gaspart de Colligny, au Lecteur, est signé : De telle vie, telle foi
Exemplaires
Bruxelles (BR), VB 9744 A 2 (40)
Paris, Bibliothèque de la ville de Paris, Rés. 550012 (38)
Paris, BnF : YE 55511 ; Rés. YE 3660
Toulouse, BM, Rés. D XVI 212 (4)
§ COMPLAINTE || DE L'EGLISE CA- || tholique, Sur la mort de Gaspard || de Colligny & de toutes ses cõpli- || ces lesquelz ont esté trahistes les ini- || quitéz & crualtez qu'ilz ont com- || mis à l'encontre d'icelle. || [armes royales] || A Paris par Prigent Godec, demourãt rue || Montorgueil, à l'Image S. Pierre.
[Paris, Prigent Godec, [1572]
Exemplaire
Troyes, Médiathèque de l'Agglomération Troyenne, FF 10 3684 (4)
Catalogue des livres ... baron de Rothschild, t. IV.
Exemplaire
Paris (Fr), Bibliothèque nationale de France, Rothschild 3193
§ Dialogue fort plaisant et récréatif de deux marchands, l'un est de Paris et l'autre de Pontoise ; sur ce que le Parisien l'avait appelé Normand, ensemble définition de l'assiette d'icelle ville de Pontoise selon les croniques de France. Paris, par Prigent Godec (un du 16e siècle), pet. in-8. de 12ff. Pièce rare.
Brunet, Manuel du libraire, p. 73