par Franky Chamalow le 10/03/17

Monsieur le président,



Il y a quelques jours, vous invitiez la presse pour résumer la situation et les réformes à venir concernant la Tribune Est et la Horda Frénétik en conséquence des incidents du match Metz-Lyon. Permettez-moi de réagir en ma qualité de supporter amoureux des ambiances chaudes, pyrotechniques et populaires à ce qui est, pour moi, une prise de position dangereuse pour votre siège en velours.


En préambule, je vous prie de recevoir mes sincères félicitations pour votre nomination à la “Palme Dehors” de l’Association Nationale des Supporters. Malgré une forte mobilisation de supporters messins pour défendre votre cause, Monsieur Kita vous a soufflé le trophée. Mais nuls doutes que vos dernières sorties devant les médias vous placent déjà en favori pour l’an prochain...


Depuis le match contre Lyon, vous dites avoir repris contact non sans difficultés avec la Horda Frénétik de par son statut. Il est clair que lorsque l’on daigne à peine dire bonjour à ses propres employés au siège du club, contacter une association n’est pas quelque chose d’habituel. J’en profite d’ailleurs pour vous expliquer ce qu’est une association de fait, vous qui sembliez interloqué par le terme, vendredi devant la presse :


Une association de fait existe sans avoir accompli aucune formalité. Elle existe par et pour ses membres, mais n’a aucune personnalité juridique. Elle ne peut donc ni recevoir des subventions publiques, ni encourir une responsabilité quelle qu’elle soit.


La Horda Frénétik est donc une entité que ses membres reconnaissent de par ses effets visuels et sa bâche, qui rassemble les gens autour d’un lieu commun, la Tribune Est Basse, autrefois Tribune “Canal” . Une entité que vous souhaitez déraciner et mettre en cage et sur laquelle vous faites donc porter une responsabilité qu’elle ne mérite pas. En aucun cas elle ne doit être incriminée de l’agissement d’un individu, si on se fie à la Charte des Supporters et à l’enquête qui réfute toute appartenance à la Horda Frenetik des coupables.


Vous dites que le dialogue s’est déroulé dans un climat d’apaisement. J’imagine que partir de la première réunion lorsque les représentants légitimes de la Horda vous ont exposé leurs points de désaccord envers vous fait partie d’une politique d’apaisement... Il valait mieux laisser Hélène Schrubb et Alain Faber tenter de renouer les liens rompus et faire le sale travail que d’assumer être persona non grata chez certains de vos fervents supporters. Un caractère dans la tendance présidentiel : fictive…


Vous dites vouloir “éloigner le danger” de la pelouse, et de ce fait, replacer la Horda Frénétik en Tribune Est Haute, renforcée par des gardes-corps et un filet anti-projectile. 500 personnes déjà privées de stade depuis des mois, par votre faute de vous être courbé devant la Ligue quand la majorité des présidents de Ligue 1 défendent leurs supporters, 500 personnes ont donc certainement montré un attachement trop viscéral à la Horda à votre goût et seront parqués, fichés pour aller supporter leur équipe de football, car ils sont “le danger”.


Pensiez-vous une seconde que cela se fasse sans que personne ne réagisse ? Aller au stade était un rituel plaisant pour petits et grands dans une tribune populaire, bruyante et colorée. Pour certains comme moi ce fut leur première expérience de tribune qui les rendront accro à ce maillot tatoué d’une croix symbole de résistance. Vous avez transformé ce rituel en un chemin de croix que même un mexicain tentant de passer aux Etats-Unis refuserait d’emprunter, surtout vu la fâcheuse tendance que vous avez à surévaluer le prix du billet d’un match pour un retour sur investissement misérable. Le messin a bon dos, mais viendra un jour où il en aura plein le c**.


Je vous l’écris sans détournement, s’il faut que le club redescende en National pour que vous laissiez votre place et/ou qu’à nouveau les groupes de supporters soient une attraction de plus à celle du terrain, je ne lui souhaite que cela. Vos envies de transformer ce club les soirs de match en un lieu d’”afterworks” et de “business meetings” vont se retourner contre vous, car pendant ce temps ceux qui payent les spectateurs des tribunes populaires rejoignent leur place avec l’odeur nauséabonde de la pisse dégoulinante des sanitaires en accompagnement. Vous avez littéralement jeté aux ordures la culture du supportérisme à Metz et nous sommes des milliers (oui, des milliers) à vous en vouloir.


A l’heure où des places assises et un Vestiaire Club ont remplacé toutes traces de la Horda Frenetik au stade, vous laissez la vôtre, comparable à une trace de pneu au fond d’un slip, à la tête d’un club aimé de tous.


Nous encaissons la frustration car nous vous oublierons comme on oublie la maladie, mais sachez, monsieur, que vous n’avez pas les yeux partout, et que même si l’on se croit débarrassé de ce qu’on pense être de la vermine, elle revient par toutes les failles possibles…


J’encourage donc tous les supporters messins qui souhaitent le retour d’un club populaire reconnu pour l’ambiance des deux poumons que dégagent les tribunes Est et Ouest Basse à partager ce billet, et surtout à faire tout leur possible pour exprimer leur mécontement envers votre ligne de conduite, que ce soit au stade ou en dehors.


Je donne d’ailleurs rendez-vous à ceux qui se sont reconnus à travers ces mots à la Plaine des Jeux de Saint-Symphorien le dimanche 12 mars à 13h30 pour encourager nos jeunes dans leur épopée en Gambardella et leur faire partager un échantillon de la vraie ambiance de Saint-Symphorien.


Quant à vous, monsieur le président, vous comprendrez que je ne vous salue pas, je vous souhaite les pires malchances dans vos tentatives d’aseptiser le stade Saint-Symphorien. Vous enverrez mes amabilités à monsieur Larrivé, dont vous parlez de la nouvelle loi comme s’il était votre amant. A vos amis tchadiens également. Je vous souhaite personnellement une bonne traversée du désert, sans oasis quel qu’il soit.



Hordialement,



Un supporter


PS : “La passion s’accroît en raison des obstacles qu’on lui oppose”

William Shakespeare, Tout est bien qui finit bien