"Football Club" de Metz ? Vraiment ?

par Franky Chamalow le 01/02/17

Lundi soir, dans l’émission “Lundi c’est Graoully’ diffusée tous les lundis à 18h30 sur France Bleue Lorraine Nord, Thomas Jeangeorge recevait Franck Signorino. Après 20 minutes d’émission sur le match à Angers, le jeu messin et les chances de maintien, on pouvait entendre ceci :

“Vous avez connu le FC Metz à deux époques différentes : au moment de votre formation de 2001 à 2005 et vous revenez 10 ans plus tard. Est-ce que le club s’est modernisé comme il se doit ?

- Au risque de décevoir des personnes, il n’a pas tant changé que ça, hormis la pelouse qui a été changée avec la mise en place d’une pelouse hybride. Les terrains d’entraînements sont les mêmes, le vestiaire est le même, les infrastructures comme la salle de musculation sont les mêmes. Donc je suis revenu au même endroit que lorsque j’avais quitté le club douze ans plus tôt. Je trouve que c’est dommage de ce côté là.


- Le FC Metz mériterait de meilleures infrastructures ?

- C’est certain.

- Parce qu’à Reims, là où vous avez joué avant, vous aviez un centre d’entraînement assez exceptionnel…

- Reims l’a attendu très longtemps aussi, mais lors de sa deuxième année dans l’élite, il s’est doté d’infrastructures dignes de ce nom. Je prends aussi l’exemple de Laval, qui s’est doté d’un centre d’entraînement, un peu plus loin du stade. Le FC Metz est resté cantonné avec le même vestiaire de matchs et d’entraînement, deux terrains à côté de l’autoroute. A mon époque il n’y en avait qu’un, mais les terrains sont très vite labourés, ce qui rend les choses compliqués même douze ans après. On est obligés de se déplacer au Centre de Formation lorsqu’il fait froid. C’est dommage que le FC Metz mette autant de temps, aussi bien pour la Tribune Sud. Douze ans après, on est toujours dans les discussions, à espérer l’accord des institutions, de la ville, du Conseil Régional. La salle de musculation est minuscule, vous ne pouvez rien faire dedans, alors que celle du centre de formation est beaucoup mieux en terme d’espace et d’appareils. C’est compliqué.”

Le constat est sans appel, d’autant qu’on sent naître un brin d’exaspération dans les propos du latéral gauche du club grenat. Le FC Metz n’est pas un club de Ligue 1 et il suffit de se baser sur ses propos pour s’en rendre compte.


De l’importance du bien-être sur le lieu de travail


Le footballeur est un travailleur, un salarié du club et il doit être traité comme tel. Il a besoin d’un certain confort sur son lieu de travail. Dans le cas du FC Metz, les joueurs sont amenés à continuellement se déplacer sur un autre lieu qui accueille déjà d’autres travailleurs (les jeunes du centre de formation), à se retrouver confiné dans un salle étroite et archaïque pour développer leur physique. On imagine que cela crée un climat anxiogène qui peut nuire à la productivité de certains membres. En effet, selon différentes sources et études, il convient de dire qu’un espace de travail intelligemment conçu pour ses salariés est déterminant quant à la motivation des équipes. Cela améliore nécessairement leur productivité et leur sentiment d’appartenance à l’entreprise. Dès lors, on peut imaginer que des joueurs comme Milan Bisevac, au-delà de ses prestations sur le terrain, ou Mevlut Erding, qui ont connu le Camp des Loges ou Tola-Vologe tombent des nues en découvrant ce qu’on ne peut pas appeler un centre d’entraînement et soient un brin démotivés par le manque de structure de qualité. On ne peut que leur conseiller d’utiliser Ivan Balliu ou Vincent Thill pour soulever des poids.


C’est d’ailleurs une chose acquise pour Franck Signorino : le FC Metz ne possède pas de centre d’entraînement. Ses propos et sa comparaison sur Laval en sont les preuves criantes. Les séances de fitness se déroulent parfois sur l’estrade qui mène à la Tribune Sud en été, ce qui est indigne d’un club professionnel.

Le FC Metz a quand même changé, Franck

Au niveau des infrastructures du complexe Saint-Symphorien, il serait de bon ton de regarder quels progrès ont été faits ces dernières années pour améliorer le bien-être des joueurs.

Les terrains d’entraînement ont été bâchés, permettant au club de pouvoir bénéficier d’un peu d’intimité à l’abri des regards indiscrets des joggeurs mosellans ou, lorsqu’un un émissaire d’un club adverse tente de découvrir l’ultime roublardise tactique de Philippe Hinschberger, c’est à dire... pas grand chose.

Et c’est à peu près tout.

Il arrive parfois que l’équipe première s’entraîne sur la pelouse d’honneur du Stade Saint-Symphorien afin de jouir de ce bijou luminothérapeutée et dans un décor qui lui, a un peu changé. Lors de ces séances, Franck Signorino peut apprécier les écrans géants aux angles des tribunes, mais également la sublime terrasse du Business Club placé en Tribune Ouest : son chef étoilé, ses buffets d’après-matchs, ses hôtesses belles comme le jour pour la modique somme de 3200 euros HT la saison. S’il s’aventure à aller chercher une balle perdue par Riveriez dans les coursives de la Tribune Est, il pourra également visiter le Vestiaire Club, haut lieu de fête entre abonnés de la Tribune Est Haute (ne pas rire) et le club le moins cher de Metz avec son entrée à 10 euros.

Le Carré Grenat est également disponible , “le luxe à l’état pur”, pour des collations certes onéreuses, mais qui refuserait un siège avec housse ? J’ose espérer que la loge et le vestiaire mis à disposition des clien.. supporters sont plus grands que le vestiaire des joueurs.

Comparer les biens et services mis à disposition des joueurs et des clients du Stade Saint-Symphorien sur le site du club permet d’affirmer que le Football Club de Metz n’est plus. Nous célébrons désormais la naissance du Business Club de Metz, où être attractif envers le potentiel public luxembourgeois et les partenaires est plus important que de permettre aux joueurs de développer leur football dans un environnement sain. C’est d’autant plus triste que l’efficacité à trouver des partenaires voire des investisseurs est quasi-nulle, et que la mise en place de travaux pour améliorer les conditions de travail des joueurs relève du mirage.

Faire de la musculation dans un grenier est indigne d’un club de Ligue 1. Devoir emprunter des terrains aux jeunes est indigne d’un club de Ligue 1. On imagine avec inquiétude les conditions de travail lorsque les travaux de réfection de la Tribune Sud auront commencé. Habib Diallo fera-t-il des tractions accroché à une pelleteuse ? La scène paraît cocasse.

On pourra rétorquer que ce papier dramatise trop, qu’ils ne sont pas si mal logis. Seulement, cette intervention d’un des cadres du club est véritablement révélatrice. A l’heure où le club est médiatisé de la pire des manières, la communication est certainement très encadrée. Qu’un cadre de l’équipe sorte de la langue de bois habituelle et se permette de critiquer les infrastructures du club sans ménagement, de par son expérience dans d’autres clubs, est révélateur du mal-être latent dans le vestiaire grenat.


Dans cette ambiance “silence, on coule”, un cri a semblé émerger. A-t-il été entendu ?

L’émission “Lundi c’est Graoully” est disponible sur le site de France Bleue Lorraine Nord, rubrique “podcasts”.