Comment Marvin Gakpa va provoquer la démission de Christophe Castaner

Alors que le community manager du club de la banlieue sud messine a lancé les hostilités en prenant le brassard du FC Délation ; à Paris on semble plus se soucier de la confrontation entre les jaunes et les bleus qu’à celle entre les Grenats et les rouges et blancs. A tort, puisque le stade Marcel Picot est bien plus proche de la place Beauvau qu’elle ne le croit. A une minasse du gauche près.

Pour rappel : mardi 07 mai – 10h04 – sur le web

" Toute personne se prévalant de la qualité de supporter du @FCMetz durant la rencontre #ASNLFCM sera invitée à quitter le stade pour être remise aux forces de l'ordre, en grand public comme en hospitalités"

- Compte Twitter officiel de l'AS Nancy-Lorraine

L’ASaNaL sort l’artillerie lourde et met en joue ceux qui, comment leur en vouloir, ont de la sympathie pour le plus grand club de Lorraine dans la ville de Laurent Hénart. Pas de pitié pour les traîtres à la nation nansder, les supporters messins seront remis à la police, ajoute le club (chose qui n’a jamais été précisée dans l’arrêté). Il est loin le temps des banderoles de soutien malgré la rivalité, on revient dans l’esprit derby.

Quelques insultes et relais de presse plus tard, la communication du club bafouille et décide de retirer ses envies de flicage de sa ligne directrice. Mais le mal est fait, les hostilités sont lancées.

Jeudi 9 mai – 19h20 - Metz

Le jour tombe sur l’île Saint Symphorien et la presse repart du bungalow qui sert de salle de presse, après une conférence de presse éprouvante. Pris dans un tourment psychologique, Vincent Hognon aura étalé pendant deux heures ses états d’âme, tourmenté entre la raison professionnelle et son affect pour la ville de Stanislas, après un simple « Comment vous allez ? » de Jean-Sébastien Gallois. Il aura eu néanmoins la gentillesse d’annoncer le groupe des 18 qui joueront le derby entre deux reniflements. Le FC Metz ne comptant plus sur lui, Emmanuel Rivière n’en fait pas partie, et Amadou Dia N’Diaye lui aura été encore préféré.

Jeudi 9 mai – 19h24 – parking du stade

Il est à peine monté dans sa Multipla Fiat que son téléphone vibre. Il décroche :

« Allô Thomas ? Bonjour, c’est Philippe Gaillot !

- Aaaaah Philippe, le roc au cœur Grenat, la muraille de Château-Salins…

- C’est bon, je peux en placer une ?

- Désolé, j’adore les surnoms..

- Ecoute, j’ai un service à te demander...»

Thomas Jeangeorge, la voix des Grenats sur France Bleu, qui sort alors lui aussi de la session « Vie Privée, Vie Publique » du coach grenat, a du mal à croire ce qu’on lui demande. C’est vrai que lui non plus ne pense pas vraiment que les meilleures années dans le football pro de Manu Rivière soient devant lui, mais de là à ce que le numéro 29 grenat pense à une reconversion au micro de France Bleu, il y avait un sacré pas à faire. Soit, Jeangeorge accepte, lui aussi épuisé par cette saison. Et puis comme ça, Manu pourra lui rapporter des cafés du buffet presse sans qu’il ait à subir ses collègues au buffet. Car oui, Thomas aime la solitude, comme chaque supporter du FC Metz dans le milieu du foot, ne le cachons pas.

Vendredi 10 mai – 22h21 – stade Marcel Picot

Insipide, terne, sans âme. Thomas Jeangeorge aura eu beau user de tous les jeux de mots à base d’eau pour titiller son acolyte d’un soir, le match n’aura pas aider à réveiller les auditeurs. Le temps additionnel (ou « Tuss Time » pour les connaisseurs) est annoncé. A l’annonce des trois minutes, Vincent Hognon lance un clin d’œil complice, voire amoureux, à Alain Perrin, puis se raidit.

Marvin Gakpa, des 30 mètres, allonge son pied gauche et décoche une frappe coup de pied que Guy-Roland N’Dy Assembé aura tout le loisir de voir se loger dans la lucarne. Le FC Metz frappe de nouveau à Picot dans les dernières secondes, et les deux compères de France Bleu Lorraine exultent. La joie des auditeurs et des commentateurs ne fait qu’une, puis l’ivresse laisse place à l’inquiétude. Plus de son provenant de Picot, pas même un « Victoire chez les bâtards ». France Bleu tente de meubler en passant le dernier Patricia Kaas, et la communauté messine part aux nouvelles des deux voix d’un nouveau derby gagné.

22h56 – Préfecture de Police

« JE SUIS FOOTBALLEUR ! MA PERSONNE EST SACREE ! »

Dans l’incompréhension générale, sous les yeux ébahis de la BAC et de Thomas Jeangeorge réunis, Emmanuel Rivière vient de révéler son côté mélenchoniste en plein milieu du commissariat de la ville. L’attaquant messin et son compère journaliste n’auront pas eu le temps de profiter de la minasse gakpasienne que leur célébration, hurlant dans les micros et agitant leurs Grayou en peluche, aura alerté la sécurité du stade. Ni une, ni deux, les deux sont embarqués par la police, sous le regard mesquin du community manager du club nancéien, rappelant étrangement Randall dans « La Cour de Récré » (les vrais savent).

Malheureusement, la twittosphère messine est elle des plus efficaces, et l’affaire arrive très vite aux oreilles de la Préfecture, puis du Ministère de l’Intérieur. Christophe Castaner condamnera sur CNews une « attaque » de France Bleu Lorraine Nord contre leurs concurrents de France Bleu Sud Lorraine. Entre deux vidéos où il dabe sur la Place Stanislas et fête la victoire dans le bus des joueurs, Grayou lance un #CastanerDémission. Le processus est en marche.

Samedi 11 mai – 8h20

« Je suis Thomas »

« Rendez-nous le MC de la rue d’Austrasie »

« Jeangeorge uno di noi »

« Vous avez pas vu Manu ? »

Les soutiens pleuvent depuis le coup de sifflet final. Thomas Jeangeorge est érigé en figure de l’opposition. La VAR est formelle : Thomas et Emmanuel auront été les victimes collatérales d’une politique répressive qui coûtera la tête au chef de la place Beauvau, et ce même avant que les Gilets Jaunes arrivent sur Paris pour l’acte MCXVII (on ne compte plus à force).

Les jaunes exultent, s’enlacent, avant de découvrir un selfie de Manuel Valls à l’aéroport du Bourget. Un nouveau jour en France des plus normal, où la Lorraine est toujours aussi grenat.


@Garnier_Ben