Faction Biorn

La force est dans le partage

Biorn est une faction en communion avec la nature, chacun de ses individus est lié par un lien indicible qui leur permet de partager leurs forces et leurs atouts.

La symbiose permet de réorganiser vos forces avant chacune de vos phase d'attaques. En apparence simple, beaucoup de créatures permettent de déclencher des capacités lors de l'obtention d'un marqueur. Il vous arrivera parfois d'échanger des marqueurs pour profiter de ces capacités.

Plusieurs cartes permettent aussi de retirer des marqueurs pour profiter de divers effets.


Almar profite de la grande quantité des créatures Biorns. Chaque sort de créature lancé sera une solution toute trouvée.

On fait en sorte de multiplier les marqueurs et de les conserver à la mort de nos créatures.

L'immédiateté de l'éphémère fera mouche tandis que le marqueur continuera d'être utile ensuite.

La symbiose sur ce pur-sang transforme vos phases d'attaques en séance de mitraille. Il appréciera grandement les sorts qui donnent des marqueurs. Une carte essentielle pour Biorn.



Son corps racinaire protègera vos créatures lors des assauts.

L'étape 2 et 3 ne fonctionnent pas tout à fait ensemble. Plus on profitera de la 2, moins la 3 sera efficace.

Ce désir est extrêmement polyvalent, selon la quantité de mana qu'on utilise, ses couleurs et de si on cible une créature adverse ou pas, un peu tout est possible. 

Il propose des capacités bonus à chaque déplacement de marqueurs, un expert de la symbiose.

Bibiane propose une utilisation un peu nouvelle des marqueurs, les transformer en mana.

Elle grossit, fait grossir et empêche vos adversaires d'utiliser correctement leurs créatures. Elle aussi profite merveilleusement bien de la symbiose des autres créatures.

Du lourd sans trop de finesse, malgré le bleu. Il convertira sa force en étourdissement de créature.

Toujours dans l'optique de conserver les nombreux marqueurs sur nos créatures, le Raz de marée vivant renverra toutes les autres créatures en main pour profiter seul de ces marqueurs.


La symbiose devient une façon de se refaire une main.

Chaque marqueur pourra être partagé en le transformant en un +1/+1 jusqu'à la fin du tour. Cela permettra de toujours équilibrer les forces et endurances à notre avantage pendant les phases de combat.


Chaque mouvement de marqueur doit être rentabilisé au mieux.

Une façon intéressante de sauver nos créatures attaquantes bloquées tout en conservant leurs marqueurs. Et pourquoi pas profiter une nouvelle fois de leur etb !

Les cartes suivantes n'appartiennent pas à la faction Biorn mais fonctionnent bien avec.

Chapitre 2 - Liens

Un monde de nature

– Comment ne peut-il y avoir aucun garde-frontière ? Demanda Kojas. Votre pays est tellement militarisé et agressif. Qu'est-ce qui freine l'avancée de Biorn ou Adraän dans son expansion ?

Cela faisait plusieurs jours que le trio avait quitté le canton d'Alvi. Le paysage s'était transformé progressivement. Les villages se faisaient de plus en plus rare et la végétation gagnait en densité. Les chemins s'affinaient comme les branches d'un arbre au fur et à mesure qu'on en atteint la cime, le décors se faisant de plus en plus sauvage à mesure des distances parcourues. La frontière entre les deux cantons n'était pas clairement marquée et Kojas s'interrogeait. Alvi se remémora ses leçons d'histoire et répondit :

– Biorn n'est pas un canton comme les autres. Il n'y a pas de peuple uni sous un monarque ; ou même une quelconque politique d'ailleurs. La faune et la flore se contente de conserver son territoire sans s'étendre sur celui de ses voisins. Il en est de même pour les villages. De nombreuses espèces vivent en de petites communautés parfois nomades.

Alvi était au même niveau que Kojas, tout deux sur leur cheval au trot. Kermadec restait en retrait sur son destrier. Il n'avait que peu parlé depuis le début du voyage. Si Alvi pensait que cela cachait quelque chose, Kojas lui avait dit qu'il souhaitait probablement prouver sa bonne foi par le silence. Ne rien redire aux ordres d'Alvi était preuve de sa soumission. La planeswalker comprenait la démarche mais ne pouvait s'empêcher de douter du sans-cœur.

Elle continua son explication :

– Il y a toutefois un village central, au centre d'une vallée qu'on appelle les gorges nouvelles. C'est là que tu pourras poser ton bouclier pour qu'il protège le gros du territoire Biorn. Nous devrions pouvoir l'atteindre dans les vingt prochains jours.

– Cela me semble un peu facile, rétorqua Kojas. Pourquoi les gens de ce pays, qu'ils soient humains ou non, nous laisseraient-ils passer comme si de rien n'était ?

– Almar... répondit Kermadec sans rien ajouter d'autre.

Kojas regarda l'ancien prisonnier, déjà de retour dans son mutisme, puis reporta son attention sur la gladiatrice. Celle-ci scrutait au loin sans pour autant regarder vraiment, elle était pensive.

Qu'est -ce que Almar ? Demanda Kojas. Un village, une créature ? 

– Almar est le gardien de Biorn, répondit Alvi après une lente inspiration. C'est une gigantesque créature qui sillonne le canton depuis la nuit des temps. C'est à cause de lui s'il n'y a pas de frontière bien délimitées. Dès que le canton se sent en danger, à cause d'une armée ennemie par exemple, il intervient. Et rien ne lui résiste. Cette monstruosité est la bête noire de mon peuple. Chaque tentative pour nous étendre s'est résolue par un échec et de nombreux morts.

– Une unique créature ? Depuis si longtemps ? S'étonna Kojas. Voilà qui éveille ma curiosité. C'est exactement le genre de créature qu'il m'intéresse de croiser lors de mes voyages. Mais cela n'a pas l'air de t'inquiéter. Pourquoi ne sommes-nous pas en danger ?

– Depuis tout ce temps, nous avons expérimenté un peu de tout pour voir ce qui le faisait intervenir. Les simples voyageurs ne l'intéressent pas. Tant que nous ne sommes pas hostiles avec l'environnement, nous n'aurons rien à craindre. Cela dit, ce n'est pas non plus un gage de protection pour autant. Certains villages Adraän ont été créés dans le territoire d'Almar, sans jamais être agressifs, mais celui-ci finissait toujours par raser ces villages quelques années plus tard. Certains disent qu'ils les traversent sans les regarder tandis que d'autres estiment que la population de ces villages, même très réduite, a fini par attiser sa colère.

Kojas plongea à son tour dans ses pensée. L'idée de rencontrer cette créature l'excitait au plus haut point. Il put s'évader dans ses projets jusqu'au soir sans qu'aucune parole ne vienne gêner ses réflexions.

La nuit tombait peu à peu. Bien qu'habituée à l'équitation, le corps d'Alvi lui criait ses douleurs aux cuisses. Elle avait préféré garder son armure pour réagir rapidement en cas de problème mais cela usait son endurance... et son odorat. Il fallait qu'elle se lave, elle et son équipement. Il devait en être de même pour ses compatriotes. Elle esquissa un sourire malaisant en pensant à Kermadec. Certes, elle ne l'appréciait pas, mais lui vivait dans son armure. Cela devait être une véritable torture ; pour autant que ce qu'il était en dessous s'apparente à quelque chose d'humain, ou quoi que se soit qui puisse transpirer.

Tout en maintenant le cap grâce à sa boussole d'orichalque, elle avait pris soin de rester en bordure d'un cours d'eau qui s'élargissait au fur et à mesure des jours.

Ils s'arrêtèrent en lisière de forêt, non loin d'une petite cascade. Les chevaux pouvaient brouter à l'envie et se désaltérer, tout comme le trio qui en profita pour renouveler ses ressources en eau.

Nous passerons la nuit ici, dit Alvi en défaisant les sangles de son armure. J'ai besoin de me laver, que l'un de vous aille chercher de quoi manger pendant que l'autre prépare un feu. Nous n'avons presque plus de réserve de nourritures, il faut les conserver au mieux.

Son autorité naturelle, amplifiée par une voix assez grave pour une femme, mit immédiatement ses deux comparses au travail.

Alvi continua de retirer sa cuirasse jusqu'à n'être vêtue que du tissu qui recouvrait sa peau. Il était gorgé de sueur. Le vent, bien que faible, lui rafraichit immédiatement le corps. Elle saisit une sacoche et marcha en direction de la cascade.

Kermadec déposa le bois qu'il avait trouvé à coté de leurs affaires. Il saisit quelques brindilles ainsi que deux silex dans le sac de provision. Depuis combien de temps n'avait-il pas fait un feu ? Les souvenirs de sa jeunesse semblaient ne plus lui appartenir. Tandis qu'il frottait les pierres l'une contre l'autre, il fixait ses doigts, prisonniers de son armure, tout comme le reste de son corps. Ses dernières années avaient été conduites par un torrent de peur. Essayer de s'enfuir, éviter de souffrir, esquiver la douleur, ne pas devenir fou... Tout cela était derrière lui. Quoi que...

Il continuait de frotter ses pierres, les étincelles remplaçant ses larmes. Sa liberté n'avait aucun goût, il ne se reconnaissait plus. La peur pour lui-même avait trouvé comme héritage la peur pour son monde face à l'invertrissure. Ce moment de repos n'en était pas un.

Il ne ressentait rien mis à part de l'inquiétude. Ce qu'il avalait n'avait aucun goût, le feu qu'il faisait naître ne lui communiquait aucune chaleur. L'idée d'épier Alvi nue avait été rejetée comme on écarte une mouche qui nous tourne autour. Aucune nostalgie dans ses réflexions, seul demeurait une tristesse bâillonnée et une peur suffocante.

Il regarda le feu, écho de celui qui brulait en lui, et qu'il taisait. Une colère insidieuse, innommable, qui le rongeait, mais à laquelle il se refusait. Elle ne lui appartenait pas, c'était celle de ce cœur. Cette part de lui qui ne lui appartenait plus. Y succomber était le suicide de sa sanité ; de tout ce qui restait de l'homme qu'il était autrefois.

Kojas le rejoignit un peu plus tard avec un oiseau d'une dizaine de kilo qu'il avait tiré par une patte jusqu'au camp.


– Alvi est en train de nettoyer son équipement, dit-il en commençant à déplumer la créature. Elle m'a dit qu'elle nous rejoindrait après avoir terminé. Je crois qu'elle a besoin d'être un peu seule.

Certaines activités nous permettent de nous détendre, proposa Kermadec.

– En attendant, moi j'ai cette bestiole à cuisiner. Ses plumes sont courtes mais terriblement bien attachées à son corps. Ca va être une tannée de tout retirer. Occupe-toi de préparer un bouillon avec ces herbes.

Kojas lui donna une grosse poignée d'herbes qu'il sortit de sa musette et s'attela à son labeur. Chaque plume se retirait dans un "tac" sonore bien particulier.

La pénombre s'installait peu à peu. Les oiseaux se turent ; peut-être en deuil pour leur camarade tombé. Les chants remplacés par des plumes arrachées et le son d'une brosse sur l'acier. Une étrange mélodie un peu dérangeante, sous couvert du frottement d'une louche dans le fond d'une marmite de voyage. Telle est l'action des hommes dans un environnement vierge, un remplacement progressif et léthal.


A plusieurs kilomètres de là, dans le brouhaha du canton, une gigantesque créature changeait légèrement sa destination. Détruisant ce qui est vieux et ensemençant de jeunes graines. Almar suivait inexorablement le cours de sa voie, destructeur et protecteur à la fois.

···


Il ne restait rien des précédents chemins de terre, aussi ténus fussent-ils. Les trois explorateurs zigzaguaient dans une nature nouvelle depuis des jours. Le relief avait commencé à dominer les arbres avec quelques collines verdoyantes puis des montagnes abruptes. Le territoire Biorn se dessinait dans toute sa splendeur, une jungle chaotique. Trouver de la nourriture n'était pas difficile tant la faune pullulait. En revanche, les prédateurs devenaient de plus en plus dangereux. A de nombreuses reprises, il avait été choisi d'esquiver toute altercation, quand cela était possible. Il devait leur rester une semaine avant d'atteindre les gorges nouvelles, la vallée dans laquelle résidait le village cible. Leurs chevaux se déplaçaient péniblement entre les racines, il avait plusieurs fois été question de les abandonner tant il était parfois nécessaire de faire des détours.

Alvi maintenait le cap grâce à sa boussole et ses quelques connaissances en astronomie. Si elle allait probablement manquer le village, elle ne pouvait pas manquer les gorges nouvelles qui formaient un vallon semblable à un cratère. La chaine de montagne qu'ils apercevaient depuis quelques jours en était probablement la frontière.

Un matin, après une nuit amputée par de trop curieux prédateurs intéressés par leurs trois chevaux, un grondement les réveilla. Le sol tremblait légèrement. Kojas et Alvi montèrent en haut de l'arbre qui les avait abrité pendant la nuit ; et ils le virent. Almar, silhouette gigantesque de flammes, d'eau et de racines enchevêtrées. Avançant non loin de la chaine de montagne et heureusement pas dans leur direction. 

Alvi regardait l'élémental avec inquiétude et impuissance, tandis que Kojas découvrait l'entité la plus colossale et puissante de ce monde. L'avatar d'Abstraïn.

Kojas convertit toute sa stupéfaction en un mutisme assourdissant. Alvi pouvait presque entendre son cœur battre tellement le sorcier était ébahi par ce qu'il découvrait. Almar avançait lentement, entre la marche et la reptation, chacun de ses pas faisait trembler le sol à des kilomètres, enflammant la zone qu'il piétinait. Kojas remarqua toutefois que ses enjambées n'était pas régulières. Almar semblait ne poser ses pattes incendiaires que sur des lopins de terre bien définis. Non, il ne marchait pas, il sélectionnait. Son avancée marquait une cadence irrégulière que lui seul comprenait. Renouvelant des terres qu'ils jugeait trop anciennes ou détériorées. Il était le dieu de la mort de Biorn.

C'est en frissonnant de... seul lui le savait ; que Kojas continua de regarder le titan s'éloigner durant un long temps de contemplation. Il remarqua qu'Almar ne laissait pas flétrir les terres qu'il avait brulé. En passant au dessus, une myriade de graines tombait de son corps pour ensemencer un sol riche de sa précédente destruction. La vie végétale était renouvelée en un instant. L'eau qui s'écoulait de lui finissait par arroser la terre nouvelle qui commençait déjà à s'élever en de nombreuses fougères vivaces. Almar était aussi le dieu de la vie de Biorn. Celui qui crée un cycle et le renouvelle depuis la nuit des temps.

Kojas n'eu que faire des demandes d'Alvi qu'il descende, il avait bien mieux à faire ici. Ce plan lui plaisait décidément beaucoup. Ô grand jamais il n'aurait espéré croiser un jour le chemin d'une telle créature.

Une fois Almar suffisamment éloigné, il consentit à redescendre.

Allons-y, dit-il sans rien ajouter d'autre.

Il prit la tête au côté de sa monture qui ne pouvait plus être montée à cause du terrain trop accidenté. Confrère et consœur le suivirent, tout étonnés de découvrir cette nouvelle facette de Kojas.

Alvi n'avait pas tellement pris le temps de prêter attention à celui qui allait l'aider à sauver son plan. Trop occupée à le voir uniquement comme le bienfaiteur qu'il était. Il ne laissait rien transparaitre de la cicatrice de son plan perdu. Il était assez jovial et ses yeux observaient tout autour de lui comme un botaniste regarde des plantes. Une pupille de curiosité dans un iris d'intelligence. Son âge était indéterminable ; un corps de quarantenaire dans un esprit savant, ou l'inverse...

···

Ils avaient passés un col qui les avait mené à l'intérieur des gorges nouvelles. Il leur fallait désormais trouver la capitale, si on pouvait l'appeler ainsi. Leurs observations en haut des cimes des grands arbres les avaient aiguillés sur une direction à suivre. Il ne devait rester à présent que quelques jours de marche. Les nuits de garde et les rugissements nocturnes allaient bientôt s'arrêter.

Le groupe mangeait leurs dernières provisions autour d'un feu de camp aussi petit que les ombres qu'il projetait sur la forêt étaient grandes. Kojas racontait une histoire de sa jeunesse. Une de ces histoires simples qui donnent le sourire de part leur caractère saugrenu. Il disait avoir autrefois recueillit un insecte blessé qu'il avait choyé plusieurs jours.

Il parla de son apparence, sa carapace chitineuse aux couleurs surprenantes qui changeaient selon l'angle avec lequel on l'observait. Une ode à une créature qui se révéla ensuite être un terrible nuisible qui se reproduisit en un temps record et finit par ravager une partie du domaine de ses parents. Ou comment un amoureux de la nature avait finit par provoquer la fin du commerce de laitues de son père.  Alvi riait, le voyage commençait à souder les deux planeswalkers. Elle lui demanda comment avait réagit son paternel. Puis ils parlèrent de son propre père. Un homme préoccupé de l'avenir de sa fille, un homme adoré par celle-ci, mais un homme qu'elle n'avait finalement que trop peu connu. Elle ne connut jamais les discussions entre adultes avec lui. Feu son père était décédé dans son adolescence pendant une bataille intestine propre à Adraän...

Entre les tressaillements des ombres sur leurs visages et les exclamations des récits, un éclair orange bondit de derrière les arbres jusqu'à Kermadec qui observait ses acolytes dans leurs palabres. Alvi se saisit de son arme, toujours à portée, et se leva en un rien de temps. Son visage changea du tout au tout. Mais elle ne fut pas assez rapide, la bête qui attaquait non plus d'ailleurs. Kermadec s'était levé lui aussi et retourné dans une explosion de magie noire. Il avait attrapé le prédateur à la gorge en plein saut vers lui. Malgré la masse de l'animal, le corps du sans cœur n'avait pas bougé d'un iota. Comme s'il avait attrapé une sauterelle. En un mouvement violent, il projeta la bête sur le sol en lui écrasant la gorge. La fumée qui s'échappait de son corps disparut peu à peu. Il se tourna vers Alvi qui ne lâchait pas son arme, trop angoissée par la prestation de Kermadec. Il avait tué la créature dans un geste d'une cruauté apparente.

Contre toute attente, Kermadec se rassit et joint ses bras autour de ses jambes. En position fœtale. Il n'y eu soudain que le crépitement du feu, puis l'homme en armure noire prit la parole.

– Je suis le premier effrayé Alvi. Si je pouvais trembler de peur, c'est ce que tu verrais actuellement. Je passe chaque instant de ma vie à faire taire cette chose en moi. Elle m'épuise. C'est elle qui a réagit, c'est allé trop vite pour que je me maintienne. Ca m'a échappé. Je suis désolé.

– Mais qu'est-ce que tu es bon sang ? demanda Alvi, les dents serrées.

– Un démon, je l'entends, à travers moi. J'entends son cœur battre à la place du mien. Il vit à travers moi et je vis grâce à lui.

– Qu'est-ce qu'il t'ont fait ? Demanda Kojas ; sa question était lucide.

– Mon cœur, ils me l'ont arraché.

Sa voix suintait la tristesse, mais restait placide. Kermadec était un paradoxe de comportement. Une machine qui tente de montrer ce qu'elle ressent sans en avoir la capacité. Une terreur tue par une enveloppe de métal. Il continua :

– J'étais en train de mourir quand j'ai ressenti un soudain accès de vie. Quelque chose de vraiment désagréable qui me refusait de mourir. Mon sang circulait à nouveau. Mais rien n'était comme avant. Je me sentais oppressé. Ceux qui m'ont fait ça ont semblé être ravis de leur expérience et m'ont laissé dans une cellule, venant m'observer chaque jour.

Puis mon corps a commencé à changer, il éclatait de part et d'autres. Pour éviter cela, ils m'ont enfermé dans cette armure qui bloque la progression de mon autodestruction. Je ne sais même pas à quoi je ressemble en dessous. Je ne sais pas si je suis encore humain. La nourriture que je mange semble simplement être aspirée au niveau de ma bouche, je ne mâche rien. Elle disparait à travers moi. Cette chose en moi me susurre constamment qu'elle veut sortir, peut-être pour prendre ma place ou juste pour exploser de colère.

– Est-ce que nous sommes en danger ? Demanda Kojas.

– Non, je ne crois pas. J'ai toujours réussi à me maitriser. Cette réaction avec l'animal vient du sentiment de danger que j'ai ressenti. Je ne crois pas être un risque, sinon je ne vous aurait pas accompagné. Votre quête est trop importante.

– Notre quête, corrigea Alvi.

Elle s'approcha de l'homme à terre, en position de faiblesse, et lui tendit une main.

Je n'ai pas su voir le problème ou il était vraiment. Je me suis méfié de toi plutôt que de ceux qui t'ont infligé cette malédiction. A mon retour chez nous je les ferai payer pour ça. Adraän mérite une purge.

Kermadec leva la tête vers cette femme qui semblait enfin lui offrir sa confiance. Alvi sentait son affection malgré l'absence de réaction. Il saisit sa main et se leva à son niveau. Il baissa la tête et la remercia ; posa un genoux à terre et fit un sermon.

– Dame Alvi, fille de feu Jannon. Je vous aiderais dans vos entreprises, jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Alvi, surprise de cette déclaration déchiffra ses paroles. Sa voix froide ne trahissait aucune mauvaise intention. Le sans cœur, s'il cachait un monstre à l'intérieur de lui, était avant tout un parangon d'honnêteté.

Kojas examinait la scène, l'œil observateur, intrigué par ce qu'il se tramait dans ce curieux trio dont il faisait partie.

De son côté, la flamme du feu vacillait en tout sens, proche de s'éteindre. S'agitant comme si elle souhaitait avertir de sa mort prochaine. 



Les autochtones

La rosée perlaient sur chaque feuille de la forêt, en récolter toutes les gouttes auraient pu remplir un lac entier d'eau pure. Elles s'écoulaient peu à peu le long des tiges et des troncs, offrant ses vertus au rythme lent du souffle du vent. Chaque rayon de soleil qui transperçaient la canopée venait se difracter sur ces petites bulles, dévoilant tout un spectre de couleurs chatoyantes à travers la ramure des arbres, leur donnant l'impression qu'ils dansaient à l'écoute des oiseaux.

C'est dans ce décor exceptionnel que le trio aperçu un phénix passer au dessus d'eux ; accentuant encore plus les clartés arc-en-ciel.

Le passage du volatil flamboyant se fit suivre par un frémissement des plus hautes branches. Quelque chose avait atterrit au-dessus d'eux, il était probablement tombé ou descendu du phénix. Cette situation de danger, en inadéquation avec le paysage paradisiaque, n'empêcha pas Alvi de poser une main nerveuse sur son arme. Un réflexe qui rassurait. Tous fixèrent la cime des arbres jusqu'à apercevoir un homme étrange qui descendait de branches en branches.

Une fois à quelques mètres en amont, il se posa sur une branche et leur sourit. On aurait dit un enfant, mais dont la peau était aussi bleue que le ciel. Dénotant complètement avec son teint, ses cheveux étaient flamboyants. Non pas roux, mais bel et bien flamboyants. Ils étaient en chemin entre le poil et la flamme. Un entre-deux difficile à définir.

– Bonjour voyageur, chantonna-t-il, visiblement heureux de voir des visiteurs. Ce n'est pas tous les jours que l'on aperçoit des étrangers dans les gorges nouvelles. Puis-je savoir qu'est-ce qui vous amène dans le territoire du grand Almar ?

Bonjour à vous messire, répondit Alvi en se courbant légèrement par politesse. Nous sommes ici pour transmettre un message et vous partager une crainte pour notre monde.

L'étrange jeune homme éclata de rire.

– Voilà un titre que ne m'avait jamais été offert. Messire... messire Pius. Et bien pourquoi pas. Je serai donc messire Pius.

Il descendit de sa branche et s'approcha d'Alvi. Cette dernière le salua en baissant légèrement sa tête. 

Contre toute attente, le dénommé Pius la serra dans ses bras. Surprise mais étonnamment pas inquiète, Alvi se raidit de haut en bas. L'individu ne semblait avoir aucune mauvaise intention. Durant l'étreinte, elle sentit que la chevelure du garçon n'était pas chaude, son odeur lui évoquait celle des chevaux. Il arrêta son étreinte et la regarda dans les yeux.

Votre cœur communique une chaleur vraiment réconfortante, vous devez être une bonne personne. Quel est votre message mes amis ?

La guerrière, bien que rassurée par les intentions du personnage, était un peu décontenancée. Elle se ressaisit :

– Une menace plane sur notre monde, il me faut parler avec votre chef.

Rien ne saurait résister au grand Almar, mais soit. Je vous guiderai. Suivez donc messire Pius !

– C'est un peu facile non ? Demanda Kojas tandis que Pius commençait déjà à s'éloigner.

Je préfère ça à n'importe quel accueil Adraän. Et tant qu'il ne fera pas de câlin à Kermadec, tout devrait bien se passer. Suivons-le.

Elle embraya le pas tandis que Kojas tourna la tête vers son camarade en fronçant les sourcils d'incompréhension ? Venait-elle de faire de l'humour ?

Quoi qu'il en fut, ils continuèrent à marcher à la suite du surprenant bonhomme qui prit le temps de se présenter tout en les guidant.

C'est la première fois que je vois des gens venir de ce côté de la frontière ! Nous avons l'habitude de converser avec Vibrion mais jamais avec le peuple Adraän. Généralement c'est plutôt Almar qui s'en occupe, ajouta-t-il en riant aux éclats. Pour être venus jusqu'ici en aussi petit groupe, vous ne pouviez être que des messagers. Vous m'inspirez grande confiance Madame, comment vous appelez-vous ?

– Alvi, je suis la ...

– Dame Alvi, qu'il en soit ainsi, coupa Pius. Je sens votre mana résonner tout autour de vous, vous ne le cachez pas comme vos deux consorts. J'ai été étonné de trouver cela réconfortant. On m'a souvent dit que votre peuple était une bande de sauvages sanguinaires.

– Il se peut que nous...

Vous avez raison, je néglige certainement certains traits. Mais, vous voyez, depuis mon enfance, on me met en garde contre vous. Je ne vous raconte pas ma satisfaction en vous prenant dans mes bras tout à l'heure. Je pourrais dire à tous les autres à quel point ils avaient tort.

Il marchait à bon rythme, tout en palabre, sans laisser placer un mot à Alvi. Il rayonnait comme le soleil. Sa silhouette était assez difficile à définir. Alvi avait compris qu'il était un homme, ou plutôt un mâle, car elle n'était pas certaine qu'il soit humain. Cela dit, ses traits évoquaient autant ceux d'une femme. Tout en lui la surprenait... et l'apaisait. Un grain de vie éclatant.

– Vous devez probablement vous poser des questions à mon sujet. Ne trainez pas et écoutez-moi donc !

Je suis Pius, héraut de Biorn ! Ou plutôt messager et annonciateur. Mais j'aime le mot héraut qui semble vanter un passé héroïque. Les homonymes sont un bel outil du langage, on peut dire la vérité tout en en disant plus. J'aime beaucoup les manier, le langage me plait d'ailleurs grandement, autant celui-ci que celui des plantes et des animaux que vous ne comprenez certainement pas. Au demeurant, sachez que pour les plantes, il existe dix-sept façons de dire le mot racine, et chacune possède un second sens intéressant. Vous pourrez toutefois me rétorquer que le mot racine dans notre langage à aussi un second sens, quels sont vos racines ; d'où venez vous ! Et bien c'est une excellente question ! Je suis une surprise de la nature, née autant de cette dernière que des hommes. Dame Bibiane m'a dit que j'ai été abandonné par mes parents dans la forêt à cause de mon physique. Car si je suis un homme, je suis aussi un élémental. 

Tout comme le grand Almar ! J'escompte secrètement être son fils véritable, quoi que pas si secrètement que ça à m'écouter... Il m'a en haute estime ! Je le sers du mieux que je peux et je dois vous dire que, jusque là, je n'ai jamais failli à ma mission. J'ai rencontré à plusieurs reprises les deux sœurs prodiges de Vibrion, chacune disent que je suis plein de fraicheur. Etonnant pour un zigoto aux cheveux de feu vous me direz...

Pius continua son monologue en avançant à bonne allure. Alvi, Kojas et Kermadec le suivaient tout en l'écoutant. Certes, il était arrogant et quelque peu insolent, mais il était agréable à écouter. Son outrecuidance était surtout liée à sa bonhomie. La gladiatrice se laissait emporter par son flot de parole. Cette insouciance lui faisait du bien. Ce fut une pause mentale agréable qui dura jusqu'à leur arrivée au cœur des gorges nouvelles.

Le village central de Biorn n'avait pas de nom. Pius l'avait nommé par ce qu'il était, le village. Le village donc ; était un amoncellement d'arbres et de cascades. Des huttes, des maisons et des nids pointaient de-ci de-là, sans logique particulière, à la façon des champignons qui poussent dans une forêt désordonnée. Rien avait de place car tout et rien n'était à sa place. Les routes étaient faites de longues et épaisses branches parsemées de torches au feu timide, en raison de l'eau abondante qui perlait de la cascade. Les éléments semblaient se mélanger ensemble dans un drôle d'équilibre naturel, à la hauteur du canton tout entier.

Pius avait arrêté son monologue pour que ses invités puissent apprécier la vue et le son berçant des multiples cascades.

Alvi appréciait le paysage en avançant vers une bâtisse plus imposante que les autres, dont le style évoquait un véritable savoir-faire architecturale. Les racines étaient tissées ensembles en un stupéfiant tissu de bois rigide aux arrondis rassurants. Cet endroit n'avait pas réellement été construit, c'était un assemblage de plantes qu'on avait fait grandir les unes dans les autres pour créer un temple unique qu'aucun bâtisseur classique n'aurait pu imaginer. Le matériaux brut de base était encore vivant ; pas de planches ou de pierres taillées ; uniquement de la vie, agencée, respectée.

Le bois frais et humide était recouvert d'une couche de mousse formant un tapis qui les invitait à entrer.

– Le village est éphémère, tout change avec les années. Pius avait repris la parole.

Il parlait toutefois plus lentement, sa voix était teintée de respect pour ce qu'il évoquait.

Avec le temps, les branches grossissent trop pour que l'endroit soit habitable. Elle deviennent trop lourdes et s'affaissent jour à après jour. Elles deviennent peu à peu un support pour le prochain temple. Tout ici est charpenté dans le respect du cycle de la vie. Nous vivons et mourons comme Almar nous l'a appris.

Ils avancèrent dans le temple jusqu'à entrer à l'intérieur même de la cascade, dans la terre qui guidait le flot incessant. Le paysage s'assombrit peu à peu, puis, des lumières apparurent autour d'eux, comme des étoiles qu'on pourrait approcher. Des lucioles éclairaient de leur faible lueur une cavité colossale. 

La végétation était différente de l'extérieur, un amalgame de champignons, de roches et de buissons accueillant les myriades de lucioles. Au fur et à mesure, la luminosité grandissait, des pierres aux reflets rouges aidaient les insectes aux lueurs vertes dans leur lumineuse mission. Puis vinrent des éclats bleus, bourgeonnant sur les racines qui bondissaient hors du sol pour y replonger de suite. Ils formaient de longues veines azurs gorgées d'eau et de mana, offrant elles aussi une dernière lumière qui finissait d'éclairer la zone d'une clarté chatoyante que le soleil lui-même aurait souhaité offrir.

Tous quatre s'arrêtèrent sur un signe de Pius. Si lui se taisait, cela représentait une invitation à ne rien dire et d'attendre. Le mana de la zone pulsait agréablement, tranquille et lent comme la sève d'un arbre. Seul Kermadec était mal à l'aise. Sans toutefois rien laisser transparaitre. Le fragment de démon en lui vomissait ce lieu.

Il ressentait cette répulsion jusque dans sa tête, à l'extrême opposé de ce que l'humain qu'il était encore pouvait penser, ébahit par ce lieu envoutant et déconnecté de tout. Kojas, quant à lui, appréciait les lieux en bon biologiste curieux qu'il était. Il touchait les racines, observait les champignons et tout autres choses que ses camarades ne pouvaient pas comprendre. Pius le regardait, amusé, heureux de voir un autre excentrique.

– Vous venez pour nous en débarrasser ?

Une voix était apparue de nulle part. Alvi esquissa un geste invisible jusqu'au pommeau de son épée tandis que les autres regardaient tout autour d'eux. A l'exception de Kojas qui n'en avait cure, trop occupé à caresser, ou gratter (seul lui le savait), une incroyable racine à l'écorce ondulante.

Pius fronça les sourcils, la voix était plus dure que ce à quoi il s'attendait. Dame Bibiane semblait presque furieuse. Il ne se souvenait pas l'avoir déjà entendue parler ainsi. Était-ce de la colère... ou de l'inquiétude ?

La racine sur laquelle Kojas portait toute son attention accentua ses mouvements jusqu'à ce que deux nouvelles racines en sortent. Au fur et à mesure qu'elles s'extirpait de la racine majeure, Kojas remarqua qu'il ne s'agissait pas de racines mais de cornes. Il recula gentiment.

Les cornes sorties, un visage suivit, celui d'une dryade à la peau aussi blanche que du lait et aux yeux plus perçant qu'un poignard, de ceux qui scrutent l'intérieur même de votre âme. Le reste de son corps s'extrayait lentement, révélant un corps presque nu, couvert par endroit d'écorces et de feuilles. 

Elle sortait du bois de l'épaisse racine comme on sortirait d'un bol de miel, la grâce en plus. Une fois dehors, face à Kojas, celui-ci remarqua sa grande taille. La dryade devait mesurer plus de deux mètres. Ses cornes massives et tournoyantes comme celles d'un bélier alourdissait sa silhouette, à l'extrême jonction entre la splendeur et l'effroyable. Dame Bibiane, comme l'avait appelé Pius, était aussi belle qu'intimidante. Un mélange peu commun pour une dryade.

– Vous êtes magnifique, remarqua Kojas en la dévisageant.

Le commentaire, absolument malvenu, ne plu pas à la créature des sous-bois qui attrapa Kojas par le cou. 

Non ! cria Alvi en s'avançant. Il est notre seul espoir !

Bibiane, détourna son regard sur la gladiatrice, ennemie de son peuple. Ses yeux transpercèrent le crâne d'Alvi, elle ne se sentit pas dévisager, mais l'esprit complètement mis à nue. Comme si la grande femme aux ramures colossales pouvait lire ses émotions. Et c'était bel et bien le cas.

– Tes intentions sont honorables, fille Adrn. La voix de Bibiane était caverneuse, puissante mais paradoxalement douce. Je ne doute pas de toi. C'est de ton "sauveur" que je suis méfiante. Ses intentions sont bonnes, il est persuadé de que sa mission est noble, mais je sens en lui cette magie que vous souhaitez annihiler. Parle, étranger. Convaincs moi, ou tu périras.

Alvi sentit un frisson glacial lui monter jusqu'à la nuque. La perspective que Kojas ne soit qu'un traitre la terrorisa soudainement.

Une fois à terre, Kojas prit la parole, lentement.

Je suis la première victime de l'invertrissure. Quand elle est apparue sur mon plan, à ses débuts, j'ai trouvé cela formidable. J'ai appris à la maitriser, à l'utiliser, sans me rendre compte de tout le potentiel qu'elle cachait. Puis, elle a évolué, s'est emparée de mon monde. Je ne pouvais que la regarder faire, sans rien pouvoir faire. Alors je suis parti, j'ai quitté mon plan natal grâce à mes pouvoir de planeswalker qui se sont éveillés à ce moment-là.

Alvi écoutait avec peur et incompréhension. Kermadec ne laissait entrevoir aucune émotion, coincé dans son armure, mais s'il avait pu frissonner, il l'aurait fait. Kojas avait lui-même participé au déploiement de l'invertrissure sur son plan. Les paroles de Bibiane prenait désormais un tout autre sens.

Kojas continua en se massant la gorge.

Je suis retourné sur mon plan pour étudier et comprendre l'invertrissure. Il me fallait apprendre ce qu'elle était pour ne pas qu'elle sévisse sur un autre monde. Je l'ai manipulé, utilisé, mélangé, ingéré, absorbé... J'ai tout fait, en bon biologiste. Et c'est cela qui m'a permis de développer une magie capable de contrer cette menace. J'ai sacrifié une partie de moi pour sauver votre monde !

Kojas avait haussé la voix. S'il avait commencé sa défense vouté et hésitant, il toisait désormais presque la dryade.

Vous n'avez pas vécu ce que j'ai vécu, votre monde n'a pas été transformé, vous n'avez aucune idée de ce que je ressens. Vous qui voyez à travers mon âme. Vous sentez cette magie, mais vous voyez aussi que mes intentions sont bonnes, vous l'avez dit vous-même.

Bibiane tressaillit, de façon presque imperceptible.

Je vous ai dit que vous étiez merveilleuse. Votre interprétation montre bien que vous ne savez sonder que des émotions. Ce que j'ai vu en vous voyant est cette incroyable transformation qui a du être la votre. Vos cornes n'y trompent pas, elles ont beau être semblable au bois qui nous entours, elles étaient autrefois celles d'une puissante azra. Vous me jugez pour ce que j'ai fait autrefois et pour cette magie qui coule en moi. Mais je pourrais vous reprocher les mêmes torts. La taille de vos cornes sont la preuve d'un passé que vous devez probablement mépriser aujourd'hui. Je serais même prêts à parier que vous avez les mêmes origines qu'Alvi. Une guerrière monstrueuse, probablement encore présente dans les récits et légendes Adraän.

Kojas se tus, Pius était terrifié par ce qu'il venait d'entendre.

Était-il déçu par ce que Kojas venait de révéler ? Était-il terrifié par la prochaine réaction de sa mentore ? Bibiane ne lâchait pas son regard du mage qui lui avait répondu. Elle le scrutait, essayant de trouver un tort à son interlocuteur. Elle ne pouvait rien y faire. Quoi qu'elle puisse penser, tout ce qu'elle voyait en Kojas n'était que de bonnes intentions. De plus, il avait vu juste, sur toute la ligne. Elle s'était faite prendre à son propre jeu.

Elle fit un pas en arrière, et s'assit en fermant les yeux. Le silence se ressentit d'autant plus. Les respirations de la dryade se firent plus grandes, mais plus calmes. Cela dura quelques minutes, pendant lesquels tout resta figé. Seuls Kojas et Bibiane semblaient maitriser un tant soit peu ce qu'il se passait. Les trois autres ne sachant rien de ce qu'il pouvait désormais se passer. Le pire ou le meilleur ?

La grande femme ouvrit finalement les yeux. Elle reprit la parole, un sourire en coin, indistinct.

– Tu me renvois mes inquiétudes, étranger. Elle fit une pause. J'ai grand espoir quant à la réalisation de votre mission. Il me fallait m'assurer de la bonne nature de tes desseins. Cette magie qui glisse peu à peu sur notre plan me terrifie, mes origines me permettent de la sentir plus que quiconque. La distinguer en toi m'a obligé à te tester. Je sais que tu le comprends.

Kojas hocha la tête. Il n'avait pas gagné un duel, il avait gagné le respect d'une créature qu'il avait immédiatement trouvé sublime, non pas pour ses traits de femme plantureuse, il s'en fichait, mais pour ce qu'elle avait réalisé il y a si longtemps ; sa transformation en dryade malgré ses origines et son passé tumultueux.

Bien. Je suis rassurée. Tu as la permission de poser ton bouclier sur Biorn. J'espère que cela ne perturbera pas Almar dans sa pérégrination. Partez à présent, vous avez mieux à faire que de rester ici.

Elle se leva et s'adressa à Pius qui fut presque surpris. Il ne semblait pas aller très bien.

Pius. Tu vas leur donner de quoi subvenir à leurs besoins. Affrète quelques oiseaux pour les guider jusqu'à Vibrion, et préviens leurs veilleurs de l'arrivée prochaine de ces gens. Faites au plus vite.

Pius bégaya un semblant de réponse et se retourna préparer ce que lui demandait sa mentore. Il n'y eu pas un mot de plus, Bibiane ferma les yeux pour entrer dans une sorte de transe.

Ils quittèrent la mystérieuse caverne irisée dont la lueur faiblit à mesure qu'ils s'éloignaient. Alvi regardait Kojas marcher devant elle. Il devait être pensif, son attitude était inhabituelle. Sa confrontation avec Bibiane avait du le secouer, même s'il en était sorti brillamment.

Elle ne savait que penser de son mensonge, ou plutôt du fait qu'il ait omis de lui parler de sa précédente fascination de ce qu'il combattait aujourd'hui. Elle hésitait, devait-elle lui en vouloir pour cette "négligence" ? Elle chassa ses pensée. Peu importait, l'unique but était de sauver son monde. Elle se rappela brièvement ce qu'elle avait vu sur le plan de Kojas. Elle osait à peine y penser depuis qu'elle en était revenue. Alvi se ressaisit, prit une franche respiration et releva la tête, arborant le regard déterminé que lui connaissaient ses camarades.

Elle dépassa Kojas en lui posant une main sur l'épaule tout en lui adressant un regard empli de motivation. Celui-ci ne récupéra pas, il était perdu dans ses pensées, peut-être un peu plus que d'habitude.

Kermadec, toujours en observateur, ne pouvait s'empêcher de penser à la dryade. Notamment à ce qu'avait révélé Kojas à son propos. Un être quasi démoniaque devenu un parangon de sagesse dans le canton le plus à l'extrémité de son ancienne vie de guerrière. Une lueur d'espoir naquit en lui, lui qui se pensait condamné ne l'était peut-être pas autant que cela. L'avait-il seulement espéré une fois jusqu'à aujourd'hui ? Ou était-ce son cœur qui lui refusait tout espoir ? Les mages et moines Vibrion était réputés pour leur magie, bien plus saine que celle d'Adraän. Ils lui apporteraient probablement leur aide. Finalement, peut-être qu'il allait pouvoir vivre.

La fuite

Kojas avait commencé à poser le bouclier dans la matinée qui avait suivi, il avait dit qu'il en aurait pour la journée. Pius aidait la gladiatrice et le sans-cœur à préparer les vivres et affréter les oiseaux. Il parlait avec passion de ces destriers ailés qu'il montait depuis sa plus tendre enfance. Son amour pour ces créatures se ressentait dans ses gestes, il les caressait avec une grande tendresse et déposait par moment son crane flamboyant sur leur plumage tout en fermant les yeux. L'unité des individus du canton stupéfiait Alvi, tous semblaient ressentir ce que ressentait leurs compatriotes, comme une grande symbiose.

Je veux vivre Alvi.

Celle-ci se détourna de ce qu'elle faisait pour regarder Kermadec, stupéfaite.

– Je veux connaitre à nouveau ça. Jusqu'ici mon but était de vous aider sans aucune perspective d'avenir, mais j'ai recouvert un peu d'espoir. Je vais demander à la suzeraine de Vibrion si elle peut m'accorder sa grâce et m'aider à redevenir ce que j'étais autrefois.

Les paroles de Kermadec, toujours en dissonance avec son timbre froid et métallique, firent sourire Alvi.

J'appuierai cette demande. J'estime que c'est au minimum ce que mérite l'un de ceux qui va sauver le monde, ajouta-t-elle avec franchise et un rictus amusé.

– Je pense que je vais venir avec vous, déclara Pius sans crier gare. J'ai de bonnes relations avec les deux futurs suzeraines, j'espère qu'elles sauront vous aider.

Alvi se leva, toujours plus à l'aise en geste qu'en parole, elle prit la main de Pius dans la sienne et le remercia sincèrement.

Ta présence nous fera le plus grand bien. Tu penses que les deux sœurs dont tu parles sauront aider Kermadec ?

Annapurna certainement pas, elle est trop indépendante et concentrée sur ses propres projets. Denali en revanche, je suis prêt à parier que le cas de "monsieur en armure" va l'intéresser. J'ai rarement vu quelqu'un d'aussi empathique qu'elle. Si on fait abstraction de la totalité des individus de mon canton bien sûr !

Kermadec se confondit en remerciement. Pius enchaina sur les qualités des créatures qu'il côtoyait chaque jour. Il avait retrouvé sa candeur, laissant derrière lui ce qu'il avait entendu de Bibiane.

Denali et Annapurna, les deux sœurs prodiges de Vibrion. Alvi ressentit un frisson en y pensant. A l'école militaire Adraän, tout le monde les appelait « Les putes de Vibrion ». Voilà le respect que témoignaient les hommes de guerre de son canton pour deux femmes que tout poussait à respecter. Lors de son excursion de jeunesse dans ce canton pour apprendre à mieux maitriser la magie, elle n'avait pas eu l'honneur de les rencontrer. Probablement parce qu'elles étaient trop jeunes. Aujourd'hui, elles devaient avoir quelque années de moins qu'elle, soit pas loin de la trentaine. A l'époque, elles ne devaient avoir que 15 ans.

Elle avait hâte de les rencontrer, peut-être pourrait-elle créer une relation de confiance entre leur peuple et le sien. Il y avait tant à gagner. C'était fantaisiste, mais elle ferait tout en son pouvoir pour améliorer les relations de son pays.

Tout fut rapidement prêt, le vol jusqu'à Vibrion n'allait durer qu'une journée. Le temps gagné était colossal. Alvi espérait que ces précieux oiseaux allaient rester avec eux aussi longtemps possible, mais Pius leur avait dit que les créatures de Biorn ne quittaient jamais le canton, il était une rare exception.

En attendant que Kojas termine, tous trois parlèrent de ce qu'ils savaient du prochain canton, entre curiosité, savoir et préjugés. Peu avant que Kojas termine son labeur, Pius accusa un étrange mal de crane. Il se sentait soudainement... colérique.

Il s'est arrêté. Almar s'est arrêté d'avancer. Scanda Pius, la main sur la tête. Je ressens sa perplexité, quelque chose ne va pas.

Comment peux-tu savoir ça ? demanda Alvi, surprise par l'information qui sortait de nulle part.

Nous sommes tous liés à lui, Moi, Bibiane et tout autre animal ou plante du canton. Il... il se tourne... il est en colère. Je... je ne comprends pas.

Il regarda les oiseaux qui allaient les transporter, eux aussi semblaient s'exciter. La végétation changea soudainement, une différence imperceptible, comme si chaque feuille essayait de se cacher. Alvi ressentit le frisson du danger. Kermadec regardait tout autour de lui, des insectes et petits oiseaux volaient en tous sens, comme s'ils étaient paniqués.

Un tronc d'arbre constituant la bâtisse se déforma proche d'eux. Il se brisa comme l'aurait fait une membrane placentaire lorsqu'une main le traversa, révélant Bibiane peu à peu qui s'extirpa du bois devenu mou. Son regard était toujours aussi perçant. Elle le posa sur Pius, puis sur Alvi et Kermadec.

Partez ! Il faut que vous partiez.

Sa voix puissante était presque un cri. La colère naissante d'Almar semblait l'affecter fortement. Alvi compris au moment ou Bibiane donna la raison de la situation.

Il se sent agressé, la magie de l'étranger ne lui plait pas. Tout comme moi, Almar doute lui aussi. Je ne peux le calmer. Terminez au plus vite et partez. Il ne devrait pas pouvoir vous rattraper si vous passez par les cieux.

Qu'est-ce que je dois faire Bibiane ? S'enquit Pius, paniqué.

Des larmes perlaient aux coins de ses yeux.

Pars avec eux, ils auront besoin de toi. Je vais redescendre, je dois pouvoir calmer son esprit pour le ralentir. Mes espoirs reposent aussi sur vous. Vous devez y arriver.

La dryade disparut comme elle était apparue. Il fallait désormais attendre que Kojas termine pour fuir la colère d'Almar.


···



Kojas avait terminé peu avant qu'Almar devienne visible à l'horizon. Ils volaient depuis peu lorsqu'un terrible cri de fureur, fit trembler toute la vallée. Pius, guidait son oiseaux, Kojas derrière lui, lui-même tourné vers Almar. Probablement déçu d'être le responsable de la colère du monstrueux élémental qui l'avait autant fasciné quelques jours plus tôt. Alvi maitrisait comme elle pouvait sa monture, Kermadec la tenant à la taille pour se maintenir.

Le cri monstrueux de la bête fit ployer les oiseaux, Alvi manqua presque d'en perdre le contrôle. Pius cria :

Il faut qu'on se dépêche. Les montures ne résisteront pas longtemps aux appels d'Almar. S'ils n'ont pas encore fait marche arrière, c'est que dame Bibiane fait son possible pour contrer l'influence d'Almar.

Il hurlait pour être entendu, des larmes coulaient de ses yeux depuis l'intervention de Bibiane quelques heures plus tôt. Cela semblait incontrôlable. Une part de lui combattait sa fuite. Il allait contre la volonté de son dieu. Il priait pour lui même, demandant pardon à Almar, que tout ce qu'il faisait était dans le but de sauver tout le monde. Almar, dans ses actes protecteurs, ne pouvaient pas faire la différence. Le bouclier de Kojas, salvateur, était perçu comme une agression.

La créature colossale avançait de plus en plus vite, enchainant les cris qui, à chaque fois, déstabilisaient de plus en plus les oiseaux. La nuit était tombée, Almar était visible au loin, s'approchant inexorablement, l'esprit et le corps enflammé. Il n'était que rage et frénésie. 

Sa lente reptation d'autrefois avait donné place à une sorte de marche énergique qui ne laissait derrière lui que désolation. Il ne maintenait plus le cycle. Il semait la destruction pour avancer encore plus rapidement. Il était inarrêtable. Quand la lune fut levée. Un hurlement encore plus intense que les autres acheva de contrôler la volonté de l'oiseau d'Alvi, il perdit de la hauteur et s'écrasa sur la terre ferme. L'oiseau repartit dans l'autre sens, laissant les deux bougres à pied. Pius et Kojas les rejoignirent. Complètement déboussolé, à bout de nerf, Pius laissa lui aussi s'échapper son oiseau par mégarde. Il se mit à genoux par terre, criant et pleurant sans s'arrêter.

– Il faut qu'on continue Pius ! protesta Alvi en regardant la silhouette lointaine de l'élémental brûlant.

Le jeune homme se ressaisit comme il le pouvait, se relevant difficilement en tremblant comme la terre à l'approche d'Almar. Il bégayait atrocement.

Vibrion est derrière ces... montagnes, si vous courrez assez... vite, vous pourrez peut-être vous échapper. Je... je ne peux plus vous suivre. Ca me fait trop... mal.

Alvi analysa la situation, elle saisit, un sac de provision et d'eau qui était tombé au sol lors de leur chute et prit les devants.

– Courez ! Il faut à tout prix lui échapper. Pius, s'il te plait, fais ton possible pour le ralentir.

Mais il ne l'écoutait déjà plus, il était par terre en position fœtale, aussi frêle qu'une feuille morte.

Il ne ferait rien de plus. Alvi commença à courir, ses deux compatriotes originels à ses trousses.

Ils coururent, aussi vite qu'ils le pouvaient. La nature autour d'eux mugissait. Tout n'était que souffrance car chaque être vivant ressentait la colère d'Almar au plus profond de lui. La nuit défilait tandis que la créature gagnait du terrain.

Lorsqu'ils furent au sommet d'une colline, ils virent un phénix passer à toute allure au dessus d'eux dans la direction du canton voisin. Pius avait repris du courage et semblait vouloir aller prévenir Vibrion de l'arrivée prochaine des sauveurs d'Abstraïn.

Cela redonna un peu de courage aux trio qui commençait à fatiguer. Puis Kermadec s'arrêta.

– Qu'est-ce que tu fais ? cria Alvi en le voyant stopper sa courses et en le rejoignant.

Il faut le ralentir. Continuez. Je m'en occupe.

Ferme-là et cours ! beugla Alvi, mais Kermadec était ailleurs.

Ils emblait avoir pris une décision. Il saisit son casque et en arracha la visière. Une fumée noire en sortit, révélant deux trous de lumière violacés. Il posa ensuite sa main sur le bras d'Alvi qui restait stupéfaite. Elle ne pouvait rien faire. Elle cria de rage et se tourna pour reprendre sa course et rejoindre Kojas qui ne s'était pas arrêté.

Kermadec écarta les bras face à Almar, toujours lointain. La fumée qui s'écoulait de son visage pris de l'ampleur jusqu'à ce que son armure commence à se briser. 

Puis, dans une grande explosion d'énergie noire, elle céda entièrement, révélant une forme démoniaque aux ailes puissantes.

Il s'envola en direction d'Almar.

« Que penser de moi ainsi ? pensait-il en s'approchant de l'élémental. Cela fait des mois que je fait tout pour résister à cette forme monstrueuse, mais c'est finalement elle qui sera mon salut. »

Il fut rapidement au niveau de la créature. Dans un élan titanesque, il la frappa de toutes ses forces à l'aide de son épée, créant une ouverture dans l'un des membre d'Almar. Ce n'était pas grand chose, mais peut-être pouvait-il le tenir en respect un temps tout en lui échappant.

La nuit avancait, Alvi et Kojas aussi, trop occuper à fuir pour réfléchir à la situation. 

Almar avait arrêté d'avancer, un démon salvateur le ralentissait.

Kermadec tailladait son adversaire tout en esquivant ses coups et ses jets de flammes. Cette forme démoniaque lui prodiguait un bien fou. Il sentait toute la sauvagerie de ce qui sommeillait en lui s'exprimer enfin. Lui et le démon travaillait main dans la main, pour une première et dernière fois. Puis vint l'assaut de trop, la mauvaise esquive, ou simplement un manque de chance. Kermadec fut projeté au loin, Almar s'approcha de lui. Tous deux était l'expression même de la colère. Chacun ayant la meilleure raison du monde d'affronter l'autre.

Une aile brisée, son arme perdue. Kermadec regarda s'approcher la main puissante qui allait mettre fin à ses jours. 

Il se rappela de sa vie d'humain, du moins ce qu'il arrivait à se remémorer. De la torture qu'il avait du supporter. Son inconfort à résister à cette chose en lui qui souhaiter s'éveiller. Et enfin, il pensa à cet instant. Il se sentait bien. Plus aucune douleur, plus aucun malaise. Ses derniers actes lui plaisaient. Il allait mourir pour sauver son monde...

Une monstrueuse secousse se fit ressentir jusqu'à Alvi et Kojas. S'ensuivit un hurlement tout aussi monstrueux de Almar. Quelque chose s'était passé, pensa Alvi. Elle jeta un bref regard en arrière. Almar avait reprit sa course. Elle ne poussa pas plus loin la reflexion. Il lui fallait courir...

L'aube se levait peu à peu, le soleil n'allait pas tarder à apparaitre. Almar n'était plus très loin d'eux. 

Ça allait être son tour.

– Continue Kojas, lui cria-t-elle. C'est à moi de le ralentir désormais.

Kojas s'arrêta, la regarda dans les yeux. Il avait besoin d'elle. Mais il devait continuer de fuir. Il ne dit rien, puis reprit la course, exténué. Transplaner leur aurait permis d'échapper à la situation, mais la dérive des plans risquait de leur permettre de ne revenir sur Abstraïn que trop tard. Cette solution ne devait être utilisée qu'en extrême urgence. Au moins, Alvi ne risquait pas de mourir grâce à cela.

Prête à faire face, probablement inutilement, à la colossale créature, Alvi se mit en garde. Peut-être pourrait-elle blesser la blesser en y mettant toute sa force et tout son mana ?!

Alors qu'elle s'était faite à l'idée, un grondement venant de là ou elle fuyait engloba les lieux à la ronde. Une énorme boule de feu, avançant à une vitesse éblouissante vint s'écraser sur Almar.

Alvi regarda d'où elle provenait. Sur le sommet de la montagne voisine, un attroupement de gens semblaient préparer quelque chose. Puis, un rocher décolla de la montagne, s'envolant aussi haut que le ciel pouvait le permettre. Après un silence, un nouveau grondement suivit, le rocher redescendit à une telle allure qu'il enflamma le ciel.

Almar avançait avec peine, se protégeant de ces projectiles que même lui ne pouvait parer. Trois, quatre, cinq et ainsi de suite. Les mages Vibrion donnaient tout ce qu'ils avaient pour stopper l'inarrêtable monstre.

Sur la montagne. Annapurna insufflait tout ce qu'elle pouvait de mana dans le sort le plus puissant qu'elle maitrisait. Toute sa peau était électrique, le mana hérissait ses poils jusqu'à les arracher. Sa tête lui faisait un mal de chien. Mais elle adorait ça. Ses comparses envoyèrent une nouvelle roche dans le ciel.

Lors de sa chute, quelques secondes avant l'impact sur l'élémental, Annapurna déploya les sceaux qu'elle avait appliqué sur le rock. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête, son aura flamba. Elle couronna son sort d'un cri et d'un gestes des bras en direction d'Almar. Tout juste avant de s'écraser, la roche brulante se démultiplia en de multiples copies. Almar vola en éclat, face à la puissance du sort.

Toujours vivante, la créature fit volte face pour se trainer loin de ces attaques contre lesquels ils ne pouvaient rien faire.

Alvi et Kojas avaient freiné leur course pour regarder le déluge de flammes tomber sur leur assaillant. Almar avait abandonné, soumis à la puissante magie Vibrion.

Elle regarda en direction de la montagne, de l'autre coté devait probablement résidé le nouveau canton. Leur calvaire était terminé.

 Du moins pour l'instant...