Notre fils nous avait fait l’éloge du sud du Vercors et nous a recommandé, entre autres, de faire un tour sur le plateau d’Ambel. Nous nous sommes laissé convaincre, d’autant que la journée s’annonce favorable avec des alternances de nuages et de belles éclaircies. C’est par conséquent avec cette idée en tête que nous nous mettons en route vers notre destination du jour située à près de 70 kilomètres, soit à plus d’une heure et demie de notre gîte.
C’est aussi notre plus long déplacement de la semaine et il s’avérera interminable vu les options prises par notre GPS qui nous oriente comme hier par les gorges de la Bourne jusqu’à Pont-en-Royans, puis vers Saint-Jean-en-Royans avant de nous retrouver sur la route touristique de la Combe Laval, une voie ouverte en 1894 qui est comme suspendue à la falaise de la montagne de l’Echarasson avec ses arcades naturelles taillées dans la roche. Mythique mais aussi… flippant ! Heureusement (et curieusement pour un samedi), il y a très peu de circulation.
Après bien des tours et détours et alors que nous approchons du plateau d’Ambel, nouvel imprévu. Au carrefour des routes D199 et D131, la route est fermée (pourtant il n’y a plus de neige). J’apprendrai plus tard que cet axe est en général fermé de novembre à avril, même quand il n’y a pas de neige. J’aurais dû m’informer auparavant, grrr !
Il nous faut alors changer de destination au pied levé. Heureusement, une idée me vient presque immédiatement à l’esprit : en dehors du plateau d’Ambel, notre fils a également évoqué Font d’Urle, très beau aussi. Petit changement de direction, une quinzaine de minutes de trajet supplémentaires et on y arrive, enfin ! On s’arrête au pif à l’entrée de la petite station de Font d’Urle devant un panneau d’information (car nous n’avons aucune documentation concernant ce plateau), bientôt rejoints par trois autres voitures d’où débarquent autant de familles accompagnées d’une ribambelle d’enfants. Animation garantie ! Il est déjà près de 10 h 45 et il fait très beau !
Après avoir pris quelques repères sur le panneau d’information, nous prenons un peu d’avance sur les trois familles et rejoignons, pour commencer, le GR93, qui longe la crête des Gagères jusqu’au Pot de la Croix. Au creux des roches karstiques parsemant le plateau, quelques névés font de la résistance alors qu’au loin la vue porte jusqu’à la barrière orientale du Vercors dominée par la Grande Moucherolle.
Au point 1542 de la carte, un drôle de rassemblement de cairns !
En direction de Font d’Urle, nous reconnaissons les croupes arrondies de l’Infernet (1698 m) et du Serre de Montué (1706 m).
Le Serre de Montué est le sommet le plus à droite, l'Infernet est celui du milieu
A l’endroit où le GR amorce sa descente, nous grimpons perpendiculairement vers les hauteurs du Puy de la Gagère (1651 m). De là, nous pouvons apercevoir le plateau d’Ambel qu’à défaut de fouler en vrai, nous pouvons parcourir des yeux ! 😉
Vue sur le plateau d’Ambel depuis le Puy de la Gagère
Sur la crête nous retrouvons les trois familles (qui avaient opté pour un raccourci) et « basculons » avec elles dans une impressionnante descente en longeant une clôture en bord de falaise jusqu’au Pas du Follet (1536 m).
Falaises sous le Puy de la Gagère vues depuis le Pas du Follet
Sous le Pas du Follet, dans un passage exposé, les plus téméraires peuvent explorer une arche double. Pas pour nous ! Nous rejoignons plus modestement les alpages en veillant à ne pas écraser crocus et Erythrones dents de chien qui ont colonisé les prairies en nombre.
Crocus
Erythrones dent- de-chien
A partir de là, Hervé pensait rejoindre la Porte d’Urle mais en tombant sur le chemin du karst entre les bornes 7 et 8, il décide de revenir au point de départ par cette variante.
Après une pause pique-nique (il est déjà 12 h 30), c’est en suivant les balises du fameux sentier que nous terminons notre circuit. La borne 8 nous indique la présence d’un scialet, le nom donné localement aux gouffres et dépressions, nombreux sur le plateau. Plus loin, la dernière borne fait la promotion du lapiaz, ce relief de surface créé par le ruissellement lent des eaux de pluie qui dissolvent la roche, créant des rigoles, des crevasses ou des trous.
Exemple de lapiaz
Le sentier de découverte nous ramène à notre point de départ sur les coups de 13 h 15 au bout de 2 heures et demie (pauses comprises) après avoir parcouru 7,2 kilomètres avec un dénivelé de 243 mètres.
Tracé du parcours finalement réalisé
Bilan : un plateau un peu éloigné de notre lieu d’hébergement mais indiscutablement grandiose, spectaculaire et sauvage, à l’image de cette partie Sud du Vercors qui mériterait d’être explorée davantage dans l’avenir depuis une base plus proche. Un petit tour sur le plateau d'Ambel pourrait également être remis sur le tapis. Voilà une idée à creuser !